Test - Dragon Age Inquisition

«Nouvel envol pour le dragon» , - 10 réaction(s)

Dragon Age Origins était un enfant prometteur. Ses parents, M. Baldur’s Gate et madame Baldur’s Gate II l’ont vu s’épanouir dès sa naissance en 2009 dans un secteur qu’ils connaissaient bien : le jeu de rôle. Il faut dire qu’à l’école Bioware tout se passait bien : ils connaissaient leur affaire et à l’époque, les élèves marchaient droit et sortaient tous avec un excellent diplôme ! Hélas, cette école prestigieuse changea de directeur. Un directeur qui laissa dénigrer les cours d’écriture, de rôle playing et de combat tactique en faveur de séances d’éducation sportive et d’action frénétique. Pour son examen de deuxième année, Dragon Age fut contraint de réaliser le grand écart facial entre deux chaises cher à notre Jean-Claude Van Damme préféré. Le résultat fut catastrophique, bien loin des attentes des parents. Le nouveau directeur, bien qu’ayant fait beaucoup de mal à ses autres camarades de classe, réalisa un tout petit peu ses erreurs et fit tout pour corriger le tir lors de la troisième année de Dragon Age. Mais même pour un dragon, passer du grand écart à la position assise demeure très inconfortable car on se retrouve la plupart du temps, le cul entre deux chaises.

Mais avant d’entrer dans le vif du sujet un petit flashback s’impose…

La légende Baldur’s Gate II

La saga Baldur’s Gate reste encore aujourd’hui comme l’un des fleurons du jeu de rôle vidéoludique. En deux opus sortis respectivement en 1998 et 2000, Bioware s’est installé comme le chef de file de ce genre riche, dépaysant, passionnant et adulé par beaucoup. Les jeux Bioware étaient synonymes d’excellence dans ce domaine et on les attendait avec impatience, bave aux lèvres, main sur la souris, prêt à arpenter les landes avec une équipe hétéroclite pour occire par pelletées gobelins et dragons. Bioware ne s’est pourtant pas reposé sur ses lauriers en s’attaquant à la franchise Star Wars avec l’excellent Knight of the Old Republic pour un premier jeu console et le non moins remarquable Jade Empire, premiers pas dans un système de combat plus dynamique hérité des beat them all traditionnels.

Dragon Age Origins fut annoncé pour la première fois lors de l’E3 2004 et présenté comme la suite spirituelle de Baldur’s Gate. Un an plus tard, Bioware leva le voile sur l’excellent Mass Effect. Une incroyable réussite technique, artistique et ludique pour un mélange de TPS et de jeu de rôle dans un univers de space opéra qui fut plébiscité par la critique et les joueurs. Ce succès éveilla la convoitise du géant de l’édition Electronic Arts et Bioware fut racheté fin 2007, l’année de la sortie de Mass Effect. A partir de là, plus rien ne fut comme avant. Déjà bien avancé, Dragon Age Origins échappa au pire. Il sortit sur les étals en 2009 et reste comme l’un des derniers grands jeu de rôle en finesse d’écriture, en richesse et en technicité de jeu de Bioware.

Dragon Age Origins est le dernier grand jeu de rôle de Bioware

Mass Effect 2 dû endosser le rôle de première victime avec la perte de son scénariste principal, suite à des différences de point de vue avec la maison mère, et une orientation plus action de la série. Le sort de Dragon Age fut bien pire, transformant la licence jadis proclamée comme successeur de Baldur’s Gate en un beat them all simpliste tout juste saupoudré d’éléments de jeu de rôle. Les choix d’EA sont clairs, le jeu de rôle que l’on aimait est bien trop élitiste pour plaire au plus grand nombre. Le joueur aime l’action, veut de l’action et donc on lui donne de l’action. Mais vu que seuls les imbéciles ne changent pas d’avis -et surtout vu le score lamentable des ventes de Dragon Age 2 et l’énorme succès de Skyrim- l’annonce de Dragon Age 3 se fit à grands renfort de promesses de monde ouvert, de balades à cheval dans des contrées immenses et mystérieuses et de combats épiques contre des dragons. Dragon Age Inquisition promettait tout cela et le contrat est largement rempli.

