Test - Suicide Squad : Kill the Justice League - Un scénario sympa parasité par le loot

«Changement raté pour Rocksteady» , - 5 réaction(s)

Difficile d’aborder ce Suicide Squad : Kill the Justice League sans parler de l’éléphant au milieu de la pièce. Suite à une communication qui a fait couler beaucoup d’encre, le titre déchaînant les passions (majoritairement négatives), nous étions impatients de pouvoir enfin nous forger notre propre avis. Il faut dire que le studio londonien Rocksteady, à qui on doit l’excellente trilogie des Batman Arkham, sort d’un hiatus de quasi 9 ans. Alors oui, le changement de ton et de style de jeu paraît brutal, au point que l’on est en droit de se demander s’il s’agit bien du même studio aux commandes. Adieu donc l’approche solo et place à un jeu service se calquant sur les modèles des looter shooter. Mais est-ce pour autant une mauvaise idée ?

We some kind of… Suicide Squad ?

Nous incarnons la Suicide Squad, une équipe de looseurs attachants qui décidément semble plaire à certains dirigeants de la Warner Bros en ce moment, en témoignent les deux films éponymes sortis pendant les neuf ans de gestation du jeu. Notre équipe est cette fois-ci constituée de Deadshot, King Shark, Captain Boomerang et la maintenant (très) célèbre Harley Quinn, tout droit extirpés de prison et équipés d’une nano-bombe dans le crâne, les forçant à coopérer histoire de survivre. Nos quatre anti-héros auront la lourde tâche de stopper l’invasion de Brainiac, méchant populaire de l’univers de DC qui a réussi à transformer les membres de la Justice League en pantins, nous obligeant à les arrêter un à un, d’où le titre du jeu.

Voici notre belle équipe de bras cassés

On retrouve donc la Task Force X (autre nom de la Suicide Squad), ainsi que de multiples personnages gravitant autour de leur univers, comme Amanda Waller (incarnée par l’excellente Debra Wilson) ou encore le colonel Rick Flag, mais pas que. En effet, comme communiqué en amont de la sortie du jeu par le studio, il s’agit d’une suite directe à l’histoire de la trilogie Arkham et on y rencontre aussi de nombreuses têtes connues telles que certains ennemis emblématiques du justicier masqué.

Si le scénario ne brille pas par son originalité, on salue néanmoins la prise de risque du postulat de base, assumé pendant une grosse partie de l’aventure. L’humour est omniprésent, rappelant les productions cinématographiques de James Gunn, et on a eu quelques rires francs. Les modèles de nos héros sont superbement animés, avec des expressions de visage rarement vues ailleurs, le tout couplé à une mise en scène soignée.

Metropolis a un certain cachet

C’est d’ailleurs la grande force du titre, chaque cinématique ou dialogue donne lieu à des moments mémorables, qu’il s’agisse d’une des nombreuses embrouilles entre nos quatre héros ou bien d’une rencontre avec l’un des membres de la Justice League, désormais possédée et au tempérament sadique. Mention spéciale à Wonder Woman, seule alliée dans cette résistance de fortune face à l’invasion extraterrestre, qui a droit à une exposition particulièrement travaillée et réussie. Clairement, certains passages ne plairont pas à tout le monde, mais le résultat de ce changement de ton n’est pas pour autant négatif, pour peu que l’on prenne le jeu pour ce qu’il est et pas pour ce que l’on aurait aimé qu’il soit.

Arkham Justice League

Cette volonté de continuer l’histoire et d’inscrire le récit de cet épisode comme la suite directe à la trilogie Arkham pose néanmoins plusieurs problèmes, à commencer par la cohérence de l’univers. On oublie le côté sombre et poisseux que l’on pouvait retrouver auparavant (en partie dû au grain et à l’effet ‘mouillé’, propre aux titres qui utilisaient l’UE3), place désormais aux explosions flashy, à la projection de confettis et à une orientation beaucoup plus vive de la palette de couleurs utilisées, ceci jusqu’à l’écoeurement.

Attention à vos yeux, les effets visuels sont omniprésents

Plusieurs éléments scénaristiques essaient de joindre les deux bouts, comme cette première scène dans un musée fait de silhouettes animées en carton et retraçant les aventures de la trilogie précédente. On a beau nous répéter que ce sont les mêmes personnages, difficile d’en être convaincu, en particulier avec le comique des dialogues et le changement de comportement de certains protagonistes connus de la licence, dont celui d’Harley Quinn qui cette fois-ci semble être directement calqué sur le modèle interprété à l’écran par Margot Robbie. On a droit cependant à un grand lot d’informations sur le lore et sur l’univers, que ce soit sur les événements faisant suite à l’invasion de Brainiac ou sur ceux permettant de combler l’ellipse temporelle après la fin d’Arkham Knight, ce qui ne manquera pas de ravir les fans de DC comics.

