Pixel Cafe, développé et édité par Baltoro Games, a pris d’assaut nos étagères virtuelles le 30 novembre 2023. Ce titre se démarque par son mélange des genres, combinant habilement des éléments de gestion du temps et de narration immersive. Il nous plonge dans la vie de Pixel, une jeune fille en pleine transition vers l’âge adulte, amenée à jongler avec les défis de la vie quotidienne tout en explorant les complexités émotionnelles qui accompagnent ce changement.
Un café sans sucre avec une gaufre, et plus vite que ça !
Le jeu nous lance directement dans le quotidien de notre héroïne, qui vient d’emménager dans la maison léguée par ses grands-parents. Suite à de nombreuses déconvenues avec sa mère, Pixel décide de voler de ses propres ailes afin de lui montrer et se prouver à elle-même qu’elle est capable de faire ce qu’elle veut. Une fois ses valises posées, il est temps de se trouver un travail afin de subvenir à ses besoins. Et la vie active lui réserve bien des surprises...
En effet, Pixel décroche un poste au sein du café “The Pif” où elle rencontre son premier patron, Olaf. On comprend tout de suite qu’il ne fait pas partie de ces employeurs bienveillants et pleins de compassion. On est juste un numéro qu’il exploite fièrement. Nous pouvons difficilement prétendre le contraire au vu du nombre de réflexions qu’il est capable de faire. Il est là pour l’argent et ne s’en cache pas. De plus, il sent très vite que Pixel n’a pas énormément confiance en elle et en profite. Bien entendu, malgré ses multiples efforts et la réussite parfaite de ses services, Pixel ne semble finalement pas convenir à Olaf.
Cette première expérience est douloureusement ressentie comme un échec et non comme un pas de plus vers la réussite. C’est ainsi que l’on apprend et que l’on grandit. Pixel se remet en selle et se présente dans un nouveau restaurant. Qui dit nouvel établissement dit nouveau boss. Elle n’est pas au bout de ses peines puisqu’elle croisera pas moins de dix patrons différents au cours de son aventure. Chacun a sa particularité, mais quasiment tous cochent la même case : malveillant. La palme d’or revient à Titus qui n’hésite pas à inviter Pixel à dîner pour la convaincre de passer devant le bar pour attirer le chaland avec son charme ravageur (c’est faux) plutôt que de servir les clients… Mention spéciale à Gabriel qui sait tout de nous sans que l’on ait besoin de lui dire quoi que ce soit.
Le travail de serveuse consiste à sustenter les clients qui viennent passer commande. Ces derniers sont variés et ont chacun leur spécificité : ainsi, chaque requête est différente, ce qui rend l’anticipation difficile et nous pousse à nous organiser à notre manière. Ils peuvent être nombreux et parfois, certains ont une capacité qui peut s’avérer assez incommodante. En effet, s’il ne sont pas servis assez vite, ils s’impatientent et peuvent, par exemple, détruire notre commande en cours, oui, celle que nous sommes en train de préparer pour ce « charmant » monsieur. On passera sur les zombies qui peuvent aussi rendre le service compliqué…
Il est temps de changer de crémerie
Au cœur du titre de Baltoro Games se trouve une narration bien construite, offrant un aperçu poignant de la vie de Pixel et de l’évolution de ses relations familiales. Nous découvrons au travers de nombreux flashbacks les souvenirs de notre héroïne avec sa grand-mère qui est la personne qui l’a inspirée. C’est grâce à sa mamie qu’aujourd’hui elle veut travailler en cuisine, c’est sa passion. Les nombreuses émotions que Pixel traverse sont souvent matérialisées par des mots en couleurs, des textes animés ou encore par les expressions de son visage. On remarque alors que le rouge exprime la colère ou la passion, le jaune la drague, le violet l’agacement et enfin le bleu l’impatience ou la gêne. L’animation de textes peut aussi servir à mettre en exergue certains composants narratifs importants.
Passons au vif du sujet et parlons gameplay. Comme stipulé plus haut, Pixel Cafe est aussi un jeu de gestion du temps, ce qui nous amène à évoquer la manière de travailler de Pixel. Chaque service présente son lot de particularités, tout comme chaque restaurant. Il s’avère qu’il y a huit comptoirs différents à retrouver au sein du jeu et que dans chaque restaurant, nous sommes amenés à en gérer trois. Il faut être organisé pour ne pas se laisser déborder par les clients et pouvoir répondre à toutes les demandes.
Chaque erreur entraîne une baisse de salaire et si un certain nombre de clients n’est pas servi dans les temps, cela peut mettre fin au service actuel. Celui-ci peut aussi être un échec si la barre de progression n’est pas remplie avec l’argent des recettes. C’est pour cette raison qu’il est essentiel de ramasser les paiements au fur et à mesure. Heureusement, le titre nous facilite un peu la tâche en mettant en surbrillance le comptoir où le client suivant arrive, ce qui donne une légère avance sur la demande. Pas de panique, Pixel Cafe permet l’utilisation d’une compétence ultime qui permet de ralentir le temps pour la clientèle pendant que nous nous activons aux fourneaux.
