Je ne sais pas si c'est l'âge (merci de ne pas dire que ça doit sans doute être ça), mais bien que je pratique assidûment les jeux vidéo depuis maintenant 28 ans, je me sens de plus en plus proche des nouveaux joueurs qui découvrent notre loisir favori actuellement.
Cela vient sans doute du fait que je fréquente un peu trop les sites et forums spécialisés. L'attitude blasée des spécialistes m'agace de plus en plus.
Après tout, on parle d'un loisir, pas d'un truc obligatoire : à quoi sert de critiquer à tout prix, alors qu'il suffit de passer son chemin ?
A l'inverse, avec cette période de Noël et de consoles trouvées au bas du sapin, il y a quelque chose de rassurant à voir l'enthousiasme des nouveaux joueurs. Les gamins sont comme des dingues en découvrant Kinect, et le reste de la famille (à commencer par les papas) n'est pas loin d'avoir la même attitude. Encore mieux, une fois la console installée, ils découvrent également ce que propose la machine en jeux "traditionnels".
Ils se foutent des quelques bugs de leurs nouveaux jeux, de l'aliasing, de graphismes qui ne sont pas au niveau d'un PC de guerre.
Ils téléchargent des démos, essaient, et classifient les jeux de façon bien plus directe : il y a ceux avec lesquels ils s'amusent, et ceux avec lesquels ils s'amusent moins.
Beaucoup moins attachés à la technique que les joueurs acharnés, c'est l'esthétisme, la mise en scène, l'ambiance qui font la différence.
Ça ne veut pas dire que ce sont des gogos : s'ils ont choisi une Xbox et Kinect plutôt qu'une Wii, c'est qu'ils attendent tout de même d'en prendre un minimum dans les mirettes. Ça tombe bien, la Xbox (et c'est la même chose pour la PS3) est une machine maîtrisée, et n'importe quel jeu qui sort aujourd'hui a au minimum une réalisation "propre".
Pour eux, il n'y a pas de nivellement entre les différentes catégories de jeux, juste des jeux qui correspondent plus au papa (qui découvre Skyrim et la fin des nuits de sommeil, ou bien Forza qui va l'hypnotiser), à la maman (qui trouve son bonheur avec les jeux au gameplay direct du XLA), aux enfants, de l'ado au petit dernier, et enfin pour tout le monde avec Kinect.
La ludothèque de Kinect, presque uniquement dirigée vers des jeux faits pour occuper les soirées en famille ou entre amis n'est pas un problème, au contraire. C'est fait pour ça, et ça remplit très bien sa mission. Ils ignorent le mépris de ce périphérique que se doit d'afficher tout bon gamer, et pour peu que le grand de la famille l'exprime, il sera juste invité à ne pas y jouer et à garder sa mauvaise humeur pour lui.
La variété des jeux disponibles permet à n'importe qui de trouver son compte et de s'amuser. Plutôt que de chercher ce qui manque dans un jeu, ils s'en foutent, ils voient ce qui leur fait envie, ce qui les amuse.
Ils ignorent qu'ils sont considérés par l'intelligentsia des jeux vidéo comme des newbies, des casuals, des joueurs de seconde zone. Ils ne chercheront pas à argumenter là-dessus, même si très vite ils s'intéressent à des jeux sur lesquels les bons vieux gamers ont jeté leur dévolu. Ils s'en foutent, ils jouent. A tout, et sans s'intéresser à ce qu'en diront les autres.
Cet œil neuf, naïf, n'a pas moins de valeur que celui du gamer. Ce public détruit les jeux vidéo ? Sérieusement, quelle blague ! Si les jeux vidéos sont un si gros marché, avec tant de moyens, c'est parce que ce public existe ! Et ce public consomme tous les types de jeux, pas seulement ceux qui ne sont pas pour "ces rigolos de casuals". Dans mon entourage, Kinect se taille la part du Lion, mais Skyrim et Forza sont aussi là, avec un Gears of War qui va forcément s’inviter à un moment donné.
C'est ce que j'aime chez eux, et c'est pour ça que je m'en sens proche. Ce qu'ils veulent, de façon extrêmement simple, c'est du plaisir, une recherche hédoniste pour toute la famille, sans occulter chaque individu. Rien de contradictoire là-dedans, ils ont juste compris ce que trop n'arrivent pas à envisager, enfermés dans une tournure d'esprit qui ne fait que prouver que le gamer n'est en fin de compte qu'un réactionnaire qui s’ignore.
Parce que je m'amuse avec Kinect, parfois on veut me titiller en me traitant de casual.
Et bien ça me va tout à fait, car c'est à ces gens là que je ressemble. Je m'amuse autant à faire le couillon devant Kinect avec des amis ou avec mes enfants qu'en tronçonnant mes ennemis dans Gears. J'aime me perdre dans l'univers de Skyrim, et j'aime aussi regarder la petite bille que j'ai lancée rebondir partout dans Peggle. Je suis un joueur de seconde zone ? Peut-être, mais alors avec une culture vidéoludique bien supérieure à la majorité de ceux qui me regardent de haut à cause de mes choix de jeux.
Party game pour des soirées endiablées ou bien jeu solo pour l’immersion et l’expérience personnelle ? Jeu au gameplay simplifié pour qu’on oublie les interfaces, ou bien jeu complexe dans lequel on maîtrise tous les aspects ?
Il ne devrait y avoir qu'une seule valeur quand il est question de jeux vidéo : le plaisir éprouvé. Je ne vois pas en quoi on peut mettre en opposition deux plaisirs, ou pourquoi il y en aurait un mieux que l'autre.
C'est ce comportement qu'ont les nouveaux joueurs, et je revendique donc pour cette année 2012 le titre de plus vieux nouveau joueur de France !