Test - Wolfenstein Youngblood : assez d’SS ?

«Drôles de dames » , - 4 réaction(s)

Avec Wolfenstein The New Order, MachineGames ramenait sur le devant de la scène une licence iconique peu à peu tombée dans l’oubli. Le titre avait trouvé son public et un spin-off voyait même le jour un an plus tard. En 2018, Blaskowitz reprenait du service ; dans The New Colossus, le joueur se retrouvait aux USA, territoire contrôlé de toutes parts par les forces nazies. Opérant quelques changements dans sa structure et assumant à deux cents pour cent son côté série B, le jeu venait capitaliser sur son succès critique, quand la réussite commerciale restait, elle, toujours un peu en deçà des espérances.

Du neuf sans le vieux

Si c’était si clair en vrai...

Pour Wolfenstein Youngblood, le pari est différent. Premièrement, le côté narratif linéaire laisse place à la coopération dans une aventure mêlant plusieurs genre. On y incarne les jumelles Soph et Jess Blazkowicz, à la recherche de leur père, dix-neuf ans après les événements de The New Colossus. Le bougre serait porté disparu après une mission à Paris et retenu quelque part dans la capitale. C’est sans beaucoup plus d’informations qu’on se retrouve jetés dans l’aventure et c’est l’occasion de remarquer qu’outre la coopération, le titre arbore désormais un coté lite RPG avec une prise de niveau pour les personnages et les ennemis, différents arbres de compétences et l’amélioration des armes.

A l’image du sous-marin de The New Colossus, les catacombes servent de HUB central où s’organise la résistance. C’est aussi là que divers personnages distribuent les missions tandis que le plan du métro sert à s’y rendre. Car oui, Youngblood a aussi ce côté semi open world, avec ses avantages mais aussi, forcément ses inconvénients. C’est d’ailleurs caractéristique qui a été la plus marquée dans la collaboration avec les Lyonnais d’Arkane studio. En effet, les rues de Paris sont découpés en zones ouvertes assez denses gorgées de recoins, trappes et caches secrètes. Autant d’endroits qu’il faut explorer afin de trouver les nombreuses ressources requises au développement des personnages, à l’amélioration des armes et aussi à la recherche de collectibles plus ou moins utiles.

Merci mais non merci !

Si au début du jeu on prend un malin plaisir à ratisser les zones et à chercher le moindre petit objet, se posent vite quelques questions quant à l’intérêt de la chose. La progression et le rythme en coopération sont souvent cassés parce que chacun part de son côté repérer des ressources dont le ramassage n’est pas toujours partagé. De plus, les ennemis peuplant les rues ont la fâcheuse tendance à réapparaître très rapidement après leur mort ce qui, il faut bien le dire, est souvent pénible lorsqu’on passe son temps à faire des allers-retours pour faire des “missions” peu inspirées. Sans jamais trop savoir où en est l’aventure, on enchaîne les quêtes avec un désintérêt marqué pour l’histoire bien trop en retrait, la fin arrivant d’ailleurs comme un cheveu sur la soupe. Le ton global n’aide pas non plus à s’y plonger, sans jamais réellement faire mouche, les dialogues sont souvent plus proche du malaise que de la comédie et rares sont les moments ou un sourire est esquissé.

L’avis d’Eboux

Après le ton totalement libéré du deuxième opus, on était en droit d’attendre de ce spin-off quelque chose d’au moins aussi décomplexé. Visiblement, l’avis est ici totalement partagé avec Saurone puisqu’on a clairement plus profité d’instants de gêne partagés pendant les quelques rares cinématiques, que de moment de franche rigolade. Reste le plaisir de découvrir de nouvelles maps bâties par Arkane avec le soin qu’on leur connaît. D’ailleurs, le centre de Paris avec des tourelles, barrages protégés et des passages sur les balcons rappellent terriblement les Dishonored, ce qui n’est pas déplaisant. On apprécie aussi le côté progressif de l’exploration qui permet de débloquer des raccourcis et autres chemins alternatifs pour aller plus vite lors des autres missions dans les même zones.

Gunplay <3

C’est pour ça que le loyer était si bas ?

Heureusement, manette en main, le jeu est toujours aussi jouissif. Équipé d’exosquelettes permettant doubles sauts et attaques chargées, les déplacements sont toujours aussi fluides et offrent une certaine liberté d’action. Il est bien entendu toujours possible de ratisser les zones en mode infiltration, en tuant le commandant pour ne pas déclencher d’alarme, mais le plus fun reste bien entendu de foncer dans le tas à gros coups de fusil à pompe. C’est une question d’habitude avec le studio suédois, mais les sensations de tir sont encore une fois très bonnes avec des armes qui font bien mal et des corps qui finissent en smoothie. Ici, il n’est plus question de ramasser par terre tout ce qui traine, on dispose d’un arsenal de départ qu’il faut améliorer afin d’en augmenter les dégâts, la cadence de tir, le maniement…

Si le côté RPG pouvait laisser craindre de tomber contre des sacs à PV cassant le rythme frénétique des affrontements, heureusement il n’en est rien une fois en jeu ; les ennemis les plus lourds ont des points faibles permettant avec la bonne arme de s’en débarrasser facilement. Au début de l’aventure, les deux joueurs doivent choisir entre plusieurs capacités spéciales, des capacités qui, elles aussi, disposent d’arbres de compétences. Le système de santé et d’armure est similaire à ce que la série offrait, reste néanmoins que, coop oblige, il est possible de se réanimer et également de “partager des vies”. Disposant de trois slots de santé, en cas de mort des deux joueurs, le premier au sol se verra réanimé automatiquement.

