Test - Battle Chasers : Nightwar

«Le marathon du level up» , - 2 réaction(s)

Cette introduction ne va pas se faire sur le jeu vidéo mais plutôt sur la série comic dont il est issu. Car en effet, Battle Chasers est à la base une série de comics américains créée et dessinée par Joe Madureira que l’univers du jeu vidéo a connu grâce au très sympathique Darksiders et au moyen Darksiders 2. Lancé en avril 1998, Battle Chasers fut l’un des comics américains les plus populaires de l’époque, un plébiscite un peu mis à mal par le rythme de parution pour le moins chaotique imposé par Madureira. Comptez six mois de délai en moyenne entre chaque sortie, avec un record de 16 mois pour le numéro sept : la série s’adressait aux lecteurs patients. Elle s’acheva après neuf numéros en quatre ans et au terme d’un cliffhanger qui attend toujours sa conclusion dans un numéro 10 abandonné en cours de route, Joe Madureira ayant décidé d’abandonner sa carrière dans le comics pour embrasser celle de designer de jeu vidéo. À croire que Joe porte la poisse sur ses projets quand on connaît aussi le destin funeste de Darksiders. Madureira a toutefois profité de l’arrêt brutal des aventures de Guerre et de ses petits copains pour déterrer la franchise Battle Chasers en s’appuyant sur Kickstarter. La promesse de ressusciter Battle Chasers et en faire un jeu de rôle au tour par tour old school a séduit suffisamment de backers et a, sur le papier, tout pour séduire beaucoup plus de joueurs sur Xbox One….

Le style unique de Madureira

Le style Madureira dans toute sa splendeur !

On peut dire ce que l’on veut sur Madureira, que l’on aime ou que l’on n’aime pas, il faut lui reconnaître un réel talent de designer. L’univers de Battle Chasers : Nightwar s’impose d’emblée dès les premières minutes de jeu de par sa classe phénoménale et la caractérisation de ses personnages et ce même sans connaître l’œuvre originelle. Le jeu est beau comme un comics, débordant de couleurs chaudes, drapé d’un souci du détail jusqu’aux recoins de ses décors, ses personnages hauts en couleurs et particulièrement charismatiques parfaitement animés. Lors des combats chaque coup en impose par la puissance qu’il dégage. Même sur une attaque normale, l’impact est fort, incisif, brutal. Techniquement et artistiquement, Battle Chasers : Nightwar est un petit bijou ciselé dont on ne pourrait reprocher que la discrétion de ses thèmes musicaux et la nullité de son doublage francophone. Avec Battle Chasers : Nightwar, Madureira nous offre, artistiquement parlant, un jeu digne de son talent.

La disposition des salles dans les donjons est aléatoire

On ne peut pas en dire autant du point de vue scénaristique. On retrouve ici les protagonistes du comics, Gully, la jeune fille de 9 ans armée de gantelets surpuissants légués par son père disparu, Garrison le puissant berserker hanté par la mort de sa femme, Calibretto l’imposant golem de guerre, Red Monika la voleuse sexy et Knolan le vieux mage porté sur la boisson. Pour les novices de la série, une petite biographie est disponible pour chaque personnage ce qui s’avère bien utile malgré les quelques échanges qu’ils ont entre eux permettant de mieux les cerner. On commence l’aventure aux commandes de Gully après que le dirigeable du groupe a été attaqué et s’est écrasé non loin de la bourgade de Malhameau. Gully va rapidement retrouver Garrison et Calibretto, pour récupérer le reste du groupe il faudra attendre une petite vingtaine d’heures de jeu et un peu plus pour un groupe au complet avec l’apparition d’un nouveau personnage. Gully et ses amis vont peu à peu découvrir qui les a attaqués et se rendre compte que la contrée est sous une menace terrifiante, horrible, bien plus importante que ce… que… bon vous l’avez compris Battle Chasers : Nightwar emprunte un chemin éculé en ce qui concerne son intrigue qui manque cruellement d’épaisseur pour tenir en haleine plus que quelques heures. On s’en désintéresse rapidement pour se concentrer sur l’exploration, les combats et s’attaquer aux huits donjons plutôt velus du jeu…

Level Up obligatoire

Le design des créatures est classieux

Battle Chasers : Nightwar est un jeu de rôle dit “de la vieille école” à savoir basé sur l’exploration de donjons avec un grand nombre de combats… au tour par tour. La petite spécificité de Battle Chasers à ce niveau est la présence d’une jauge de “surpuissance”. Cette dernière se charge en utilisant des attaques directes ou en défense et elle est consommée avant le mana. L’accumulation de surpuissance ajoute un côté stratégique aux combats, elle permet de ne pas puiser dans la réserve de mana et d’utiliser certaines capacités en augmentant leur puissance. Les combats s’avèrent très plaisants et stratégiques. Notre groupe n’étant constitué que de trois personnages, il faut sans cesse jongler entre les attaques directes, les soins, la protection et les différents effets négatifs que l’on peut infliger aux adversaires. Si le début du jeu est plutôt en pente douce, ce n’est pas du tout le cas après une vingtaine d’heures et on est irrémédiablement amené à nettoyer à la chaîne les précédents donjons pour amener notre équipe au niveau du prochain.

Le combat s’annonce palpitant !

