Il était une fois...Enemy 0

«Laura for ever» le 17 décembre 2016 @ 16:302016-12-16T17:59:06+01:00" - 2 réaction(s)

Enemy 0, développé par Warp, est sorti en 1996 sur Saturn. Il sortira également un peu plus tard sur PC.

Si le fait de retrouver Laura Lewis, déjà croisée dans D, peut faire penser qu’on a là sa suite, c’est bien le seul rapport entre les deux jeux. En effet, Enemy 0 est plus une sorte de survival d’infiltration.

Au début du jeu, Laura, qui se trouve sur une station spatiale de recherche biologique, est sortie de sa stase cryogénique. Elle observe une porte, marquée E0, qui se fait défoncer jusqu’à céder. Un cri lugubre se fait ensuite entendre. Un peu plus tard, alors qu’elle parle avec un camarade, elle le voit se faire écharper par… Rien. Et c’est parti pour la quête éprouvante de sa survie. Enemy 0 alterne des séquences en Full Motion Video (FMV… Ce qu’on appelle des cinématiques, quoi !) et du gameplay vu à la première personne. Quand on commence à jouer, la première chose qui nous frappe, c’est la lenteur du jeu. Mon Dieu que c’est lennnnnnnt ! Et le pire, c’est que c’est fait exprès (on va y revenir). Laura s’est sans doute foulée la cheville ! Très vite, on est confronté à ce qui va être le cœur du jeu : les ennemis sont invisibles (du coup, jamais les graphismes d’un ennemi n’auront été aussi bons !), et c’est au bruit qu’on les repère. Autant dire que c’est très, très stressant. Et ce n’est pas tout ! Quand un ennemi est identifié, on peut bien entendu lui tirer dessus. Sauf que les armes ne sont jamais chargées dans ce jeu, et qu’il faut donc le faire juste avant de tirer. Et bien entendu, là-aussi, c’est lent !

Vous voyez où je veux en venir quand je dis que la lenteur est volontaire ? C’est bien simple, tout est fait pour que la confrontation avec l’ennemi soit si difficile qu’il est toujours préférable de chercher à l’éviter. Ce choix, radical, fait qu’il est difficile d’entrer dans le jeu. A l’époque, après l’avoir acheté et essayé, je l’ai laissé tomber presqu’immédiatement. En revanche, quand on fait l’effort de s’y consacrer, ce mécanisme misant sur la contrainte se révèle étonnamment efficace, distillant un stress presque permanent, qui monte encore d’un cran dès que le bruit d’un ennemi est entendu. C’est en faisant cet effort que je me suis plongé dans Enemy 0, et si je reconnais volontier ne pas trop me souvenir de l’histoire, je me souviens cependant que je n’en menais pas large quand j’y jouais !

Pour retranscrire cette oppression, Enemy 0 mise sur une réalisation qui a pourtant pris un méchant coup de vieux. Les séquences en FMV sont un peu moches, quoique bien mises en scène, mais surtout les décors manquent de détails et sont bien vides. Pourtant, paradoxalement cela ne fait que renforcer la paranoïa de la présence de l’ennemi invisible. J’ignore si c’est volontaire, mais je suppose que ça l’est en partie. Pour faire grandir la peur de l’invisible, il y a deux solutions : soit faire le choix de montrer des lieux où il est difficile de se cacher, comme c’est le cas ici, soit faire le choix de la profusion qui favorise l’invisibilité (ce que fait incroyablement bien le film Predator, par exemple). Le jeu peut compter sur sa bande sonore, composée par Michael Nyman, dont la réputation est amplement méritée.

Au global, cela donne un jeu aux choix tellement radicaux que l’essayer est intéressant, ne serait-ce que par curiosité, en sachant juste qu’il y a de grandes chances que vous n’accrochiez pas du tout. C’était déjà particulier à l’époque, aujourd’hui ça l’est encore plus !

Si bien peu ont joué à ce titre en Europe, puisque sur Saturn, il est tout de même célèbre pour une polémique, Mr Kenji Eno, mort en 2013, n’étant pas exactement un mec qui se laisse faire. Tout a commencé avec le jeu D, sorti sur Saturn et Playstation. Sauf que pour cette dernière, Sony a décidé de donner la priorité à d’autres titres, et a produit peu de jeux. Résultat : il n’y a même pas eu assez de jeux de produits pour répondre aux pré-commandes. Le manque a gagné a été non-négligeable pour Warp, sans compter le côté vexant de l’affaire. Pour autant, Enemy 0 est prévu en exclusivité sur Playstation, et est en développement depuis déjà pas mal de mois. Lors d’une présentation organisée par Sony, face à un parterre de journalistes, Kenji Eno présente son jeu. Une fois la présentation terminée, le logo habituel de Sony est projeté sur l’écran, avant de se transformer en celui de la Sega Saturn ! Afin que les choses soient bien claires, le Vice-Président de Sega apparaît à son tour pour déclarer un « Welcome to Sega ». Génial !

Cela n’a pas changé grand-chose au succès de la Saturn ou de la Playstation, mais quand un petit studio dit Fuck à un gros constructeur qui impose sa politique et ses choix, moi j’aime bien, et j’aurais payé pour assister en live à la scène !

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2 reactions

Blondin

17 déc 2016 @ 23:40

Tiens c’est marrant j’en parlais encore il y a à peine une semaine. Je l’avais sur Saturn, mais j’ai du le revendre ou me le faire endormir parce que je ne le retrouve pas. J’avais pas accroché des masses par contre, en tout cas je ne l’avais pas fini. Il me semble que j’espérais un genre de Resident Evil (enfin, je suis plus trop sur) et que ça m’a finalement un peu dérouté.

Sinon sympa l’anecdote sur la présentation du jeu, je la connaissais pas.

jmabate

18 déc 2016 @ 19:14

il faudrait que je le fasse. mais ce n’est pas un genre de jeux que j’affectionne. j’ai la galette, mais l’envie me manque.

aujourd’hui, la qualité des vidéos (codec de l’époque pour tenir sur un CD de 700 MB) me ferait mal aux yeux...ce n’est pas du pixel art.