L’amélioration des armes occupe une place importante dans cet opus

On passera rapidement sur les ennemis qui, à défaut de déborder d’intelligence, jouent souvent la carte de la supériorité numérique pour nous déborder. Il est aussi bien entendu possible de jouer seul, une IA venant prendre la place d’une des jumelles. Rien ne changera forcément l’expérience de jeu tant la coopération se voit au final cantonnée aux traditionnelles ouvertures de portes… C’est d’ailleurs un gros point noir du titre, cette “coopération” qui ne prend aucun risque.

L’avis d’Eboux

Le level design très ouvert, c’est bien. Mais là où c’est frustrant, c’est que le gameplay moins axé expérimentation et l’IA très limitée ne permettent pas vraiment d’en profiter pleinement. Dommage car le gunplay est toujours aussi bon et les finish jouissifs. Faire une grosse glissade en déchargeant son fusil à pompe dans les valseuses d’un nazi, ça n’a pas de prix. La progression et le leveling des armes et compétences paraît gadget, tant le timing pour débloquer les upgrades est presque trop calé sur l’aventure. Ce n’est que si l’on veut toutes les débloquer que cela prendra du temps, mais à quoi bon en fait ? À rien, en dehors de l’esprit de complétion. Oh et bien sûr, on peut payer avec du vrai argent certaines des skins graphiques mais on s’en fout encore plus, non ? La gestion lite RPG des faiblesses des ennemis face aux armes lourdes casse un peu le dosage de difficulté des combats censés être plus tendus. Qui plus est, rien n’est vraiment pensé complémentarité dans la coopération sur ce point, seuls les partages de vie et de résurrection font le taf, c’est dire si c’est le minimum. Autant dire que l’on s’ennuie assez vite et que l’expérience en end-game sur des raids plus difficiles ne motive pas vraiment alors que si le jeu avait vraiment été pensé que pour deux et sans possibilités de jouer avec une I.A alliée, il aurait pu proposer bien plus.

“The best decision is my decision”

Comme à son habitude, la licence reste agréable à l’œil : visuellement il n’y a pas grand-chose à reprocher au titre si ce n’est peut être que le sentiment d’être à Paris semble souvent un peu en retrait. Les rues se ressemblent toutes, tout y est très chargé, et les incessants allers-retours n’aident pas à contredire ce constat. Techniquement, il est intéressant de retrouver les différentes options graphiques apportées par le patch Xbox One X de The New Colossus. A l’image de ce dernier, Youngblood opte également pour une résolution dynamique afin de maintenir les 60fps. Le mode “agressif”, censé garantir le framerate le plus stable possible aux dépens de sacrifices graphiques, remplit globalement son rôle avec quelques rares chutes lors de grosses zones. L’aliasing y est plus prononcé et on perd en finesse sur les ombres et textures. Réglé sur “non”, le jeu tourne en 4k native mais avec un framerate jouant au yoyo entre 30 et 40 fps ce qui, il faut bien le dire, gâche pas mal l’expérience pour un FPS. A moins de disposer d’un écran compatible VRR, on ne conseille pas vraiment de désactiver la résolution dynamique. Le meilleur compromis reste donc l’option par défaut, sur “activé”, qui offre des performances et des graphismes équilibrés, chacun ayant de toute manière le choix quant à ses attentes et son matos.

Enfin, il faut souligner que le titre souffre d’un gros manque de finition. Bugs graphiques, de son, de collision, de quête… Il nous est aussi arrivé de rester bloqué après une attaque ennemie sans d’autres choix que de recharger le dernier checkpoint, le bonheur ! Par ailleurs, le titre dispose d’un buddy pass permettant, à la manière d’A Way Out, d’inviter un ami à faire l’aventure sans que ce dernier n’ait le jeu. Malheureusement, il n’est compris que dans les versions Deluxe. Attention donc si vous achetez en dématérialisé, les versions physiques étant toutes Deluxe.

L’avis d’Eboux

C’est dur à dire quand on regarde le travail qui avait été fait sur les précédents Wolfie, mais là ce n’est pas parce que le jeu est à budget réduit que la phase de contrôle qualité devait passer à la trappe. Devoir se retaper une mission parce qu’il faut activer simultanément deux clés mais que notre binôme est coincé en position accroupie sans interactions possibles avec les environnements et ennemis, c’est honteux. C’est dommage car en dehors de ça le jeu est plutôt propre graphiquement, exceptés le bordel visuel et les baisses de framerate engendrées par une dose massive de grenades et autres munitions explosives lâchés à la face des nazis.

