Vous aimez l’exploration, les promenades bucoliques, les paysages oniriques, les animaux et les fraises tagada ? N’ayez pas honte, nous ne sommes pas là pour juger, pour montrer du doigt de la honte vos goûts douteux, car vous n’êtes pas seul dans ce cas-là. Les développeurs de Mooneye Studios et les contributeurs du kickstarter lancé en 2016 au lancement du jeu Lost Ember sont avec vous. Lost Ember regroupe tous les critères cités ci-dessus, sauf les fraises tagada, de quoi attiser une curiosité teintée d’envie de votre part à laquelle ce test va tenter de répondre.
Perdu dans la pampa
Lost Ember nous convie à une promenade onirique à la manière des jeux de That Game Company tels que Abzu et Journey. Pas de challenge ici, aucune difficulté majeure, seuls les plaisirs de la découverte et de la narration nous accompagnent. L’histoire se découvre par paliers au fur et à mesure de notre avancée par des flashbacks figés, mis en scène par les ombres brunes du passé qui rejouent les moments de la vie de Kalani… car Kalani est morte et s’est vue interdire les portes du royaume des âmes. Réincarnée sous la forme d’une louve, elle va croiser le chemin d’un étrange esprit qui va l’entraîner dans un périple sur le chemin de son passé et de sa vie d’humaine. Le voyage de Kalani va nous faire découvrir l’histoire d’un peuple aujourd’hui disparu, les Yanrana, et dont on va parcourir les vestiges de la civilisation et ramasser quelques artefacts en souvenir. Lost Ember est un jeu d’exploration qui nous fera traverser de grandes zones, il ne s’agit pas d’un monde ouvert. Chaque zone est plus ou moins grande et contient des souvenirs pour faire avancer l’histoire et de nombreux objets cachés. Il est frustrant de voir que l’exploration de ces environnements se heurte à des barrières invisibles ou des cailloux, des arbustes impossibles à franchir pour Kalani, d’autant plus que le saut ridicule qu’elle peut faire en loup rend le franchissement du moindre petit obstacle laborieux.
La singularité de Lost Ember se trouve dans le pouvoir de Kalani, celui de transférer son âme de loup dans un autre animal et de pouvoir alors le contrôler pour poursuivre son voyage. Cette capacité va lui permettre de franchir certains obstacles comme se glisser dans un petit terrier en prenant le corps d’un rongeur, sauter du haut d’une falaise et planer en tant que canard, ou même arpenter les canaux inondés d’une ancienne cité sous les écailles d’un poisson. Les animaux que l’on pourra incarner dans l’aventure sont nombreux mais Lost Ember ne parvient pas pour autant à créer un écosystème vivant pour son univers. Lost Ember s’efforce de donner au joueur un sentiment de liberté à ce voyage avec ses grands espaces, ses points de vue majestueux. Il y a quelque chose de mélancolique dans notre périple renforcé par un grand sentiment de solitude, qui va rapidement muer en vide plus embarrassant que poignant à vrai dire…
Les rongeurs se trouvent trop souvent à côté du terrier que l’on doit traverser, les taupes près des murs sous lesquels on doit creuser. Tout semble artificiel, commandé, et la faune présente n’est là que pour ponctuer l’avancée du périple et toujours présente « là où il faut, au moment où il faut ». C’est d’autant plus dommage que rien n’impose ce saupoudrage qui renforce le sentiment de superficialité de son univers. Les grands environnements de Lost Ember sont vides, l’écosystème que l’on y croise manque clairement de consistance, les animaux arrivent petit à petit par lots et ne parviennent pas à consolider les fondations de l’univers proposé.
L’autre écueil de Lost Ember vient du manque de sensation lors du contrôle de chaque animal. On ne reviendra pas sur le saut apathique et gauche de la forme de loup de Kalani, cette dernière souffrant en sus d’une impression de vitesse et de course loin d’atteindre celle ressentie dans d’autres jeux où l’on incarne un loup comme Okami pour ne citer que lui. Diriger le canard nous oblige pour son vol plané de marteler au bouton pour battre des ailes. Le gameplay de chaque animal souffre d’une maniabilité douteuse qui rend désagréable son contrôle et nuit à la sensation de liberté et au plaisir d’exploration. Si on ajoute à cela un sound design catastrophique comme le bruit de flaque d’eau continuel que l’on entend lorsque l’on dirige un poisson, le voyage de Lost Ember alterne trop souvent entre le contemplatif et la frustration qui nous rappelle toujours son côté artificiel de jeu vidéo. Cela nous sort de notre voyage et c’est d’autant plus regrettable que ce dernier offre de beaux panoramas et une bien agréable bande son.
Le coin des chasseurs :
Si suivre la trame principale vous permettra de débloquer environ la moitié des succès, les chasseurs devront quant à eux dénicher pas moins de 77 artefacts et 144 champignons et la dizaine d’animaux légendaires pour obtenir les 1000G qu’offre le jeu. Il faudra ainsi fouiller les moindres recoins de chaque grande zone, chaque ruine, afin de finir la collection pour les plus acharnés.