Test - Mordheim : City of the Damned

«Je suis le métal, Sigmar est le marteau.» , - 0 réaction(s)

Mordheim : City of the Damned est le premier jeu du studio montréalais Rogue Factor et énième adaptation vidéoludique d’une licence des produits Games Workshop. Le jeu de plateau du même nom sorti en 1999, se démarquait en proposant une alternative aux batailles rangées des jeux phares Warhammer et Warhammer 40,000. Une véritable bouffée d’air frais et une aubaine pour les bourses les moins remplies à l’époque. Mais comme beaucoup de licences GW, il fut finalement abandonné. Il reste néanmoins quelques nostalgiques et c’est justement à ces derniers que le jeu semble s’adresser.

Un peu d’histoire.

C’est par là que tout se passe.

Mordheim était une cité autrefois prospère et opulente, mais rongée par la corruption et l’avidité des puissants. À la veille du nouveau millénaire, en l’an 1999 du calendrier impérial, s’abat alors en plein centre de la cité une comète qui réduit bâtiments et habitations en un tas de cendres fumantes. Certains y virent la colère du dieu Sigmar lui-même, qui aurait abattu son marteau sur la cité pour se venger des impies. Mais cela n’empêcha en rien les pilleurs d’investir les décombres en quête de richesses. Ils tombèrent alors sur des pierres d’un vert sombre et luisant. Des pierres magiques qui une fois transportées hors de la ville se révélèrent très puissantes : elles pouvaient faire rajeunir les plus vieux, soigner des maladies incurables et décupler les pouvoirs des sorciers. Il ne fallut pas longtemps pour que des bandes s’organisent et se mettent alors en quête de ces pierres mystérieuses pour les vendre au plus offrant.

À la manière d’un jeu comme XCom, le joueur est placé à la tête d’une bande de mercenaires ou autres joyeux lurons prenant part à cette quête de gloire et de richesse, alternant entre phases de bataille et gestion de bande. Au départ, on a le choix entre 5 factions, euh non...rectification, 4 en fait, puisque la cinquième (les répurgateurs) est un DLC. Bon, ça commence bien. Donc on a le choix entre 4 factions : les mercenaires de l’empire, les skavens, le Culte des Possédés et les soeurs de Sigmar, chacune avec des unités et des caractéristiques bien distinctes. On commence donc par recruter quelques valeureux guerriers à notre campement. D’abord, un chef, véritable pilier de notre fine équipe, puis un héros qui fait office de commandant en second et enfin la piétaille, qui se compose d’archers et de guerriers de base. Une fois qu’on a réuni nos petits gars, il est temps de passer aux choses sérieuses.

Peut importe ce que vous choisissez, ça finira en bain de sang.

On jette un oeil à la carte et on choisit une mission pas trop ardue. Une mission avec une difficulté “brutale” indique que vous allez passer un sale quart d’heure. La plupart sont générées aléatoirement et proposent quelques variantes, comme “la course à la pierre magique”, mais de toute façon elles finissent toujours par un bon gros affrontement dans les règles. A l’inverse, les missions de campagne proposent des objectifs scénarisés, comme aller poser des barils de poudre dans des égouts infestés de skavens ou récupérer des fioles et les remplir d’eau bénite au temple de Sigmar. Ces missions sont longues et difficiles et il vaut mieux y aller avec tous nos hommes disponibles et équipés pour l’occasion. En attendant, vous passerez une bonne partie de votre temps à récolter cette précieuse pierre magique dans des missions aléatoires.

En terre inconnue.

Vous voilà prévenu.

Une fois la mission sélectionnée, c’est parti ! Un petit temps de chargement et nous voilà arrivés dans l’univers sombre et austère de Mordheim. Tout y est gris et lugubre. La mort rôde à chaque coin de rue. Et certains déclareront sûrement : « Ah, mais que c’est laid ! » Malheureusement, on est là face à une adaptation d’un jeu PC qui était loin d’être une prouesse technique à sa sortie il y a tout juste un an. Et cette version Xbox One n’a subi aucun lifting. Les décors sont fades, les textures banales, les personnages pas vraiment clinquants, mais les amateurs le savent bien, dans ce genre de jeu ce ne sont pas les graphismes qui comptent. Et il serait dommage de s’arrêter à ça.