L’histoire principale suit une structure très classique, alternant cinématiques et moments d’action, et ce jusqu’à son dénouement, le tout étant réalisable entièrement seul ou en coopération en ligne (dont un matchmaking prévu). On perd donc les différentes phases d’enquêtes ou de recherches que nous avions dans les anciens jeux Batman. Pire, la linéarité de la progression laisse un goût trop présent de long tutoriel d’une dizaine d’heures (temps nécessaire pour finir le scénario) avant de passer au contenu endgame.

Il était une fois à Metropolis

Notre aventure se déroule dans la ville de Metropolis, mégalopole solaire et futuriste, théâtre des péripéties de Superman et particulièrement portée sur la verticalité avec ses nombreux gratte-ciels. La ville est remplie de détails et de bâtiments distincts, bien que l’on regrette le fait qu’aucun ne puisse être exploré et qu’il n’y ait aucune interaction possible. Il faudra se contenter des affrontements sur leurs toits.

Moooo comme ils sont mignons !

Premier constat et principal écart entre nos quatre héros, ceux-ci utilisent des moyens de déplacement différents. Suite à un twist scénaristique, les membres de la Suicide Squad s’équipent d’anciens accessoires de la Justice League, ce qui permet, par exemple, au Captain Boomerang de se téléporter sur une courte distance ou bien à Harley Quinn de manier un drone et un grappin. Deadshot est sans doute le plus facile à prendre en main, car il est simplement muni d’un jetpack. Quant à King Shark, il fait des bonds de toit en toit, rappelant les sauts de Hulk.

Ces éléments de traversée aérienne mettent du temps à être apprivoisés, la maniabilité étant un poil chaotique lors des premières heures, encore plus quand on la compare à la fluidité d’un Arkham Knight ou même de l’excellent et récent Spider-Man 2, qui nous avait clairement gâtés à ce niveau. Ce constat est encore plus navrant quand on se rend compte qu’il n’y a pas de fast travel à notre disposition, ce qui nous oblige régulièrement à parcourir de longues distances.

Les missions sont très classiques

En dehors de la façon de se déplacer de nos quatre personnages, leur gameplay s’avère très similaire, à tel point que l’on se demande s’il était bien pertinent de les équiper tous d’armes à feu. Car oui, même King Shark ou Captain Boomerang (allez, pourtant c’est dans son nom…) utilisent des pétoires classiques de type shotguns, mitraillettes ou autres sulfateuses. L’univers de DC Comics permettait d’être innovant, on aurait donc pu imaginer des armes loufoques tirées de l’arsenal du Joker, ou bien encore des compétences actives destructrices typiques pour notre héros. Il n’en est malheureusement rien et le gameplay est identique manette en main, qu’importe qui l’on joue. Les développeurs ont malgré tout voulu créer une diversification factice en limitant chaque personnage à 3 des 6 types d’armes à feu disponibles, mais cet artifice ne trompe pas.

On débloque assez vite des armes ’rares’

L’arbre de compétence, différent pour chaque personnage, est particulièrement peu créatif lui aussi et ne donne que des bonus passifs qui augmentent de x pour cent nos attaques ou nos boucliers. Certes, le héros que nous incarnons (il n’y a pas d’xp partagée) devient plus puissant au fur et à mesure de la progression, mais cela se traduit uniquement par un ajout de quelques chiffres supplémentaires à nos statistiques, pour un résultat très décevant en tant que joueur. Même constat pour le loot, qui se contente du minimum et qui propose des codes couleurs en fonction de la pseudo rareté de notre équipement, comme de nombreux jeux du genre. Le tout est très superficiel, voire même anecdotique tant il est peu pertinent de s’y intéresser avant le end-game (et encore…).

Heureusement, les sensations de shoot sont bonnes, les explosions de zones sur un tas d’ennemis sont également assez gratifiantes, au final le gameplay se veut fun et énergique, et ce serait vous mentir que de vous dire que nous n’avons pas pris du plaisir à détruire des hordes d’aliens. Plusieurs petites mécaniques s’installent durant la progression, comme la possibilité de faire des dégâts élémentaires ou de contrer un adversaire qui chargerait une attaque, le tout nous obligeant à utiliser énormément le déplacement aérien afin de profiter pleinement de l’arsenal mis à notre disposition. Ça saute de partout avec une surenchère d’effets visuels, quitte à empiéter souvent sur la lisibilité.

