Annonce surprise d’Ubisoft lors de sa conférence pré-E3 de 2013, The Division pose enfin ses valises pleines de maladies sur Xbox One. Mix audacieux entre jeu de rôle en ligne et third person shooter, le voile autour du mastodonte de l’éditeur français a été long à se lever. Tout ça pour quoi ? Est-ce que l’attente en valait vraiment la chandelle ?
New York, New York
Jour de toutes les folies dans les magasins de l’autre côté de l’Atlantique, le Black Friday est une véritable tradition aux États-Unis. C’est ce jour-là que tout a basculé. La “grippe du dollar”, un dérivé de la variole se transmettant par l’échange de billets, s’est répandue comme un traînée de poudre et a paralysé New York en à peine quelques jours. C’est deux semaines après le déclenchement de cette pandémie que vous et moi, agents de la Division sommes appelés en renfort. Agents d’élite pouvant être appelé à tout moment, les agents de la Division sont justement formés pour pouvoir faire face à ce genre de crise sans précédent. C’est donc à Manhattan que nous sommes déployés. Centre névralgique de la maladie, l’arrondissement new-yorkais est devenu une zone de non-droit. La Join Task Force (JTF), alliance entre la police, les pompiers, les ambulanciers et les forces armées sur place, ne parvient plus à gérer la situation face aux émeutiers. C’est aux agents de la Division d’agir pour rétablir un semblant de sécurité et aider le JTF à combattre le virus. Pour cela, il faudra rassembler, médecins, ingénieurs et autres commandants coincés dans un coin ou un autre de la ville.
C’est sur ces trois axes que la partie PVE de The Division s’articule. Notre quartier général est divisé en trois ailes : médicale, technologique et sécurité. Chaque aile propose son propre arbre de talent comprenant des capacités de combat (détection d’ennemis ou soin pour le médical, tourelle ou dispositif explosif pour le technologique et protection portative pour le sécurité) et des capacités passives bien distinctes. Pas besoin de se spécialiser cependant puisque toutes les compétences sont débloquables, il n’est juste possible d’en équiper que deux en même temps. C’est là un des points forts mais aussi un des points faibles du jeu : il n’existe absolument aucune différence entre les différents joueurs. C’est cool car le jeu est totalement faisable en solo où on ne souffre pas du syndrome “finalement, j’aime pas ma classe”. En revanche, les mauvais points résident dans le fait que le jeu est assez dirigiste dans l’évolution du personnage : on sera d’abord beaucoup plus orienté vers les capacités médicales car les missions sont plus orientées vers cet axe là au début du jeu, puis viendra l’amélioration de l’axe sécurité et technologique. De plus, recréer un nouveau personnage n’a absolument aucun intérêt puisqu’il sera, au final, identique au précédent. Je comprends tout à fait le désir de ne pas pénaliser les joueurs solo, cependant j’ai tout de même trouvé ça un peu agaçant.
TPS, RPG, MMO ?
Concrètement, manette en main, The Division se joue comme un third person shooter classique : on marche, on voit des ennemis, on court se mettre à couvert et on tire. En revanche, si le core gameplay est celui d’un shooter, le jeu tire beaucoup plus du côté RPG que du côté TPS. Je m’explique : oui, les phases de combats reposent bien sur des contrôles de TPS cependant le jeu ne demande aucun skill particulier de la part du joueur ; le challenge de précision, qui est quand même le nerf de la guerre dans un jeu de tir, est très faible. Ici, l’équipement du personnage est bien plus important que les capacités du joueurs manette en main. Ce côté est tellement accentué qu’on ne tend même plus vers des mécaniques d’action-RPG mais bien de MMORPG, si on y ajoute une IA qui n’a rien d’intelligente, on y est complètement.
C’est là que la fracture s’est créée, se crée et continuera de se créer entre les joueurs. Comme avec Destiny, les joueurs s’attendant à un TPS pur et dur seront déçus. La différence entre un ennemi niveau 1 et un ennemi niveau 30 résidera uniquement dans son nombre de points de vie et dans les dégâts qu’il inflige, c’est tout, et c’est pareil du côté du joueur. Ce qui pousse le joueur à avancer, ce n’est donc pas la variété des combats mais bien le loot. Si on n’adhère pas à ce genre de mécanique, disons-le tout net : ce n’est même pas la peine de lancer le jeu. Autant dans Destiny, le gameplay était vraiment carré et plutôt fun grâce aux pouvoirs et aux différentes armes, ici ce n’est pas le cas, on reste vraiment dans le classicisme le plus total tant dans les armes que dans les sensations.
Heureusement, The Division a d’autre atouts dans sa manche, à commencer par son terrain de jeu. New York est juste exceptionnelle. Non seulement le terrain de jeu est immense car, si la carte représente déjà une belle superficie, il faut aussi compter sur les sous-sols, sur les toits ainsi que sur l’intérieur de certains bâtiments. De plus, la ville fourmille de détails de la vie de tous les jours comme des avis de recherche accrochés à un lampadaire pour un animal ou une personne disparue, des décorations lumineuse pour Noël ou encore des habitants réfugiés chez eux qui nous encouragent lorsqu’on passe sous leurs fenêtres ou qu’on peut entendre vivre si les murs sont un peu trop fins. Jamais une ville fantôme n’aura été aussi vivante que dans The Division et c’est un réel plaisir de s’y promener et de profiter de l’ambiance d’une ville plongée dans une crise sans précédent.