Passé ce léger goût amer, on déploie nos petits hommes autour de notre chariot qui est un peu notre base d’opérations et une fois tout le monde en place, on entame le premier tour. En haut de l’écran, se situe la barre d’initiative qui détermine dans quel ordre doit jouer chaque combattant en fonction de sa caractéristique d’initiative, l’équipement de nos guerriers ayant un impact direct sur cette dernière. On déplace alors notre personnage par un système plutôt ingénieux. Un cercle entoure celui-ci et on peut alors le diriger comme bon nous semble, à la manière d’un jeu à la 3ème personne. A chaque fois que l’on dépasse la limite d’un cercle, on dépense un point de stratégie (ces points servent à se déplacer et à effectuer certaines actions spécifiques, comme recharger les armes à distance par exemple). On peut donc explorer la zone librement tout en planifiant sa stratégie. Il est également possible de revenir sur ses pas si besoin est. Une vraie bonne idée. On pestera toutefois sur la gestion de la caméra qui nous emmène parfois voir les décors d’un peu trop près, même à la manette. La carte tactique n’est pas non plus d’une grande aide, puisqu’elle ne permet pas de réaliser d’actions, et servira simplement à repérer la présence d’ennemis et la précieuse pierre magique. Dommage.

Ca va trancher !

Il va falloir vous y habituer...

On enchaîne alors les déplacements jusqu’à tomber nez à nez avec l’ennemi. Et il vaut mieux alors avoir suivi attentivement le didacticiel plutôt costaud du jeu, sous peine de tomber dans un guet-apens et de perdre bêtement tous ses hommes après quelques minutes de jeu. En effet, les ennemis ne sont visibles que s’ils sont dans le champ de vision de nos personnages et il est très facile de se faire prendre au piège en tombant sur deux loustics qui veulent en découdre au détour d’une ruelle sombre. Je parle bien des embuscades. Chaque personnage peut à la fin de son tour et en échange de quelques points d’action se mettre en embuscade (ou en alerte pour les tireurs), ce qui lui permet de guetter l’ennemi pour l’attaquer dès qu’il passe à proximité. C’est très efficace et c’est là que nos talents de stratège entrent en action.

Car une fois au contact, il est dur de s’échapper. Il s’engage alors une lutte acharnée où chacun à son tour, nos deux belligérants tapent en espérant faire le plus de dégâts possible et finalement mettre son adversaire hors de combat. On alterne les coups selon les points d’attaque dont dispose notre personnage et on touche du bois pour que ça passe. Il peut également utiliser des actions spéciales comme « l’esquive » ou la « parade » (s’il dispose d’un bouclier ou d’une épée) et bénéficier ainsi de bonus durant la prochaine phase. Mais ça, c’est dans le cas où on se retrouverait dans un affrontement à armes égales. A deux contre un et vos chances de l’emporter sont réduites à peau de chagrin. Et c’est sans compter les autres joyeusetés qui peuvent vous tomber sur le râble comme le rat-ogre skaven, le possédé, une créature monstrueuse issue de mutations, ou d’autres erreurs de la nature qui errent dans la cité et attaquent sans distinction alliés ou ennemis. Ces monstres sont coriaces et demanderont toute votre attention pour les vaincre.

Ce qui ne me tue pas…

Dans la mêlée, ça devient vite le bordel !

Les combats sont le coeur du jeu et il est très important de savoir quand envoyer nos hommes au casse-pipe, quand défendre nos positions et surtout protéger notre chef. Le moral est une donnée capitale durant la bataille et chaque personnage qui tombe au combat a un impact sur le moral de nos troupes. Passé un seuil critique, c’est toute notre équipe qui risque de décamper. Mais ce qui est valable pour l’un est valable pour l’autre, car il n’est pas toujours nécessaire de réduire à néant l’équipe adverse pour décrocher la victoire. Tuer le chef ennemi ou voler sa bannière dans son chariot peut renverser le cours d’une bataille. Sauf si on tombe sur ces psychopathes du Culte des Possédés ou ces fanatiques des Soeurs de Sigmar...

Le jeu est difficile, à la limite du sadisme parfois, surtout à cause de son système de probabilités parfois un peu étrange qui met nos nerfs à rudes épreuves lorsqu’on rate pour la troisième fois de suite une attaque à 85% de chance de toucher ! En plus de cela, l’IA semble un peu trop sûre d’elle et fonce sur nous tête baissée la plupart du temps. Attendez-vous à perdre, et à de nombreuses reprises si vous êtes mal préparé, car certains affrontements peuvent vite tourner au vinaigre.

L’expérience de jeu est volontairement ardue et il n’est d’ailleurs pas question de reprendre sa sauvegarde après une défaite cuisante. Une fois sa bande créée, on n’a droit qu’à une seule sauvegarde automatique et un modeste “sauvegarder et quitter” durant le combat. Tous nos choix sont définitifs, les développeurs tenant tout particulièrement à respecter l’expérience de jeu originel. Mais rassurez-vous, si on serre les dents et qu’on s’accroche, après quelques heures, on finit par trouver de la satisfaction dans les petites victoires et les situations parfois cocaces dans lesquelles se retrouvent nos personnages.

