par Rone » 29 Fév 2012, 08:32
Bon, bhin voilà le retour de la rubrique que j'avais un peu oublié grâce à diez.
Steven Spielberg
Filmographie :
1964 : Firelight
1967 : Slipstream (en) - inachevé
1968 : Amblin' (court-métrage)
1974 : Sugarland Express (The Sugarland Express)
1975 : Les Dents de la mer (Jaws)
1977 : Rencontres du troisième type (Close Encounters of the Third Kind)
1980 : 1941
1981 : les Aventuriers de l'Arche Perdue (Raiders of the Lost Ark)
1982 : E.T. l'extra-terrestre (E.T. the Extra-Terrestrial)
1983 : La Quatrième Dimension (Twilight Zone) - deuxième épisode
1984 : Indiana Jones et le Temple maudit (Indiana Jones and the Temple of Doom)
1985 : La Couleur pourpre (The Color Purple)
1987 : Empire du soleil (Empire of the Sun)
1989 : Indiana Jones et la Dernière Croisade (Indiana Jones and the Last Crusade)
1989 : Always (Always)
1991 : Hook ou la Revanche du Capitaine Crochet (Hook)
1993 : Jurassic Park (Jurassic Park)
1993 : La Liste de Schindler (Schindler's List)
1997 : Le Monde perdu (The Lost World)
1997 : Amistad
1998 : Il faut sauver le soldat Ryan (Saving Private Ryan)
2001 : A.I. Intelligence artificielle (Artificial Intelligence: A.I)
2002 : Minority Report (Minority Report)
2002 : Arrête-moi si tu peux (Catch Me If You Can)
2004 : Le Terminal (The Terminal)
2005 : La Guerre des Mondes (War of the Worlds)
2006 : Munich
2008 : Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal (Indiana Jones and the Kingdom of the Crystal Skull)
2011 : Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne (The Adventures of Tintin: Secret of the Unicorn)
2011 : Cheval de guerre (War Horse)
Telefilms :
1971 : Duel
1972 : La Chose (Something Evil)
1973 : Chantage à Washington (Savage)
Tiens, et si je faisais un petit blabla sur Spielberg histoire de me faire des ennemis ?
Et encore, je ne vais parler que de ses réalisations, et évitant le producteur pour qui j'ai une estime plutôt réduite (même si on lui doit Poltergeist, quand même !).
Alors en ce qui me concerne, Spielberg, c'est lé définition même du génie à l'état pure, mais d'un génie qui ne sait pas trier les bonnes idées des mauvaises, et qui gâche régulièrement son talent à cause de goûts de chiottes.
Vous me trouvez dur ? Attendez la suite, je vais m'expliquer !
Pour commencer, dans son impressionnante filmographie, je n'ai pas tout vu, mais presque (il m'en manque seulement 3), justement parce qu'on ne sait jamais si le résultat sera une bombe ou une mièvrerie. La critique manquant sérieusement de discernement avec lui, on ne peut pas s'y fier, puisqu'il a des supporters pour ses deux facettes.
Commençons donc par le positif ! Dans cette liste, je distingue 3 chefs d'œuvre. Je veux dire des films qui quand ils ont été diffusés ont inventé quelque chose, et ont servi par la suite de modèle : Duel, les dents de la mer, et le combo Les aventuriers de l'arche perdue/Indiana Jones et le temple maudit (bon, OK, ça fait 4 !^^). A cela j'ajoute d'autres titres qui passent de très près selon moi à côté de cette appellation, mais qui se contentent d'être fantastiques : Rencontres du troisième type, Jurassik Park, La liste de Shindler, Il faut sauver le soldat Ryan et Minority Report. Dans ces films, on a le droit à des scènes hallucinantes, soit à cause de leur intensité émotionnelle (Shindler, Ryan, troisième type), soit à cause d'une maitrise dans la réalisation invraisemblable (Jurassik Park, le débarquement de Ryan, minority report dans ses scènes de dialogues incroyables…Je pourrai faire un blabla juste sur la mise en scène du dialogue dans la serre). Pourquoi pas des chefs d'œuvres ? A cause des défauts récurrents du bonhomme que je vais aborder maintenant ! Mais bon, vu tout ce que j'aime chez lui, c'est forcément pour moi un grand quand même !
Nous arrivons au point que fâche.
En gros, le plus gros défaut de Spilberg est qu'il est américain, et qu'il a tous les défauts les plus caricaturaux des réalisateurs (et surtout des producteurs) de ce pays. Comme un crétin, il cède systématiquement aux pires ficelles des téléfilms honteux produits à la chaîne, en soulignant douze fois au feutre rouge les passages tire-larmes de ses films avec la grossièreté d'un épisode de la petite maison dans la prairie. Je sais, ça ne se fait pas de dire ça d'un grand Mr, mais comme on est sur un petit forum en France, je fais ce que je veux !
