Test - Krampus Kills - Sharknado en jeu vidéo

«Vilain, vilain garçon !» , - 0 réaction(s)

Krampus Kills est un jeu de tir à la première personne, arguant d’être à mi-chemin d’un célèbre film : Maman j’ai raté l’avion et d’un jeu non moins populaire et qui a carrément donné son nom au genre des Doom-like. Étonné de cette promesse, nous nous rendons sur la page de DangerousBob Studio LLC afin d’en découvrir plus sur le développeur et éditeur d’une telle œuvre et le moins que l’on puisse dire, c’est que notre curiosité s’en retrouve attisée. Aucune info n’existe sur les créateurs si ce n’est un lien discord ainsi qu’une adresse mail pour les contacter. En nous penchant sur les autres titres du studio, nous commençons à nous poser des questions sur le sérieux de la proposition. L’un se vante d’être un mélange de Castlevania et Resident Evil, tandis qu’un autre se veut être un croisement de Jurassic Park et Half Life.

Alors, pari réussi ou imitation grossière ?

On s’était dit rendez-vous à 10 ans

Pour poser le contexte, il faut se pencher sur le mythe de Krampus. Ce personnage folklorique mi-chèvre, mi-démon se présente comme la seconde face d’une même pièce partagée avec le Père Noël, ayant pour mission de punir les enfants méchants au soir de la fête éponyme. Une chose est sûre, dès le lancement, nous sommes bien en période de Noël. Que ce soit sa musique thématique de la saison quelque peu angoissante ou l’image réconfortante du feu de cheminée, tous les stéréotypes de cette fête sont présents afin de nous mettre dans l’ambiance. Nous n’oublions pas le plaid en laine irritant posé sur le canapé, les bonhommes de neige bien trop nombreux dans le jardin, le sapin décoré de mille feux et les nombreux sucres d’orge disséminés ici et là lors de l’introduction qui nous est imposée avant d’arriver à l’écran titre.

Les points d’intérêts dénotent avec l’ambiance

Ce dernier s’affiche en anglais, ce qui nous pousse à fouiller les menus afin d’en changer la langue, en vain car aucune traduction n’est disponible. Bon, ce mauvais point n’est dans les faits que peu gênant, le jeu ne contenant aucun dialogue mis à part quelques lignes d’insultes balancées, par simple pression sur la touche LB, accompagnées d’un superbe doigt d’honneur. Outre cela, les options ne sont pas légion : réglage de la luminosité, agrandissement du champ de vision, inversion de la caméra, réglage de la sensibilité et pour finir gestion du son, bref le strict minimum, niveau accessibilité c’est donc le néant.

Assez tergiversé, nous lançons l’histoire en mode normal avec en tête la promesse de tendre des pièges au fameux Krampus, tel Kevin McCallister dans l’excellent film de Chris Columbus.

Et c’est sans transition que nous sommes plongés dans le salon richement décoré pour l’occasion des fêtes de fin d’année. Cette zone extrêmement restreinte nous permet d’expérimenter les capacités de notre personnage. Sauter, courir, se baisser, se soigner ou ramasser des objets qui sont pour la plupart indiqués par une grande flèche verte du plus mauvais effet ! Rien de bien exotique avant la quasi fin du jeu où l’on peut débloquer un double saut à l’utilité restreinte et que l’on conserve d’une partie à l’autre et dans les différents modes de jeu.

Dès nos premiers pas, nous sommes perturbés par la grandeur des objets qui nous entourent, tout nous paraît disproportionné et la caméra nous semble très proche du sol. Bienvenue dans la peau de Finley, jeune garçon de 10 ans. Jeune oui, mais surtout méchant. Et ça, nous l’apprenons bien rapidement, que ce soit par la possibilité de faire des doigts d’honneur ou par la lettre que nous trouvons plus tard dans la chambre de notre sœur invoquant par trois fois le nom de Krampus afin de nous punir !

