Culte. S’il est désormais habituel de galvauder ce terme dans le monde du jeu vidéo pour tout et n’importe quoi, certains jeux de par leur aura n’ont aucunement besoin de prédicateurs occasionnels pour arborer ce statut. La série Bioshock fait partie de ceux-ci. Pourquoi donc ? Ceux qui ont pu se perdre dans les couloirs suintant rouille et sang de Rapture et qui ont fini leur voyage dans les allées de pierres blanches suspendues dans les nuages de Columbia n’auront même pas à se poser cette question. L’univers et les histoires de Ken Levine se suffisent à eux même pour transporter le joueur et ne le lâcher qu’à la toute fin, exsangue et heureux d’avoir vécu une aventure à nulle autre pareille. La beauté morbide de ces univers, leur cohérence enivrante et leur narration subtile en font des jeux à part, des jeux marquants que cette Bioshock The Collection nous propose de revivre, plus beaux que jamais, et accompagnés de tous leurs suppléments à l’exception du multijoueur du second opus. Malgré les années, est-ce que la magie opère toujours ?
Bioshock achedé
Presque dix ans nous séparent de Bioshock premier du nom. Cela fait dix ans que beaucoup de joueurs ont reçu une claque monumentale en découvrant la décrépitude et la folie dans lesquelles la fabuleuse cité sous-marine de Rapture a sombré. La direction artistique magnifique reprenant une architecture et une décoration directement issues de l’Art Nouveau, couplée au remarquable travail du compositeur Garry Schyman - que l’on retrouvera à l’origine des scores magnifiques de tous les Bioshock - plongent d’emblée le joueur dans un univers à part. Force est de constater que la magie opère toujours et que le jeu, même daté et seulement légèrement embelli, jouit toujours de son ambiance remarquable et arrive encore à sidérer le joueur.
On peine réellement à voir ses rides, les modèles grossiers de ses personnages, de ses décors, tant on retombe facilement entre les mains de sa remarquable plastique. Certains éléments ont été ajoutés, notamment au niveau de la faune sous-marine avec un peu plus de poissons et des algues. Lancer Bioshock 2 à la suite nous permet de constater la différence de sortie qui les sépare. Trois ans, c’est court mais c’est suffisamment long pour apprécier le gain technique entre les deux jeux. Les modèles et les décors de Bioshock 2 sont plus détaillés, plus fins et la HD trouve tout à fait sa place pour magnifier les environnements et l’ambiance. Le petit dernier, Bioshock Infinite, sorti en 2013, gagne en netteté, ce qui permet d’apprécier pleinement l’esthétisme radicalement différent de ce dernier opus.
Si vous faites partie de ces rares joueurs qui n’ont pas encore eu la chance de jouer à ces monuments, jetez vous dessus les yeux fermés. Leur ambiance unique arrive encore à nous noyer corps et âmes dans l’aventure qu’ils proposent. Pour ceux qui ont déjà écumé les trois jeux, la magie opère toujours mais on pouvait s’attendre à mieux, à commencer par l’absence d’un “corps” unique pour les trois jeux. Il n’y a pas pour ainsi dire de collection comme cela est le cas pour celle de Halo. Pour ce qui est de la version physique, Bioshock et Bioshock 2 sont sur le même blu-ray tandis que Bioshock Infinite occupe un second disque. L’avantage est de pouvoir installer soit l’un, soit l’autre, l’inconvénient est de devoir changer de disque si l’on souhaite passer des deux premiers au troisième. Ce n’est pas grand-chose mais il fallait toutefois le signaler. Deuxième gros point noir : étrangement il est impossible de faire une capture d’écran ou d’enregistrer un extrait de jeu de cette compilation ! Aberrant et surtout affligeant au regard de la beauté de certains décors, ou de la maestria de certaines scènes.
Les fonds marins sont chiches en bonus
Bioshock, premier du nom, est peut-être l’opus qui a bénéficié du plus de soin, tant du point de vue technique pour son remaster, que pour les bonus qui l’accompagnent. On peut débloquer au fil de l’aventure des vidéos de making-of (sous-titrées en français), et aussi visiter un musée virtuel regroupant les modèles abandonnés pour le jeu. Malheureusement, ce dernier est assez décevant vu que presque aucune information n’est distillée avec ces concepts et on en aura rapidement fait le tour, de façon totalement passive. Disponible aussi, le seul DLC de Bioshock, nommé “Salles de défis”, n’est qu’une succession de combats en arène aux règles prédéfinies. On regrette, et ce regret est partagé pour les trois jeux de la collection, qu’il soit impossible de choisir la VOST. Non pas que la version française soit mauvaise, loin de là, mais il aurait été pertinent et appréciable de pouvoir découvrir et apprécier la qualité du doublage original.
Bioshock 2, lui, se contente d’encore moins que le strict minimum vu qu’il se trouve amputé de son sympathique mode multijoueur et n’est accompagné que de ses deux DLC. Le premier, “Les épreuves de Protecteur”, nous permet de tester nos compétences de gardien de petite sœur dans des arènes fermées. Le second est plus intéressant vu qu’il s’agit d’un DLC solo pour une aventure de 5 à 6 heures nous permettant de visiter de nouveaux lieux de Rapture. Rien de révolutionnaire mais globalement plaisant. Inutile de chercher ici le moindre concept art ou la moindre vidéo de making-of.
Bioshock Infinite subit le même traitement que Bioshock 2. La version gagne certes en finesse avec la HD, se trouve être plus fluide mais curieusement, cette dernière rend malade le pauvre testeur que je suis. Certainement un problème de sensibilité mais j’ai envie de vomir après une heure passée dessus à chaque fois. Comme pour Bioshock 2, pas de cadeau fait aux fans de la première heure, pas de concept art, pas de making-of, juste le jeu original accompagné de ses trois DLC : le dénouement de la saga le “Tombeau sous-marin”, aventure solo en deux épisodes, les défis de “Carnage Céleste” pour apprécier pleinement l’orientation action de ce dernier opus, et un petit pack offert à l’origine pour les précommandes, à savoir de l’argent, des objets, et des versions améliorées de deux armes. Et bien sûr toujours pas de possibilité de jouer en version originale sous-titrée.