Fort de ses romans à succès et de 3 films réussis, Jason Bourne se devait de voir son histoire arriver en jeu vidéo. Ce sont donc les petits gars de chez High Moon Studios qui se sont attelés à la lourde tâche de transgresser l’interdit n°1 du jeu vidéo : « Tu n’adapteras point une œuvre à licence. » Ont-ils réussi à contourner la facilité de se reposer sur le nom pour proposer un jeu au gameplay abouti ? Ou se sont-ils tourné les pouces en bâclant le travail, tel un lapin en chaleur ? C’est ce que nous allons voir dans ce test.
La mémoire dans l’arme
Le jeu retrace l’histoire du premier roman et du premier film à savoir La mémoire dans la peau, et mettra en scène un Jason amnésique et traqué. Bien évidemment, tout comme l’œuvre originale et le film, de nombreux flashbacks viendront agrémenter le jeu pour donner de la consistance aux phases d’action. Ainsi, vous dirigerez non seulement Jason maintenant, mais aussi quelque temps avant son amnésie. Le programme reste relativement fidèle en ce qui concerne le contenu de l’action : gunfights, courses de voitures et combats à mains nues saupoudrés d’instinct de Bourne qui vous sauvera la mise à plus d’une reprise. Cependant, une fois la manette en main, cette magie qui nous faisait haleter d’excitation devant le film disparaît peu à peu, et ce pour trois raisons : gunfights, baston et course.
Commençons d’abord par la phase de gunfights, de loin la mieux réussie du jeu, et encore heureux, étant donné que c’est le centre névralgique du titre. Vous pourrez transporter une arme de poing et une arme à deux mains en simultané et les échanger pour une autre de même type lorsque disponible sur les corps inertes de vos ennemis. Les actions basiques sont au programme : changement d’oeil directeur, changement d’arme, se mettre à couvert, recharger, et à cela on rajoute l’Instinct de Bourne affilié au bouton B. Ce dernier, dans cette phase, fera appel à votre jauge d’adrénaline qui se videra d’autant d’unités qu’il y a d’ennemis (dans la limite de trois) en les éliminant purement et simplement sous réserve de réussir le petit QTE.
Mais tout n’est pas parfait lors de ces phases, loin de là, puisque le passage en couverture, et plus généralement les actions contextuelles utilisant ce bouton, sont assez capricieux. Il faudra de la persévérance et du temps pour réussir enfin à se couvrir, chose qui en plein assaut ennemi ne pardonne pas, ces derniers étant loin d’être des abrutis, étant même plutôt coriaces et agressifs. Il vous arrivera par moments de devoir être discret, chose malheureusement trop rare, et même si vous tuez discrètement un ennemi en période de calme les autres vous attaqueront automatiquement même si vous n’aviez réveillé aucun soupçon. On est loin de l’infiltration et de la subtilité de l’œuvre originale (qui est aussi bourrine quand elle le veut) !
La mémoire dans les poings
Si par chance, ou malchance, vous vous rapprochez trop d’un ennemi, vous entrerez automatiquement en mode combat rapproché sans stopper l’action alentour (et donc continuerez à subir les tirs ennemis éloignés). Ces phases sont axées sur 4 boutons : 2 boutons de coup, un bouton de défense et le bouton B lié à la jauge d’instinct de Bourne. En combinant les boutons de coup, vous réaliserez des combos de 3 coups. Ces derniers sont beaucoup trop limités (une demi douzaine) et trop stricts dans les timings de commande pour donner une vraie impression de combat. Cependant, la brutalité, elle, est présente avec des percussions assez lourdes (en chargeant un bouton d’attaque), les blessures au visage, et l’instinct de Bourne qui en échange d’une unité de jauge lancera une petite cinématique d’attaque qui éliminera l’adversaire.
Il est possible, s’ils vous entourent, d’utiliser des objets, via l’instinct de Bourne, pour frapper votre adversaire : tableaux, livres, rebords, fenêtres, meubles... Vous pourrez utiliser à peu près tout votre environnement pour vous débarrasser de vos adversaires ! Vous avez bien entendu « vos ». En effet, il sera possible de combattre plusieurs ennemis en simultané ; malheureusement, aucune possibilité de changer d’ennemi en cours : il faudra absolument mettre à terre celui déjà engagé pour en affronter un autre sans possibilité de choisir lequel. Les adversaires en attente ne restent pas tout à fait inertes puisque, par moment de lucidité, ils auront la présence d’esprit de vous attaquer pendant que vous vous occupez de leur pote. Auquel cas, un QTE apparaît pour les contrer (ou se prendre le coup) et vous reviendrez immédiatement à l’assaillant initial.
Heureusement pour vous que l’instinct de Bourne vous permet de mettre simultanément KO le nombre d’adversaires indiqué par le niveau de votre jauge, et ce via une autre séquence QTE violente comme tout. Le système de combat pourrait être à peu près potable si et seulement si le bouton affilié à la défense était efficace. Ce dernier met beaucoup trop de temps pour agir et lorsqu’on sait que les ennemis font mal aussi au corps à corps, on rage rapidement de se prendre tout ou partie d’un combo dans la tête pour un problème de programmation.