L’aventure est grisante à dos de dragon

Dragon Age Inquisition est très dépaysant

Ceux qui comme moi avaient trouvé fort judicieux et très intéressante l’introduction de notre personnage suivant sa race et sa classe dans Dragon Age Origins risquent d’être déçu par celle de Dragon Age Inquisition. Lors du Conclave réunissant les principaux représentants des templiers, des mages et de la Chantrie, principal corps religieux de Thedas, une énorme explosion rase totalement le lieu de rendez vous. Au dessus des ruines encore fumantes du désastre se dresse une immense faille de laquelle sort d’innombrables démons. Encore sous le choc de la perte de leur Divine, grande prêtresse de la Chantrie, les Chercheurs, ordre de chevaliers affiliés à celle-ci, voient d’un très mauvais œil le seul survivant de l’explosion : nous. Voilà le point de départ d’un scénario essentiellement centré sur la montée en puissance de l’Inquisition dont on sera propulsé à la tête, un peu rapidement car doté du pouvoir de refermer les failles. L’Inquisition va devoir lier des alliances et se renforcer afin de contrer la menace qui plane sur Thédas. L’histoire de Dragon Age Inquisition réserve son lot de surprises et s’autorise quelques envolées épiques terriblement prenantes.

Notre équipe est aussi bigarrée qu’intéressante

Les compagnons qui composent notre équipe sont tous très bien définis. On retrouve quelques figures emblématiques des précédents volets comme Cassandra la chercheuse, Varric le nain troubadour du second opus et même Leliana. Comme pour les précédents jeux de Bioware, on fait évoluer notre relation avec les membres du groupe suivant les dialogues et les choix que l’on fera au cours de l’aventure. Inutile de préciser qu’il est possible de se lier d’amitié avec nos compagnons et même plus si affinités. Les membres de notre équipe échangent continuellement dans l’aventure, on sent les tensions, les doutes, l’engagement religieux, politique et les questionnements de ceux-ci. A noter que même si cela n’est pas obligatoire, avoir joué aux deux précédents volets est recommandé pour bien appréhender l’univers. Les anciens joueurs peuvent même aller sur un site dédié afin de faire coller le monde de Dragon Age Inquisition à leurs exploits passés. Par l’intermédiaire d’une tapisserie flash on définit facilement le sexe de nos héros passés, leur classe et leur race (pour Dragon Age Origins), leurs exploits et leurs relations. Une option vraiment sympathique pour les aficionados de la première heure.

La vision de la silhouette noire d’un dragon ... éclairée par une lune blanche et froide dans un déluge de pluie et de vent est véritablement orgasmique !
Que va t’on trouver dans cette forteresse ?

Bioware nous avait promis un vaste monde à explorer et on est comblé. Dragon Age Inquisition ne nous offre pas un monde ouvert mais d’immenses zones à explorer très diversifiées et toutes très dépaysantes. Déserts, forêts d’arbres immenses, villes, marécages, montagnes, côtes décharnées, chaque découverte d’une nouvelle zone emplit l’aventurier en herbe d’un souffle nouveau et de son lot de paysages magnifiques. La vision de la silhouette noire d’un dragon, perchée en haut d’une tour en ruine, éclairée par une lune blanche et froide dans un déluge de pluie et de vent est véritablement orgasmique ! Des tableaux comme celui-ci, le jeu en regorge. Mais curieusement, cette force est aussi l’un des principaux écueils du monde de Dragon Age Inquisition. Cette volonté de la part des graphistes de donner au joueur des paysages riches et des points de vue flattant la rétine s’accompagne d’un manque de cohérence total dans l’aménagement du monde. Un emplacement presque systémique des lieux sans aucune réflexion qui donne un sentiment chaotique de l’ensemble.

La mise en scène nous réserve quelques moments épiques !

En effet, il n’est pas rare de tomber sur un campement abandonné où un rôti de cochon cuit tranquillement, de vieilles grottes perdues qui sont toujours éclairées par des torches éternelles, ou un charnier dont chaque cadavre garde encore enfoncé dans sa carcasse l’arme qui l’a tué. Le jeu nous fait même l’affront de nous présenter un lieu tout juste émergé avec des herbes dansant au vent, des fougères, des torches allumées et des herbes vives à récolter. Ces détails nous remémorent la vieille époque des anciens Elder Scrolls où la richesse du monde n’était que du remplissage. Bethesda l’a compris pour Skyrim, même pour les derniers Fallout, où chaque caverne, chaque lieu visité a sa propre histoire, sa propre vie. Tout ceci fait la cohérence de l’univers et lui donne corps. Le talent est dans le détail. Bioware ne semble pas du tout maîtriser le monde ouvert de Dragon Age Inquisition. Il suffit de voir aussi la gestion du saut du personnage principal qui est incapable d’utiliser ses mains pour grimper sur un rocher de plus de 50 cm de haut, l’inertie de celui-ci et le rebond que l’on peut voir en heurtant un mur et l’apparition du cheval qui s’avère totalement anecdotique. Les montures sont lourdes, se conduisent comme un camion, ne servent pas à grand chose vu que l’on dispose de déplacements rapides sur la carte et que l’on ne peut pas combattre sur le dos de celles-ci. De plus, il est regrettable de voir tout ses compagnons disparaître dès que l’on monte sur son cheval.

