Test - Gord - Un RTS de survie complexe et sans pitié

«La noirceur du monde» , - 2 réaction(s)

Gord a été initialement présenté comme un jeu de stratégie d’horreur, mais a rapidement été revisité pour être un titre de stratégie d’aventure, avec des éléments de survie et d’horreur. Il est le premier projet du studio polonais Covenant. L’équipe comprend des vétérans de nombreux studios iconiques du pays, comme CD Projekt Red, ainsi que les studios 11 bits et Flying Wild Hog. Cela ne présage que du bon !

Monde cruel

Les événements de Gord se déroulent dans un monde affligé par les ténèbres. Notre tâche est de diriger la tribu de l’aube vers le sud, unissant les terres que nous rencontrons au nom d’un monarque plutôt douteux, qui ne se préoccupe que de la conquête de territoire. Ce faisant, nous découvrons les forces, les faiblesses et les personnalités de nos compagnons uniques, dès lors que nous construisons notre propre gord et établissons une société. Celle-ci grandit à mesure que nous améliorons ses équipements, fortifions ses remparts et soutenons ses habitants du mieux que nous le pouvons.

Chaque individu à part entière dispose de ses caractéristiques et de ses affinités entre les différents métiers. Ainsi, comme dans la vraie vie, vos personnages vont nouer des liens plus ou moins forts et cela va influer sur l’acquisition de compétences comme une affinité pour le minage ou le combat. Cela se traduit par un apprentissage dans un domaine beaucoup plus lent que d’autres, pouvant aller de -30% d’expérience à +30%.

Pour illustrer l’atmosphère qui se dégage de Gord, nous allons essayer de décrire les sensations que nous avons ressenties lors de nos sessions de jeu. Notre communauté doit apprendre à vivre dans ce nouveau monde. La folie, telle une épée de Damoclès, est un des plus grands dangers qui guète notre peuple ici-bas. Nos éclaireurs reviennent d’une expédition durant laquelle nos guerriers ont subi des pertes. Ils se baignent pour soigner leurs blessures, boivent de l’hydromel pour calmer leurs nerfs, et retournent dans leurs familles pour se reposer jusqu’au soi-disant “matin”, puisque dans ce nouveau monde crépusculaire, il fait continuellement nuit. Requinqués physiquement et mentalement, ils se rassemblent au temple central du gord, où ils sont rejoints par deux nouveaux archers et un éclaireur. Ils regardent vers les ténèbres perpétuelles qui affligent la terre les entourant et, ensemble, s’aventurent une fois de plus dans l’inconnu, jusqu’au bout du tunnel…

Gord est un jeu mélancolique. Ce brin d’histoire racontée illustre le gameplay essentiel du jeu. Plusieurs afflictions peuvent atteindre nos habitants et il faut minutieusement prendre soin de nos citoyens, si peu nombreux. Lors des différentes sorties, rester trop longtemps dans la noirceur dégrade la santé mentale. L’hydromel est donc indispensable, elle est présente pour noyer nos craintes, nous faire oublier les horreurs de ce monde (pour y revenir plus fort) ou pour rendre inconscient. De même, les bains sont nécessaires afin de détendre les habitants et panser leurs plaies. Ces sources sont le seul moyen pour les garder en vie.

Gord propose deux modes de jeux. Le premier est une campagne, indispensable pour comprendre et surtout maîtriser toutes les nuances de gameplay et évènements qui peuvent survenir dans ce monde. Cette dernière se décline en 10 missions, qui intègrent petit à petit toutes les mécaniques de gestion du gord, mais aussi une bonne partie des dangers et des péripéties qui peuvent arriver. L’histoire n’est absolument pas au cœur de ces missions, mais la campagne a le mérite de mettre en scène différentes cinématiques pour illustrer des moments forts, renforçant la noirceur de ce monde et les dangers qui y rodent. Il faut compter une quinzaine d’heures pour la terminer et jouer en mode facile n’est absolument pas une mauvaise idée, tant la perte du gord ne tient qu’à un fil… fil du destin qui se joue parfois de nous.