Si je prends les films que j'ai "seulement" classé comme fantastiques, on retrouve ces défauts. Troisième type s'est vu expurgé de scènes montrant Dreyfuss sous un jour trop "fou". Il a fallu rester raisonnable dans le délire, quitte à limiter l'impact de l'évolution du personnage (et pourtant les scènes ont été tournées…), on a aussi le droit à du lacrymal juste pour qu'on reste dans un récit familial là où de la hauteur aurait pu être la bienvenue. Et quand le film prend tout son envol, c'est seulement quand on se libère enfin de la contingence familiale. Exactement le même problème pour Jurassik Park, où le contexte famille atténue l'histoire en nous en sortant régulièrement. Pour Shindler, le film est très fort…Parfois trop fort pour Spielberg, qui comme pour s'excuser de scènes d'une cruauté trop réelle (pourtant c'était le but, non ?) ne peut s'empêcher de prendre de la distance, comme dans son générique de fin, fausse bonne idée car soulignant qu'on n'a vu "qu'un film". Pour Ryan, c'est l'usine à larme qui une nouvelle fois éloigne le récit de l'âpreté de la guerre. Enfin, Minority Report est un cas à part, puisque c'est plus le fait d'avoir céder aux tics du "film à star" qui nuit au film. Le même avec un acteur inconnu ne cherchant pas à montrer son meilleur profile aurait été le chef d'œuvre total.
Ca y est ? Les fans de Sir Spielberg me détestent déjà ? Attendez la suite…
Et oui, car si j'ai parlé des films que j'aime beaucoup, je n'ai pas encore abordé ceux que j'aime moins, ou bien même pas du tout !
En gros, tous les autres que j'ai pu voir. La chance du mec, c'est qu'il a assez de talent pour que même dans ses pires films il y ait toujours au moins quelques scènes baboulifiantes qui font qu'on ne peut pas ne rien aimer dans aucun de ses films. Mais quand même…
Le côté mièvrerie infantile, pour moi ça n'est juste pas possible. La recette avec les acteurs qui retiennent leurs larmes avant qu'elles ne coulent discrètement, le tout sous des envolées lyriques, c'est peut-être très efficace, mais Michael Lindon le fait aussi dans les Routes du Paradis. On voit tout venir de tellement loin que personnellement ça me fait instantanément chier. Il y a une époque où j'aurais pu dire "que d'émotion", mais plus maintenant. Les ficelles sont tellement grosses que je dis plutôt "mais quel ennui". Gamin j'ai pleuré tout ce que j'ai pu en allant voir ET au cinéma, mais le revoir a été une véritable épreuve. Comme dans trop de ses films pleins de bonnes intentions et de bonnes idées, la symbolique est lourdingue, voire éléphantesque, voire…très américaine.
Non, non, ce n'est pas de l'anti-américanisme, c'est juste que c'est fait pour eux. Ainsi, au milieu d'une réalisation virtuose, se coltiner de longs tunnels qui ont plus leur place dans des séries télé de l'après-midi, c'est devenu trop pour moi. A force de vouloir faire du consensuel, on arrive à un film comme La guerre des Mondes, franchement bien fait, et foutu en l'air par une fin ridicule à force de vouloir tout réduire à la cellule familiale typique des US.
Je n'ai rien contre les obsessions des réalisateurs, mais celles-ci doivent servir le propos pour que cela fonctionne. A force de nous les mettre à toutes les sauces (dans l'ordre : les enfants et la famille, la guerre, la recherche de ses origines, le communautarisme (élevé en valeur positive, et oui, c’est américain), les gentils gagnent toujours grâce au pouvoir de l'amour, comme dans Disney), comme si cela était calqué sur n'importe quelle histoire, cela donne un résultat artificiel et usant.
Bon, maintenant que la moitié des lecteurs me déteste et a oublié que j'ai commencé ma bafouille en tressant des lauriers à Steven, parlons technique !
Le talent de Spielberg éclate à l'écran grâce à un style qui lui est immédiatement imputable, comme cela doit l'être pour tout grand réalisateur. Dans son cas, il y a de bons vieux trucs qu'il manie comme personne. Il y a la composition du cadre, avec un sens de lecture de l'image pensé pour être naturel, mais surtout pensé dans toute la largeur (même si ce qu'il veut montrer se trouve presque tout le temps au centre, tout dans le cadre pousse à donner les indications nécessaires à l'œil pour qu'il sache instinctivement où regarder), et dans la profondeur (dès ses débuts dans Duel ou Les dents de la mer, ce qui est magnifié dans Minority report). Sans lunettes à la con, Spielberg compose son image en 3D. Je pense aussi à sa direction d'acteurs, en particulier pendant les dialogues, qui font vrais tout en étant très écrits (moins vrai dans ses œuvres les plus récentes, mais bordel, Les dents de la mer est à ce titre génial). Et il y a les éclairages. C'est en fait à ça que je pense en premier. Rencontre du troisième type en est l'illustration la plus flagrante, mais on retrouve cette caractéristique dans tous ses films. Il n'a aucun problème à forcer les éclairages pour surexposer ce qu'il veut montrer, quitte à générer un contraste fort avec le reste. Les lumières brillent souvent de façon abusée, et ce qu'on voit ne serait absolument jamais comme ça en vrai…Mais justement, c'est la réalité qui est renforcée avec ce procédé. C'est ce qui donne cet aspect de "plus que la réalité" à ses films.
Je préfère ne pas m'étendre sur son utilisation de la musique. C'est parfois génial (encore les dents de la mer), les BO sont formidables à écouter, mais pour moi il en abuse vraiment trop, noyant l'ensemble et renforçant l'aspect "soupe" de trop de ses films.
Vous n'êtes pas d'accords, vous pensez que je ne suis qu'un con irrespectueux ? Défendez votre point de vue, j'ai même pas peur !^^