Outre ses séries à rallonge telles que Resident Evil, Street Fighters ou encore Megaman, Capcom a encore dans ses manches des licences relativement peu exploitées, et globalement de qualité. C’est donc avec un plaisir soutenu que Lost Planet 3 a pointé le bout de son petit minois dans les plannings de sortie. Mais le titre méritait-il l’espoir placé en lui, ou se perdra-t-il dans les méandres des jeux perdus et oubliés ?
Où se cache donc John Travolta ?
Lost Planet 3 se déroule sur EDN III, la même planète qui a vu s’agiter les personnages des deux premiers opus. La différence étant que l’histoire qui nous est ici narrée se déroule bien avant les évènements des épisodes précédents, à l’époque où la colonisation d’EDN III était encore à ses balbutiements.
Le joueur incarne donc Jim Peyton, un homme à tout faire barbu aux faux airs de Nicolas Cage (avec des cheveux !), et son mecha. L’homme et son robot débarquent ainsi en tant que freelance, afin de remplacer une freelance mystérieusement disparue après avoir été prise pour une folle pour ses propos soi-disant impossibles. En tant que freelance, c’est à vous, à bord de votre Mecha, ou même à pied, de faire les tâches ingrates que personne ne veut ou ne peut faire, tels que réparer des pipelines, chasser les Akrids qui peuplent la planète, ou encore récupérer de la Thermo Energie (Th-En) afin que les scientifiques puissent l’étudier et la tester pour en faire une énergie viable pour la survie de la Terre en pleine crise globale (économique, sanitaire, énergétique, politique, conflits, etc.). La motivation de Jim étant l’argent pour faire vivre sa famille, peu importe la difficulté de la tâche, il la fera. Malheureusement, l’hostilité de la planète ne se caractérisera pas que par sa faune, puisque les dangers viendront également de la topographie. Rappelez-vous, nous sommes sur une planète hivernale, où le froid est aussi mortel que les créatures qui l’habitent. Curieusement, la combinaison de survie dont sont équipés ces colons de la première heure, est bien plus efficace que celle des précédents opus, puisqu’elles n’ont plus besoin de Thermo Energie pour fonctionner, et permettent donc une autonomie infinie.
Étant donné que la thermo énergie pourrait être comparée à l’or à l’époque de la ruée vers l’Ouest, elle est devenue la monnaie d’échange sur EDN III. Il vous faudra donc en accumuler pour vous payer un meilleur armement, mais aussi vous procurer des pièces détachées pour améliorer votre mecha, et y ajouter de nouvelles fonctionnalités. Un autre changement, plus radical celui-ci, est à trouver du côté du level design et du gameplay. Le titre tourne désormais sur Unreal Engine 3, au lieu du MT Framework (moteur maison de Capcom) utilisé pour les précédents opus, ce qui implique concrètement des environnements moins grands, et un aspect couloir bien plus prononcé. Différence importante s’il en est (le titre n’est plus développé en interne) car on peut dire adieu aux combats de boss qui en mettent plein les mirettes tant l’action était soutenue, comme avec les vers de terre. Ici, on aura droit à des sortes de crustacés gigantesques, qu’on devra éliminer par deux fois en règle générale (une fois à pied avec son armement, l’autre fois en mecha pour des combats qui misent plus sur les réflexes que sur le talent de combattant).
Un homme et son mecha
Heureusement que tous les changements qui ont été opérés pour ce troisième opus ne dénaturent pas forcément le titre, puisque la narration et l’ambiance du titre sont dans l’ensemble réussies, avec leurs faux airs de conquête vers l’Ouest glaciaire, soutenues par une bande son à bord du mecha qui fait très Far West. Le choix d’acteurs pour les voix françaises est réussi, même si on aurait préféré que les paroles entendues le soient en synchronisation avec le mouvement des lèvres.
On aurait aussi préféré avoir une traduction qui fasse plus moderne, parce que, même si les dialogues sont dans l’ensemble corrects, les traducteurs n’ont pas hésité à utiliser des horreurs qu’on osait à peine sortir au début du XXème siècle. Non franchement, quand le vendeur nous sort à la fin de tnos achats : « A plus dans l’bus ! », une seule envie pressante vient en tête, avec un sourire gêné, c’est de lui balancer une dizaine de bastos explosives dans la tronche pour que cela ne se produise plus jamais. Et il y a quelques petits trucs du genre qui traînent dans les dialogues, ça et là. L’aspect technique et visuel du titre est réussi, grâce à un Unreal Engine 3 désormais maîtrisé et qui prouve encore une fois qu’il en a dans le ventre. Mais... qu’est-ce qu’il nous embête avec toute cette technique ? Oui, c’est bel et bien ce que vous êtes en train de vous demander, chers lecteurs. Mais ici, c’est un passage obligatoire, pour comprendre ce qui va suivre. A-t-on affaire à un bon jeu ? Techniquement, il tient plus que bien la route, propose une aventure personnelle et plus ou moins tragique du point de vue de Jim, avec un gameplay pas trop mauvais, mais déjà vu sur de nombreux jeux. Il offre entre la quinzaine et la vingtaine d’heures de jeu si vous faites aussi les missions secondaires. On s’amuse plutôt bien avec une ambiance relativement bien posée, et une intrigue intéressante sur les origines du conflit narrées dans les précédents opus. On serait donc tenté de dire oui, c’est un bon jeu. Mais la question qui serait encore plus pertinente serait plutôt : est-ce un bon Lost Planet ?