Test - Mato Anomalies - Un JRPG inacceptable

«I confess that this is really not my song…I bought it in Hong Kong…» , - 0 réaction(s)

Mato Anomalies est un JRPG chinois créé par le studio Arrowise. Fondé en 2016, ce dernier a pour objectif de nous offrir « des jeux qui sont portés sur la narration, avec un gameplay riche et de grandes qualités ».

Mais si la volonté est louable, force est de constater que parfois, les studios n’ont tout simplement pas les moyens de leurs ambitions. Dans d’autres cas, c’est le talent qui manque.

Mato Anomalies fait partie de ces titres pour lesquels écrire un test complet est ardu, tant nous avons plus envie de parler du fond que de la forme. Et pourtant, c’est bien l’intégralité des aspects qu’il va falloir traiter pour comprendre toute l’ampleur de la supercherie, sans pour autant se montrer trop acerbe.

En effet, il serait bon de commencer par une première mise en garde, sous forme de spoiler de la conclusion : Mato Anomalies n’est pas un mauvais jeu, loin de là. Pour quiconque débarque dans l’univers des JRPG, il pourrait même se montrer plutôt bon. Mais les amateurs du genre risquent, comme ce fut notre cas, de se retrouver devant un cas d’école particulièrement étrange, pour ne pas dire dérangeant.

Cette mise au point étant faite, place au test.

Détective Dee Doe

Mato Anomalies nous met dans la peau de Doe, un détective vivant dans la cité néo-futuriste éponyme de Mato, inspirée du vieux Shanghai. Lors d’une enquête de routine, il va se retrouver « aspiré » dans une dimension annexe et confronté à des créatures monstrueuses qui, petit à petit, s’emparent de l’esprit des habitants.

Il va y rencontrer Gram, un mystérieux combattant luttant inexorablement contre cette « marée funeste ». Ensemble (et accompagnés d’autres personnages hauts en couleur), ils vont donc s’unir contre cette infestation afin de sauver la ville et, pourquoi pas, le monde.

Sur le papier, Mato Anomalies essaie de nous proposer deux gameplays radicalement différents pour nous tenir en haleine. D’une part Doe, incapable de se défendre contre la « marée funeste », et dont le terrain de jeu sera exclusivement concentré sur la ville de Mato. Ce dernier va donc enquêter, tandis que Gram mène les troupes au combat dans les donjons.

Dans les faits en revanche, tout est on ne peut plus classique. La prime volonté du studio de nous offrir un rendu quelque peu original tombe rapidement à plat.

En cause, une réalisation bien trop linéaire, faite d’aller-retour incessants entre les différents quartiers de la ville pour parler avec différents PNJ. Excessivement verbeux, Mato Anomalies oublie d’aller à l’essentiel et se perd régulièrement en circonvolutions inutiles via une logorrhée dilatoire.

Et pour cause : le personnage principal ne sert absolument à rien, et le studio ne semble pas comprendre les mécaniques d’un bon jeu d’enquête. Au lieu de nous proposer une réelle réflexion, de nous laisser une liberté d’interprétation digne d’un Sherlock Holmes, le jeu nous guide d’un point à un autre sans nous laisser la moindre petite liberté.

Nous nous contentons donc, dans les phases d’investigations, d’aller parler à divers personnages secondaires afin d’en apprendre plus sur le lore et ainsi débloquer les donjons nécessaires à faire avancer le scénario.

La seule originalité des phases avec Doe vient de protagonistes infectés par la « marée funeste ». Notre héros va donc devoir entrer dans une plongée mentale, représentée par une phase de combat aux faux airs de JCC (Jeu de Cartes à Collectionner).

Via un système de cartes, il faut briser les défenses mentales de notre adversaire afin de le contraindre à nous révéler plus d’informations.

Si ces moments sont sympathiques, ils demeurent malheureusement trop rares et particulièrement faciles. Jamais nous n’avons eu la sensation de devoir particulièrement réfléchir aux actions à mener ni de devoir mettre en place de stratégie particulièrement retorse pour nous en sortir.

Sans être réellement dignes d’un calvaire, ces passages ont l’air d’avoir été ajoutés pour éviter que notre chère Doe ne s’ennuie trop, et auraient mérité d’être peaufinés bien plus pour nous offrir un divertissement vraiment concluant…

Ou d’être totalement retiré afin que le studio puisse se concentrer sur le reste du titre.

Knock Off

Nous allons maintenant nous attaquer au cœur du titre : sa partie Gameplay. Et comme nous allons le voir, cette dernière s’inspire très fortement d’une autre célèbre licence du JRPG…

Une fois l’enquête achevée donc, place à l’action. Joker Gram infiltre donc avec ses amis le Palais l’Antre de personnes infectés par les Ombres la marée funeste via le Métavers les Brèches.

Au bout de ces donjons labyrinthiques, l’équipe se heurte à un boss permettant de libérer le pauvre… non. Même en essayant de trouver tous les subterfuges possibles et imaginables, il n’est tout simplement pas possible de cautionner ce genre de pratique.

