Test - Immortal Realms : Vampire Wars - Sang pour sang stratégique

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Pour un studio juvénile, la sortie officielle d’un tout premier titre est un événement à la fois extraordinaire et effrayant. Le bébé que vous avez conçu d’un amour passionnel et bichonné des années durant se prépare à couper le cordon et vivre sa destinée en solitaire. Une sensation de vide et de désarmement vous empare pour la première fois et vous priez que le mektoub ait dessiné un avenir radieux qui récompenserait toutes ces heures de travail acharné et de sacrifice. Immortal Realms : Vampire Wars est cet enfant chéri parti trop tôt pour Palindrome Interactive. Le studio suédois se compose de seize novices de l’industrie, pleins d’énergie et d’ambition, prêts à développer des “jeux de stratégie de classe mondiale”. L’éditeur allemand Kalypso, spécialisé dans le genre, a flairé le bon coup.

Immortal Realms : Vampire Wars est sorti officiellement vendredi. C’est un jeu qui combine une gestion légère d’un royaume en expansion avec des batailles au tour par tour à l’ancienne. Les amateurs des Heroes of Might and Magic décochent un sourire, puis le perdent aussitôt en apprenant que le jeu est uniquement solo. Ce week-end, les membres de Palindrome Interactive vivent donc leur premier grand moment d’angoisse lié aux verdicts de la méchante presse, souvent tremblante et servile devant les gros, acerbe et cassante envers les petits. Après de nombreuses heures de jeu, le temps est venu de nous asseoir sur notre trône tout puissant, assoiffé de sang, canines acérées, et d’asséner la sentence.

Les feux de l’amour vampirique

Dans le monde gothique de Nemire, les vampires sont les rois. Les terres de Warmont sont dirigées par le couple légendaire Vlad et Cecilia Dracul, liés par un amour éternel. Les descendants du premier vampire, Dracul, constituent la seule lignée pure. La paix entre les hommes et les vampires est fragile dans ce royaume mais se maintient depuis des années sous la poigne de fer des tourtereaux. À l’Est, la lignée décimée et corrompue des Nosfernus survit tant bien que mal sur les plaines désolées de Mourterra, le territoire des morts. Au Nord se situent les montagnes gelées de l’Esain. Elizabeth Bathory y a fondé les Moroia, une nouvelle lignée férue de magie et de mysticisme, après avoir fui et scellé le tombeau de son ex-mari Urhammu … l’ancien roi des Nosfernus.

Les feux de la passion ne sont pas l’apanage des Hommes, les Vampires les subissent également. La haine, alimentée par des sentiments de trahison et de vengeance, est un poison très puissant. L’odeur du sang flotte dans l’air de Nemire, des flammes s’embrasent à l’horizon, une nouvelle guerre entre les clans de vampires est imminente.

Vlad Dracul est prêt pour la guerre

Trois campagnes, une pour chaque clan, vous plongent ainsi dans les méandres de cette guerre et démêlent les fils au fur et à mesure de votre progression. Composées chacune de 4 missions, elles s’enchaînent dans un ordre bien défini à suivre obligatoirement. L’achèvement des 12 missions exige entre 20 et 30 heures suivant votre style de jeu. Le scénario global reste classique et ressortent souvent des scènes et des rebondissements maintes fois vus et revus dans d’autres circonstances. Malgré tout, vous avez envie de connaître à chaque fin de mission la suite des événements, bien aidé par la présence de séquences animées en 3D. Ces dernières restent dans le ton légèrement cartoonesque du design du jeu et font honnêtement leur travail pour raconter de manière plus agréable les péripéties à la place d’une simple lecture de textes.

Heroes of bloodsucking and magic

Un tableau de compétences améliore les pouvoirs du clan

Au-delà de raconter une histoire, les campagnes servent comme souvent dans les jeux de stratégie à vous faire comprendre petit à petit les mécanismes de gameplay et mémoriser les atouts et faiblesses des unités présentes. Les créateurs ont réussi à trouver le bon dosage pour intégrer petit à petit de nouveaux éléments au fil de chaque mission sans vous surcharger. Vous ressentez ainsi une vraie montée en puissance de votre clan, ce qui atténue le sentiment de répétitivité des missions, inhérent à ce type de jeu.

