Après une bonne cinquantaine d’articles, soit une année à squatter le Week End sur Xboxygen, la rubrique X Story tire sa révérence !
Alors oui, je sais, il manque quelques jeux exclusifs dont je n’ai pas parlé, j’aurais peut-être pu aborder quelques points sur le hardware, mais bon, l’idée de départ de cette rubrique était avant tout de montrer la diversité que cette machine a réussi à proposer en un temps d’existence très court. Pour vous en convaincre, vous pouvez scroller un peu vers le bas, cliquer sur l’icône de X Story, et parcourir les épisodes que vous avez manqués.
Quand j’ai commencé à préparer ces articles, je suis parti d’une bonne vieille liste des jeux sortis pour dégager ceux que je connaissais bien et qui méritaient qu’on se penche dessus. Une fois cette sélection faite, j’ai réalisé à quel point cette machine, à force d’être dans l’ombre de la PS2 dominante, a été sous-estimée. Il y a bien des genres qui sont clairement sous-représentés, et pas de chance, ces genres étaient très en vogue à cette époque. Il est clair que les exclusivités made in Japan brillent par leur absence. Cela inclut les j-rpg qui ne sont pas là, et les jeux de plateforme n’ont pas vraiment été exceptionnels. Pour ce qui est des titres pour toute la famille, nouvel échec, il n’y a pas grand-chose comparé à ce qu’on peut voir sur Gamecube ou PS2. Quand en plus la machine part avec un déficit d’image terrible, et a en face une PS2 bénéficiant à plein pot de la démocratisation des jeux vidéo doublée d’une jolie ludothèque, autant dire que la Xbox n’avait aucune chance !
Pourtant, quand on se penche dessus, on se rend compte que cette machine était, et de loin, la patronne dans plusieurs styles de jeux. Elle est imbattable pour les jeux de course, en offrant un rendu sans équivalent et une diversité qu’on ne trouvait nulle part ailleurs. Pour ce qui est des FPS, ce n’est même pas qu’elle était au-dessus des autres consoles : elle était carrément seule, la concurrence n’offrant que de pâles imitations limitées. Mais surtout, elle a ouvert la voie à des jeux, venus du monde du PC, qui jusque-là étaient réservés aux moniteurs (les écrans, pas les profs de ski). Mieux, elle a créé ce pont reliant le monde des ordinateurs à celui des consoles, amorçant la transformation de la façon de jouer en s’adressant à un public plus adulte et mature. D’une certaine manière, cette machine est arrivée trop tôt pour le marché. Quand on voit à quoi ressemblent les consoles aujourd’hui, comment ne pas réaliser rétrospectivement que la Xbox aura été un précurseur, une annonce du futur ?
Je vais vous faire un aveu, bien que ce soit une machine que j’ai beaucoup aimée, dans mon top personnel, elle n’arrive pas sur le podium, bloquée en cinquième position, derrière la Megadrive, la Saturn, la Dreamcast et sa petite sœur la 360 (ces quatre-là se partageant, dans un ordre variable suivant mon humeur, la première marche de mon classement). Si j’ai toujours eu conscience de ce qu’elle apportait, ce qui n’était pas très difficile (il suffisait de mettre n’importe quelle exclue ou jeu en ligne dans le lecteur pour ça), elle manquait d’un petit quelque chose, qu’on pourrait appeler le X factor, histoire de rester dans la thématique de la lettre interdite aux moins de 18 ans. Cela tient en un seul mot : l’image. Son aspect, sa manette, tout puait la machine américaine : fat, frimeuse, étalant sa puissance en s’appuyant sur le nom d’une des firmes les plus riches du moment. Impossible de trouver un écho favorable avec ça, à un moment où jeu vidéo est synonyme de Japon (ce qui est encore beaucoup le cas en France pour les consoleux), où Microsoft est synonyme de Satan, où la puissance ne faisait pas (encore) tout, et où on n’était pas prêts à recevoir des jeux si « différents que d’habitude ». Il lui a sans doute manqué une ludothèque qui aurait été plus de transition. Il aurait fallu un équivalent à Sonic ou Mario, quelque chose qui fasse « jeu vidéo traditionnel » et qui aurait pu servir de porte d’entrée vers cette machine.
Pour autant, ces explications pour justifier un succès limité ne sont pas des carences. Ceux qui ont sauté le pas se sont créés leur propre image : celle de joueurs ne se souciant pas du politiquement correct du milieu, de personnes ne cédant pas aux sirènes du marketing, d’individus conscients de leur chance et constituant un cercle fermé parallèle à celui du grand public. De même, plutôt que de laisser tomber, Microsoft a tiré de nombreux enseignements de la période Xbox pour nous offrir la 360. Par ses concepts, par ses innovations, par sa ludothèque, celle-ci a généré une sorte de nouvel âge d’or pour les jeux vidéo, poussant la concurrence et même le monde du PC à évoluer. Sans la Xbox, pas de 360, et pour un aussi joli développement, il fallait une introduction excellente. La conclusion reste à écrire, à moins qu’elle ne l’ait déjà été et qu’une nouvelle dissertation soit à commencer.
Ainsi, je ne peux m’empêcher de faire un parallèle entre le rôle de la Xbox par rapport à la 360 et celui de la One par rapport à… On ne sait pas encore. La Xbox a posé des bases solides, a planté des racines qui ont permis à la 360 de s’épanouir. Il n’est pas impossible que la One fasse de même et que dans quelques années on porte un jugement rétrospectif similaire. Comme à l’époque même si moins prononcé, le rapport de domination commercial est très en retrait face à Sony. Comme à l’époque, Sony propose une vision très traditionnelle des consoles, bien plus que Microsoft (même si à nouveau cela est moins prononcé). Comme à l’époque, les joueurs sont fermés à ce qui sort d’une vision un peu réac des jeux vidéo, la bonne équation se devant de comporter quelque chose de japonais quelque part pour être validée. Comme à l’époque, Microsoft met sur la table une nouveauté, aujourd’hui avec le concept d’émancipation du support. Où cela va-t-il nous mener ? Si c’est pour retrouver une période aussi faste que celle de la Xbox 360, je signe tout de suite !
Pour terminer, je voudrais juste vous remercier pour l’excellent accueil que vous avez réservé à cette série d’articles. J’espère que j’ai réussi à vous faire (un peu) voyager dans le passé, à raviver certains de vos souvenirs, ou tout simplement à vous avoir donné envie de découvrir ou de revenir sur ces anciens jeux.