Fondé par d’anciens développeurs d’Infinity Ward, le studio Respawn Entertainment voit le jour en 2010. Il lance en 2014 Titanfall, une nouvelle licence, exclusive à Microsoft, en partenariat avec Electronic Arts. Essentiellement multijoueur, le jeu est plutôt bien accueilli et amène un vent de fraîcheur dans le monde du FPS casual sur console. Très accessible, reprenant intégralement les mécaniques des Call of Duty, le titre réussit une entrée encourageante sur le marché. Deux ans plus tard, fini l’exclusivité, Titanfall 2 arrive sur tous les supports, bien décidé à s’ancrer dans le paysage vidéoludique de cette fin d’année. Les ajouts d’un solo, gros manque du premier opus, et également d’un tas de nouvelles features seront-ils suffisants pour se faire une place sous le sapin ?
BT téléphone maison
Pour ceux qui l’ignorent, Titanfall est un FPS ayant la particularité de mettre en scène des pilotes de titans. Sorte de gros méchas aux aptitudes et armes diverses, ils sont là pour nous prêter main forte en cas de carnage inopiné. La (très chouette) cinématique d’intro à la campagne met en lumière cette relation entre l’homme et la machine. Dans un conflit planétaire, on incarne le jeune Cooper (rien à voir avec le docteur), Jack de son prénom, qui rêve de devenir un pilote d’Élite de la Milice. Pour ça, il faut s’entraîner dur ; notre supérieur, le capitaine Latimosa, nous invite donc à passer par la typique séquence d’entraînement pour apprendre (ou réapprendre) les bases du déplacement. On reprend vite nos marques. En effet, le gameplay très assisté n’a quasiment pas changé : courir, s’accroupir, viser et tirer, couplé à nos propulseurs pour marcher sur les murs et faire des doubles sauts, on retrouve les sensations du premier opus. Un parcours chronométré de simulation de combat s’offre à nous ; il faut être inventif pour s’équiper, et se déplacer efficacement pour réaliser le meilleur chrono. Autant le dire tout de suite, les premiers essais sont assez déroutants. Bien qu’on ait les fantômes de nos collègues pour nous montrer le bon enchaînement à effectuer, la persévérance est de mise pour atteindre le haut du classement. Le temps effectué sert le jeu à nous proposer un mode de difficulté pour la campagne, comme je suis plutôt bon (et aussi que j’ai essayé une bonne vingtaine de fois…), c’est donc parti pour le mode “difficile”. Il est bien sûr possible d’ajuster soi-même la difficulté sans tenir compte du classement.
Alors qu’on apprend tranquillement les bases du métier de pilote, on nous sort de la simulation et tout le monde est sur le pied de guerre. Une attaque est imminente et il faut déployer des hommes sur le champ de bataille au plus vite. Nous voici donc largué, au sens propre du terme, sur la planète Typhon, en plein milieu d’un combat contre des robots peu orthodoxes. Alors qu’on est submergé de toutes parts par l’ennemi, Latimosa tente, en vain, de nous venir en aide à bord de son Titan, BT. Malheureusement, tout ne se passera pas comme prévu, vous devrez vous associer à lui pour continuer la mission du capitaine. Il faut tisser petit à petit le lien avec ce titan, et en apprendre plus sur ses origines et son parcours au travers de petites phases de dialogues plutôt sympas. En effet, durant les séquences d’accalmies, BT nous parle et on à l’occasion de lui répondre de deux façons différentes (globalement modeste ou hautaine). Sans que ça ait (malheureusement) d’impact sur l’histoire, ces petites phases sont tout de même sympathiques et quelques répliques, cocasses, sont bienvenues.
De manière générale, la campagne est correcte mais sans plus. On note quelques idées sympas ici et là, sortant de l’ordinaire, qui auraient mérité d’être plus développées. Le tout se résumant la plupart du temps à des phases de plateformes peu inspirées (et redondantes) et une succession de combats de boss en titan. Le scénario n’a pas non plus grand intérêt et est très basique, tout comme le level design, simpliste, exploitant trop peu les possibilités de gameplay. Il est agréable de suivre les aventures de Jack et sa machine, mais tout ça est très linéaire et on ne peux pas dire en plus que notre héros soit des plus charismatiques. Quelques panoramas sont réussis, mais dans l’ensemble, les graphismes sont inégaux. Commençant à dater, le moteur très “CoDésque” semble être dans ses dernières heures et le tout peine vraiment à convaincre. Certaines textures sont tout simplement immondes, et les personnages, surtout leurs visages, font très “plastique”. Après l’enchaînement de pétage de rétine de ces derniers mois, le rêve prend fin, dommage, car l’ambiance et quelques scènes sont vraiment chouettes ! Heureusement, la technique est irréprochable, tournant à 60 fps, le tout jouit d’une propreté exemplaire. La partie sonore est convaincante et le doublage correct, de même pour l’IA.
