Test - Prince of Persia The Lost Crown - Ubisoft maîtrise son sujet

«Le temps comme fil conducteur» , - 10 réaction(s)

La licence Prince of Persia fait vibrer le cœur des joueurs depuis plusieurs décennies et l’intérêt porté au remake annoncé des Sables du Temps confirme cet attachement. Même si Ubisoft n’est pas à l’initiative de la saga, les cinq épisodes majeurs produits après l’acquisition des droits en 2001 ont largement contribué au succès des aventures du Prince de Perse. N’oublions pas non plus que le premier opus d’Assassin’s Creed n’en était, à l’origine de son développement, qu’un spin-off avant de devenir ce que nous connaissons.

The Lost Crown se démarque de ses aînés puisqu’il n’est ici question ni de parkour ni de 3D. À l’instar d’Assassin’s Creed Mirage, Prince of Persia effectue lui aussi un retour aux sources avec un titre en 2D qui n’est pas sans rappeler le tout premier jeu sorti en 1989. Après une preview plutôt prometteuse sur la qualité du travail des équipes montpelliéraines d’Ubisoft, reste à savoir si cette bonne première impression tient sur la longueur.

La Perse a perdu son prince

Le royaume de Perse est en proie aux dangers et nombre de batailles n’auraient pu être remportées sans la protection des sept soldats d’élite nommés les Immortels. Au terme d’un affrontement plus rude qu’à l’accoutumée, Sargon, notre personnage principal, rejoint le palais de la famille royale en compagnie de ses frères et sœurs d’armes. Alors que nous goûtions à peine au repos du guerrier, la reine Thomyris nous fait quérir. Le prince Ghassam a été enlevé et nous sommes les seuls à pouvoir l’extirper des mains de ses ravisseurs.

Cette traque nous mène au mont Qaf et à sa cité antique. Cette terre mystérieuse est le berceau de Simurgh, dieu du temps et de la connaissance ayant disparu il y a trente ans dans des circonstances troublantes. En découvrant, à leur arrivée, les corps putréfiés des kidnappeurs qu’ils talonnaient, les Immortels comprennent que plusieurs strates temporelles s’entremêlent et que l’accomplissement de leur mission sera plus complexe que prévu. Pour faciliter les recherches dans cet immense territoire, chaque guerrier prend une direction différente et notre héros, armé de ses deux lames et d’un arc ramassé en début d’aventure, se retrouve dès lors seul pour mener à bien son exploration.

Une mécanique bien rodée

Bien que le tout premier titre de la licence soit contemporain de Metroid et de Castelvania, il était bien trop tôt pour parler de metroidvania. Trente-cinq ans plus tard, ce qualificatif est une évidence pour l’épisode The Lost Crown. C’est donc sans surprise qu’il en reprend les mécaniques bien huilées, tout d’abord bien entendu par la construction des neuf zones de jeu qui nécessitent d’acquérir de nouvelles compétences avant de pouvoir en atteindre certaines, mais également par les inévitables allers-retours propres au genre.

Même si nous retrouvons classiquement la projection vers l’avant (le dash), ainsi que le double saut, d’autres actions sont plutôt originales, comme la possibilité de laisser une empreinte temporelle pour s’y téléporter une fois un obstacle mobile infranchissable passé au-delà de cette position. Au total, six capacités viennent étoffer notre panel de déplacements, mais pas que. En effet, lors des divers combats, ces nouveaux pouvoirs complètent les mécaniques déjà bien fournies.

Que ce soit pour les joutes récurrentes sur notre chemin ou pour les affrontements avec les boss, il faudra maîtriser nombre de techniques si l’on veut progresser dans la quête principale. Entre les combos simples, complexes, aériens et la possibilité de les enchaîner, Sargon dispose de grandes aptitudes guerrières. À cela s’ajoute l’inclusion de nos facultés de déplacement pendant le combat. Croiser un adversaire muni d’un large bouclier pourra donner lieu par exemple à une téléportation dans son dos une fois que celui-ci a dépassé notre empreinte temporelle. Ce n’est certes pas très fair-play d’attaquer un ennemi par-derrière, mais c’est bougrement efficace.

Les développeurs auraient pu s’arrêter là dans la proposition de gameplay, mais il n’en est rien. Outre les possibilités évoquées, notre personnage peut acquérir des pouvoirs magiques, soit au gré de l’aventure, soit à l’issue d’un affrontement particulier. Ceux-ci sont répartis en trois niveaux en fonction de leur besoin en énergie Athra . Chaque ennemi qui passe de vie à trépas libère, en plus d’une poignée de cristaux, un peu de cette magie qui se cumule dans notre jauge. Une fois la bonne quantité atteinte, nous pouvons avoir recours à nos attaques spéciales. Le titre propose dix actions magiques en tout, mais seulement deux peuvent être équipées à la fois. Il faut donc scrupuleusement les sélectionner en fonction de leur gourmandise et de leur effet.

