Assassin’s Creed a su se forger au fil des années, une solide réputation aussi bien pour ses environnements somptueux que ses aventures historico-exotiques. Le gameplay n’est également pas à ignorer avec certains épisodes on ne peut plus excitants. Mais voilà, lorsqu’on est une série aussi longue qu’Assassin’s Creed, il est nécessaire de se renouveler de temps en temps pour ne pas lasser les joueurs. C’est ce qu’Ubisoft a essayé de faire, maladroitement, avec le précédent Assassin’s Creed Unity et c’est ce qu’ils poursuivent avec ce nouvel épisode : Assassin’s Creed Syndicate. Est-ce le début de la fin ou la fin du début ?
French Fryes
Assassin’s Creed Syndicate se déroule durant la révolution industrielle à Londres. Cette fois-ci, nous nous retrouvons dans la peau, non pas d’un mais de deux assassins : les jumeaux Evie et Jacob Frye. Evie, intelligente et réfléchie, maîtrise la discrétion comme personne, tandis que son frère, véritable tête brûlée, préférera les approches un peu plus marquées. Les deux personnages se contrôlent de la même manière, à quelques subtilités de gameplay près qui feront que leurs objectifs et même certaines missions ne seront pas appropriables par l’autre. Mais hors missions principales, il est possible de switcher à sa convenance entre les deux jeunes assassins.
Mais ne tardons pas plus longtemps, cette question brûle vos lèvres depuis un an environ : Est-ce que le jeu tient la route techniquement ? Question légitime s’il en est, vis à vis de la débâcle d’un Unity, pas moche, mais qui fourmillait de bugs en tout genre. J’ai le plaisir de vous annoncer que ce Syndicate est bel et bien plus stable, même si quelques bugs mineurs persistent, comme des saccades peu naturelles de la part des passants, ou quelques cafouillages dans l’IA. Mais dans l’ensemble, rien de bien méchant ni même de quoi hurler au scandale et appeler au boycott. Le visuel est même relativement soigné et n’a rien à envier à la majorité de la production actuelle. On prendra même un immense plaisir à grimper sur le palais de Westminster pendant un brouillard ou une averse si caractéristiques de la capitale britannique.
Am Stram Graham
Cette stabilisation s’est cependant faite au prix d’un online complètement absent. Il y a certes des épreuves communautaires, mais aucune interaction entre joueurs que ce soit en coopération ou en affrontement n’est présente. C’est bien dommage, le contrôle de jumeaux aurait très bien pu se prêter non seulement à des missions en coop, mais également à des spécificités de gameplay en duo pour affronter les missions les plus retors. Alors pour compenser, les développeurs ont eu l’idée de remanier certaines choses, comme la nouvelle course libre mise en place dans Unity pour donner quelque chose de plus fluide et de plus naturel ou encore de rendre le système de combat plus fluide et dynamique que jamais, par exemple. Le pari est globalement réussi, puisque les jumeaux se meuvent avec une aisance déconcertante, tout en conservant ce manque de fluidité entre certaines actions, propre à la série.
Mais ce n’est pas tout, puisque de nombreuses autres modifications ont été apportées au gameplay du jeu, notamment avec l’ajout d’un système d’expérience et de compétences, ainsi que d’une progression dans l’histoire revue et qui propose des missions propres à chacun des deux protagonistes pour un peu plus d’une vingtaine d’heures de jeu. Sans compter les missions facultatives pour prolonger le plaisir. Si bien, qu’on a l’impression de jouer à une autre série célèbre tant le déroulement de ce Syndicate se rapproche désormais, toutes proportions gardées, d’un GTA. Certes, la série Assassin’s Creed avait déjà de fortes prédispositions en la matière, mais ce coup-ci, un sérieux pas à été fait pour franchir la ligne qui les séparait. Et je dois admettre que le résultat n’est pas si mauvais entre les prises de territoire, les batailles de gangs et les courses-poursuites en voiture, malgré la courtesse et la relative facilité des missions proposées dans ce Syndicate. On aurait peut-être aimé un peu plus d’originalité dans les missions, puisque les deux jeux ont d’étranges similitudes malgré leur gameplay différent, poursuites de paparazzi et easter eggs humoristiques compris !
England on Strike
Malheureusement, aussi plaisant que le gameplay puisse être, que l’on adopte le grappin un tantinet capricieux (Because they’re not Batman !) ou qu’on préfère gravir Big Ben old school-style, cet Assassin’s Creed Syndicate souffre d’un énorme problème, du genre qui ne peut être fatal que pour cette série : l’époque. En effet, chaque période des précédents épisodes était l’occasion de voir du pays, d’explorer un fort background historique, de vivre des événements et conflits qui ont marqué l’histoire. Et entre la révolution française d’Unity, la Guerre d’Indépendance américaine d’Assassin’s Creed 3 ou encore l’Italie de la Renaissance dans le 2, le joueur ne pouvait qu’être happé dans de telles histoires, tout comme il ne peut qu’être déçu d’un contexte faiblard dans ce Syndicate.
- Desmond est teasé dans Syndicate. Serait-ce le signe de son éventuel retour dans un Assassin’s Creed canin ?
Ici, le choix de la révolution industrielle n’est pas forcément approprié, tout du moins pas comme elle est présentée dans le jeu. On n’a aucun conflit global sur lequel les Templiers et les Assassins évoluent en guise de motivation comme c’était le cas avec Arno. Il n’y a aucune motivation d’aventure exotique comme avec Edward Kenway, ni même aucune réelle implication personnelle comme c’était le cas pour Ezzio ou Ragondin aka Connor. Du coup, se retrouver avec ces deux jumeaux laisse un goût amer. Non pas qu’ils n’ont pas de charme, au contraire, mais parce que l’univers proposé n’a pas réellement de charisme. On croisera certes, quelques célébrités locales, on évoluera dans une architecture victorienne très plaisante, mais nos deux assassins n’ont pas de quoi exprimer totalement leur personnalité et leurs motivations dans cet environnement aseptisé de tout enjeu sur une échelle globale.