J’ai lu sur un site il y a quelque temps (désolé, je ne me souviens plus où… Vous verrez quand vous aurez mon âge !) que la seule chose que la next gen, qu’il serait d’ailleurs grand temps de rebaptiser « current gen », avait apporté c’était les succès.
Bien qu’il soit évident que c’est naturellement très exagéré, je dois bien avouer que ce n’est pas totalement faux non plus.
Bien entendu, nous avons le droit à de meilleurs graphismes, des animations plus fluides et plus complexes, une intelligence artificielle accrue, un jeu en ligne plus perfectionné. Mais tout cela n’est que la prolongation logique de ce qu’on connaissait avant, tout du moins sur Xbox. Un upgrade logique quand on passe à une nouvelle génération de machines.
La plus grande nouveauté serait donc l’arrivée sur Xbox 360 des succès.
Quand cela a été annoncé, ça a laissé perplexe bien des joueurs, et ça a même été raillé par la concurrence (qui depuis a copié le principe, naturellement). Et pourtant il est indéniable qu’aujourd’hui ils font partie intégrante d’un jeu.
Pourtant ça ne sert à rien en soit, un succès. A part peut-être pour frimer devant les copains en leur montrant en chiffre astronomique, témoignage indirect de vos capacités de joueur.
Pas la peine de mettre votre score sur votre CV, il y a peu de chances pour qu’un employeur soit impressionné. Ça ne vous fera pas gagner d’argent non plus. D’ailleurs, ça ne vous fera rien gagner, pas même un pin’s.
Alors comment expliquer l’étonnant sentiment de satisfaction qui nous envahit quand le petit logo accompagné de son bruit caractéristique surgit en bas de l’écran ?
C’est que les succès sont un truc de joueurs. La reconnaissance officielle que vous avez bien fait ce qu’il fallait, et pour les plus difficiles à obtenir, la reconnaissance que vous appartenez à une élite sur le jeu concerné. Si la console ne vous le dit pas, qui d’autre le fera ? Votre conjointe (ou conjoint) s’en fout, vos voisins aussi. Le succès est un témoignage, une preuve de votre habilité.
C’est pour cette raison qu’une nouvelle race de joueurs est apparue : les chasseurs de succès. Tous les moyens sont bons pour augmenter le score. Même jouer à des jeux d’un intérêt plus que relatif, à la condition qu’ils soient généreux.
Très clairement, je ne fais pas partie de ces joueurs, mais d’une certaine façon je les comprends : le gamerscore devient un objectif, un défi à relever. C’est une motivation qui en vaut bien une autre.
Dans mon cas, je confesse aujourd’hui avoir pendant longtemps méprisé les succès. Il faut dire que je n’en décrochais pas beaucoup. Ma façon de jouer, très directe, sans trop me soucier des bonus divers et variés, des babioles à débloquer, des objets à trouver ou des niveaux de difficulté « ultra-hard » ne s’y prêtait pas.
Et puis le temps a fait son œuvre.
En tant que joueur invétéré, j’ai fini par me laisser prendre au plaisir de voir surgir le succès sur l’écran.
Ça n’a pas fondamentalement changé ma façon de jouer dans 70% des cas, mais restent les autres 30%. Quand le jeu m’intéresse, tant que je continue à m’amuser avec, les succès font office d’objectif pour me pousser à les explorer au maximum. Sans les succès il est probable que plusieurs de mes jeux seraient retournés sur mon étagère beaucoup plus vite.
D’autres titres ont ainsi été sauvés, les succès m’ayant poussé à passer outre leurs défauts.
Je ne suis pas un chasseur de points (mon gamerscore peut en témoigner !), je ne vais pas me forcer à jouer juste pour ça, et si je le voulais vraiment, je reprendrais tous mes jeux pour terminer « le petit quelque chose » qui me manque pour glaner quelques points de plus.
En outre, il m’arrive même souvent d’effectuer mes tests de jeux sur un autre profile que le mien, ce qui fait que je ne peux même pas profiter de ce que je débloque.
Avec un effort supplémentaire mon score serait sans doute bien meilleur, démonstration que la transformation est encore loin en ce qui me concerne. Mais la mutation, même légère, est bien là.
Maintenant je consulte la liste des succès d’un jeu avant de jouer et je décide, si je les trouve potentiellement amusants, de chercher à les gagner. Comme une sorte de jeu dans le jeu.
On ne se refait pas. Joueur je suis, joueur je reste : je ne peux donc qu’approuver.
Et si demain, sur une autre console, il n’y avait pas de succès, très honnêtement, ça m’ennuierait.