Fait pas la gueule t’es un monstre

Réveillé au milieu de la nuit par un bruit de pas lourds sur le toit de notre maison, nous trouvons rapidement une lampe torche permettant de nous éclairer dans la noirceur de notre logis. Pensant se douter de ce qui allait nous arriver, nous cherchons des objets permettant de tendre des pièges à Krampus mais nous ne trouvons finalement rien d’utile, mis à part une boule à neige qui s’avère être un premier collectible débloquant un succès et des cheats lorsqu’on en rassemble dix durant la partie, ainsi qu’un taser qui stoppera quelques secondes l’ennemi, nous laissant le loisir de nous échapper.

Les points de sauvegarde sont nombreux

En réalité, la maison sert de tutoriel nous apprenant que marcher sur certains objets attire le démon et que la seule façon de lui échapper est de se cacher dans un placard. Le très petit niveau se termine en dix minutes et consiste simplement à tourner en rond autour de la cuisine, poursuivi par notre nemesis, tout en cherchant la clef qui nous permet d’ouvrir la cave. Cela étant fait nous récupérons le fusil à canon scié s’y trouvant et sortons par un tuyau d’évacuation menant dans la rue et… euh wait… what ?

Une nuit en enfer

C’est donc en extérieur, dans une grande rue recouverte de neige au level design inexistant et armé de notre tout nouveau fusil à pompe, apparemment adapté à un gosse de dix ans et du taser trouvé dans la chambre de notre sœur que nous continuons notre chemin et marchons sans prêter attention sur une plaque d’égout qui nous fait immédiatement changer de niveau, nous propulsant ainsi dans le système d’évacuation des déchets de la ville.

Au bout de quelques pas, nous trouvons pléthore de munitions et d’objets de soin, l’occasion de découvrir la gestion de l’inventaire qui s’avère être l’adversaire le plus terrifiant du jeu. S’il s’ouvre en appuyant sur la flèche haute du BMD, ces touches sont inutilisables pour y naviguer, nous obligeant à repasser par le joystick, ce qui rend la navigation peu fluide. Mais ça ne s’arrête pas là. Les développeurs ont eu l’idée d’ajouter un système de combinaison d’objets, similaire à celui de Resident Evil, mais qui consiste uniquement à assembler nos munitions pour qu’elles prennent moins de place dans notre inventaire à la taille très limité, là où il aurait été logique que chaque catégorie d’items se regroupe automatiquement, fluidifiant ainsi le ramassage d’objets.

Le titre se dit inspiré par Id Software mais emprunte des éléments d’autres jeux sans même les adapter un tant soit peu, ralentissant ainsi la dynamique propre aux Doom-like. Et ce n’est malheureusement pas le seul écueil sur lequel le jeu de DangerousBob Studio LLC s’échoue.

La map consultable à n’importe quel moment est proprement illisible et nous donne seulement une vague idée de la direction à suivre. La seule exception est fort ironiquement le labyrinthe, où la sobriété du niveau nous permet d’avoir une vue claire et précise de l’emplacement des objectifs, ruinant ainsi tout ce qui fait l’intérêt d’un tel lieu.

La carte est imbuvable

Bref, ralentis dans notre progression par cette découverte, nous prenons le temps de sauvegarder grâce aux livres disséminés régulièrement dans les niveaux et nous reprenons la route. Mais pas pour longtemps. Nous sommes de nouveau interrompus par une cinématique qui est en réalité un enregistrement de gameplay faisant office du tutoriel et cela afin de nous éclairer sur les combats qui consistent à tirer sur les ennemis ou sur des barils explosifs. La vidéo se termine et nous vivons frame par frame ce que nous venons de voir.

Après un soupir désespéré et le regret d’avoir dépensé les 14.99€ demandés, nous faisons le point sur les ressemblances avec Doom : on a un fusil à pompe et on tue des vagues d’ennemis copiés-collés, courant en ligne droite, sur des sons de guitare électrique. Ah ! Et on trouve de temps en temps un passage “secret”. On en vient à se demander si les créateurs ont simplement pris des idées à droite à gauche et les ont assemblées sans réfléchir, si nous sommes face à un hommage sincère mais raté ou bien si c’est un véritable nanar voulu et assumé.

