J’avance de trois pas et je me retrouve au centre de la piste. Je déboutonne ma veste au rythme des premières notes puis la lance dans la foule avant de lever mes mains vers les projecteurs. Les premières cadences de mon célèbre déhanché latin arrachent des cris de jouissance aux jeunes filles hystériques amassées tout autour de moi. Mes pas endiablés finissent de les amener au nirvana. Je glisse sur le sol, mon corps atteint une autre dimension, hors du temps, faite de musique et de danse. Tel un phénix je renais encore plus majestueux après chacun de mes enchaînements. Lorsque la musique s’éteint, je sors progressivement de ma transe, en sueur, tout mon être encore palpitant de plaisir. Ma femme est là, debout à côté de la télé, et me toise d’un regard mi-moqueur, mi-dépité. –« Tu es vraiment ridicule. » me lâche-t-elle en cachant parfaitement son trop plein d’admiration. « Peut être… » lui réponds-je. « … mais j’ai enfin décroché la troisième étoile sur Papaoutai à Just Dance 2015. »
Danse, oh oui danse, fais comme si j’étais pas là !
On ne va pas vous faire l’injure de revenir sur l’historique de la série de danse (avec les) star(s) d’Ubisoft et pour contrer les médisants de toute sorte qui me taxeront de rédiger un test au rabais, je les invite ipso facto à lire le test de Just Dance 2014 afin d’assouvir leur soif de connaissance. En fait, lire le test de Just Dance 2014 peut même vous permettre de faire l’économie de la lecture, et moi de la rédaction des trois quarts de celui de Just Dance 2015. A la sempiternelle question de « quoi de neuf cette année ? », on pourra répondre « pas grand-chose ».
On retrouve toutes les qualités de la série, soit un concentré de bonne humeur et de danse décomplexée. La charte graphique indissociable des Just Dance est toujours aussi déjantée soutenant merveilleusement bien la playlist et ses chorégraphies toutes aussi folles qu’originales. Une playlist qui se savoure comme il se doit même si elle s’avère un peu moins riche que celle de 2014 avec 41 titres au lieu de 47.
Cela n’empêchera pas à quiconque d’y trouver son bonheur entre les tubes du moment et les gloires passées. Au programme, on retrouve l’inénarrable Pharrel Williams avec son Happy, Katy Perry et son hypnotisant Dark Horse, les Diamonds de Rihanna et même le Let it Go de la Reine des Neiges de Disney. Pour les enfants, on aurait préféré retrouver la version française du titre surtout lorsqu’on les voit danser et s’époumoner sur le Papaoutai de Stromae, première chanson francophone présente dans un Just Dance ! Les enfants et leurs parents se retrouveront sûrement sur le duo de Love is All et son habillage made in Ubisoft avec Rayman et les Lapins Crétins. Les plus vieux s’amuseront en trio sur Don’t Worry Be Happy de Bobby McFerrin ou le Manha Manha déjanté du Muppet Show.
Just Dance 2015 n’est pas avare en chorégraphies de groupes et en propose plus que dans l’édition 2014. Les prestations en équipe (ou en crew pour faire styleuh) nécessiteront beaucoup d’entraînement, d’espace et une sacrée coordination pour éviter que l’un des participants ne finisse à l’hôpital. La Macarena de Los Del Rio à quatre (ou à 6 pour les plus courageux) vaut le détour comme le mix de Walk This Way d’Aerosmith. La chorégraphie accompagnant Tetris aura, elle, juste le mérite d’être originale à défaut d’être intéressante à danser. Just Dance 2015 propose aussi 9 chorégraphies alternatives assez sympathiques comme la danse assise en duo sur le Diamonds de Rihanna ou la danse africaine sur le Papaoutai de Stromae. Même en possédant les autres versions cette mouture aura de quoi vous surprendre et vous amuser durant de longues heures.
Quelle chance de te voir danser comme ça !
Côté contenu, Just Dance 2015 assure largement son office même si les nouveautés peuvent se compter sur les doigts d’une main de Mickey. Il est désormais possible de jouer à Just Dance 2015 via une appli mobile récupérable sur le store. Autant dire que jouer ainsi à Just Dance lui fait perdre une très grande partie de son intérêt tant Kinect lui va comme un gant. Goûter à un jeu de danse via Kinect enlève tout crédit à la moindre alternative. Danser avec son portable à la main est loin d’être palpitant et naturel ; cela offre toutefois la possibilité aux non possesseurs de Kinect de découvrir le jeu. La version 2015 de Just Dance marque un virage vers le social à tout-va. Il est désormais possible de recevoir un défi sur certaines chansons et de jouer contre le fantôme de notre adversaire et/ou ami. On retrouve le mode en ligne du 2014 où l’on participe à un gigantesque dance floor mondial réunissant jusqu’à huit danseurs en même temps.
Ubisoft a aussi pensé aux moins timides d’entre nous qui peuvent maintenant enregistrer leur prestation sur une chanson de leur choix et proposer la vidéo à Ubisoft. Tout ceci dans le secret espoir d’être sélectionné et de participer à un clip festif réunissant d’autres danseurs de par le monde. Une option bien sympathique qui renforce l’esprit communautaire du jeu. Les plus connectés peuvent encore partager leurs clips sur Facebook.
Kinect est le compagnon idéal de Just Dance. Sur Xbox One, le Kinect 2.0 fait correctement son travail tout en étant assez souple avec nos prestations. On regrette toutefois certains décrochages lors des parties à plusieurs et même étrangement un peu plus que sur Just Dance 2014. Le gros point noir du jeu se situe essentiellement au niveau de l’ergonomie de ses menus, encore catastrophique. Il faut toujours faire défiler toute la liste des chansons, trois par trois pour arriver à celle que l’on souhaite. Même s’il est possible d’opter pour une sélection à la manette plutôt que via Kinect, il est quand même triste de voir que le jeu ne propose toujours pas de reconnaissance vocale pour pouvoir aller directement à la chanson de son choix comme sur Singstar par exemple. Pire, alors que Just Dance 2014 proposait une interface spéciale pour Smartglass permettant de faire cette sélection aisément via la tablette, cette option a disparu. Une absence qui se fait cruellement sentir.