Bilan

On a aimé :
  • Le gunplay toujours aussi bon
  • Plusieurs options graphiques
  • Le Buddy Pass...
On n’a pas aimé :
  • ... seulement dans les éditions “Deluxe”
  • La coopération sous-exploitée
  • Tous les défauts du monde ouvert
  • La narration reléguée au second plan
Le Paris de trop

Sur le papier, Wolfenstein Youngblood avait tout pour séduire. Malheureusement, le titre ne va pas au bout de ses idées, souffre d’à peu près tous les symptômes du monde “ouvert” et la collaboration avec Arkane Studio n’apporte pas non plus énormément de choses. Pire encore, le ton est à côté de la plaque, avec des dialogues malaisants et des punchlines souvent flinguées bien loin des deux “premiers” opus. La finition globale laisse également grandement à désirer. Alors oui, il reste un gunplay efficace, mais si ce n’est que ça, autant se refaire The New Colossus !

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Wolfenstein : Youngblood

PEGI 0

Genre : FPS

Editeur : Bethesda

Développeur : MachineGames

Date de sortie : 26/07/2019

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4, PC Windows

4 reactions

Blondin

08 aoû 2019 @ 14:59

Après le ton totalement libéré du deuxième opus, on était en droit d’attendre de ce spin-off quelque chose d’au moins aussi décomplexé. Visiblement, l’avis est ici totalement partagé avec Saurone puisqu’on a clairement plus profité d’instants de gêne partagés pendant les quelques rares cinématiques, que de moment de franche rigolade.

J’avoue que c’est ce que j’ai ressenti avec New Colossus ; j’ai trouvé le ton complètement à coté de la plaque : pas drôle, pas badass... Juste un peu ridicule. Le premier (et son spin of), c’était de la grosse série B assumée, ça passait, la plupart du temps, crème. Le second, c’est de l’ordre de la série Z, et pour moi ça n’a pas fonctionné. J’ai du sourire deux fois dans tout le jeu, et j’ai peut être laissé échapper un mini rire une fois (je parle des cinématiques et de l’histoire bien sur, pas du jeu en lui même).

Pire encore, le ton est à côté de la plaque, avec des dialogues malaisants et des punchlines souvent flinguées bien loin des deux “premiers” opus.

Ben, j’avoue que je sais pas tellement comment comprendre cette phrase, dans le sens où, comme expliqué plus haut, j’ai trouvé le ton des deux premiers assez différents. Et autant j’ai vraiment bien aimé le ton du premier, autant si le ton n’est pas le même que celui du deuxième, j’ai du mal à voir comment ça peut être un mauvais point :-))

J’ai adoré New Colossus ; l’action over the top, l’ultra violence des combats, le gameplay ultra nerveux, le level design (souvent) intelligent (mais un peu trop morcelé dans la première moitié...), mais... Pour moi c’est le ton, les dialogues, les punchlines pas drôles, le doublage aux fraises, le scénar etc qui m’ont empêché d’apprécier pleinement le titre. J’attends donc de tester ce New Blood pour savoir si ça s’avère être une bonne ou une mauvaise chose pour moi que le ton soit différent de celui du deuxième. Comme dit, je vois pas en quoi ça pourrait être négatif, mais bon, on est pas à l’abri d’une mauvaise surprise :-))

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SauroneMX338

Rédaction

08 aoû 2019 @ 16:09

Je vois The New Colossus comme un New Order décomplexé. Dans le sens ou il ose plus de choses, s’étoffe sur beaucoup de points et assumant pour moi encore plus son coté série B allant vraiment loin à plusieurs reprises avec en plus un perso plus charismatique.

Ici ça nous (puisque nous étions deux avec le même sentiment) a paru forcé, raté la plupart du temps. Après c’est des choses qui restent subjectives, la narration beaucoup moins marquée du fait de la structure même du jeu n’aide pas non plus à rentrer dedans.

lacrasse

08 aoû 2019 @ 21:43

Autant j’ai bien apprécié le 1 et son spin off, autant j’ai commencé le 2 New truc machin et la au bout de deux ou trois niveaux, il me gonfle déjà, j’ai failli l’acheter en promo, ba merci le gamepass... Donc, celui-ci perso, sans moi... Ou jour via le gamepass mais pas un cent pour lui...

diez979

10 aoû 2019 @ 14:36

J’ai apprécié ce jeu avec mon pote. Il est blindé de défauts et d’une optimisation catastrophique (en partie réglée par la dernière mise à jour), mais ce qu’on retiens qu final c’est les nombreuses heures de fun à être passé dessus et l’incroyable satisfaction d’avoir battu le boss final d’une difficulté particulière sur les premiers essais. La manière épique dont on l’a vaincu mérite à elle seule de raconter notre histoire dans un film. :D Ok j’exagère, mais c’est très cool.