J’en ai dépensé, des bons vieux francs, dans la borne d’arcade de Double Dragon premier du nom. Un jeu plutôt facile grâce au coup de coude relativement simple à sortir et terrassant n’importe quel adversaire, faisable avec un peu de pratique en entier pour deux francs, soit un crédit. Une bonne façon de passer le temps, d’autant plus qu’un bug doublait les crédits si on insérait ses pièces pendant le générique (en tout cas dans la salle où je jouais !). A force de terminer le jeu de Technos (développeur disparu aujourd’hui) les doigts dans le nez, j’en étais avec mes acolytes à me mettre des handicaps, comme par exemple terminer le jeu rien qu’avec des coups de tête…De bons souvenirs qui reviennent forcément en mémoire au moment de lancer Double Dragon 2 dans cette version XLA.
La vengeance des frangins
Dans le premier jeu datant de 1987, la fiancée de Billy et Jimmy (et oui, la même fille pour les deux !) se faisait enlever, et les deux frères décimaient un gang entier pour la retrouver, avant de se battre entre eux pour décider qui emporterait le cœur de la belle (mais non ce n’est pas une vision macho de la vie, qu’allez-vous penser là !). Cet affrontement final était vite devenu le but ultime des joueurs.
Dans ce deuxième épisode, le problème est d’une certaine façon réglé, la demoiselle indécise se faisant flinguer. C’est donc pour se venger que les deux as de la baston vont se mettre en route.
Oui, bon, ok, le scénario est ridicule. En même temps, c’est un jeu d’arcade, un beat’m all, donc on s’en fout un peu (beaucoup, même, me souffle le lecteur du fond à gauche).
La première impression laisse présager du meilleur, avec la reprise du célèbre thème musical dans une version revue pas désagréable. La suite fait déchanter en quelques secondes. Les graphismes semblent dater d’il y a au moins 20 ans, l’animation est hachée, y compris au niveau du simpliste scrolling horizontal, la maniabilité est rigide et peu précise, et les musiques quelconques (et même franchement pénibles dans les derniers niveaux). Les combinaisons de coups sont très peu nombreuses, et peu évidentes à sortir, les ennemis semblent attendre chacun leur tour avant d’attaquer, et les décors s’enchaînent avec bien peu d’imagination. Les 14 niveaux se bouclent en environ 1h20, un peu, voire nettement plus en mode difficile. Les modes survival (résister le plus longtemps possible à des vagues d’agresseurs) et versus en 1 contre 1 ne rallongent pas la durée de vie, le gameplay basique ne donnant pas vraiment envie de s’y frotter.
Voilà un tableau bien noir qui annonce un bide pour ce jeu minimaliste ne proposant même pas de parties à 2 en ligne. Et pourtant, il y a un petit quelque chose qui fait qu’on ne peut pas le descendre aussi simplement.
En direct de la salle d’arcade
En avançant dans la partie, je me suis surpris à prendre du plaisir à marteler les boutons. Je suis persuadé que toutes les limites décrites ci-dessus sont tout ce qu’il y a de plus volontaires, la non-modernité du jeu étant en fin de compte totalement assumée pour distiller un parfum de vieux jeu d’arcade à l’ancienne. Et de fait, on a véritablement la sensation de jouer à un jeu tournant sur une bonne vieille carte Jamma (standard le plus répandu des salles d’arcades dans les années 80/début 90). On retrouve les réflexes d’alors, contournant la rigidité du gameplay en alternant les attaques et en essayant diverses techniques contre des boss qui peuvent sembler au premier abord à la limite de l’invincibilité (en difficile). Naturellement je vous parle d’un temps que les moins de 30 ans ne peuvent pas connaitre ! Il se dégage de ce Double Dragon 2 un petit air de nostalgie d’une époque où on se battait autant contre les ennemis que contre le jeu lui-même. Cela ne transforme pas Double Dragon 2 en bon jeu, mais pour ce public précis de vieux joueurs radoteurs ayant écumé les salles d’arcade et les bars, le titre mérite qu’on y jette un œil.