Un Dragon quand même assez timide

Que serait un Dragon Age sans dragons ?

Mais il n’y a pas qu’avec son univers que Dragon Age Inquisition peine à nous convaincre. Le gameplay souffre lui aussi d’un manque cruel de peaufinage. Il souffre de l’ambiguïté qu’il propose entre action et tactique et d’un certain manque d’équilibre. Les combats intégrant à nouveau la pause tactique de Dragon Age Origins, on peut à loisir arrêter l’action et choisir les actions de nos équipiers comme les faire attaquer principalement l’adversaire le plus fort ou se concentrer sur les mages ou les archers. Outre une gestion de la caméra catastrophique lors de cette pause, on regrette la pauvreté des commandes et de ne pouvoir donner qu’un ordre à la fois. On ne peut pas par exemple demander à notre mage de se déplacer vers l’arrière, se soigner, lancer un sort de barrière et attaquer un adversaire. On devra entrer chaque commande l’une après l’autre ce qui s’avère bien lourd, surtout dans les modes de difficulté élevée lorsque l’on en a le plus besoin. En combat, Kinect offre un confort vraiment appréciable vu qu’il est possible sans passer par les menus de donner ces ordres individuellement ou au groupe. En dehors des combats, on peut aussi utiliser les commandes vocales pour afficher la carte, appeler sa monture ou ranger ses armes. Les habitués de Dragon Age Origins pleureront à chaudes larmes en découvrant les faibles possibilités des réglages de l’IA. Inutile de passer du temps dessus, ils ne permettront pas de palier toutes les situations que ce soit combat au corps à corps ou à distance.

C’est sur cette table que vont se décider toutes les actions de l’Inquisition

Une des spécificités de Dragon Age Inquisition est de ne disposer d’aucune magie de soin. Tout se fait à l’aide de potions que l’on concocte à l’aide des ressources trouvées sur la carte. L’artisanat et la récolte de ces ressources sont des éléments essentiels au gameplay du jeu. Cela permet d’augmenter la puissance de l’Inquisition, de nous fabriquer et d’améliorer les potions et de concevoir nous mêmes armures et armes. Aussi riche et intéressant soit-il, le craft se fait au détriment de l’équilibre du jeu. L’artisanat donne régulièrement de l’équipement nettement plus puissant que celui que l’on sera amené à découvrir au gré de notre aventure. Seuls quelques objets uniques arriveront encore à nous faire saliver. Pour le reste, mieux vaut passer du temps à récupérer du minerai pour devenir une véritable machine de guerre.

Tout est fait pour accompagner le joueur, l’aider dans sa tâche et lui faire vivre une belle et grande aventure
Le multi assure le strict minimum mais reste intéressant

Ce qu’il perd en profondeur et en richesse, Dragon Age Inquisition le gagne en accessibilité. Tout est fait pour accompagner le joueur, l’aider dans sa tâche et lui faire vivre une belle et grande aventure. Comme à l’accoutumée maintenant, l’intégralité des quêtes sont indiquées sur la carte. Des quêtes que l’on découvre principalement dans des livres ou des lettres laissées à l’abandon. A Thédas, les vivants et les morts aiment par dessus tout écrire ! Artistiquement, il demeure excessivement généreux dans ce qu’il propose, les paysages sont somptueux et l’ambiance qui s’en dégage impressionnante. Le nouveau compositeur du jeu Trevor Morris arrive à faire oublier Inon Zur avec ses compositions lyriques fortes venant soutenir l’action et donner corps aux moments plus dramatiques. Sans être mémorable, son travail accompagne très bien l’aventure. L’ambiance sonore est tout aussi réussie : entendre le rugissement d’un dragon couvrir le hurlement du vent fait son effet ! Les doublages français sont corrects, sans plus, et il est possible -enfin !- de sélectionner le doublage anglais original avec les sous-titres français pour jouer dans des conditions optimales !

Le combat ne fait pas tout, la diplomatie est tout aussi importante

Dragon Age Inquisition ne faillit pas à la tradition du jeu multijoueur. On crée pour l’occasion un nouvel avatar afin de se joindre à une équipe de trois autres joueurs pour nettoyer un donjon. Loot aléatoire, combats frénétiques, lags et microtransactions hors de prix sont de la partie pour un mode de jeu sympathique mais loin d’être indispensable. Un petit bonus dans lequel on aura toutefois du mal à s’investir tant l’aventure solo s’avère prenante et terriblement chronophage !

