Yoshiki Okamoto... derrière ce nom se cachent une série de jeux mythiques qui feraient bander un eunuque gamer : 1942, Pang, Forgotten Worlds, Resident Evil 2 et Veronica, Street Fighter Alpha 3 et Rival Schools ! N’en jetez plus ! Cet homme est une légende ! Un dieu vivant ! (bon ok j’exagère mais en ce lendemain de fêtes j’ai l’estomac dans mes sandalettes !). Et lorsque l’on a appris que ce saint homme allait sortir un nouveau jeu, on s’est rué dessus la bave aux lèvres et les doigts frétillants !
L’homme et le Majin : une grande histoire d’amour
Les ténèbres ont envahi le royaume il y a de cela une centaine d’années. Le peuple vit reclus essayant d’échapper tant bien que mal à une armée d’ombres immortelles. C’est dans ce contexte qu’un jeune voleur sans nom, ayant l’étrange faculté de pouvoir parler aux animaux, s’infiltre au cœur des ténèbres pour retrouver le gardien de la légende, le Majin, seul être encore capable de libérer le royaume. Avouons-le tout de suite, s’il faut chercher de l’originalité dans Majin ce n’est pas du côté de l’histoire qu’on la trouvera. D’une banalité banale rare elle n’est que le prétexte à mettre en scène un improbable duo : le voleur que vous dirigerez et le Majin, sorte de gros ours-panda doté de pouvoirs immenses avec lequel vous interagirez via un système d’ordres simples.
Le voleur pourra ordonner au Majin d’attaquer, de patienter, de le suivre, d’ouvrir de lourdes portes, d’utiliser ses pouvoirs élémentaires ou encore, selon le contexte, d’actionner des pièges mortels pour les ombres. Le jeu s’articule autour de cette complémentarité et se trouve être plus proche d’un jeu de réflexion que d’un beat them all.
Le voleur ne sait pas se débarrasser des ombres tout seul. Par contre, il a la possibilité de se mouvoir sans bruit, pour déjouer leur vigilance et ainsi actionner divers mécanismes pour permettre au Majin de le rejoindre. Si jamais il réussit à se glisser derrière une ombre, il peut lui donner un coup fatal -pas si fatal que ça quand même- qui l’immobilisera durant un temps. Seul le Majin peut « avaler » l’âme ténébreuse des ombres et permettre au voleur de récupérer des gemmes bleues ou rouges qui amélioreront la puissance du duo. Une sorte de gain d’expérience rajoutant un petit zeste de rpg. Un très petit zeste.
L’articulation casse tête du jeu induit une découpe de son univers en une série de lieux assez petits et étroits. Chaque lieu proposera de se débarrasser d’adversaires, d’actionner divers mécanismes afin de rejoindre les lieux suivants. Malgré les aptitudes évolutives du Majin le jeu tombe dans une certaine redondance dans les situations et utilise fort mal son potentiel.
C’est une bien belle Majin que vous avez là !
Car du potentiel, Majin and the Forsaken Kingdom en a à revendre ! La direction artistique de l’ensemble séduit d’emblée, le Majin est adorable et allie parfaitement la sensation de puissance à son côté pataud. Le voleur, lui, regarde le monde de ses grands yeux d’enfant. On suit à l’aide de superbes cinématiques sur fond d’ombres chinoises l’évolution de la relation entre ces deux partenaires, la montée en puissance de leur amitié et l’histoire du royaume. Les voix françaises sont très réussies et l’ambiance sonore oscille entre lyrisme, mélancolie et héroïsme.
Majin arrive sans mal à séduire le joueur grâce à son univers coloré et enchanteur et ce malgré une réalisation technique largement en deçà de ce que l’on aurait le droit d’attendre. Le jeu dispose de textures assez sales, d’un aliasing prononcé et de modèles 3D taillés à la serpe. De plus, même si l’essentiel de l’aventure se déroule en extérieur, on a la désagréable sensation d’être continuellement enfermé et prisonnier d’un horrible labyrinthe. Et ce n’est pas la possibilité de revenir à loisir sur nos pas et choisir quelques destinations qui effacent ce désagréable sentiment.