par Rone » 20 Oct 2009, 08:18
Selecjeux, merci pour tes explications, c’est très intéressant.
Pour mon rejet de Paypal, je vais être honnête, c’est une question de principe, c’est tout. Qu’un système ponctionne sur ce que je paie me dérange car cela influe indirectement sur le prix de vente.
Ton explication me conforte d’ailleurs dans cet avis.
J’espère par contre que tu pourras étendre ton activité car j’aime bien ton attitude, positive et dynamique, vos offres sont intéressantes, et la logique de vos ventes (pas trop de votre système d’échanges, trop cher par rapport à la concurrence) est bonne aussi, avec des offres ciblées sur lesquelles vous vous positionnez très bien. En tout cas je garde ton site de vente sous surveillance.
Concernant les prix aux UK, j’ai eu toute une conversation à ce sujet avec un éditeur il y a peu, et le sujet est assez complexe et est une vraie préoccupation.
Concernant les taxes, ce n’est pas le vrai problème : historiquement les produits culturels (musique, livres, films, jeux) sont plus chers depuis toujours aux UK.
Par contre, ils ont bénéficié de la faiblesse de leur devise pour pouvoir proposer des prix canons.
Au fur et à mesure, ils ont « capturé » de plus en plus de ventes sur le territoire de l’union européenne, jusqu’à ce que ça devienne un enjeu important pour tous les revendeurs et jusqu’à ce que ça prenne une part non négligeable dans leur chiffre d’affaire.
Mon ami éditeur me disait qu’ils suivaient le volume des ventes vers la France, et que ça n’avait cessé d’augmenter depuis plus d’1 an.
A partir de là, les enjeux sont devenus un peu différents pour eux, dans un marché encore plus concurrentiel que chez nous. Les UK sont déjà en soit le troisième marché mondial, derrière les US et le Japon (et au train où vont les choses, ils ont, ou vont peut-être dépasser le Japon…), et avec cette manne supplémentaire du marché européen, de nouveaux acteurs de la distribution sont montés en puissance (play.com ou the hut ont vu leurs chiffres de vente exploser).
Le but du jeu est maintenant de se positionner en numéro 1 pour avoir la meilleur exposition maintenant, mais aussi pour le moment inévitable où la Livre reviendra à un niveau plus cohérent (dans le cas contraire les prix finiront par se réajuster d’eux-même, ce qui est déjà le cas sur plusieurs familles de produits…remember le prix de la Wii revu à la hausse).
Une seule façon d’agir, puisqu’on est dans une activité de revente, et donc sans valeur ajoutée liée au service : le volume.
Les offres et les prix canons se succèdent donc pour remporter le morceau, et ce au détriment des marges de ces distributeurs.
Les éditeurs, de leur côté, se retrouvent en face d’acteurs ayant pris un poids considérable, et doivent eux aussi rogner sur leurs marges pour garder une bonne exposition et être classés dans les charts, tous comme les grossistes (Stéphan : le système est très comparable au notre, avec un circuit éditeur-grossiste-distributeur. Autant d’intermédiaires, mais qui sont nécessaires au bon fonctionnement du système).
Pendant ce temps, les acheteurs sont gagnants…mais jusqu’à quand ?
La destruction des marges n’est que partiellement compensée par le volume des ventes, et les acteurs du jeu vidéo souffrent des faibles revenus engendrés. La liste des victimes est déjà longue, et risque de continuer de s’allonger. Par exemple Codemaster a tout de suite dégommé ses marges pour Operation Flashpoint, juste pour être dans les charts…Mais comment vivent-ils de leurs jeux ?
Mon ami me disait que pour un jeu très connu sorti il y a quelques mois, il a dégagé autant de marge en valeur absolue qu’aux UK en ayant vendu 4 fois moins de copies !
Son résultat est donc très largement supérieur à celui de ses voisins britanniques.
Pour les revendeurs, cette logique de vente en volume implique une gestion des stocks avec des stocks conséquents. Même en mettant les grossistes sous pression pour externaliser leurs stocks, ils n’ont d’autres choix que de stocker en quantité importante. Et comme tenir un stock coûte cher, les jeux à prix cassés fleurissent de partout quelques mois après leur sortie dans des opé pour les écouler.
Si nous tirons un bénéfice important de cette situation, cela ressemble malgré tout à une fuite en avant de l’autre côté de la manche, et il y aura forcément un retour de bâton. Les distributeurs font mumuse avec le troisième marché mondial, ça ne peut pas être sans conséquences sur l’industrie. Il est très probable que si la situation perdure on va assister à des morts sur le bord de la route, ou bien il sera nécessaire que les prix se réajustent.
Perso, s’il y a des morts chez les distributeurs, je m’en fout un peu, c’est eux qui gèrent leur CA et leur résultats, mais le soucis est que les morts se comptent aussi chez les développeurs et les éditeurs qui ne peuvent plus suivre…
On est tous d’accords pour dire que les jeux sont trop chers, mais d’un autre côté la dérive actuelle fait perdre du sens au prix affiché, et pousse le prix de l’étiquette à se maintenir à un niveau parfois artificiellement haut pour compenser les pertes subies sur des titres bazardés.
Pas simple, ce marché…Si c’était pas si rébarbatif pour la majorité, j’en ferais un édito détaillant de plus près les mécanismes financiers qui entrent en ligne de compte ! J’y ai déjà penser, mais pour bien tout comprendre il faut entrer dans des notions économiques un peu complexes, et je ne crois pas que j’arriverais à vulgariser tout ça sans faire chier les lecteurs !^^
Déjà là, je sens qu’il n’y a pas grand monde qui aura lu tout ça…