Depuis un peu plus d’un an, la manette Elite V2, considérée par beaucoup de joueurs comme étant l’une des meilleures propositions haut de gamme du marché, est disponible en version « Core », dépouillée de tous ses accessoires, pour un prix (relativement) réduit. Si au premier abord, l’idée de proposer un contrôleur personnalisable sans les outils qui permettent de le faire peut paraître cocasse, nous essaierons surtout dans ce test de comprendre à qui s’adresse ce produit.
Au commencement était… un pad joufflu
Lorsqu’en 2005, Microsoft lance la Xbox 360, nul ne se doute que le périphérique qui l’accompagne deviendra le standard pour les décennies à venir, pour les joueurs Xbox, forcément, mais aussi pour le monde du PC. Même si ce contrôleur est parfois raillé à cause de son compartiment à piles AA d’un autre temps, celui-ci sera amélioré par de subtiles retouches au fil des générations de consoles qui vont suivre, pour en faire LA référence.
En 2015, la firme de Redmond sort son modèle « Elite », manette censée concurrencer les premiers modèles haut de gamme de fabricants tiers, destinés aux adeptes de e-sport et plus généralement aux joueurs les plus exigeants. L’accent est mis sur la personnalisation avec une batterie d’accessoires démontables et interchangeables fournis, le tout livré dans une housse semi-rigide du plus bel effet. Disposant d’une finition bien supérieure à celle des contrôleurs Xbox One de l’époque, elle corrige surtout deux de leurs principaux défauts, à savoir un BMD (bouton multidirectionnel, autrement dit la croix…) bien plus précis et des grips améliorant grandement sa prise en main.
Peu de temps avant la sortie des Xbox Series X|S fin 2020, la manette Elite subissait une mise à jour importante avec une V2 incluant une batterie et sa station de charge dédiée, des accessoires légèrement différents (palettes arrières plus fines et jeu de sticks revu) et un port USB-C devenu entre-temps le standard pour tous les appareils électroniques. Malgré une hausse de prix significative, le pack étant vendu aux alentours de 180 €, le succès fut au rendez-vous puisque cette nouvelle itération corrigeait tous les défauts de la précédente. L’image de cette manette fut toutefois ternie par de nombreuses pannes, notamment pour les touches A, LB et RB qui lâchaient prématurément. Il semble cependant que ces problèmes soient désormais réglés et que les modèles récents soient beaucoup plus fiables.
Effeuillons la belle… entre classe et robustesse
Le packaging de cette Elite V2 Core est dans l’esprit de ce qui se fait actuellement chez Xbox. La boite est sensiblement de la même taille que celle des manettes de base des Xbox Series X|S, et les deux modèles sont présentés de la même manière dans un écrin en plastique thermoformé. Sous ce plastique, on retrouve une notice papier, l’outil permettant d’ajuster la sensibilité des sticks, un câble tressé USB vers USB-C assez qualitatif, et… c’est tout !
Si les palettes, les sticks longs ou bombés supplémentaires, la croix directionnelle alternative, la housse et la station de charge sont sans surprise absents de la boîte, la Elite V2 Core embarque tout de même la possibilité de modifier la rigidité des sticks et la course des gâchettes, de manière mécanique à l’aide de l’outil et logicielle en passant par l’application Xbox dédiée. Ces fonctionnalités peuvent paraître assez « gadget » si on n’y a jamais goûté mais apportent un vrai plus pour des jeux de course ou de tir. Comme sur le modèle du pack complet, on peut sauvegarder trois profils différents à sélectionner en appuyant sur la touche centrale (qui remplace le bouton « capture » des versions de base).
La prise en main de ce modèle amélioré est tout simplement exceptionnelle. Si elle ne diffère pas radicalement de celle de la manette d’origine, on sent que tout est légèrement mieux (à part les boutons A, B, X et Y au toucher strictement identique), apportant un confort supplémentaire. Les parties métalliques ajoutent un sentiment de finition haut de gamme, tout en augmentant sensiblement la masse de l’ensemble (350 g pour ce modèle Elite contre 260 g pour le classique équipé d’un kit Play and Charge officiel).
