L’aventure de la licence Outcast démarre avec un premier épisode sorti en 1999 sur PC. À l’époque, celui-ci connut un grand succès et devint culte du fait de son style de jeu en monde ouvert, le premier du genre, et parce qu’il ouvrit la voie à de nombreux successeurs par la suite (Far Cry par exemple). Il est suivi d’un second opus en 2018 avec Outcast Second Contact (sorti sur PC, PS4 et Xbox One) censé apporter un peu de fraîcheur et de modernité à un gameplay daté et rigide au possible, mais avec son moteur graphique dépassé, il rencontra un accueil plus mitigé. Plus de 25 ans plus tard, le studio belge Appeal, racheté par THQ Nordic en 2021 après bien des déboires, nous propose Outcast A New Beginning, une suite directe au titre original. Après une si longue attente, c’est avec beaucoup d’impatience que nous avons pris notre envol en direction de la planète Adelpha, un come-back réussi ?
Retour aux origines
C’est avec plaisir que nous retrouvons le personnage emblématique de Cutter Slade, un ancien membre de la Navy Seal qui, suite à un saut dimensionnel, est de retour sur la planète Adelpha. Sa tenue vestimentaire est bien reconnaissable, puisqu’il est toujours vêtu de son fameux T-shirt orangé, mais comparé à l’opus précédent, les traits de son visage nous paraissent changés, et pour notre part, on lui trouve une petite ressemblance avec Mel Gibson, du temps de sa jeunesse bien sûr, on le précise. Le jeu bénéficie d’une traduction en treize langues et la voix française, auparavant assurée par l’acteur Patrick Poivey, qui est décédé en 2020 et qui doublait Bruce Willis, est remplacée par celle de Charlie Beaubourg (Hogwarts Legacy). On comprend mieux pourquoi notre héros est à présent doté d’une nouvelle voix.
Dès notre arrivée sur Adelpha, notre héros (re)découvre la planète et ses habitants extraterrestres, le peuple des Talans. Guidés par une créature bienveillante, on fait rapidement la connaissance de Lehaz, une gardienne Talan, qui reconnaît en nous l’Ulukaï, comprenez l’humain de la prophétie. Elle nous demande de l’aide afin de lutter contre des envahisseurs qui pillent leurs ressources naturelles et les menacent d’extinction. Si la trame scénaristique n’a rien d’original, elle reste identique au titre précédent, d’où une légère déception.
Une ode à mère Nature
Notre épopée débute par l’exploration du monde d’Adelpha et nous sommes vite agréablement surpris par la beauté des lieux. Un soin tout particulier a été apporté aux environnements avec des paysages colorés et diversifiés. Alors que certaines contrées font la part belle à la nature sauvage, avec une jungle à la végétation luxuriante rehaussée de jolies cascades exotiques, d’autres territoires sont à l’inverse désertiques et arides. Notre périple nous amène aussi à arpenter des plages paradisiaques qui s’étendent face à la mer, révélant quelques îles lointaines, et notre chemin passe par des lieux escarpés et montagneux, aux sommets enneigés. La richesse de ces paysages est sublimée par l’Unreal Engine 4, ce qui fait toute la différence. De plus, les régions sont soumises aux aléas climatiques et au cycle jour-nuit, modifiant leur ambiance, et elles servent d’habitats à de nombreuses créatures extraterrestres, hostiles ou amicales. Il s’agit donc de véritables écosystèmes. La faune et la flore bénéficient de bruitages personnalisés pour un voyage dimensionnel dépaysant.
Le rôle joué par la nature est prépondérant, et ce à bien des niveaux. Celle-ci peut se révéler tantôt charmante et bienfaitrice en offrant des ressources à récolter, et tantôt hostile avec des plantes et des créatures dangereuses. On comprend que la destinée du peuple des Talans est liée à sa préservation, nous laissant entrevoir un message écologique. S’agissant de la même planète que dans Outcast Second Contact, il faut bien avouer qu’un gros travail a été réalisé par les développeurs.
Lors de notre voyage, nous traversons des villages autochtones aux us et coutumes ancestraux, tous interconnectés entre eux grâce aux Daokas, c’est-à-dire des portails dimensionnels. Une fois activés, ils nous permettent de nous téléporter et leur étrange ressemblance avec la porte des étoiles dans Stargate n’est pas fortuite, un beau clin d’œil nostalgique à la SF ! Ces points de téléportation facilitent grandement nos futurs déplacements, car la taille de la map se révèle être une bonne surprise avec un vaste terrain de jeu.
Dès le début de nos échanges avec les Talans, la barrière linguistique est présente et certains passages assez comiques sont les bienvenus ! D’ailleurs, si vous découvrez l’univers d’Outcast, un glossaire vous donne la traduction de certains mots dans leur dialecte. Cutter Slade n’étant pas dénué du sens de l’humour, tout relatif selon les personnes, certains jeux de mots et expressions qu’il emploie en Agakamôn (la langue humaine) sont incompris des Talans, qui eux parlent l’Agazork, et vice-versa, ce qui apporte une bonne dose de légèreté. Les échanges s’effectuent grâce à une roue des dialogues, similaire à celle de Mass Effect, et nous permettent d’orienter la conversation soit pour débloquer les quêtes, soit pour en apprendre plus sur tel personnage ou sur l’univers.
