Pour la plupart des joueurs, Stray Souls n’a que très récemment fait parler de lui. Les férus de jeu horrifique n’auront cependant pas été insensibles au trailer très engageant qui circulait discrètement, depuis quelque temps. Dans cette vidéo, les environnements photoréalistes du titre et son angoissante atmosphère étaient mis en avant. Intrigués par cette proposition, nous avons mené notre enquête afin d’en connaître un peu plus sur le tout jeune studio polonais Jukai et sa probable future pépite.
Découvrant ainsi qu’Artur Łączkowski (ancien de chez Bloober Team mais aussi réalisateur d’une émulation de P.T) était aux commandes et qu’il s’était offert le concours du compositeur Akira Yamaoka (Silent Hill), tout était réuni pour, du moins sur le papier, combler nos attentes. N’étant plus qu’une âme errante (Stray Soul) en attendant la sortie, nous nous plongeons sans perdre une minute au cœur de cette expérience.
Mise à jour du 14/11/2023
« Un patch correctif vient enfin résoudre le bug du premier combat de boss. Le succès demandant de compléter l’aventure sans aucun dommage est donc désormais accessible. Les sous-titres sont devenus lisibles et les problèmes de caméra sont eux aussi résolus. »
Article original
Un cadeau empoisonné
Après une cinématique d’introduction très malaisante, mettant en scène un massacre familial et des pratiques cannibales, nous sommes projetés dix-huit ans plus tard dans la peau de Daniel. Cet adolescent vient d’hériter de la maison de sa grand-mère, à Aspen Falls, dans laquelle il a emménagé. Ne connaissant que très peu de choses au sujet de son aïeule, il explore la demeure pour en savoir un peu plus sur elle.
En parallèle, le jeune homme clavarde avec une gente dame sur un site de rencontre et s’aperçoit rapidement qu’il s’agit très curieusement de sa voisine. Cette dernière semble détenir énormément d’éléments sur la maison et son ancienne occupante, qui baignait dans l’occultisme. Un bon point de départ pour une aventure angoissante.
Intrigué par le passé de sa famille, mais aussi par les apparitions d’entités qui se multiplient depuis son arrivée à Aspen Falls, Daniel part en quête de réponses mais n’est certainement pas préparé à affronter ce qu’il va découvrir.
Une âme meurtrie
Si l’on en croit ses créateurs, Stray Souls s’inspire des jeux d’action horrifiques classiques et aspire à proposer des combats à la précision calquée sur un “Souls-like”. Autant mettre fin au suspense tout de suite : ces bonnes intentions ne sont pas suivies d’effets.
Nous croisons effectivement des boss impressionnants par leur dimension, mais la comparaison avec les productions de FromSoftware ne va pas plus loin. L’unique embûche rencontrée lors de ces combats, c’est un bug agaçant qui nous empêche parfois de faire usage de notre arme. Le seul moyen de passer outre cela est de subir des dommages. Pas certain pour autant que l’on puisse mettre cette “mécanique” au crédit d’une volonté de difficulté accrue.
De plus, nul besoin de perdre du temps à apprendre des patterns. Il suffit de faire une roulade lorsque les créatures émettent un râlement, annonçant leurs attaques, puis de vider son chargeur sans craindre la pénurie de cartouches puisqu’un petit poucet en a disséminées une pleine cargaison au sol tout au long de notre chemin. Un pharmacien consciencieux a également pensé à placer une trousse de soins tous les dix mètres pour que nous n’ayons aucune angoisse concernant notre état de santé.
Un génocide vidéoludique
Les déconvenues ne se limitent malheureusement pas au système de combat ou au bestiaire singeant Silent Hill, sans toutefois lui arriver à la cheville. La promesse d’environnement photoréaliste n’était, elle aussi, que poudre aux yeux. Bien que les passages en extérieur soient en effet d’une grande qualité graphique la plupart du temps, il en est tout autre pour les explorations en intérieur. La gestion déplorable des effets de lumières rend les textures baveuses et la surexposition des surfaces qui en résulte est un “crime visuel”.
Ce n’est pas la modélisation brouillonne des entités ou l’animation chaotique des personnages qui vont rattraper ce carnage. Tenter de s’immerger dans le scénario est un supplice dans ces conditions ! De plus, les sous-titres sont microscopiques et à l’heure d’écrire ces lignes, aucun patch n’est venu corriger ce défaut propre à la version Xbox.
L’intrigue, quant à elle, est d’un classique affligeant et la lecture d’articles ou de notes pour compléter celle-ci n’est pas révolutionnaire, loin de là. Reste des énigmes qui finalement ne posent aucun problème étant donné que la solution est systématiquement sous nos yeux. À ce stade, la coupe est déjà bien trop pleine pour que l’on puisse espérer qu’une mise à jour améliore tout cela. Un correctif pourra peut-être soigner les crises d’épilepsie de la caméra ou les bugs d’interactions, mais probablement guère plus.
Que reste-t-il alors de la belle promesse faite par Jukai Studio ? Peu de choses, si ce n’est une ambiance sonore angoissante et immersive qui ne peut malheureusement pas éviter le naufrage de cette production. L’intention de combler les fans de Silent Hill était louable, mais n’est pas Hideo Kojima qui veut. On se demande même ce qui a pu motiver les organisateurs du Fear Fest 2023 à nominer Stray Souls dans la catégorie Tiny Teams.
Après cinq heures de torture pour mettre un terme à cette souffrance sans limites, nous raccrochons la manette sans aucune envie d’y retourner pour débloquer les deux fins alternatives. Les chasseurs de succès les plus masochistes pourront s’essayer à terminer l’aventure en moins de deux heures trente ou sans subir de dégâts, bien que cela paraisse à ce jour compliqué en raison du bug évoqué lors des combats de boss.
Testé sur Xbox Series X. (Optimisé)