Toutefois, comme nous l’avons évoqué précédemment, la Elite V2 est sortie avant les Xbox Series X|S, et les manettes de base de ces dernières ont aussi bénéficié des avancées ergonomiques introduites sur ce modèle. Ainsi, le BMD en forme de plateau (en métal sur la Elite V2) et le grip désormais présent à l’arrière sur les versions standard font que le gap entre les deux moutures est moins flagrant qu’il ne pouvait l’être par rapport aux manettes Xbox One.
La Elite V2 Core est disponible dans les trois couleurs (très réussies) devenues des standards pour les manettes Xbox à savoir Robot White, Shock Blue et Pulse Red. Malheureusement, le grip enveloppant les poignées reste noir quelle que soit la couleur choisie. Celui-ci flattera certainement la paume de vos mains, tant son toucher est qualitatif, mais ce ne sera peut-être pas le cas de vos rétines. La livrée bicolore de notre modèle de test blanc n’est pas sans rappeler ce qui se fait chez la concurrence. On aime ou pas, mais la sobriété habituelle de la marque Xbox n’est pas vraiment respectée ici.
Si, en revanche, vous souhaitez un modèle Carbon Black assorti à votre Series X, il faudra choisir le pack complet. Moyennant un supplément compris entre 10 et 20 € selon la version, vous pouvez aussi accéder à tout le nuancier du Xbox Design Lab, mais également ne prendre que les accessoires dont vous pensez avoir réellement besoin. Cela aurait pu être une excellente idée si l’économie avait été substantielle. Par exemple, si vous choisissez une Elite V2 Core avec uniquement la housse et la station de charge (qui ne peuvent être vendues séparément !), il vous en coûtera la modique somme de 177 € soit seulement 2 € de moins que le prix du pack complet dans le commerce…
Et en jeu, ça vaut quoi ?
Après deux semaines de test, sur différents types de jeu, nos impressions sont très bonnes. À aucun moment nos habitudes n’ont été bousculées et nous nous sommes vite acclimatés à ce bonus de confort. La possibilité de raccourcir la course des gâchettes de manière indépendante est vraiment bénéfique pour certains jeux. Par exemple, dans Forza Motorsport, nous avons pu légèrement raccourcir la course de l’accélérateur tout en laissant celle du frein au maximum pour profiter de toutes les nuances que le titre de Turn 10 Studios propose. De même, si une action qui ne nécessite pas un contrôle analogique est assignée à une gâchette, tels un tir ou un type de saut, on apprécie le fait de pouvoir réduire sa tension au point de ne devenir qu’un simple bouton.
La batterie intégrée (et non démontable) est également une bonne surprise. Les quarante heures d’autonomie annoncées sont bien présentes et celles-ci sont à peine réduites lorsque des écouteurs sont branchés dans la prise mini-jack située entre les poignées (entre 32 et 35 heures en moyenne). Nous regrettons seulement que Microsoft n’ait pas eu la bonne idée de fournir la station de charge du pack complet dans cette déclinaison « Core », d’autant plus que la Elite V2 n’est pas compatible avec le support de charge officiel pour les manettes de base (les contacts n’ont pas la même forme et ne se situent pas au même endroit).
Tous ces avantages ne justifient pourtant pas une différence de prix allant du simple au double par rapport à une manette de base. Si les améliorations sont bien présentes et appréciables, il est difficile de conseiller ce produit au tarif généralement constaté, d’autant plus que l’absence d’accessoires fait que l’expérience premium est fortement altérée. Toutefois, si l’on ajoute aux 59 € de la manette d’origine le montant du kit Play and Charge officiel, indispensable pour jouer dans de bonnes conditions, on arrive à un total de 82 €. Or, comme à l’instant où nous écrivons ces lignes, la Elite V2 Core, qui est nativement dotée d’une batterie de très bonne qualité, est régulièrement en promotion à moins de 100 €. Dans ces conditions, cette manette devient une excellente alternative pour un joueur qui souhaite s’équiper d’un contrôleur supplémentaire.