Puisque lorsqu’on aime on ne compte pas, des amulettes complètent notre paquetage. Chacune offre un avantage en jeu comme l’augmentation des dégâts infligés ou la réduction de ceux subis, mais bien d’autres encore que nous vous laissons découvrir. Là aussi, il convient de faire un choix judicieux, car chaque breloque nécessite un nombre d’emplacements qui, même s’il est possible au cours de l’aventure de l’élargir un peu, reste limité et ne permet pas de se cosplayer en Mr.T.

Cette richesse de gameplay peut paraître difficile à digérer, mais tout est tellement bien amené qu’on intègre petit à petit chaque information et c’est plaisant de devenir progressivement un guerrier presque invincible. Nous avons pris un réel plaisir dans les combats qui ne sont pas de simples obstacles sur un cheminement tout tracé, mais qu’il faut vraiment considérer comme des affrontements demandant la mise en pratique de nos acquis pour ne pas trépasser trop souvent. Et même si certaines phases de plateformes se montrent très exigeantes, la possibilité d’avoir recours à un portail pour franchir automatiquement ceux liés à la quête principale limite grandement le risque de frustration des joueurs les moins aguerris.

S’il fallait encore convaincre les moins habitués du genre, Ubisoft a intégré quatre niveaux de difficulté classiques ainsi qu’un cinquième entièrement personnalisable permettant de peaufiner au mieux les différents curseurs, mais également les assistances de jeu. Ce souhait de rendre très accessible le titre à ce qui voudrait découvrir la licence est un effort qui mérite d’être souligné.

Un vent de light-RPG souffle sur la Perse

Prince of Persia The Lost Crown intègre également quelques mécaniques propres aux RPG. Comme nous l’évoquions plus haut, les ennemis vaincus laissent échapper une poignée de cristaux qui n’est autre que la monnaie principale du jeu. La découverte de coffres, plus ou moins dissimulés, permet aussi de faire gonfler notre bourse. Ces gemmes sont indispensables pour commercer avec les marchands détenant nombre d’amulettes qui pourraient s’avérer fort utiles pour faciliter notre progression.

En plus de ce type d’articles communs, la mage propose des améliorations de potion de vie, la forgeronne peut upgrader nos armes (arc ou épée), mais également les avantages de nos breloques. Enfin pour ne pas se perdre, Fariba nous vend des portions de plan ou des indices sur le prochain objectif de quête. Là encore, le joueur peut paramétrer son expérience, car un mode guidé peut être activé afin d’être pris par la main pour ne pas s’égarer. Il est également possible de photographier un point particulier et, depuis la carte, d’y revenir pour consulter les prises de vue enregistrées. Un ajout bien utile pour se remémorer l’emplacement d’un lieu clé plusieurs heures après notre passage. Chacun peut vivre son aventure comme il le souhaite et ça c’est vraiment plaisant.

Enfin, sur notre route nous croisons régulièrement des arbres singuliers qui permettent de sauvegarder notre progression, mais aussi de modifier notre arsenal de pouvoirs magiques ou nos amulettes. Ces points de passage rechargent également notre jauge de santé, notre besace de potions de vie ainsi que notre carquois. De notre point de vue, leur nombre et leurs emplacements sont idéalement choisis pour que la difficulté reste parfaitement dosée. Des points de téléportations complètent efficacement la proposition pour ne pas lasser les réfractaires aux allers-retours inévitables.

Un savoir-faire maîtrisé malgré tout

Lors de sa toute première présentation, Prince of Persia The Lost Crown a inquiété certains joueurs qui n’adhéraient pas à la bande-son, bien trop contemporaine selon eux pour être immersive. Qu’ils se rassurent, ils ont été entendus, peut-être un peu trop d’ailleurs. En effet, bien que les différents thèmes musicaux soient bien orchestrés et en phase avec l’époque et la géographie du jeu, l’OST manque de peps et nous n’avons pas retrouvé la même énergie que sur les précédents épisodes produits par Ubisoft. À tel point qu’il nous est parfois arrivé d’occulter complètement ce fond sonore.

Hormis cette petite faiblesse toute relative, la direction artistique est une merveille. Ce n’est pas la première fois qu’un opus se pare de cell-shading, mais sa maîtrise offre ici un rendu fort agréable à l’œil. Bien entendu, le niveau graphique ne poussera pas notre console dans ses retranchements, mais aucun bug ne vient gâcher le plaisir et c’est bien ça l’important pour ce type de jeu.

