C'est la nouvelle année ! Plein de bonnes choses pour tous les lecteurs d'Xboxygen (on est encore en janvier, je suis dans les temps), et surtout, puisque c'est ça qui nous intéresse, plein de jeux !
Enfin, qui nous intéresse…pas si sûr justement.
Il y en a des choses à dire sur ce qu'on a vécu ces 6 derniers mois avec l'arrivée des nouvelles consoles, tellement de choses que cela donnera sans doute plusieurs sujets d'éditos (tant mieux pour moi !).
L'éclairage du jour va porter avant tout sur les joueurs, qui peut-être justement usurpent cette dénomination. Cela aura été pour moi la plus grande surprise de cette période : alors que 2 consoles de jeux sont sorties, les jeux en eux-mêmes ont été les grands absents des débats.
Avant de commencer à écrire, je me suis creusé la tête. Du fait de mon âge vénérable, c'est le cinquième changement de génération de consoles que je vis. J'ai recherché dans ma mémoire (bon, ok, surtout sur le net) pour me souvenir de la façon dont se sont déroulés les lancements précédents. Bien entendu les caractéristiques techniques des machines ont toujours tenu une certaine importance (les vieux se rappellent avec nostalgie de la période où les bits étaient considérés comme les garants de la puissance ultime, ce que pensent toujours les machos), mais à chaque fois, ce sont bien les jeux qui ont fait la différence, et qui ont fait pencher la balance d'un côté ou de l'autre. La Megadrive a réussi à challenger Nintendo grâce à la vitesse et au fun de Sonic. Wipeout, Toshinden (et oui, ce jeu minable faisait envie à l'époque) et d'autres ont poussé la Playstation, les licences exclusives à la PS2 ont sevré la Dreamcast de jeux (merci EA) allant jusqu'à la flinguer, tout en lui permettant de continuer à devancer la Xbox malgré un retard technique important.
On a commencé à voir la technique prendre de l'importance par rapport aux jeux pour le duel Xbox 360/PS3, cette dernière ayant réussi à vivoter avec un gros déficit de jeux par rapport à sa concurrente pendant une longue période sur des promesses de supériorité technique. Mais au final ce sont bien les jeux qui ont façonné le marché, permettant à la 360 de prendre une belle position, la PS3 revenant vraiment dans la course seulement quand elle a enfin commencé à recevoir des titres corrects.
Fort de l'histoire du média, on aurait donc pu s'attendre à un festival pour assurer le lancement de cette nouvelle génération, d'autant plus que chaque marque peut s'appuyer sur un catalogue de licences exclusives à fort potentiel.
Et puis non.
Microsoft, grâce à ses errements de communication, a réussi l'exploit de faire oublier qu'ils ont proposé un line-up de lancement varié. Et encore, la qualité n'étant que partiellement au rendez-vous, ces premiers jeux se révèlent en fin de compte plutôt décevants. Il manque THE jeu qui fait qu'on se dirait "Wow, il me faut cette machine". Sony fait encore mieux en proposant…rien. Bon, ok, j'exagère. Quelques trucs qui sont tout sauf des produits d'appel, et Killzone, vitrine technologique, mais d'un ennui consommé tellement le jeu est banal.
Les éditeurs tiers ? Eux aussi ont leurs jeux. Des versions plus jolies de ce qu'on a sur notre bonne vieille 360. Génial.
Là, logiquement, les joueurs devraient crier au scandale international, furieux que leurs achats débouchent sur si peu de choses, sur un tel vide en termes de nouveautés.
Et puis non.
En fin de compte, les deux compères ont raison de ne pas s'intéresser aux jeux. Ils ont compris que le discours des acheteurs n'était qu'un discours de façade. Ils veulent avant tout une machine pour jouer, mais font comme s'ils ne voyaient pas que justement, sur ce sujet, ces nouvelles machines ne démontrent rien.
Cette logique d'upgrade, à la fois sur le matériel et sur le résultat à l'écran, et directement issue du comportement habituel des joueurs PC, s'est répandue comme une trainée de poudre chez les joueurs sur console.
De quoi a-t-on parlé, et de quoi continue-t-on de parler depuis la sortie de ces machines ? De leur mémoire, du processeur, de leur supposée puissance, et, celui que je préfère, "à quel point ce n'est qu'un PC moyen".
Mais bon, ça, peu importe, ce qui me choque surtout, c'est qu'on ne parle là à aucun moment des jeux.
Avec ces nouvelles consoles, ou sur un PC configuré pour jouer, qu'est-ce qui justifie qu'on passe en caisse ?
Ah oui, j'oubliais, c'est plus joli.
Mais c'est plus joli comment ? Cela rend les jeux différents ? On peut représenter des choses qu'on ne pouvait pas faire avant ? Non, c'est juste une résolution supérieure et plus de détails. Bien sûr que ça flatte la rétine, mais ça ne change juste rien du tout en termes de jeux.
J'ai l'étrange impression qu'une grosse partie des joueurs ne s'intéresse pas au jeu, mais à lancer une partie de "1080p en 60 fps". On ne va tout de même pas jouer à 720p 24fps, c'est trop naze !
C'est peut-être ça être un joueur aujourd'hui, je suis peut-être un vestige du passé, c'est dans les réponses de cet édito, si vous m'incendiez, que je le verrai ! Ce sont souvent ceux qui ne sont pas d'accord qui s'expriment, si vous êtes au moins un peu d'accord avec moi, venez le dire aussi, je me sentirai moins seul !
Des joueurs qui veulent avant tout des jeux, qui veulent voir des choses qu'ils ne connaissent pas déjà par cœur, qui veulent avant tout s'amuser, il y en a sans doute. Peut-être n'ont-ils pas acheté de nouvelle console ou 2 Go de Ram et un SSD, ou bien peut-être qu'ils se contentent de ne pas s'exprimer, fatigués de voir des débats n'ayant en fin de compte que peu de rapport avec la finalité du jeu.
J'espère qu'il y en a, et j'espère que ce sont eux qui façonneront l'évolution des ventes de jeux, car personnellement, jouer à "1080p 5, le retour des 60fps" ne m'intéresse pas une seconde. Actuellement, j'ai l'impression que la technique a pris le pas sur le jeu en lui-même et ses nombreuses composantes n'ayant pas de rapports avec la puissance du processeur. Le gameplay. Le level design. Des concepts de jeu. Du style dans les graphismes plutôt qu'une grosse définition. Bref, la créativité.
De très anciens jeux peuvent émouvoir avec quelques pâtés de pixels. Si la technique se met au service de la créativité, alors elle sert à quelque chose. Mais tant que les joueurs démontrent par leur comportement qu'ils s'en foutent complètement, on continuera de tourner à vide.
Le marché va là où sont les acheteurs, il ne faudra pas se plaindre d'avoir des jeux creux et sans innovations, les développeurs continueront de mettre leur budget dans l'aspect purement visuel et dans la frime technique.
Ces 6 derniers mois me laissent une certaine amertume concernant ce loisir que j'aime tant, et je croise les doigts pour que la tendance prise se retourne. Ca va sans doute se décider à l'E3 cette année, mais j'ai de plus en plus de mal à être optimiste.