Cauchemar(s) en cuisine
Les comptoirs ne sont pas les seules choses à gérer. En effet, au fur et à mesure que nous avançons dans l’histoire, le jeu se complexifie et s’amuse à générer des événements aléatoires qui peuvent troubler notre concentration, voire même nous agacer très fortement. Certains services sont pimentés par la panne d’un générateur, qu’il faut relancer rapidement. Attention toutefois à ne pas rater son coup, car cela peut faire perdre un temps considérable et tout est affaire de timing. Cet événement n’est malheureusement pas le seul à survenir, parfois ce sont les machines qui décident de n’en faire qu’à leur tête et il faut alors les réparer. Quand tout a l’air calme, ce sont des zombies qui viennent polluer l’air de nos clients avec leur putréfaction, mais pas de panique, un spray anti-zombies est mis à notre disposition pour éviter un remake de The Walking Dead. Afin de passer un meilleur moment, il faut voir tous ces aléas comme des mini-jeux (irritants) dans le jeu.
Par la suite, il est possible d’améliorer les comptoirs dans le but d’augmenter la rentabilité. Attardons-nous sur leur développement qui permet de rendre le jeu plus confortable. L’ensemble des éléments que nous manipulons sur les buffets sont modifiables, sauf le bar à bière. L’évolution des postes de travail sert à optimiser notre cadence de service et donne également l’opportunité de préparer plusieurs plats en même temps.
Pour les plus téméraires d’entre nous, le soft propose des niveaux cauchemardesques se déroulant de nuit et qui portent parfaitement leur nom. Ils apparaissent timidement entre deux services, sans nous forcer la main. On s’est donc laissé tenter par leur doux rêve de difficulté qui annonçait déjà la couleur. Ils n’en ont pas que le nom, force est de constater que le mot « échec » est souvent apparu sur notre écran malgré l’optimisation maximale des comptoirs. Ces niveaux nous font un peu nous sentir comme Tweek dans South Park… Le cerveau ne suit plus et on se retrouve très vite noyé sous le flux ininterrompu des clients affamés. Au menu des niveaux cauchemardesques : tirage de cheveux, grognements et cassage de manettes, bon peut-être pas jusque-là, mais on n’en est pas loin…
Quelques grammes de finesse dans un monde de brutes
Parallèlement, nous pouvons accroître les capacités de Pixel une fois son travail terminé. Entre chaque service, on nous propose de passer directement au suivant, d’optimiser nos comptoirs ou de rentrer chez nous. Cette dernière option propose différentes interactions. La principale étant d’élargir le champ des possibles pour Pixel grâce à des points de bonheur.
En vue d’acquérir ces fameux points, il faut tout simplement changer la décoration de notre maison. Il faut tout modifier, des murs au mobilier, pour tous les obtenir et faire évoluer Pixel au maximum. Il est possible d’explorer les pièces de la maison telles que la galerie qui donne accès aux artworks du jeu ou la chambre, dont les affiches récapitulent les succès obtenus. La cuisine invite à consommer une boisson pleine de conseils ainsi que le livre de comptes. Enfin la véranda fait office d’auditorium, ce qui permet de faire une petite pause musicale et de profiter de l’ambiance sonore du soft.
Enfin, Pixel Cafe est découpé en trois parties qui offrent chacune leur lot de restaurants, de défis et surtout d’histoires. Les deux premières sont déployées grâce à un choix qui n’en est finalement pas un puisque nous y revenons ultérieurement. Le titre amène ce système d’une manière agréable qui évite de rater quoi que ce soit. C’est d’ailleurs en avançant dans le scénario que la carte du jeu se dévoile, mettant en avant le café suivant. Le dernier chapitre se débloque consécutivement aux deux précédents, ce qui permet d’aller au bout de l’aventure de Pixel et d’en voir le dénouement. Il faut compter une bonne dizaine d’heures pour finir l’histoire du jeu.
Tavernier, à boire !
Partie importante de Pixel Cafe, c’est même elle qui donne tout son sens et sa beauté au titre, nous parlons bien évidemment de la direction artistique. Le titre est réalisé en pixel art avec des teintes chaudes et chatoyantes, qui fait de lui un jeu que l’on pourrait ranger dans la case des « cosy games ». Malgré son aspect rythmé, le jeu est apaisant par ses couleurs et son ambiance sonore.
Comme stipulé plus haut, nous avons l’occasion de découvrir, au fur et à mesure du jeu, les musiques qui habitent Pixel Cafe. Le fait de les avoir rassemblées dans la véranda nous offre la chance de pouvoir les écouter tranquillement sans le rush du service. On ne va pas se mentir, lorsque l’on sert la clientèle, on est bien plus concentré sur elle et les bruits de cuisine que sur la musique qui passe dans le café. En réalité, c’est un peu comme dans la vraie vie.
Testé sur Xbox Series X
