En 2012, Silent Hill revient en force. Un nouveau film au cinéma, un nouvel épisode sur consoles, et enfin cette compilation reprenant les deuxième et troisième épisodes de la saga. Les fans sont forcément aux anges, et pour les novices qui ne connaissent pas encore les rives embrumées de la ville maudite, cette ressortie est une occasion en or de faire connaissance avec un univers qui s’est imposé comme unique.
Un chef d’œuvre et demi
A tout seigneur tout honneur, commençons par Silent Hill 2, dont la réputation reste intacte plus de 10 ans après sa sortie. Autant dire que cela est définitivement justifié.
On y incarne James Sunderland, en pèlerinage à Silent Hill après la mort de sa femme, alors qu’il lui avait promis de l’y emmener. Il y rencontrera la folie, un monde étrange et des créatures démoniaques, pour vivre une aventure épuisante qui l’aidera à comprendre et à franchir l’épreuve qu’il est en train de vivre. Silent Hill 2 n’est pas un jeu d’action, c’est un titre qui utilise les codes du genre pour traiter les thèmes du deuil et de la culpabilité (ce que représente Pyramid Head, qui cache son visage). C’est une représentation visuelle, cauchemardesque, de l’esprit torturé du héros que nous incarnons. Un chef d’œuvre de scénario, intelligent, ambitieux, et provoquant une stupéfiante empathie avec notre avatar, nous poussant à vivre son angoisse. Dans les survivals, on aime se faire peur. Dans Silent Hill 2, cela va plus loin que ça : c’est un malaise permanent, inconfortable, et même éprouvant qui attend le joueur. La force de l’histoire est telle que même aussi longtemps après, même avec un gameplay dépassé, même avec des graphismes d’un autre temps, l’effet reste entier pour le joueur.
Visuellement, le jeu a pris un sacré coup de vieux, mais sa force étant dans sa mise en scène et dans le style incroyable de l’univers présenté, on oublie très vite cet aspect. Naturellement, la bande originale, connue à juste titre comme étant l’une des meilleures productions jamais faites, aide beaucoup à une immersion totale dans ce très grand jeu vidéo. Ceux qui connaissent déjà le jeu risquent d’y replonger dans un délice pervers, et ceux qui le découvrent n’en reviendront pas qu’un tel titre existe. Cerise sur le gâteau pour ceux n’ayant joué à cet épisode que sur PS2, l’aventure supplémentaire exclusive à la Xbox est de la partie. Une bonne façon de prolonger le plaisir, d’autant plus que ce petit supplément est franchement intéressant.
Silent Hill 3 ne bénéfice pas de la même aura, à raison. Éclipsé dans les mémoires par l’opus précédent, il mérite pourtant largement qu’on s’y intéresse. C’est une suite directe du premier Silent Hill, et bien plus que dans le deuxième, la mythologie de la ville elle-même aura une véritable importance. Si cet épisode n’a pas l’incroyable personnalité que Silent Hill 2, il n’en est pas moins formidablement construit, offrant des séquences de trouille incontestables ainsi que des passages tellement malsains que c’est d’un œil gêné qu’on les vivra. Sa faiblesse vient d’une première partie un peu trop longue pendant laquelle on se demande bien pourquoi on s’intéresserait à la jeune fille qu’on contrôle, mais elle est contrebalancée par une deuxième partie passionnante. Il est intéressant de noter que graphiquement le jeu fait plus que résister à l’épreuve du temps. Et comme il bénéficie lui aussi d’une bande son géniale, il faudrait être difficile pour ne pas prendre plaisir à vivre cet épisode de grande qualité.
Oldie is goodie…But oldie
Attention toutefois, jeune joueur ayant débuté sur console HD. On parle bien d’anciens titres, dont la jouabilité n’a pas grand-chose à voir avec celle d’aujourd’hui. Diriger son personnage demande un certain temps d’adaptation, et on pestera très souvent pendant les premières heures après sa rigidité. C’est la même maniabilité pour les deux jeux, mais c’est d’autant plus gênant dans Silent Hill 3, où les combats sont plus nombreux. De même, il va falloir s’habituer à tout fouiller en observant attentivement son environnement. A cette époque, pas de surbrillance ou de « A » indiqué sur l’écran pour aider le joueur à savoir quoi faire. Ainsi, je ne serais pas surpris que des joueurs restent bloqués un certain temps dans le tout premier décor de Silent Hill 3 !