Les néophytes de jeux de stratégie sont les bienvenus et devraient tirer leur épingle du jeu avec de la patience et du bon sens. Un didacticiel assez complet simule une mission et vous apprend les fondamentaux du gameplay, même si de nombreuses subtilités seront découvertes plus tardivement. Précisons que le titre est traduit dans un très bon français.

L’ergonomie est correcte à la manette

La boucle de gameplay d’Immortal Realms : Vampire Wars alterne donc des phases de gestion de royaume et de combats au tour par tour, mais elle est toujours dictée par le choix de la simplicité dans le sens noble du terme. Vous ne serez jamais noyé par des menus et sous-menus à rallonge ou des tonnes de possibilités et, souvent, une décision ne se limite qu’à quelques choix. L’originalité dans le gameplay est l’utilisation dans les deux phases d’un deck de cartes qui enclenchent des actions ou modifient des attributs.

Améliorer un bâtiment coûte du sang

Concernant la gestion de votre royaume, vous déplacez vos troupes sur une carte vue du dessus, divisée en de nombreuses petites parcelles. La plupart de celles-ci sont symbolisées par un bâtiment ou un lieu unique qui fournit des services spécifiques. Par exemple, les villages et les villes fournissent votre clan en sang frais qui représente la monnaie du jeu. Les châteaux, cimetières, grottes, etc. peuvent alimenter votre armée avec des unités spécialisées. Les forges améliorent vos équipements et l’expérience de vos troupes en les entraînant, les archives vous vendent des cartes à jouer et des savoirs. Chaque bâtiment spécial peut être amélioré de 3 niveaux et vous donne accès à des services et des unités de meilleure qualité. Pour profiter de toutes ces options moyennant finance, vous devez conquérir chaque parcelle en vous déplaçant dessus et en la revendiquant. Cela nécessite des points de sang et d’action. Heureusement certaines cartes peuvent réduire ces coûts.

La bataille qui s’annonce sera indécise

Régulièrement, vous rencontrez des troupes hostiles. Avant d’entamer une phase de combat, vous avez un aperçu complet des forces en présence, ainsi qu’une estimation du résultat final de la bataille. Certains combats non essentiels ou fortement en votre faveur peuvent être résolus automatiquement. Cela permet de ne pas perdre de temps inutilement, d’autant plus que l’I.A. est généreuse avec vous et élimine rarement une de vos unités. Toutefois, la plupart du temps, la bataille ne pourra être repoussée.

Le sang va bientôt couler

Il existe une dizaine de champs de bataille disposés en damier pour chacune des 4 grandes régions du monde de Nemire que vous traverserez lors des campagnes. Chaque damier a un design différent, avec la présence d’obstacles, de couloirs étroits, de monuments qui apportent des bonus si une unité est placée sur une case attenante. Une fois la bataille commencée, vous retrouvez les mécaniques classiques des jeux de tactique au tour par tour via des points d’action à dépenser pour chaque unité. Les combats sont plaisants à jouer et exigent de la réflexion pour éviter des erreurs de positionnement de troupes qui peuvent faire basculer rapidement le sort de la bataille.

Les clans de vampires, les armées humaines ou composées du bestiaire fantastique diffèrent par leurs chefs et leurs unités. Chaque clan offre au leader un set unique de cartes d’attaque ou de défense, jouables à leur tour de jeu. Ces cartes peuvent également être améliorées selon trois variantes. Les possibilités tactiques sont vraiment très riches. Pas de doute, le cœur du gameplay est très solide.

Fini le faste, même les cercueils viennent de chez Ikea

Le jeu a été développé avec le moteur Unity et tient globalement la route. La fluidité n’est pas toujours au rendez-vous mais ce n’est pas rédhibitoire pour ce type de jeu. Plus gênants sont les petits soucis ergonomiques de certains menus de la phase de gestion et surtout le ciblage des attaques lors des phases de combat. Assez régulièrement, en cliquant sur un ennemi pour l’attaquer, votre unité ne se place pas à la position souhaitée à cause d’une sensibilité aiguë du curseur. Rageant.

Kreya baigne sous le soleil

Graphiquement, chaque grande région du jeu a une géographie particulière et surtout une palette de couleurs spécifique : le bleu nuit pour les montagnes et forêts du Warmont, le jaune orangé pour les plaines fertiles de Kreya, le vert pour les terres désolées de Mounterra et le bleu rosé pour les hautes montagnes gelées de l’Esain. Les bâtiments et les paysages sont jolis mais manquent de détails et d’effets qui donneraient de la vie aux scènes.

