Parmi les jeux indépendants de ce début d’année, il y a Howl, la toute première création originale du studio viennois Mi’pu’mi Games. Le titre mêle habilement la stratégie de son gameplay au tour par tour et une direction artistique séduisante et poétique. Pour autant, certains écueils dans sa réalisation pourraient refroidir les amateurs du genre. Prêts à sortir du bois ? Préparez vos méninges, sortez vos manettes et surtout : n’écoutez pas les hurlements.
Il était une fois…
Cela fait bien des années que le Hurlement sévit, transformant tous ceux qui l’entendent en bêtes sauvages. Mais la surdité de la prophétesse l’immunise contre cette malédiction. Seul phare dans les ténèbres qui gagnent peu à peu le cœur des humains, elle se lance dans un voyage initiatique pour trouver la source du Hurlement et l’éradiquer. À travers les forêts, les montagnes et les villages abandonnés, elle espère aussi croiser le chemin de son frère qui a disparu il y a bien longtemps.
Ce voyage initiatique rappelle aussi bien le conte du Petit Chaperon rouge, avec son héroïne encapuchonnée, que A Plague Tale et sa malédiction qui s’étend jusqu’à envahir le monde entier. Dans un style emprunté à la poésie médiévale, le scénario se révèle par petites touches, en début de chapitre et lors de certains tours de jeu. Des informations trop discrètes, qu’il est facile d’ignorer lorsqu’on est concentré sur la stratégie à employer pour échapper aux loups.
Promenons-nous dans les bois
Le jeu se déploie sur 4 chapitres contenant chacun une vingtaine de niveaux. Pour les terminer et accéder au suivant, il faut réaliser des objectifs nommés « prophéties » qui demandent, au choix, d’éliminer tous les ennemis ou d’arriver au bout dans un nombre de tours précis. Dans certains cas, il s’agit aussi de sauver des habitants en atteignant leur case avant que le Hurlement ne les transforme en bêtes.
Terminer dans les temps et sauver d’autres humains rapporte des points de foi tandis qu’éliminer des créatures permet d’obtenir des crânes. Ces ressources peuvent s’échanger contre de nouveaux pouvoirs, des actions supplémentaires et même la possibilité de remonter le temps. Des talents qui seront bien utiles pour atteindre la fin du jeu.
Tour par tour tactique
Les niveaux se présentent sous forme d’une carte divisée en cases. Sur certaines se trouvent des obstacles qu’il faut contourner, sur d’autres des ennemis que l’on peut affronter ou fuir. Pour chaque case franchie, vos adversaires avancent d’un cran eux-aussi. Une mécanique proche de celle du rogue-lite Crown Dungeon, mais plus cruelle ici puisque avancer sur une case juste en face d’un ennemi pousse ce dernier à vous attaquer immédiatement et met fin à votre tour par la même occasion. Il faudra donc soit les laisser venir à vous, soit les contourner pour atteindre la case ornée d’un drapeau qui symbolise la fin du niveau.
Si le début du jeu se montre plutôt accessible et laisse le joueur accomplir les prophéties nécessaires au passage de niveau sans trop de difficultés, l’aventure se corse rapidement. Vos trois flèches, qui permettent d’éliminer les loups à une distance confortable, s’épuisent vite face à leur nombre grandissant et de nouveaux types de hurleurs font leur apparition. L’héroïne ne dispose que de deux points de vie et sa deuxième capacité, une aura qui repousse un adversaire de deux cases, trouve elle aussi ses limites lorsque ce dernier avance deux fois plus vite que vous !
Comme les actions ne peuvent se faire simultanément, la réflexion est de mise. S’arrêter pour éliminer une bête implique de rester sur sa case et donc de permettre aux autres de se rapprocher. Pour parvenir à ses fins sans se faire manger, la prophétesse devra ruser. Il faut calculer les conséquences de chaque déplacement et de chaque action, parfois revenir en arrière, et surtout accepter de ne pas accomplir toutes les prophéties en une seule fois.
Prédiction ou répétition ?
Fort heureusement, le jeu propose d’activer une option qui permet de visualiser les conséquences de chacune des actions de l’héroïne et de prédire les déplacements des ennemis. Cette fonction est loin d’être accessoire et même son utilisation n’empêche pas de se retrouver, parfois, dans des situations imprévues.
Les niveaux peuvent être recommencés à loisir afin de valider les prophéties non obtenues et ainsi améliorer complètement le personnage. Une étape obligatoire tant ces améliorations (compétence de saut, leurre de fumée, flèche enflammée…) rendent l’aventure plus confortable. C’est là que la mécanique de Howl commence à s’essouffler : Si avec seulement quatre chapitres pour conclure l’histoire le jeu est plutôt court, il impose d’enchaîner avec une certaine lassitude des niveaux qui finissent par tous se ressembler.
Une fois le gameplay maîtrisé, la sensation de répéter en boucle les mêmes séquences devient prégnante. Il n’y a que le placement des ennemis, leur nombre et quelques éléments aléatoires (comme des feux ou des personnes à sauver) qui changent d’un niveau à l’autre. Des différences insuffisantes pour casser la monotonie d’une formule qu’on finit par trouver longuette, malgré une aventure bouclable en quatre heures environ. Seul le boss final, qui n’offre aucun droit à l’erreur, propose un challenge vraiment original.
Testé sur Xbox Series X
