Les jeux vidéo, je suis tombé dedans quand j'étais petit. A 37 ans maintenant, j'ai derrière moi un passé vidéoludique riche, hétéroclite et passionnant. Depuis mes premières cartouches, disquettes 3,5 pouces et CD, mes gouts se sont affirmés et je suis devenu plus exigeant, moins tolérant avec le tout venant et surtout, avec l'âge et mon amour de la narration, je suis à la recherche de nouvelles aventures et de nouvelles expériences dans le jeu vidéo.
Présenté comme cela, je devrais, en principe, être le public cible pour l'exprérience Beyond Two Souls. J'avais adoré Nomad Souls (même si j'ai toujours trouvé raté et pataude le désir de rendre le "joueur" captif de son univers par un procédé scénaristique), j'avais beaucoup aimé Farenheit (même si cela partait dans le gros n'importe quoi scénaristique) et j'avais lâché prise sur Heavy Rain qui me montrait clairement les limites d'un Cage scénariste de la médiocrité prisonnier de ses références, incapable de les transcender ou des les distiller avec talent. Heavy Rain n'était qu'un jeu doté d'un gameplay terriblement mauvais (appuyer sur un bouton pour avancer ?! un QTE pour enjamber une fenêtre ? une personne normalement constituée peut ne pas réussir à enjamber une fenêtre ?) et plombé par une histoire jetée à la figure comme dans un nanard de NRJ 12.
Je pense que David Cage a un raisonnement et des aspirations pertinentes et intéressantes mais malheureusement je trouve qu'il apporte des très mauvaises solutions à ses interrogations sur le média que l'on aime tant.
Je n'ai joué à Beyond Two Souls. Je n'ai fait que sa démo disponible sur le PSN et je me vois mal dépenser 60 euros en ayant peur qu'ils soient de l'argent jeté par la fentère. La démo est suffisamment parlante à mon sens, vis à vis de mes aspirations de joueur -et de spectateur- pour me dire que passer du temps sur Beyond Two Souls ne sera qu'une pure perte pour moi.
Le jeu se permet de se passer du joueur et essayant de supprimer l'interface due la manette qui terrorise tant M. Cage, il arrive à supprimer le rôle du joueur. Qu'elle implication peut on alors attendre de celui ci si on lui enlève tout pouvoir ? L'avantage du médium jeu vidéo par rapport au cinéma est justement la possibilité d'agir sur le déroulement de l'histoire. Si celle-ci se permet de se passer de lui qu'elle différence y a t il avec le cinéma ? L'implication du joueur vis à vis de son personnage vient aussi de la peur de l'échec suite à une mauvaise manipulation, "un mauvais jeu". Si on lui enlève cela aussi, il ne se sent plus du tout concerné et devient seulement spectateur et non plus acteur.
Sauf que ce que je peux tolérer en tant qu'acteur si l'action est si intense qu'elle me donne ma dose d’adrénaline je ne le tolère pas en tant que spectateur où je vais me glisser dans ma peau de cinéphile et plus de ludophile. Je suis dans ce cas exigeant avec la prestation de l'acteur (dans ce cas on est quand même loin de l'expression des visages d'un LA NoIre), de la narration (heu, vraiment, scénariste c'est un métier, on ne commande pas l'empathie, les larmes, les rires, ou la peur avec de grosses ficelles et la finesse d'un éléphant) et de la réalisation (à ce niveau là ce n'est plus des clins d'oeils c'est un fan film !).
Alors que je suis généralement friand de nouveauté et d'une belle narration, Beyond Two Souls -dans sa démo- n'arrive en aucun cas à atteindre mes minimas acceptables, en tant que joueur c'est pire vu que je me sens presque insulté de devoir tenir une manette et d'appuyer sur des boutons alors que cela ne sert à rien !
Pour moi une véritable oeuvre d'art, une véritable réussite ludique serait un jeu qui arriverait à cumuler et une bonne narration, et un bon gameplay et une aventure riche et un challenge palpitant. Aujorud'hui j'ose croire que ce n'est plus aussi rare qu'avant et que l'on se dirige petit à petit vers un jeu vidéo plus mature, plus intelligent lin des apparats et de la poudre aux yeux que représente pour moi la dérive de Cage qui a force de vouloir transcender son média lui a ôté toute sa moelle et peine à cacher sa vacuité derrière une narration brouillonne et pataude (au moins pour Heavy Rain vu que je n'ai joué qu'à la démo de Beyond Two Souls).
Alors peut être que la démo ne représente pas du tout le jeu final et que derrière cette infâme mise en bouche se trouve une petite perle ludique, dans ce cas là je viendrai ici faire amende honorable le jour où l'on m'aura prêté le jeu et si j'arrive à le finir. Mais à ce jour, mon intime conviction est faite et Beyond Two Souls est plus proche du cochon que de l'Art à proprement parler.