Le deuxième mode de jeu est de type bac à sable, dans lequel toutes les mécaniques de jeu sont présentes dès le début. Toutefois, seuls les plus aguerris pourront survivre, tant la jouabilité et les interactions nécessitent un minimum de connaissances préalables. Un mode à recommander, donc, à celles et ceux qui se seront essayé préalablement à la campagne ou aux plus aventuriers.

La gameplay au cœur de l’expérience

Gord pourrait très bien être un jeu de plateau. Lors de nos différentes parties, pour ceux qui connaissent, il nous a fait énormément penser au jeu de société “La vallée des mammouths”.

Concrètement, nous devons établir notre colonie, renforcer notre fief, sortir récolter différents types de ressources vitales à notre survie, partir explorer la zone et affronter les différents types d’évènements, maladies, attaques et catastrophes qui tomberont aléatoirement.

Que ce soit nos villageois qui font des trouvailles, des itinérants qui viennent à notre rencontre ou bien le sort du destin qui, à l’instar d’un jeu de plateau, joue sa “carte événement”, les péripéties rythment la partie et influent positivement ou négativement sur notre gord. Un des villageois peut concocter une potion de soin ou bien de poison et mourir, un itinérant peut nous vendre des livres de compétences ou des objets, et les événements aléatoires peuvent jouer en notre faveur, comme semer des catastrophes en renforçant la noirceur, ce qui engendrera un hiver plus rude que les autres, par exemple.

La lumière est indispensable, il faudra impérativement associer un éclaireur avec nos guerriers pour illuminer la voie, à l’aide de sa torche. Sans cela, rester dans le noir réduira le moral des troupes et pourra les faire sombrer dans la folie, les poussant à attaquer des alliés, voler des ressources ou bien s’exiler dans les ténèbres. Il en va de même pour l’ensemble des habitants : nous pouvons dresser des feux de camp près des points d’extractions, afin de limiter la baisse de moral, mais un détour au comptoir d’hydromel sera inévitable pour remonter ce dernier.

Lors des phases d’exploration, il est possible de découvrir d’anciens avant-postes d’excursions passées ou encore exhumer des tombes de camarades, dans le but de trouver des armures, des épées, de l’or ou des objets. La carte est parsemée de petites zones à découvrir, d’anciennes ruines, de camps ennemis, d’avant-postes abandonnés. Ces lieux permettent de récupérer tous types de ressources, mais aussi de pouvoir libérer un humain emprisonné, nous permettant de bénéficier d’une nouvelle paire de bras pour notre gord.

Le nombre de personnes constituant notre gord est d’ailleurs très important. Outre veiller à leur survie, il faudra répartir leurs tâches. Entre la chasse, la pêche, la cueillette, le bois, les roseaux, les guerriers, les archers, les éclaireurs et bien d’autres, beaucoup de postes sont mis à disposition, mais la main d’œuvre manque cruellement en jeu. Entre les naissances peu nombreuses et les décès fréquents, il faudra faire des choix en fonction du nombre d’habitants que nous avons à disposition : un habitant qui meurt au combat ou bien un membre perdu dans la folie peut totalement désordonner l’équilibre fragile de la gestion du gord.

On évoque depuis le début la « noirceur du monde » et les différents ennemis qui le peuplent. C’est ainsi que les protagonistes en jeu aiment à parler de l’environnement qui les entoure. Un environnement aux allures hostiles et terriblement menaçantes Outre les animaux et monstres, tels les araignées, gobelins et consorts, des ennemis encore plus redoutables se tapissent dans l’ombre. On les nomme les Indomptés, une tribu indigène vivant dans ce monde et qui voit évidemment d’un mauvais œil notre arrivée sur ces terres. Les Indomptés peuvent nous tendre des embuscades et attaquer de façon périodique notre camp. Composés de redoutables guerriers, ils sont aussi accompagnés de shamans pouvant nous lancer des sorts. Il faut donc, en plus de tout le reste, veiller à ce que nos guerriers ne s’éloignent pas trop du camp pour revenir en cas d’attaque, ou poster quelques hommes pour faire office d’arrière-garde.