Les environnements sont vraiment variés et, malgré la progression en 2D, le premier plan et l’horizon sont suffisamment travaillés pour donner une véritable profondeur au décor. Le bestiaire compte pas moins de 65 adversaires réellement différents qui ont leurs propres esthétique et capacité. La construction des zones et des biomes est, elle aussi, bien pensée, ce qui est essentiel dans un metroidvania me direz-vous. Bref vous l’avez compris, Ubisoft maîtrise parfaitement son sujet.

On note toutefois que les développeurs auraient pu faire un plus gros effort sur les phases de dialogues et les cinématiques. Il est concevable que l’existence d’une version Nintendo Switch engendre des contraintes techniques, mais n’oublions pas qu’Immortals Fenyx Rising proposait tout de même des scènes de transitions plus travaillées.

En plus des quêtes principales, neuf missions secondaires viennent compléter l’aventure. Cela peut paraître peu, mais cela permet d’offrir des objectifs uniques sans avoir l’impression de faire la même chose avec un autre “emballage”. Les complétistes ne sont pas en reste non plus puisque la chasse aux nombreux collectibles prolonge la durée de vie du titre. Pour une fois, Ubisoft n’est pas tombé dans le remplissage excessif et, malgré leur abondance, leur traque n’est pas rébarbative. Il nous a fallu 12h pour arriver au terme de l’aventure principale et un peu plus de 20h pour découvrir une bonne partie des artefacts et accomplir les quêtes secondaires. Un joueur moins assidu peut facilement atteindre les 30h de durée de vie pour toucher du doigt les 100%.

Prince of Persia The Lost Crown sera disponible le 18 janvier sur Xbox one, Xbox Series X|S, PlayStation 4, PlayStation 5, PC, Nintendo Switch et Luna. Les heureux possesseurs de l’édition deluxe pourront, quant à eux, se lancer dans l’aventure dès le 15 janvier grâce à l’early access. La version de test mise à notre disposition comprend le patch day one qui, en plus de corriger quelques bugs et d’équilibrer les combats, ajoute le mode 4K 120fps à la Xbox Series X. Nous conseillons donc fortement aux amoureux du physique de télécharger ce patch afin de profiter au mieux de leur expérience.

Testé sur Xbox Series X|S. (Optimisé)

Bilan

On a aimé :
  • Une réalisation technique sans faille
  • Un gameplay ultra généreux
  • Une accessibilité placée au coeur de la proposition
On n’a pas aimé :
  • Une bande son trop en retrait
  • Des scènes de transition et des phases de dialogues qui manquent de travail
Le Perse est poli

Pour les 35 ans de la licence, les équipes d’Ubisoft Montpellier rendent hommage à la légende du Prince de Perse de très belle manière. Ce metroidvania en 2D offre un gameplay tellement riche qu’on pourrait presque se risquer à dire qu’Ori a rencontré Kratos. Les phases de plateformes sont totalement maîtrisées et les combats disposent d’un éventail de possibilités qui ferait rougir certains beat them all. Même si les scènes de dialogue et la bande-son ne marqueront pas les esprits, Prince of Persia The Lost Crown est l’épisode parfait pour patienter jusqu’à la sortie du remake des Sables du temps. Nous n’en attendions pas moins du studio ayant à son tableau de chasse Rayman et Beyond Good and Evil.

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Prince of Persia : The Lost Crown

Genre : Aventure/Plates-Formes

Editeur : Ubisoft

Développeur : Ubisoft

Date de sortie : 18/01/2024

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 5, PlayStation 4, PC Windows, Nintendo Switch, Autre support

10 reactions

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Gwenc’hlan

11 jan 2024 @ 18:26

J’admets ne pas avoir tout lu pour me garder quelques surprises, mais malgré le fait que le jeu ne m’attirais pas plus que ça à la base (n’ayant fait que le premier Prince of Persia à l’époque, dans la version avec plusieurs disquettes chez quelqu’un qui l’avait donc y’a vraiiiment longtemps), ce que j’ai lu attire ma curiosité !

