Ubisoft admet avoir failli quant aux accusations de harcèlement en son sein

«Le groupe français assume ses erreurs» le 8 décembre 2021 @ 08:052024-03-29T10:33:14+01:00" - 1 réaction(s)

Actuellement, l’industrie vidéoludique est secouée par les affaires qui entourent les agressions et le harcèlement sexuel chez Activision Blizzard. De nombreux acteurs de l’industrie ont réagi à ce propos et le groupe français Ubisoft, qui a lui aussi connu des scandales, reconnaît que ses actions et ses mesures face aux agressions sexuelles avaient été insuffisantes, même si le groupe affirme que ses actions correctives ont par la suite été rapides et correctes.

Anika Grant s’exprime sur les ratés d’Ubisoft

Anika Grant, la directrice des ressources humaines d’Ubisoft, a abordé le sujet délicat des agressions et du harcèlement sexuel auprès du média Axios. Des déclarations qui ont une résonance particulière en ce moment puisque des employés d’Ubisoft sont revenus sur le fait que le groupe n’aurait, selon eux, pas suffisamment pris en compte les allégations #MeToo depuis la mi-2020.

« Au début de la crise, nous avons passé beaucoup de temps à nous assurer que nous avions le bon processus en place, que nous étions capables de mener très rapidement et efficacement une enquête et d’arriver à certains résultats. Ce que je pense que nous avons omis cependant, c’est l’expérience des employés. Je ne pense pas que nous ayons toujours suffisamment communiqué avec les personnes qui avaient soulevé ces problèmes sur ce que nous avions découvert dans le cadre des enquêtes, sur les décisions que nous avons prises et les actions que nous avons entreprises. Et donc je pense que, malheureusement, les gens ont perdu confiance dans ce processus ».

Un mea culpa révélateur d’une culture d’entreprise qui ne va pas dans le sens des victimes jusqu’à maintenant. Désormais, Anika Grant s’engage à assurer un meilleur suivi auprès des employés signalant ce type d’actes. La DRH affirme que c’est un objectif sur lequel Ubisoft se concentre désormais à 100 %.

Ubisoft n’en est pas à sa première polémique

En juin 2020, le groupe français a déjà fait l’objet d’allégations de harcèlements et d’agressions commis par des hommes importants dans la hiérarchie d’Ubisoft. Ces cas ont été recensés en France, au Canada et à Singapour et ils sont restés impunis pendant des années. Un mois plus tard, le PDG Yves Guillemot a promis de prendre des mesures, et c’est comme cela que plusieurs personnes haut placées ont quitté le groupe, dont le directeur de la création et le responsable des ressources humaines.

Cependant, ces licenciements ont été gérés dans l’ombre pour ne pas faire de remous et ne pas attirer de nouvelles polémiques sur le groupe. Ubisoft a toutefois communiqué sur la création de sessions d’écoute internes et d’un système de signalement anonyme. De plus, un code de conduite de l’entreprise plus complet et obligatoire est désormais appliqué.

Un quart des travailleurs avait été témoins ou victime d’une situation de harcèlement ou d’agression sexuelle selon une étude réalisée au sein d’Ubisoft. Des chiffres accablants que critiquent fermement les employés et notamment les membres du syndicat A Better Ubisoft dénonçant « plus d’un an de paroles aimables, de promesses vides et d’incapacité ou de manque de volonté à éliminer les agresseurs et harceleurs connus ». Les groupes de travailleurs d’Activision Blizzard et d’Ubisoft se soutiennent d’ailleurs mutuellement quant aux problèmes culturels et systémiques recensés dans leurs entreprises respectives.

Des moyens inadaptés à la croissance d’Ubisoft selon Anika Grant

Pour la DRH d’Ubisoft, les problèmes remontés au sein d’Ubisoft sont notamment dûs à la croissance majeure du groupe depuis 35 ans avec plus de 20 000 employés désormais. L’entreprise ne disposait pas d’un code de conduite actualisé, de canaux de signalement efficaces.

Toutefois, cela a clairement évolué puisque le nombre de plaintes des employés d’Ubisoft a diminué au cours de l’année passée, preuve d’un changement positif dû à une meilleure prise en compte de ces problèmes systémiques. Les chiffres communiqués par Ubisoft montrent également que 32 % des personnes embauchées cette année étaient des femmes, atteignant ainsi largement l’objectif de 24 % d’ici à 2023.

« Non seulement le nombre de cas soulevés ou d’alertes a énormément diminué, mais nous constatons également que la gravité des problèmes signalés a diminué. »

Désormais, la société « réfléchit attentivement » à ce qu’elle pourrait partager sur les plaintes pour agressions et harcèlements sexuels dans le rapport annuel. Aucune entreprise de l’industrie vidéoludique n’a jamais fait cela. Seuls les actionnaires de Microsoft ont voté la semaine dernière pour obliger l’entreprise américaine à publier un rapport annuel sur sa gestion du harcèlement sexuel.

Les employés estiment que d’autres actions doivent être menées

Les employés d’Ubisoft connaissent cependant la communication du groupe sur ces affaires et le timing ressemble à une tentative d’instrumentalisation du tourment dans lequel se trouve le groupe Activision Blizzard et son PDG Bobby Kotick. Les employés dénoncent des abus continuant de se produire et déclarent notamment :

« Arrêtez de promouvoir et de déplacer les fautifs connus d’un studio à l’autre, d’une équipe à l’autre, sans aucune répercussion. »

Anika Grant a totalement nié ces affirmations en déclarant que toutes les personnes de l’entreprise signalée pour mauvaise conduite avait fait l’objet d’une enquête et que si elles étaient toujours dans le groupe, elles avaient soit été disculpées, soit sanctionnées. Pour ce qui est des cas d’abus toujours d’actualité, Anika Grant a expliqué « ne pas vouloir commenter les cas individuels ». Les plaintes antérieures ayant été traitées ne seront pas revues et leur traitement ne sera pas modifié puisque que Grant a déclaré que l’objectif d’Ubisoft était « vraiment d’aller de l’avant ».

Cette interview d’Anika Grant démontre que des mesures sont prises même si une telle intervention s’apparente fortement à une tentative d’instrumentalisation compte tenu du contexte avec l’affaire Activision Blizzard. Ces déclarations peuvent améliorer l’image du groupe, mais aussi lui porter préjudice quand l’on se penche sur la réalité de la situation et sur l’avis des employés d’Ubisoft eux-mêmes. La direction du groupe demande notamment aux personnes impliquées dans les enquêtes de garder leur contenu confidentiel « afin de protéger l’intégrité du processus et les droits de toutes les personnes concernées ». L’interview se conclut sur le PDG Yves Guillemot qui est, selon Anika Grant, capable d’améliorer sensiblement la situation et de faire d’Ubisoft un exemple dans l’industrie vidéoludique. Des propos à mettre en perspective en somme avant de voir réellement comment va évoluer la situation.

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Banania

08 déc 2021 @ 09:06

je me suis trompé de news… :o)