Et ce n’est pas tout, puisqu’il existe également des divinités surpuissantes et maléfiques qui peuvent invoquer des fléaux sur notre gord, si nous ne comblons pas leurs exigences. Celles-ci peuvent être plutôt clémentes, comme empêcher nos protagonistes d’aller chasser, mais d’autres bien plus cruelles, comme sacrifier un des enfants qui peuplent le Gord.

Car oui, comme évoqué lors d’un précédent paragraphe, nos habitants peuvent engendrer la vie, renforçant ainsi la main d’œuvre. Les enfants peuvent être mis à contribution en devenant l’apprenti d’un habitant, jusqu’à l’âge adulte. Cela permet de le spécialiser dans un domaine et d’engranger de l’expérience, dans un secteur spécifique. Il existe différents attributs, comme évoqué en introduction, où chaque individu possède ses préférences ; au choix entre le combat, la récolte ou encore l’extraction, entre autres.

Pour finir, les combats. Après avoir vu différentes vidéo de gameplay des développeurs, on pouvait s’attendre à un système assez stratégique, avec pause active. Finalement, ce sont plutôt des combats automatiques où nous n’intervenons quasiment pas. Nous pouvons évidemment faire pause, afin de sélectionner nos guerriers et archers, pour les positionner, mais cela s’arrête ici. Petite déception concernant notre implication dans les combats. Il existe également tout un arbre de compétences pour jeter des sorts “maléfiques”, permettant de tordre de douleur nos ennemis et de les faire réellement souffrir.

Un jeu optimisé ?

Concernant le portage console, nous n’avons eu aucun mal à prendre en main le jeu. Les différentes phases tutorielles nous accompagnent très bien pour comprendre les options mises à disposition et les différentes touches pour y accéder.

Gord ne souffre d’aucun bug, ni de baisse de framerate. Rien à signaler de particulier, d’un point de vue technique !

Concernant la partie graphique, le rendu final donne un aspect unique très plaisant, grâce à un effet “pâte à modeler” dans le plus pur style Wallace et Gromit, combiné à la 3D.

Côté bande-son, l’ambiance des différents biomes est très bien retranscrite, les effets sonores sont corrects et la musique accompagne bien les différentes phases de jeu. En revanche, on ne notera rien d’exceptionnel sur ce point.

Testé sur Xbox Series X

Bilan

On a aimé :
  • La complexité du titre
  • De bonnes mécaniques de gameplay
  • Une très bonne rejouabilité
  • L’atmosphère que dégage le jeu
  • Un bon mélange exploration, jeu de survie et de gestion
On n’a pas aimé :
  • Le manque d’implication dans les combats
  • Le jeu n’est pas du tout tendre avec nous
Un jeu de gestion qui se démarque

La noirceur de Gord nous a fait penser au très bon Cult of the Lamb, le côté ironique en moins. Le studio polonais Covenant nous livre donc un premier titre de qualité, qu’on ne voyait clairement pas venir  ! Le mélange entre jeu de survie, gestion et horreur fonctionne vraiment bien. Les mécaniques de gameplay sont solides, les événements aléatoires et le déroulement des parties font fortement penser à un jeu plateau. On regrette cependant le manque d’implication du joueur lors des affrontements, durant lesquels nous sommes contraints de rester passifs, sans aucune interaction possible pour changer le cours des combats automatiques.

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Gord

Genre : Gestion

Editeur : Team17

Développeur : Covenant

Date de sortie : 17/08/2023

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 5, PlayStation 4

2 reactions

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Saitamouss

15 aoû 2023 @ 16:00

Merci pour ce test Protoxe, je l’avais mis dans ma liste d’achat en attendant un test, et le premier sur lequel je tombe c’est le tiens...et ça m’a convaincu. Même si je vais attendre un peu pour le prendre suite à ta lecture, parce que la rentrée approche et c’est le genre de jeu qui demande de s’y investir.

Flash Killer

15 aoû 2023 @ 16:50

Merci. Bon test.