D’un premier abord, le côté light-RPG qui revient encore et toujours sur une licence Ubisoft avec une monnaie in-game m’a fait souffler du nez tant ils ne verront pas un denier en paiement de ma part (avec leur historique, ça ne s’appelle plus des « micros »-transactions), mais le fait que la musique ait été revue peu bien me plaire et me faire plonger dans l’univers du j

eu. On peut dire ce que l’on veut, mais Ubi s’est généralement pas mal adapté en terme de musique à l’époque et au lieu (notamment avec les différents AC) et là où il faut certains thèmes marquants, je trouve bien aussi que certaines musiques se laissent écouter au point qu’’on ait pas l’impression qu’elles soient là. C’est une marque qu’elles fonctionnent car si elles n’étaient pas là ou si elles étaient dissonantes, ça se remarquerait de suite. Et s’il y avait trop de musiques marquantes, on se perdrait presque plus facilement dans la musique que dans le jeu en lui même. Du coup, j’ai envie de penser qu’il y a potentiellement un bon compositeur derrière (j’en ai pas entendu une seule seconde mais je fais un peu de musique aussi).
À côté de ça, je sais que si je joue à Oblivion par exemple, je vais prendre beaucoup de temps à me perdre dans les musiques tant je les adore, en dépit du jeu en lui même.

En tout cas, Ubisoft s’expatrie mais quand ça va mal, ce sont ses racines qui ressortent ! En témoigne le dernier AC fait par Ubisoft Bordeaux (si je ne me trompe pas) et ce Prince of Persia fait par Montepellier. Ça fait plaisir pour ces studios et j’espère qu’ils rencontreront un franc succès !

keysersoze11

11 jan 2024 @ 19:10

@Gwenc’hlan

Vous auriez pu tout lire sans crainte puisqu’on respecte les lecteurs en évitant les spoils. ;-)

Si vous souhaitez vous préserver aussi des mécaniques de gameplay c’est effectivement plus compliqué, mais il reste encore quelques surprises à découvrir.

Il n’y a pas, du moins à date, de microtransaction rassurez vous.

Je partage votre cocorico sur les dernières belles productions d’Ubisoft

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Gwenc’hlan

11 jan 2024 @ 19:23

@keysersoze11 : Oui je sais bien que la rédac’ s’efforce de bien rédiger pour éviter tout spoils, c’est une habitude que j’ai pris pour garder la découverte de mécaniques ou de suspens où on se dit « c’est presque la fin, quel jeu » et en fait non (le dernier à m’avoir fait ça était The Last of Us 2, malgré que le gros spoil du presque début avait déjà été partagé partout...), et même si sur internet c’est un peu compliqué, c’est toujours grisant de découvrir des bêtes choses par soi même !

En tout cas je suis ravi de lire qu’il n’y a pas (encore) de micro-transactions. J’espère qu’ils ne feront pas une Gran Turismo, à rajouter la boutique après les tests des webzines spécialisés, mais s’il n’y a pas de boutique en ligne, le jeu commence à me dire que les 50 euros seraient bien investis... C’est tout bête, mais aujourd’hui on s’attend tellement a subir ces boutiques in-game que c’en devient presque un argument commercial de ne pas en avoir (rien que pour Baldur’s Gate 3, Larian s’est répété à plusieurs reprises pour dire qu’eux ne faisaient pas micro-transactions).

En tout cas, grâce à vous (et l’autre news annonçant sa disponibilité) la démo est en cours de téléchargement, héhé

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ODSTx007

11 jan 2024 @ 19:24

Il a l’air plutôt cool dans l’ensemble... mais c’est trop demandé de jouer un Perse dans un jeu qui s’appelle ’Prince of Persia’ ? J’ai pas envie de contrôler un perso qui ressemble à un rappeur...

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Talion

11 jan 2024 @ 20:49

Le design est bien cool du perso je trouve, le gameplay donne bien envie

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Thom B.

11 jan 2024 @ 21:47

Le gameplay est sympa ! Peut être un jour, même si j’ai eu ma dose de metroidvania 😕

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like an animal

12 jan 2024 @ 07:34

Que de souvenirs que mon premier Prince of Persia à l’époque sur Game boy :-)) celui-ci me tentera plus tard avec une arrivée dans le Game Pass. Le jeu a l’air vraiment sympa et fait plutôt l’unanimité.

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Wingedhussar

12 jan 2024 @ 08:20

Le prince ressemble quand meme à un gros kéké serieux, le design d’avant etait quand meme plus sobre et en phase avec l’epoque du jeu, la ils lui ont meme mis des bagues dans les cheveux mdr, non serieux c’est ridicule. Faut vraiment qu’Ubisoft embauchent de vrais chara designers.

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Whevil

12 jan 2024 @ 20:51

La DA (surtout le charadesign) est catastrophique je trouve. L’OST n’est pas toujours des mieux inspirées non plus. Heureusement, le gameplay est bon.

Manuto

14 jan 2024 @ 16:33

Ce test donne envie de me le faire. La démo encore plus :)
J’aime beaucoup la DA qui est proposée, elle a un coté magique

Faut que je me le case a un moment dans l’année