Bilan

On a aimé :
  • Une exploration grisante
  • Un jeu très généreux et accessible à tous
  • Bien écrit
  • Des heures et des heures de plaisir
On n’a pas aimé :
  • Un univers visuel qui manque de cohérence
  • Un craft déséquilibré
  • L’aspect tactique des combats aux fraises
  • Les chevaux et les sauts pas vraiment optimisés
Le Dragon rugit à nouveau

Il est rassurant de voir que Bioware apprend de ses erreurs. En délaissant trop l’aspect jeu de rôle qui avait fait le succès du premier opus pour sa suite, on ne s’attendait pas à voir arriver un troisième opus aussi agréable. On est encore très loin de l’excellence mais on a du mal à bouder le plaisir que nous donne Dragon Age Inquisition et ses petits moments de grâce à l’exploration de son univers généreux et parfois magnifique. On s’attache à nos compagnons, on vibre à chaque combat contre un dragon, on porte petit à petit le lourd fardeau de notre rôle et l’on mène tant bien que mal cette inquisition à la victoire. A défaut de concurrents, Dragon Age Inquisition s’impose comme le meilleur jeu de rôle sur console Xbox One et comme l’un des cadeaux de choix que l’on pourra s’offrir en cette fin d’année.

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Dragon Age : Inquisition

PEGI 18

Genre : Action RPG

Éditeur : Electronic Arts

Développeur : Bioware

Date de sortie : 20/11/2014

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4, PC Windows

10 reactions

Locust Biker

22 déc 2014 @ 20:35

Merci pour le test . Je l’est commander au père noël de toute façon ;-)

JaWoOuh

22 déc 2014 @ 20:56

j’en suis a 50H de jeu et je m’éclate vraiment dessus, très bon test dans l’ensemble sinon

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deadlyegoalan

22 déc 2014 @ 22:31

...« A défaut de concurrents, Dragon Age Inquisition s’impose comme le meilleur jeu de rôle sur console Xbox One » Cette phrase fait peur quand même. Comment faut le prendre ? un bon jeu sur one parce que y a que ça sous la dent et qu’il faut l’éviter sur 360 parce que la concurrence est bien meilleur ? XD Mais pour les micro-transactions c’est uniquement pour le multi ou pour le solo ou les deux ?

JaWoOuh

22 déc 2014 @ 23:26

seulement pour le multi et c’est totalement dispensable, sachant que tout les DLC multi seront gratuit a l’image de mass effect

benderbigscore

23 déc 2014 @ 00:03

Très bon test reflète qui bien les qualités du jeu.

tryclo999

23 déc 2014 @ 04:48

Ca manque d’une note quand même ! Une petite note sur 100, comme dans les anciens mags de jeux vidéos sur papier serait uber classe ! Très très bon test quand même... Un ptit 14 sur 20 ? Que dis-je..! Humm.... 14x5.... Humm.... 70% ! :’-))

Sinon ce sera sans moi, j’aime les gameplays lourds et techniques, ou tout se joue au poils de moutons près donc... B-)

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dav1974

23 déc 2014 @ 07:29

Je trouve un peu sévère quand même, parce que pour moi, il vaut 10 fois un Skyrim (qui pour beaucoup de joueurs est la référence).
Le scenario est adulte, sombre. Sans spoiler, la deuxième partie du jeu (on l’on se retrouve a commander l’inquisition) est quand même assez « exclusive » si l’on compare avec les autres RPG (toutes générations) « Un univers visuel qui manque de cohérence » ... Heu... Pour une fois que quand on change de région, on se retrouve pas avec un copié collé de la map précédente avec une couche de neige pour cacher les textures a répétition, c’est un peu dommage de parler d’incohérence. Enfin, le gameplay est un peu rugueux , le jeu est a faire en mode difficile pour vraiment s’amuser. Mais pour moi, ça reste la bonne surprise, voir le meilleur jeu de l’année sur console. _

Jarel

23 déc 2014 @ 09:26

Dav1974 > Je loue bien la diversité des lieux parcourus par contre je ne retire en rien sur le manque de cohérence de ceux-ci. Je suis peut être obnubilé par tout ça mais les régions du jeu sont construits pour être jolis et non pas pour raconter une histoire. C’est un process de décorateur. Je l’explique dans le test.

Skyrim est bien mieux pensé là dessus que Dragon Age Inquisition. Les forteresses sont en hauteur, perchées pour éviter les assauts, les cabanes abandonnées ont toutes leur histoire et n’ont pas de foyer encore allumé, de même que les cavernes qui racontent toutes quelque chose même si leur structure est en cercle pour le gameplay. L’incohérence n’est pas un problème de diversité mais bien de process dans la création d’un monde, d’un univers.

Les exemples sont légion dans Dragon Age Inquisition.

Metanol

23 déc 2014 @ 10:04

Dragon Age Inquisition est en promo aujourd’hui sur le site Xbox.

NoName 433

06 jan 2015 @ 15:32

Pour moi, ce jeu est la grosse surprise de 2014 ! Je n’en attendais rien et je suis agréablement surpris !