Les teintes vertes de Mounterra correspondent bien à cette région putride

Les champs de bataille partagent la tonalité de couleurs propre à leur région et respectent l’atmosphère macabre et funeste de la mythologie vampirique et fantastique. Cependant, les unités manquent cruellement d’animations et de détails. De plus, certaines troupes sont difficilement reconnaissables d’un simple coup d’œil en vue éloignée quand elles sont agglutinées. Il est possible de faire tourner la carte ou d’utiliser lezoom, mais dont seul un niveau permet d’obtenir une vue rapprochée. Une vue intermédiaire complémentaire aux deux autres aurait apporté un confort supplémentaire.

Concernant la musique, le thème principal donne le ton et fait son petit effet. Le reste des morceaux accompagne parfaitement l’ambiance sombre et mélancolique de l’univers. Le tout n’est toutefois pas mémorable. Les sons des unités font le travail mais certains peuvent devenir lassants puisque ce sont toujours les mêmes qui tournent en boucle.

L’ensemble technique et artistique est correct et agréable mais reflète bien le manque de moyens du studio.

Vis ma vie de vampire solitaire

Toutefois, l’inconvénient majeur et principal d’Immortal Realms : Vampire Wars est le choix de Palindrome Interactive d’en faire un jeu exclusivement solo. Même un vieux mode Hotseat qui a fait la grandeur et le succès des Heroes of Might and Magic n’est pas possible. Là encore, le manque de ressources du studio pourrait expliquer cette décision.

Le mode Escarmouche est utile pour tester les unités

Pourtant le titre propose deux autres modes de jeu pour accompagner les campagnes : Bac à sable et Escarmouche. Dans le premier, vous pouvez créer une mission personnalisée de A à Z, que ce soit les ennemis, le type de carte, les objectifs, etc. Le second est une confrontation uniquement sur un champ de bataille, là aussi paramétrable entièrement : damier, cartes à jouer, niveaux des leaders, attributs et unités. Le drame est que ces deux modes auraient été parfaitement adaptés pour une excellente expérience à partager à plusieurs. En attendant une éventuelle mise à jour salvatrice, ils permettent de s’aguerrir, d’expérimenter ou de passer du bon temps après avoir fini les campagnes…

Le coin des chasseurs : Immortal Realms propose 52 succès pour un total de 1000G. Terminer le tutoriel et les 12 missions de la campagne vous rapportera 250G. Beaucoup de succès se réaliseront sans forcer au fur et à mesure des parties, d’autres demanderont de réaliser des actions précises qu’il faudra bien préparer.

Bilan

On a aimé :
  • La mythologie des vampires toujours fascinante
  • Des mécaniques de gameplay très solides
  • Trois factions intéressantes à jouer
  • Un effort pour rendre ce type de jeu accessible
On n’a pas aimé :
  • Aucun mode multijoueur, même pas un mode Hotseat !
  • Les options de caméra limitées
  • Une certaine répétitivité peut se ressentir
La nouvelle cuvée de sang est un bon millésime

Palindrome Interactive signe un très bon jeu de stratégie et de tactique au tour par tour dans un univers et un folklore inspirés des mythologies vampiriques. Qu’il s’agisse des phases de gestion du royaume ou de bataille, le gameplay y est solide et riche de possibilités. Les néophytes du genre, attirés par l’ambiance macabre des dents pointues, peuvent tenter l’expérience car le jeu se veut accessible et didactique. Le poncif “facile à apprendre, difficile à maîtriser” correspond parfaitement à la proposition du studio suédois. Malheureusement, il manque ces petits détails dans la direction artistique qui auraient rendu l’expérience exceptionnelle pour un premier titre. L’absence frustrante d’un mode multijoueur ne fait que renforcer l’amertume d’être passé si près. Une chose est sûre, ce nouveau studio a du talent à revendre et tous les amateurs de stratégie et de tactique doivent suivre avec intérêt son évolution.

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Immortal Realms : Vampire Wars

PEGI 0

Genre : STR

Éditeur : Kalypso Media

Développeur : Palindrome Interactive

Date de sortie : 28 août 2020

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4, PC Windows, Nintendo Switch