Au moment où nous écrivons ces lignes, nous sommes perplexes, sachant pertinemment que le jeu n’est pas bon et pétri de bugs, par exemple : aller dans l’inventaire en étant sur une plate-forme en mouvement laisse notre personnage sur place, nous faisant tomber dans le vide en sortant du menu. Il nous est même arrivé, pendant un enregistrement de gameplay, de marcher sur le cadavre d’un ennemi, ce qui a entraîné l’expulsion de notre personnage dans la lave. Moins grave, il nous est parfois demandé d’appuyer sur des touches de clavier alors que nous jouons sur Xbox. De plus, nous devons, à chaque lancement du jeu, modifier l’inversion de la caméra.

Je voudrais un bonhomme de neige !

Comme si cela ne suffisait pas, il s’avère que la jouabilité se veut par moment désagréable. Comme si elle était pensée pour nous faire mourir plus souvent que de raison. En cause, le bouton pour changer de mode de tir est le même que pour tourner la caméra à 180 degrés, nous plaçant donc régulièrement dos à nos ennemis, entraînant ainsi notre trépas ; d’autant plus frustrant lorsque nous mourrons après une cinématique d’introduction d’un monstre, impossible à passer, nous faisant ainsi pester de voir encore et encore les mêmes images et ralentissant une fois de plus artificiellement notre progression.

Et c’est bien cela qui nous rend perplexe. Malgré tous ses défauts et tant d’autres que nous allons aborder dans la partie technique, le jeu a un goût de reviens-y qui ne nous lâche pas.

T’as déjà vu un accident dans un tunnel ?

C’est donc en continuant l’histoire, mais cette fois en l’abordant sous un autre angle, celui du plaisir coupable et en pleine connaissance de cause que nous découvrons la suite. Les niveaux s’enchaînent rapidement et sont peu nombreux. C’est ainsi qu’au sortir des égouts nous allons nous diriger soit vers le cimetière de la ville soit vers son hôpital. Le gameplay de chacun de ces lieux est très différent. Le cimetière reprend les bases établies de la discrétion mais rate complètement son effet tant il est plus efficace de foncer comme un dératé en tirant de tous les côtés. L’hôpital quant à lui est le meilleur niveau du jeu, que ce soit graphiquement ou par son ambiance.

La durée de vie est donc artificiellement gonflée en nous obligeant à choisir entre deux chemins car pour profiter de la totalité de ce qu’il propose, nous allons devoir refaire le jeu dans sa totalité. Et c’est la même chose pour accéder à la fin secrète accompagnée de son boss. Il faudra le recommencer et le finir en difficulté « Nightmare » qui va en réalité simplement consister à faire apparaître plus d’ennemis que dans les autres modes.

La plus belle vu du jeu

Graphiquement, comme évoqué plus haut, le level design consiste en une suite de couloirs pour la plupart vides et ce n’est pas la possibilité qui nous est donnée d’observer sous tous les angles les divers objets et armes trouvés qui va changer la donne. En effet, cela donne droit à une bonne grosse bouillie de pixels.

Même chose pour la partie sonore, hormis durant les combats, il n’y a aucune musique et les bruitages sont tout bonnement insupportables. Les ennemis n’ont qu’un seul bruit par catégorie et lorsqu’une horde de gobelins nous fonce dessus avec un cri répété en boucle, nous n’avons qu’une envie, celle de couper le son. Se déplacer dans l’eau ou sur la neige a le même effet sur nos oreilles.

Pour finir, le jeu ne propose qu’un contenu très limité. Les quatre armes en plus du fusil à canon scié sont quasiment toutes secrètes et l’on a fini notre première partie avec seulement notre pétoire de base. Le titre n’offre rien de plus que trois minions et quatre boss différents. Heureusement que le jeu nous présente dans sa description une IA à l’architecture complexe… Allumer un piège de flammes et attendre que les ennemis foncent dedans à la queuleuleu ne nous paraît pas si difficile, mais ok.