L’équilibrage est vraiment à la rue à ce niveau-là, Battle Chasers : Nightwar pousse irrémédiablement au grinding vu que chaque équipement est lié au niveau du personnage. Partir à l’assaut d’un donjon rempli de créatures niveau 20 avec des armures et des armes niveau 13 vous conduira directement au game over. La solution ? Monter de niveau, forger des armes et armures niveau épique en récoltant suffisamment de matériaux au max de ce que vous pouvez avant de partir à l’assaut du prochain donjon. Pour ne rien arranger, seuls les trois personnages du groupe recevront l’expérience des combats, ce qui impliquera de reprendre les autres et de repartir à la chasse pour ne pas les laisser croupir avec un niveau inférieur. Autre lourdeur à noter : il est impossible de gérer l’équipement et les talents des personnages en dehors du groupe, même dans l’auberge de Malhameau. Il est nécessaire de les intégrer au groupe principal et de subir un chargement étrangement long pour faire jute de la gestion de base.

Que les réfractaires aux combats aléatoires se rassurent, tous les ennemis de Battle Chasers : Nightwar sont visibles sur la carte et dans les donjons...

Petites douceurs du jeu quand même au niveau de l’exploration : chaque donjon peut être visité en choisissant sa difficulté initiale, facile, normale, épique. Les créatures seront un poil moins fortes en facile mais les récompenses sont aussi largement moindre. Vous n’aurez aucune chance de tomber sur de l’équipement rare en facile. Que les réfractaires aux combats aléatoires se rassurent, tous les ennemis de Battle Chasers : Nightwar sont visibles sur la carte et dans les donjons, il est possible de les anticiper, de les affronter un par un et même de les entraîner sur les pièges présents tout autour pour les affaiblir.

Attention aux pièges !

Pour atténuer un tout petit peu le côté rébarbatif de refaire ad nauseam les donjons pour accumuler de l’expérience, Battle Chasers : Nightwar les saupoudre d’aléatoire. Le principe est presque convaincant pour les trois premiers donjons, la disposition des salles varie, on tombe sur de nouveaux petits évènements annexes en leur sein, et le choix de la difficulté permet en plus d’accumuler de précieux objets plus puissants. Seulement, le voile tombe petit à petit sur cet aléatoire d’opérette, certains donjons gardant plus ou moins la même configuration, les évènements annexes se résolvant toujours de la même façon et surtout le jeu recyclant une grande partie de son bestiaire et même quelques salles entre les donjons. Très rapidement, on tombe sur les même créatures plus puissantes, juste affublées d’une nouvelle couleur. Même le côté sympa des combats ne peut éviter Battle Chasers de s’enfoncer dans une certaine monotonie. C’est bien dommage, car les premières heures passées en sa compagnie ressemblaient étrangement aux prémices d’une bien belle idylle…

Bilan

On a aimé :
  • Le design général de Madureira
  • Beau et nerveux
  • Des combats difficiles et tactiques
On n’a pas aimé :
  • Grinding obligatoire
  • Recyclage du bestiaire
  • Lourdeurs inutiles et mauvais équilibrage de l’ensemble
  • Les voix françaises
Et à la fin, ça part en cacahuète...

Battle Chasers : Nightwar est un jeu allumette : il éclaire et nous allume très rapidement, nous donnant l’impression qu’il va devenir par la suite un bon grand feu de cheminée devant lequel on va passer un bon moment. Sauf que la flamme vacille, s’amenuise puis disparaît dans une volute de fumée. Le titre aura tout de même fait illusion une vingtaine d’heures bien plaisantes avant d’être rattrapé par ses limites, à savoir une absence totale d’équilibrage, un recylcage important, un système aléatoire superficiel et surtout une obligation de refaire ses donjons pour une montée de niveau laborieuse. Le jeu s’essouffle en même temps que nous. Le plus triste est qu’un patch réglant tout ces problèmes d’équilibrage est déjà sorti sur la version Steam en janvier, nous on l’attend encore en se demandant s’il sortira un jour. Pour le test, en tout cas, c’est trop tard...

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Battle Chasers : Nightwar

Genre : Action RPG

Editeur : THQ Nordic

Développeur : Airship Syndicate

Date de sortie : 03/10/17

2 reactions

weazzle

22 mar 2018 @ 11:31

Merci pour ce test. C’est un jeu qui à mon avis mérite de se faire connaître davantage et ce test y contribuera grandement.

Concernant les points faible, je voudrais préciser que le grinding est obligatoire mais du tout rébarbatif.

C’est peut-être parce que j’ai fait mes armes avec des J-RPG dans les années 90 ou le terme grinding prenait son plein sens avec parfois des heures et des heures pour prendre un seul niveau.... Ici J’ai fait chaque dongeon 2 fois (la 1ere en normal et la 2nd en légendaire) un peu de ballade pour les quêtes annexes et les niveaux montent facilement.

Cela n’enlève pas le fait que refaire les dongeons avec une difficulté supérieure ou changer les couleurs des ennemis est une solution de facilité pour les développeurs mais pour le coup, c’est exactement ce qui se faisait avant donc je peux le pardonner puisque c’est supposé être un hommage aux J-RPG old school.

Pour ma part ça a été 50h de jeu pour ma 1ere partie et je me réserve la new game + pour dans quelques mois/années. Pour les amateurs du genre et au vu de la faible disponibilité de titres comme celui-là sur one, je le conseille fortement surtout à ce prix.

Jarel

22 mar 2018 @ 13:41

Je suis un grand amoureux de rpg et le grinding fait partie de ma vie maintenant. Mais là arrivé à un peu moins de la moitié du jeu, refaire trois ou quatre fois le même donjon avec nos différents persos c’est un peu too much. Même pour l’hommage.

Cela ne m’a pas empêché d’y passer près de 80 heures sans le new game plus mais bon le patch rectificatif aurait mérité d’arriver en Janvier aussi comme sur PC.

Là on l’attend encore.