Dans sa récente interview pour The Verge, Phil Spencer est revenu sur le principe de précommande pour les lancements de consoles, et ce que cela implique de désagrément pour ceux qui souhaitent jouir de la nouvelle génération à son lancement.
En effet, un lancement de consoles, c’est une mécanique bien rôdée : les aspirants early-adopters font la queue dans leur boutique préférée ou sur le site internet de leur choix le jour de l’ouverture des précommandes, espérant décrocher un précieux sésame pour la prochaine génération. Puis le jour du lancement officiel, il faudra à nouveau se rendre chez son revendeur et faire la queue pour enfin repartir avec l’objet tant convoité. Et si on a fait le choix de la livraison à domicile, la queue en magasin laisse place à l’interminable attente du livreur, ponctuée par les rafraîchissements frénétiques de son suivi de commande.
La précommande et ses aléas, une pratique anachronique
Phil Spencer estime que ces pratiques ne sont pas en accord avec notre époque, les moyens à notre disposition pouvant nous permettre de faire bien mieux en matière de clarté envers le consommateur et de disponibilité des produits. À l’heure actuelle, Sony, Microsoft et Nintendo communiquent aux revendeurs les quantités qui leur sont allouées, et leur indiquent la proportion de consoles à rendre disponible en précommande. En effet, les constructeurs souhaitent que le jour du lancement reste un événement, avec des consoles disponibles à l’achat.
Nous voulons que les gens sachent qu’il y a des consoles à acheter, et que ce n’est pas seulement le jour où tout le monde vient chercher sa console [précommandée au préalable]. Je ne sais pas si c’est la bonne décision dans le monde d’aujourd’hui. C’est une façon de penser très archaïque, les gens vont faire la queue à l’extérieur des magasins, c’est une façon de penser de la décennie passée en quelque sorte.
Le challenge pour Microsoft est de rapprocher le plus possible la chaîne de production et le consommateur, sans pour autant mettre de côté les revendeurs. Phil Spencer affirme que son équipe est en pleine réflexion sur le sujet, et que les revendeurs partenaires ont aussi été consultés.
Vers quel modèle ?
Si Microsoft et Sony s’accordent sur le constat des lancements chaotiques des Xbox Series X|S et PlayStation 5, selon les dires de Phil Spencer, trouver une solution plus performante ne semble pas chose aisée pour autant. Ainsi, son échange avec le journaliste Nilay Patel laisse entrevoir des pistes de réflexion plus que des solutions pratiques à mettre en œuvre. Selon Microsoft, la clé semble être un circuit d’achat le plus court possible.
Les circuits de distribution pourraient tout de même être sollicités pour le passage de commande, mais les informations de livraisons viendraient directement du fabriquant. De même, Phil Spencer évoque la possibilité de « réserver » une console avant même sa production, tout en ayant des informations claires et précises sur ses dates de production et d’envoi.
Nous avons de vraies discussions internes sur, devrais-je pouvoir réserver une place ? Je mets un peu d’argent, je sais que la machine sera produite le 20 janvier, et que je l’aurai le 1er février. Nous avons des consommateurs qui feraient ça aujourd’hui.
Si cette solution n’empêcherait ni les ruptures au lancement, ni l’odieuse pratique de scalping (achat de consoles en vue de revente à prix d’or pendant la pénurie), elle permettrait tout de même à chacun d’y voir plus clair sur les disponibilités à venir et serait plus cohérente avec notre ère digitale.
La nouvelle génération venant d’être lancée, il nous faudra attendre quelques années avant de constater si la réflexion de Microsoft sera mise en pratique. Peut-être à l’occasion d’une révision de milieu de génération ?