C’est d’ailleurs cette ville qui nous raconte ce qui a bien pu se passer lors des deux dernières semaines aux travers de divers collectibles : les échos, les appels téléphoniques, les rapports de police, des clichés pris par des drones ou encore des agents disparus à retrouver. Les échos sont des reconstitutions de scènes passées qu’on peut trouver dans la rue, il y en a 63 au total et chacun nous immerge un peu plus dans la chute de la métropole américaine. Les appels téléphoniques eux, nous racontent plus des scènes de la vie de tous les jours comme cette petite fille qui participe à un concours pendant une émission de radio juste avant le Black Friday et qui gagne des places pour un spectacle. Ces appels nous permettent de nous plonger dans le quotidien des New-Yorkais et d’imaginer ce qu’ont pu devenir ces personnes une fois que l’épidémie a frappé. Chaque élément ramassé nous plonge un peu plus dans le monde de The Division et nous pousse à fouiller davantage.
C’est moi qui ai la plus grosse...
Si les collectibles fourmillent de détails, ce n’est pas ça qui fait avancer la trame scénaristique. Le jeu possèdent 3 types de missions : les rencontres, les missions principales et les missions secondaires. Les rencontres sont des évènements se déroulant dans les rues pouvant aller de la prise d’otage à la protection de largages humanitaires. En gros, il faut tuer du méchant. Ces missions sont très courtes et rapportent peu d’XP, peu d’argent mais elles rapportent des points pour améliorer nos fameuses “factions” selon le type de missions effectuées. Les mission principales sont, elles, bien plus longues, plus diversifiées et plus compliquées. Si on en apprend assez peu dans la mission elle-même, on récupère ce qu’on appelle une “preuve” à la fin de chacune d’elle. C’est vraiment à travers ces vidéos que le scénario se construit et que l’on apprend le pourquoi du comment de la maladie et pourquoi les gentils sont gentils et les méchants sont méchants. De leur côté, les missions secondaires rapportent un nombre assez élevé de points d’expérience compte tenu des tâches à accomplir. Il faudra bien souvent réparer une antenne ou trouver des caissons dans une zone contaminée. Il s’agit là du rapport effort/récompense le plus intéressant du jeu sur lequel les accrocs du leveling se jetteront.
Comme dans tout bon jeu de rôle, plus notre niveau est élevé, plus notre équipement est de meilleure qualité. Pas de problème ici, c’est le cas et ça marche très bien. Il est même possible de crafter son propre équipement grâce aux plans d’équipements et aux consommables récupérés un peu partout dans Mahnattan. Cependant, cette quête du meilleur équipement marche beaucoup moins bien que dans Destiny ou dans un jeu Blizzard, tout simplement car aucune pièce d’équipement ne fait rêver. Pour rester en adéquation avec l’univers très réaliste du titre, les équipements sont des armes existant vraiment. On a donc les mêmes armes du niveau 1 au niveau 30 avec seulement des statistiques différentes. Alors oui il y a des armes uniques avec des skins légèrement différentes cependant il est difficile de se mettre en quête d’une arme ne faisant pas vraiment envie. Bien sûr, pour rester dans le thème de l’univers il ne fallait pas trop s’égarer mais il aurait été possible de faire dans la “référence réaliste” avec des armes iconiques ce qui n’est pas le cas ici.
Plus noir, c’est noir...
Une fois les missions principales terminées (ou même avant), bouclées en une quarantaine d’heures, l’intérêt principal du jeu réside non seulement dans les missions a réaliser en mode difficile ou expert pour récolter des plus gros butins, mais aussi dans la Dark Zone. La Dark Zone, c’est un peu une zone de quarantaine dans la zone de quarantaine. Dans ce quartier, tout peut aller très vite car en plus des 3 membres de notre escouade, on va être amené à croiser les joueurs des autres escouades. Si ces joueurs peuvent vous venir en aide pour vos missions dans la Dark Zone, c’est lors des phases d’extraction du loot que tout va se compliquer. Les alliés peuvent très vite devenir des ennemis surtout si ce ne sont pas des amis, on passe donc en mode western où tout le monde se regarde dans les yeux en attendant le geste de l’autre pour pouvoir tirer. De plus, dès lors que l’hélicoptère censé extraire le butin est appelé, la zone d’extraction apparaît sur la carte de tous les joueurs de la Dark Zone. C’est alors que le jeu prend des allures de mode Horde de Gears of War où il va falloir résister aux joueurs voulant voler le loot tout en faisant attention à ne pas se faire trahir par ses alliés.
Pour terminer, parlons technique et brisons la glace tout de suite : le jeu est très beau. Non seulement visuellement le jeu s’en sort avec les honneurs compte tenu du nombre d’éléments affichés et de la taille de la carte mais en plus le moteur météorologique est juste hallucinant, on peut passer d’une journée plutôt ensoleillée à une tempête de neige où on ne voit pas à 10 mètres. Cela influe directement sur le gameplay car le manque de visibilité rendent les affrontements bien plus compliqués. Enfin surtout pour les joueurs car les ennemis n’ont que faire de tout cela, peut importe la situation, ils sauront où vous êtes. Météo ou pas, silencieux ou pas, diversion ou pas, ils savent instantanément où on se trouve et auront deux possibilités : vous foncer dessus ou chercher une couverture pour engager un combat à distance. C’est très dérangeant dans la mesure où certains mods comme les silencieux sont censés réduire le degré de menace. Dans les faits, ça n’existe pas et c’est bien dommage.