Sunset Overdrive x Anthem ?

À l’instar de Sunset Overdrive, dont plus d’un parallèle peut être fait, les rues et les toits de la ville de Metropolis regorgent d’ennemis, les civils ayant fui les lieux. Ceux-ci prennent l’aspect de monstres violets, avec les différents archétypes classiques (sniper, colosse, infanterie, etc.) et réapparaissent en boucle lorsque nous voyageons dans l’open world. Les missions quant à elles s’avèrent génériques au possible, nous demandant bien souvent d’éliminer tous les ennemis présents, avec les variantes d’objectifs propres au genre, elles aussi très banales. On parle de la capture d’un point de contrôle, de la destruction d’une tourelle, de l’escorte d’un véhicule, etc. Le tout rappelle fortement le fonctionnement de feu Anthem, comme si les petits gars de Rocksteady avaient cru bon de copier un concept qui avait pourtant peiné à convaincre par le passé.

Les trophées de l’homme mystère sont de retour

C’est malheureusement là où le titre arrive à perdre le joueur, et ce dès sa deuxième mission. Aucun effort n’a été fait pour proposer du contenu intéressant une fois la manette en main, obligeant à enchaîner bêtement les phases de combat entre chaque cinématique. Les affrontements de boss sont bel et bien présents et reposent sur des gimmicks légèrement contrastés par rapport au reste du jeu.

Il y a également des épreuves de plateforme

On fait face aux différents membres de la Justice League pour des séquences qui se veulent aussi spectaculaires que longues, puisque nos adversaires font office d’éponges à nos coups. La boucle gameplay/cinématique s’enchaine jusqu’à la fin du scénario et fait place à ce fameux endgame, moteur du virage en tant que jeu service de ce Suicide Squad, promettant monts et merveilles pour les prochains mois à venir.

Quid du endgame ?

Cette répétitivité s’applique malheureusement au contenu endgame qui ne change absolument rien aux missions par rapport au reste du titre, proposant encore et toujours des objectifs identiques afin de gagner soit des ressources, soit du loot pouvant ensuite être échangé contre du matériel plus puissant dans l’unique but de survivre aux modes de difficulté supérieurs. Ceux-ci se débloquent à force de farmer le contenu proposé en fin du jeu, ce qui permet aussi d’augmenter ses niveaux dans un système qui s’inspire fortement du ‘Parangon’ de Diablo ou des ‘Lights’ de Destiny, même si ici encore on ne parle que de petits pourcentages supplémentaires.

Les failles représentent la majorité du contenu endgame

Des failles font leur apparition sur la map, véritable fil rouge exclusif à cette deuxième partie de l’aventure, nous faisant voyager dans des zones d’une autre dimension et nous donnant accès à des équipements saisonniers très puissants, bien qu’une fois de plus il s’agisse du même type de missions ultra génériques. Quelques petites subtilités sont bien présentes, comme des contrats quotidiens à remplir ou des coffres à récupérer en détruisant des drones qui arpentent la ville, mais là aussi tout est trop simple pour vraiment capter notre attention, au point que l’on a très rapidement l’impression d’avoir fait le tour du contenu proposé par le jeu.

La comparaison avec d’autres jeux services actuels est encore moins flatteuse, puisque Suicide Squad, à l’heure de rendre le test, n’a pas de raids ou de donjons spécifiques dans son endgame, ni même un quelconque contenu en ligne en dehors de son mode coop (pas de hub, ni même d’événements en ligne). On ne croise donc personne, à moins de chercher activement un partenaire de jeu.

Chaque saison permet de débloquer des équipements uniques

A voir si les prochaines extensions, dont celle déjà annoncée du Joker, parviendront à redonner de l’intérêt au titre, même si l’on imagine difficilement être captivé autrement que par la narration. Attendons de voir si Rocksteady arrivera à tenir ses engagements sur sa roadmap également. Au vu de ses sources d’inspirations (Anthem, Marvel’s Avengers…), rien n’est moins sûr.

Dernier bémol, mais pas des moindres, le jeu se passe d’une vraie conclusion, nous invitant à suivre le contenu supplémentaire à venir afin d’avoir le fin mot de l’histoire. Reste à savoir si on sera toujours là…

Test réalisé sur Xbox Series X.