Multijouons !
Globalement, en multi, on retrouve les mêmes modes qu’il y a 2 ans (attrition, dernier titan, match à mort uniquement entre pilotes…) et presque la même recette. Des parties nerveuses, des IA au milieu des joueurs, un gameplay à la verticalité suggérée et forcément les titans comme principaux ingrédients. Cette année, la nouveauté réside dans le mode « Chasse aux primes ». Déjà présent dans la bêta, les deux équipes doivent, par vague, tuer des cibles précises (des pilotes aux titans en passant par les spectres IA), afin de récolter une certaine somme d’argent. A chaque fin de vague, des “banques” s’ouvrent à deux endroits de la carte, et il faut y déposer son argent pour le mettre en sécurité. L’ennemi ayant la possibilité (et surtout l’objectif) de nous le voler, il est important de bien gérer son butin et ne pas être trop gourmand sous peine de se voir pénalisé d’un malus de -50% en cas de mort ! Le mode est plutôt sympathique puisqu’il reprend les codes de l’attrition en y ajoutant un objectif. Malheureusement, on regrette que les cibles soient souvent les mêmes. Pour trouver d’autres nouveautés en ligne, il faut se tourner vers la personnalisation. Repensée, on peut désormais personnaliser son pilote et son titan avec un tas d’éléments cosmétiques à débloquer grâce à des défis et à acheter avec la monnaie d’échange du jeu. Matériaux de protection, skins, couleurs flashys, emblèmes, cockpits du titans et autres, sont à débloquer en réalisant certaines tâches. Vous aimez ce jaune qui fait si bien ressortir vos yeux ? Et bien tuez 5000 mecs et il est à vous ! Douze boosts font également leur apparition, ils confèrent par exemple des radars, brouilleurs, tourelles et autres joyeusetés qu’il faut déverrouiller en montant de niveau.
Les classes ont subi un petit lifting, mais on ne peut pas dire que l’ergonomie dans le menu de ces dernières soit au rendez-vous. Ce dernier étant fouilli, on est au début un peu perdu. On note l’arrivée de l’atout grappin, qui est une véritable nouvelle mécanique de gameplay, il est cependant dommage qu’il ne soit pas du tout mis en avant. Pratique pour rejoindre des toits rapidement lors des affrontements, il aurait mérité un plus gros intérêt ne serait-ce que dans la campagne de laquelle il est totalement absent. Il est toujours possible de se camoufler, ou encore d’envoyer des leurres pour tromper l’ennemi et l’attaquer par surprise. En revanche, les cartes aux avantages éphémères ont totalement disparu. C’est plutôt surprenant puisque c’est cette licence qui a plus ou moins lancé le concept, grandement repris depuis dans des jeux comme Halo ou Gears entre autres.
Dans l’ensemble c’est plutôt complet, les classes titans comprennent elles aussi des ajouts comme la possibilité de débloquer des exécutions (cutscene bien classes à déclencher quand l’ennemi n’a plus de boucliers), et il y’en à toujours pour tous les goûts en termes de mechas ! Du gros tank qui encaisse mais qui est aussi lent que la rédac’ sur Forza, au petit plus vif dépourvu de protections, il faut prendre soin de choisir son titan et d’adapter ses approches de combat en conséquence. De plus, chaque fois qu’un titan est tué, il lâche désormais une batterie sur le champ de bataille. Elle peut être ramassée par tout le monde (et donnée à ses partenaires d’équipe) et sert à régénérer la santé. Il faut beaucoup d’XP pour débloquer de nouvelles choses et ça tombe bien, l’arrivée des clans, propres au jeu, intègre un système d’happy hour avec des boosts d’expérience à la clé. L’occasion de ne jamais se retrouver seul et d’en plus s’en mettre plein les poches !
Les bonnes idées du premier opus sont gardées, mais un certain Call Of Duty, bien connu de Respawn Entertainment, s’est totalement emparé de la dynamique et de la verticalité du gameplay de Titanfall. Du coup, cette année, le jeu n’a plus ce vent de fraîcheur qu’il avait apporté en 2014. Une certaine lassitude se fait vite ressentir et on peut aussi parler, au rang des bémols, des maps qui ne sont plus aussi diversifiées et soignées qu’avant. Même si on s’amuse très vite de par l’accessibilité du titre, il manque ce petit quelque chose qui le rend incontournable aujourd’hui.