Lorsqu’on pense jeu vidéo en Pologne, quelques noms viennent tout de suite en tête : au hasard CD Projekt RED, Techland ou encore People Can Fly sont les premiers d’une liste à la conclusion beaucoup moins glorieuse. Au milieu on trouve CI Games, anciennement City Interactive qui a dans son sac à dos une flopée de titres dont ressortent sur cette gen un certain Lord Of The Fallen et la licence qui nous intéresse aujourd’hui, Sniper Ghost Warrior.
“A world of assassination”
Sorti en avril 2017, Sniper Ghost Warrior 3 ne nous avait pas franchement convaincus, cochant à peu près toutes les cases des choses à éviter pour marquer positivement les esprits. La première était celle de l’inévitable open-world vide de vie et rempli un peu à la va vite. Ce problème, les développeurs l’ont bien compris puisqu’ils sont revenus à un modèle plus traditionnel, vraisemblablement fortement inspiré par un certain Hitman et son reboot de 2016. De ce dernier, CI Games a visiblement apprécié la formule faisant la part belle à la rejouabilité grâce à de multiples niveaux semi-ouverts et moult possibilités d’approches.
Pour les quelques uns du fond qui n’auraient pas tout suivi, Sniper Ghost Warrior Contracts est un FPS pour l’instant uniquement solo mêlant action, infiltration et bien entendu phase de shoot à longue distance. L’action se passe cette fois en Sibérie sur 5 cartes aux conditions et environnements différents. La visibilité réduite par la nuit, le relief de paysages montagneux ou les eaux glaciales sont autant de difficultés à prendre en compte dans la progression jusqu’aux objectifs des différents contrats. Elimination de cibles, piratage, destruction d’infrastructures... On reste sur les classiques du genre avec à chaque fois la possibilité d’appréhender les objectifs dans l’ordre souhaité du fait de l’ouverture des environnements. En plus des différents contrats, des primes sont disséminées sur la carte. Ces dernières requièrent d’abattre une cible prioritaire souvent bien entourée dans un lieu dit et d’en fouiller le corps pour ensuite engranger de l’argent et des tokens. Car oui, tout ceci sert à équiper votre personnage de meilleures armes, accessoires, gadgets et également à remplir un arbre de compétences plutôt complet permettant de passer du petit soldat asthmatique à la machine de guerre contre quelques jetons.
Si sur le papier la recette peut se révéler alléchante, dans la pratique, c’est plus compliqué. D’abord, il faut avouer qu’on a vite fait le tour des différents objectifs et surtout, contrairement à Hitman, on ne retrouve pas cet aspect sandbox permettant de varier les plaisirs. Les cibles sont, à de rares exceptions près, plutôt figées à un endroit ou le tir est la meilleure option. Après tout, c’est un jeu de sniper me direz-vous. Sauf qu’on aurait aimé ne serait-ce que plusieurs situations de tirs possibles pour par exemple maquiller la mort en accident ou piéger les cibles en amont de leur arrivée sur site. Tout ce qui pourrait encourager la rejouabilité des niveaux est absent. Ici, connaître par cœur les trajets et habitudes des ennemis n’a que peu d’importance. De plus, dès qu’on tente de sortir un peu des sentiers battus, l’IA ennemie souvent myope se révèle soudainement dotée d’une vision bionique nous repérant à des centaines de mètres et faisant mouche sans problème au fusil d’assaut, quand on peine de l’autre côté de la manette à mettre des headshots à la x10.
Ce qu’il reprend bien d’Hitman cependant, c’est malheureusement un scénario et surtout une mise en scène beaucoup trop en retrait. On enchaîne les contrats sans trop réfléchir à ce qu’on est en train de faire ni pourquoi. Il y a bien un petit briefing en début de mission mais c’est franchement trop peu pour se sentir concerné et investi dans l’aventure.
Tu m’as eu, Billy !
Manette en main le titre de CI Games reste un FPS somme toute assez classique. Sa seule particularité est de proposer quelques notions de balistique sur les fusils de sniper. Il faut donc faire attention au bullet drop ainsi qu’à la force du vent. Rassurez-vous, il n’est pas très compliqué d’ajuster les tirs puisqu’à part régler la molette de compensation de distance et aligner l’indicateur de vent sur la cible il n’y a pas grand chose à faire. La majeure partie du temps se passe d’ailleurs plutôt en mode infiltration au pistolet silencieux afin d’éviter qu’un corps ne soit découvert et n’alerte toute la base comme par magie après un tir lointain. La difficulté globale n’est pas très élevée ni l’intelligence artificielle des plus brillantes. On avance dans les environnements équipé d’un super masque agissant comme la vision d’aigle d’Assassin’s Creed, mettant en surbrillance ennemis, objets et objectifs. Il est aussi possible de marquer les cibles et repérer les lieux à la jumelle ou avec l’aide d’un drone, bien utile pour connaître la distance requise par les tirs lointains. Les niveaux reprennent globalement tous les mêmes mécaniques comme la neutralisation de caméras de surveillance, d’installations militaires ou de projecteurs pour créer des zones d’ombre où se dissimuler. Le plaisir peine souvent à se manifester, il y a bien sûr la fameuse caméra en slow-motion de la balle atteignant la cible qui fait toujours son petit effet, mais de manière générale l’aventure manque de piment. Les nombreux défis disponibles auraient pu être un moyen d’amener de l’extravagance à un système de jeu manquant cruellement d’intérêt. On note tout de même quelques gadgets sympathiques comme la tourelle automatique permettant d’aligner les tirs synchro et également pas mal d’accessoires de personnalisation des armes. Viseurs, chargeurs, camouflages, canons, il y a de quoi se monter un bon petit arsenal.
Visuellement Sniper Ghost Warrior Contracts n’est pas un foudre de guerre et ressemble plus à un jeu de fin de génération précédente qu’à une production de 2019. Développé par une toute petite équipe, il souffre comme son grand frère de nombreux bugs (potentiellement résolus après divers patchs), qu’ils soient de son, d’objectif ou de collision. La technique n’est pas non plus son point fort au regard de certaines textures franchement moyennes ou d’effets de particules ultra cheaps. Il faut aussi se contenter d’un 30fps pas des plus stables avec quelques gros ralentissements par moment. On a aussi noté une spatialisation des sons hasardeuse et il faudra se contenter d’une version originale sous-titrée puisqu’aucun doublage français n’a été cette fois réalisé.
Le coin des chasseurs : pour les nombreux chasseurs de succès qui se tiennent dans nos rangs, vous pourrez engranger facilement quelques 600G en lançant les contrats directement en difficile. Ce faisant, vous aurez gagné suffisamment d’argent pour acheter toutes les armes et tous les accessoires. Il restera ensuite à remplir les défis et quelques succès secrets. Une tâche un peu plus compliquée mais rien d’insurmontable en plus des collectibles à ramasser indiqués sur la carte.