Tout au long de notre périple, on profite d’une bande sonore de qualité, savamment orchestrée par Lennie Moore, le compositeur du premier Outcast. De somptueuses musiques nous accompagnent et s’adaptent à chaque étape ou moment clé de l’histoire avec des mélodies de circonstances. Elles se font tantôt discrètes et envoûtantes lors de la découverte de lieux mystérieux, un peu comme dans Indiana Jones, tantôt elles s’affolent en rythmes effrénés lors des phases d’action par exemple, pour une immersion totale.
Un arsenal personnalisable à souhait
Cutter Slade met rapidement la main sur un appareil appelé com-link qui lui permet de scanner et d’analyser les alentours afin de repérer les ressources, les ennemis, les missions et autres points d’intérêt sur la carte.
L’arbre de compétences est relié à la nature, car une grande quantité de ressources est nécessaire pour le débloquer, d’autant plus qu’il nécessite l’utilisation de nanocellules obtenues en détruisant des avant-postes ennemis. On peut donc améliorer en simultané la partie pour le jetpack et la partie dédiée au combat. Du coup, notre protagoniste va rapidement évoluer grâce à l’acquisition d’un jetpack avec pas moins de quatorze améliorations disponibles, dont le mode planeur (ou la wingsuit). Il dispose également d’un bouclier, d’un pistolet et d’un fusil. Bien que le nombre d’armes soit limité à deux, il est toutefois possible de débloquer et de combiner trente-deux modules d’armes en vue de les améliorer et de les personnaliser en fonction de votre style de jeu, ce qui est bien pensé. Le mode combat n’est pas en reste avec huit compétences spéciales à déverrouiller pour notre personnage, ce qui aura un impact net sur le gameplay lors des phases de combat et donne un avantage certain, le fait de pouvoir ralentir les ennemis par exemple.
Le goût de la liberté !
L’appel enivrant de l’exploration devient vite grisant puisque notre héros sait nager, plonger, voler et planer, ce qui nous procure un sentiment de liberté accompagné de beaucoup de fun et enrichit le gameplay. Les sensations en phase de vol en mode planeur sont assez bonnes et nous incitent à en découvrir toujours plus. D’ailleurs, pour la petite anecdote, certaines phases d’actions en wingsuit nous ont littéralement fait penser à du Just Cause.
En plus des quêtes principales et secondaires, le titre propose des activités à foison, avec notamment des défis de parcours, la cueillette de ressources, la découverte de lieux mystérieux avec des énigmes à résoudre, le nettoyage de certaines zones envahies par des ennemis… Le bestiaire est d’ailleurs plutôt conséquent et varié : à nous les hordes de robots humanoïdes, de machines foreuses, d’insectes et autres créatures aliens en tout genre. Dans l’ensemble, le gameplay est assez fluide et modernisé par rapport à l’œuvre originale, même s’il reste assez classique, il a toutefois le mérite d’être simple et efficace. En ce qui concerne la difficulté, quatre modes nous sont proposés : histoire, facile, normale ou bien difficile, selon les préférences de chacun.
L’envers du décor…
Hélas, certains aspects viennent noircir ce tableau “idyllique” avec par exemple des petits bugs de collision, certes mineurs, mais tout de même bien présents. On espère qu’une prochaine mise à jour viendra corriger ce problème. On dispose d’ailleurs de deux modes graphiques, la qualité ou la performance, et nous avons remarqué qu’en mode qualité, le jeu a moins de FPS, mais il est plus stable. Les chutes de framerate sont regrettables, et plus marquées en mode performance, car si de loin les paysages paraissent assez jolis, quand on y regarde de plus près, quelques petits défauts de texture apparaissent.
Par ailleurs, une certaine redondance au niveau des quêtes et défis annexes se fait assez vite ressentir ainsi que de trop nombreux allers-retours qui gâchent quelque peu le rythme de l’aventure. Enfin, on déplore un manque de profondeur quant au scénario, identique au volet original, et mis à part quelques brefs flashbacks, qui nous en apprennent un peu plus sur l’histoire de notre protagoniste, rien de bien nouveau hélas alors que l’univers de Outcast s’y prête. Dommage également qu’aucun mode photo ne nous soit proposé afin d’immortaliser certains décors particulièrement bien réussis ainsi que leur biodiversité …
Comptez en moyenne une trentaine d’heures de jeu pour boucler l’aventure principale et réaliser certaines quêtes secondaires ainsi que quelques défis. Et si vous décidez de jouer la totalité des missions disponibles, sachez que la durée de vie du jeu sera généreuse avec une quarantaine d’heures environ.
Testé sur Xbox Series X