Bilan

On a aimé :
  • Le gameplay fun et énergique
  • La finition globale du titre
  • La ville de Metropolis (même si l’on aurait aimé l’explorer autrement)
  • La mise en scène de qualité
On n’a pas aimé :
  • La totalité du système de loot, au final très superficiel
  • La fin ouverte qui oblige à attendre le contenu supplémentaire
  • L’ensemble des missions, répétitives dès la deuxième
  • Le vomi visuel constant, avec des explosions de partout
  • 4 personnages, un seul gameplay
  • Le grand manque de créativité dans les compétences
On aurait préféré un titre purement solo

Sans pour autant être la catastrophe annoncée, Suicide Squad : Kill the Justice League accumule trop de défauts pour qu’on puisse en profiter pleinement. Son gameplay, bien que très énergique et relativement agréable à prendre en main, est générique au possible. Pire, les missions se répètent en boucle jusqu’à sa conclusion. Même constat pour toute la partie loot et les statistiques de nos personnages, qui se résument à des pourcentages dans des tableaux. Finalement, seuls l’incroyable mise en scène et le casting quatre étoiles, porté par un humour omniprésent, sauvent ce bilan plus que mitigé. Ne reste plus qu’à voir si les prochaines saisons apporteront un peu de renouveau, bien que l’on imagine mal Rocksteady rectifier le tir.

Accueil > Tests > Tests Xbox One

Suicide Squad : Kill The Justice League

Genre : Action

Editeur : Warner Bros

Développeur : Rocksteady Studios

Date de sortie : 02/02/2024

Prévu sur :

Xbox Series X/S, PlayStation 5, PC Windows

5 reactions

avatar

Thom B.

07 fév 2024 @ 09:09

au final ça fera un bon film. c’est dommage mais souvent, le problème des GAAS c’est :
>> la redondance
>> le coté générique
>> le manque de contenu

au final suicide squad n’en coche que 2 sur 3, mais c’est déjà trop. en revanche la qualité des cinématiques font que, ça peut être un beau moment à regarder en posant sont cerveau.

ou pour les adeptes de loot style h&n’s qui ne se lassent pas de refaire la même choses en boucle

dans tout les cas, merci pour le test @lucien

avatar

Spawn

07 fév 2024 @ 11:31

Excepté les missions répétitives moi je l’ai trouvé bien ce suicide squad kill the justice League, l’histoire est vraiment prenante. Concernant Metropolis elle est magnifique surtout la nuit mais c’est l’histoire qui nous emmène au bout de l’aventure. Il y’a deux, trois séquences vraiment géniales. Il y’a des passages que j’ai vraiment aimé dans le jeu à l’instar de Batman Arkham Knight et la mort de Poison Ivy dans les bras de Batman par exemple mais no spoil. Batman Arkham étant ma licence de coeur je ne pouvais absolument pas passer à côté de cette épisode.

Merci pour le test Lucien🙂.

lacrasse

07 fév 2024 @ 12:04

Pour avoir regardé du gameplay,on dirait crackdown....

avatar

Rantanplan

07 fév 2024 @ 13:30

Le bide était prévisible, prouvant à quel point ils n’écoutent pas les « joueurs » et ne comprendront jamais la leçon. Marvel’s Avengers & Gotham Knight étaient deux GaaS tout aussi médiocres et qui ont fait un flop, alors que Marvel’s The Guardian of the Galaxy, jeu 100% solo, fût encensés par la critique ET les joueurs. (mais n’a pas rapporté assez d’argent car il n’était pas rempli de toutes ces mer*** de microtransactions/Season Pass). À croire qu’ils le font exprès.

Il est également dommage de ne pas ajouter, dans les points négatifs, cette connexion internet obligatoire (un patch arrive en 2024, mais quand ? Cela devrait être une option non négociable et intégrée DE BASE quand un jeu avec une composante « solo » sort) et pour vous, la ville est dans les points positifs ?? Alors qu’elle est bien plus terne/fade/moche comparée à ce que proposaient les deux derniers jeux Batman de (feu) Rocksteady, il y a 10 ans (la texture de l’eau est immonde dans Suicide Squad). Un rapide tour sur Youtube permet de s’en rendre compte… ici par exemple https://youtu.be/iocRbdvUgJ4?si=CvbBGEQB6gH_1reQ

On voit clairement où se situe la priorité pour ce jeu : vendre des skins.

SSKTJL n’est donc qu’un GaaS ultra générique de plus, comme il fallait s’y attendre. Et il finira très probablement dans la bouée de secours qu’est devenu le Game Pass, parfait pour tous ces Gaas ayant bidés.

avatar

Hades90

07 fév 2024 @ 22:44

Quand je vois du gâchis pareil je suis bien content de prendre mes jeux sur eneba avec un vpn .Si même Rocksteady se fou de nous aujourd’hui... 🫤