Une fois l’histoire terminée, deux autres modes de jeu sont disponibles et complètement anecdotiques : un mode survie où, comme son nom l’indique, il faut survivre le plus longtemps possible sans récompense à la clé hormis un succès si l’on tient plus de quinze minutes et un mode “hide and seek”, cache-cache en français qui va reprendre la base d’un Slenderman, à la différence qu’il faudra détruire trois horloges. De plus, bye bye les frissons et la difficulté de son équivalent car quand Krampus apparaît et disparaît, un message d’alerte nous l’indique suffisamment en avance pour qu’on se cache dans l’un des nombreux buissons présents. La patience suffit donc à sortir victorieux, nous octroyant également un simple succès.

Voici donc la liste enfants méchants

Soyons totalement transparents dans ce qui nous dérange concernant Krampus Kills. Nous avons la nette sensation que les créateurs sont au courant des nombreux défauts du titre mais essaient vainement de les cacher. Dans la description, ils n’hésitent pas à vendre leurs différents modes de jeu en avouant à demi-mot que l’unique but est de débloquer ces fameux succès. Tout comme ils nous expliquent eux mêmes qu’en mode “Nightmare”, une fin pas si secrète existe comme pour nous pousser à recommencer le jeu une fois cette difficulté déverrouillée. Et malgré tout, nous ressentons du plaisir à jouer, tout n’est pas à jeter surtout si on le considère comme un défouloir.

Sauf qu’on assiste à un grand écart à la Van Damme avec des séquences de gameplay se voulant “effrayantes” et la minute d’après, on canarde à tout va ! De plus, la description du titre proposé dans le store met en avant la facilité avec laquelle nous pouvons compléter les succès, comme s’il s’agissait d’un argument de vente légitimant le jeu et c’est bien cela que nous avons le plus de mal à digérer. Tout est fait pour induire les joueurs en erreur. Le jeu se présente comme étant un jeu d’horreur intense, complexe et recherché, plutôt que d’assumer son côté nanar, fun et débile, ce qu’il fait finalement de mieux.

Testé sur Xbox Series X.

Bilan

On a aimé :
  • L’hôpital
  • Les armes secrètes
  • Les clins d’œil
  • Le côté “Plaisir coupable”
On n’a pas aimé :
  • Le labyrinthe
  • Se prend trop au sérieux
  • Ment dans sa description
  • Les bruitages désagréables
  • Le mappage des touches
  • Pas de localisation française
  • L’impossibilité de passer les cinématiques
On peut tromper une fois mille personnes

Ne vous y trompez pas, vous n’êtes pas face au croisement entre Maman j’ai raté l’avion et Doom. Vous êtes face à un jeu qui reprend des codes bien établis dans l’industrie en piochant tantôt dans Resident Evil, tantôt dans Doom mais sans jamais réfléchir ou adapter son gameplay, le tout saupoudré de nombreux clins d’œil à des films issus de la pop culture. Vendu comme un jeu sérieux, horrifique et complexe, Krampus Kills est en réalité tout l’inverse. Il est vrai que nous avons la sensation que DangerousBob Studio LLC essaye de cacher la vérité en toute connaissance de cause. Cela nous a particulièrement agacé mais il faut tout de même avouer que, passée la déception initiale, nous avons pris du plaisir à parcourir les niveaux de ce jeu qui ferait mieux de jouer la carte de la sincérité. Espérons que les développeurs s’en aperçoivent pour nous proposer une future production nanardesque assumée et honnête qui n’en sera que plus réussie.

Accueil > Tests > Tests Xbox One

Krampus Kills

PEGI 12 Langage grossier Peur Violence

Genre : Action/Infiltration

Editeur : DangerousBob Studio LLC

Développeur : DangerousBob Studio LLC

Date de Sortie : 02/12/2022

Prévu sur :

Xbox Series X/S, PC Windows