Alors qu’on aurait parié sur un destin à la Fable Legends, Sea of Thieves nous fait mentir et est enfin officiellement sorti sur Xbox One et PC il y a de cela quelques jours. Après pas moins de quatre ans de gestation et presque 3 ans d’attente chez les joueurs, le nouveau titre du prestigieux studio anglais Rare a fort à faire pour satisfaire tout ce beau petit monde.
Les rois/reines du shopping
Le but premier de Sea of Thieves est simple : permettre à tous de s’improviser pirate. Que ce soit en solitaire ou jusqu’à quatre, ce qui est très clairement conseillé pour profiter à fond du jeu, jouer à Sea of Thieves c’est l’assurance de ressentir l’appel de la piraterie, de la mer, de l’aventure et, surtout, de l’or. Car c’est bien ici que se trouve le principale pilier de motivation du jeu : gagner de l’or. Pour améliorer son équipement ? Devenir le plus puissant des pirates sur son insubmersible navire de guerre ? Non, rien de tout ça en vérité. L’or de Sea of Thieves ne sert qu’à se procurer de nouveaux éléments de personnalisation cosmétique pour notre avatar, et par extension notre navire.
Dans les faits, si cela sert en premier lieu, à se faire plaisir visuellement uniquement, l’effet secondaire de vos petites touches cosmétiques trouve son nid dans la crainte inspirés aux autres joueurs qui croiseront votre chemin. Il faudrait être complètement inconscient pour attaquer un galion aux multiples ornements si l’on ne possède pas une expérience plus que solide sur le jeu. Ne vous méprenez pas, la crainte n’est pas inspirée par l’apparence du bateau en lui-même mais bien par le prix qu’il a fallu investir pour se les procurer. A titre d’exemple, les voiles les plus accessibles vous coûteront la bagatelle de 70.000 pièces d’or quand un voyage, pendant au moins les dix premières heures de jeu, en rapporte moins de 500. Le calcul du nombre de quêtes à remplir est assez aisé pour comprendre rapidement que c’est un équipage ayant déjà beaucoup sillonné les mers.
Un jour, je serai le meilleur pirate
Et dans la mer, on y fait quoi justement ? Pour l’instant, on y vogue d’île en île pour déterrer des coffres pour la première des trois factions, chasser des squelettes pour rapporter leur crâne à une autre et capturer des poules et des cochons pour la dernière. Sur le papier, les quêtes sont plus que répétitives, cependant on verra bien vite que ce n’est pas forcément toujours le cas. Le but ultime est de monter en réputation pour devenir un pirate de légende et débloquer l’accès à un potentiel end game auprès d’un PNJ se trouvant dans toutes les tavernes. Celui-ci nous promet l’accès à la légende “une fois atteint le niveau cinq de toutes les factions”. Puis vient le niveau 10, puis le 15 et ainsi de suite jusqu’au niveau 50 se murmure t-il sur les forums. Autant dire qu’il faut un certain temps pour y parvenir.
En dehors des quêtes à proprement parler, le jeu propose des attaques de forts dans lesquelles il faudra repousser un bon nombres de vagues ennemies avant de se défaire du boss toujours en quête de crânes et de coffres à revendre. On peut aussi y affronter le terrifiant kraken ou bien d’autres équipages, ou coopérer avec, mais ne rêvez pas trop de ce côté-là, et c’est ce qui fait que deux mêmes quêtes ont de grandes chances de se dérouler de manières totalement différentes.
Si aller capturer deux poules blanches une première fois et une poule noire accompagnée d’une dorée la fois suivante ne change pas l’expérience de jeu, le fait de pouvoir tomber sur un autre équipage à tout moment s’en occupe très bien. Lorsque l’on a la cale pleine de butins mieux vaut changer de cap si l’on vient à rencontrer d’autres joueurs. Tout à coup, le générateur de quêtes FedEx se transforme en un GTA Online au pays des pirates. Partez du principe que la personne en face de vous veut votre peau et soyez prêt à déchainer les enfers à coups de boulets de canon ou à prendre la fuite à tout moment sinon vous irez dormir avec les poissons.
Ici pour soulever des mers
Dans les faits, seize joueurs sillonnent les mers en simultané sur le même serveur. Lorsqu’on considère la taille raisonnable de la carte, le compromis est plutôt correct puisque l’on se retrouve rarement en trop grande densité d’équipages dans le même secteur. Cependant, un crew peut très bien ne plus vous lâcher la grappe jusqu’à ce que vous vous déconnectiez. Pour cela, il lui suffit de vous tuer une fois puis de prendre possession de votre bateau pour vous tuer encore et encore à chaque fois que vous reviendrez d’entre les morts puisque l’on réapparaît obligatoirement sur son navire si celui n’a pas été coulé.
Dans l’ensemble, le jeu souffre d’une série de décisions complètement abracadabrantesques pouvant engendrer bien plus de frustration que de fun. Par exemple, la perte pure et simple de toutes les cartes en notre possession ou voyages en court lorsqu’on se déconnecte (impossible donc de trouver une bouteille avec une carte et de se dire qu’on ira chercher ce trésor demain) ou encore ne pas pouvoir acheter une nouvelle cage ou libérer un animal en cas d’erreur sur la couleur de son pelage. En plus des ratés côté design, la partie technique n’est pas en reste puisque le jeu n’est pas exempt de bugs. Entre les navires ennemis envoyés sur les formations rocheuses et qui s’en sortent sans une égratignure ou encore les coffres qui disparaissent suite à un roll-back causés par de trop nombreux soucis de serveur…
Fort heureusement, Sea of Thieves se rattrape haut la main par sa direction artistique. À ces attraits cartoons se mêlent une mer plus belle que jamais et un ciel doté d’éclairages de frappadingue. Ciel et mer ne semblent former qu’un être, un personnage à part entière, pouvant se montrer aussi bienveillant que colérique. Naviguer avec une petite brise dans le dos sur une mer plate ne procura pas, et de loin, la même expérience que lutter contre l’orage lorsque la boussole s’improvise Beyblade de fortune, que le gouvernail ne répond plus et que la foudre frappe notre navire pour en faire des cure-dents. Il ne manquerait plus que le kraken nous attaque à ce moment-là tiens...
Que des numéros 10 dans ma team
Pour pouvoir faire face à tous ces obstacles, mieux vaut lever l’ancre avec des personnes de confiance tant la communication et la coordination sont importantes pour voguer dans ces eaux. Que l’on dirige un sloop (seul ou en duo) ou, encore plus, un galion (pour trois ou quatre personnes) tous les postes doivent être définis à l’avance pour ne pas être pris à défaut. Qui tient la barre, qui s’occupe des voiles (déploiement et inclinaison), qui s’occupe de la carte, de réparer les dégâts faits à la coque, de vider l’eau qui s’accumule dans la cale ou au dessus de tout, qui prend le rôle de Baba à la vigie ?
Dans une moindre mesure, accorder son équipement en fonction de l’opposition peut être une bonne idée puisque le jeu met 4 armes différentes à disposition du joueur : une épée, un pistolet à silex, une fusil à lunette ou encore un tromblon. Le principe est le même pour les instruments de musiques limités à deux, même si déjà bien amusant, on aurait aimé en avoir plus. C’est d’ailleurs ce qui décrit le mieux Sea of Thieves : déjà fun alors qu’il lui reste tant de choses à faire.