Vous pouvez lui gueuler dessus, ça ne changera rien !

Le jeu sait récompenser les joueurs les plus patients et le système vétéran est là pour adoucir une expérience parfois frustrante. Ce dernier octroie à chacun de nos accomplissements (comme passer des niveaux avec nos personnages, dépenser de l’argent dans la boutique, effectuer des livraisons de pierres magiques) des points qui permettent de débloquer des compétences permanentes. De ce fait, même si notre bande finit par être dissoute, on peut alors recommencer avec le même nombre de points débloqués, sachant qu’à tout moment on ne peut avoir que 10 compétences actives. Cela va de la réduction du coût des salaires de nos hommes de mains, à des rabais dans la boutique ou des récompenses diverses. Il y en a pour tous les goûts et ça donne le sentiment de progresser même en cas de Game Over.

Des choix cornéliens…

Car le Game Over peut arriver vite, très vite si on n’est pas prudent. La défaite et la perte de nos hommes ne sont pas les seuls motifs de fin de jeu. Régulièrement, notre commanditaire, l’homme de l’ombre qui permet notre escapade dans la cité, nous demande en contrepartie de ses services, des livraisons de pierres magiques dans un délai à respecter. La pierre magique devient alors une priorité si on ne veut pas s’endetter et finir par perdre la partie. L’économie du jeu est cruelle et à mesure que l’on progresse, les demandes de livraisons de pierres sont de plus en plus conséquentes. Surtout que ces livraisons sont synonymes de paiements et permettent bien souvent de s’octroyer quelques équipements et compétences spéciales pour nos personnages les plus puissants.

Vous avez intérêt à le garder en vie celui là.

Après chaque bataille, nos personnages gagnent de l’expérience et des points que l’on peut répartir dans des caractéristiques liées à leur capacité au combat. Passé un certain niveau, ils acquièrent également des points de compétences qui servent à débloquer des capacités spéciales, moyennant une somme assez conséquente en pièces d’or. Mais attention, car les personnages mis hors de combat peuvent souffrir de séquelles lors du retour au campement. Bras mutilés, jambes coupées, mâchoires brisées et on peut vite se retrouver avec une équipe de bras cassés qui ne serviront plus qu’à occuper l’ennemi sur le champ de bataille. Pire, certaines blessures peuvent mettre vos personnages sur le banc de touche durant plusieurs jours. A nous alors de savoir quand recruter du sang neuf. Et on ne doit avoir aucun remord à virer les estropiés ou autres guerriers trop esquintés, quitte à abandonner leur expérience durement gagnée.

Au fil des heures de jeu, on se transforme alors en un être froid et calculateur. On sait qu’il faut faire des sacrifices si on veut continuer à envoyer notre bande parcourir la cité. Mais on sait aussi que toute notre fine équipe ne verra sûrement pas le bout du tunnel, car il n’y a pas de fin à cette quête. Malgré tout, on continue à envoyer nos hommes, nos malheureux guerriers, arpenter la cité peut-être un peu par défi, peut-être un peu par l’appât du gain, mais surtout pour le frisson. Ce même frisson de l’incertitude que procure le jet de dé sur la table de jeu.

Bilan

On a aimé :
  • L’univers du jeu de plateau très bien retranscrit
  • Gestion et personnalisation poussées de notre bande
  • La tension des affrontements
  • La durée de vie quasi-infinie
On n’a pas aimé :
  • Graphiquement fade
  • 5 factions seulement (dont 1 en DLC)
  • Difficulté un poil excessive (surtout au début)
  • Interface et mécanismes de jeu parfois confus
  • Caméra capricieuse
Un jeu fait par des fans pour des fans

A l’instar du jeu de plateau, Mordheim : City of the Damned est un jeu difficile qui plaira avant tout aux fans des licences Games Workshop et aux tacticiens les plus expérimentés. Les autres risquent de se sentir un peu perdus dans tout ce système de combat et de gestion de bande. Il est clair qu’à Mordheim, il n’y pas de place pour les petits bleus. Vous êtes chef de bande ou vous ne l’êtes pas. Car ici, tout y est terriblement cruel et réaliste, parfois même frustrant, voire désespérant tant nos hommes ne sont finalement que de la chair à canon. Le moindre de nos choix peut avoir des conséquences terribles sur la survie de notre petite équipe, mais finalement c’est peut-être ça qui est le plus excitant.

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Mordheim : City of the Damned

PEGI 16 Langage osé Violence

Genre : Action RPG

Editeur : Focus Home Interactive

Développeur : Rogue Factor

Date de sortie : 18/10/2016 (sur Xbox One)

Date de sortie : 19/11/2015 (sur PC)

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4, PC Windows