Mato Anomalies ponctionne l’ensemble des poncifs de la saga Persona, sans jamais en comprendre ni les intentions ni les messages. Le jeu se contente de copier-coller des pans entiers des titres signés Atlus dans un « hommage » qui frise très, très souvent le plagiat pur et simple.

Que ce soit dans le level design de ces donjons jusqu’au système de combat, nous avons tout au long de l’aventure eu le sentiment de nous retrouver (sans mauvais jeu de mots eu égard de l’origine du studio) devant une contrefaçon hongkongaise bas de gamme.

Et si les licences d’Atlus étaient encore il y a quelques années fort peu connues du grand public, le studio est aujourd’hui indubitablement devenu un incontournable pour tous les amateurs de JRPG. Comment Arrowise peut-il sincèrement espérer que nul ne se rendrait compte de la fumisterie ?

Mais essayons de faire fi de cela pour simplement se concentrer sur le jeu qui nous intéresse aujourd’hui et… non mais le début se passe sur les docks dans une scène qui ressemble à s’y méprendre à l’introduction de Soul Hackers 2 ! Au bout d’un moment, fournissez un effort pour au moins essayer de masquer votre manque cruel d’imagination ! C’en devient indéfendable, là…

Bref…

Les donjons, donc, nous permettent de maîtriser une équipe de plusieurs protagonistes. Chacun est basé sur le trait de caractère principal de la personne que nous essayons de libérer (le premier, par exemple, étant banquier, nous allons retrouver des écrans de valeurs rappelant la bourse, des billets, etc.).

Construits de manière labyrinthique, ces Antres sont l’occasion de mener des combats au tour par tour contre la fameuse « marée funeste », des créatures monstrueuses qui hantent l’esprit du pauvre hère.

C’est alors que nous sommes confrontés à un système original et novateur : chacun de nos héros dispose de capacités basées sur des types (feu, foudre, tranchant, contondant, etc.), et les ennemis de résistances et de faiblesses en conséquence. Il faudra donc bien penser à sa stratégie pour cibler les failles de nos adversaires, et ainsi pouvoir déclencher des attaques dévastatrices. Quel dommage que le studio n’ait pas eu l’idée totalement unique et jamais vue ailleurs d’ajouter des « Show Time » permettant aux héros de prendre des poses incroyablement stylisées et… ah, si. Ça aussi, ça y est. Sous le nom d’attaques ultimes…

Nous préférons ne pas développer plus cette partie, devenant cynique dans nos propos. Gardez simplement à l’esprit que les phases de donjons sont venues aspirer l’intégralité de ce qui a été mis en place par Atlus, sans jamais chercher à se donner une identité propre au titre ni à proposer de quelconques ajouts novateurs. C’est Persona. En moins bien.

Les moyens de l’échec.

Visuellement, Mato Anomalies a (enfin) des propositions très sympathiques à formuler. L’idée de placer l’ensemble de son intrigue dans une ville néo-futuriste n’est certes guère originale (de nouveau, c’est exactement ce qu’a fait Atlus avec Soul Hackers 2 en août 2022), mais le mélange avec la culture chinoise est ici de fort bon aloi.

Très riche, disposant d’un style graphique aux idées réellement sympathiques, le titre se laisse suivre sans peine et même avec un certain plaisir (surtout pour ceux n’ayant jamais touché à un jeu signé Atlus). Nous pensons, entre autres, à cette idée de narration sous forme de planches de BD, qui permet de casser la monotonie des dialogues.

Malheureusement plombé par une technique dans les choux, des décors pauvres et vides et des graphismes d’un autre âge, Mato Anomalies laisse constamment cette impression de jeu fini à la va-vite, avec bien trop peu de moyens.

Si nous n’avons jamais été bloqués dans notre progression par des bugs, ces derniers sont pour autant bel et bien présents et particulièrement gênants, surtout sur le plan visuel. Certaines cinématiques utilisant le moteur du jeu sont floues, les animations d’une rigidité arthritique, la synchro labiale parfois aux abonnés absents.

Le pire étant que nous avions réellement envie d’aimer Mato Anomalies. Avec sa proposition de deux gameplays différents, son univers centré sur une ville inspirée par un Shanghai dystopique et ses visuels dessinés de qualité, il avait toutes les cartes en main pour nous offrir un JRPG novateur et original.

Testé sur Xbox One X

Bilan

On a aimé :
  • La D.A.
On n’a pas aimé :
  • Une contrefaçon bas de gamme
La limite entre le plagiat et l’inspiration est fine

Mato Anomalies est un cas d’école, indéfendable et irrécupérable. Singeant (pour ne pas dire plagiant) l’intégralité de ce qui a été mis en place par Atlus sans chercher à s’en cacher, il ressemble plus à une contrefaçon bas de gamme qu’à un réel jeu. Trop verbeux, trop long et sans aucune originalité ; il ne peut compter que sur sa direction artistique pour attirer les regards. Alors, pourquoi perdre du temps sur la copie tout en sachant que sont disponibles sur la même console quatre excellents originaux ?

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Mato Anomalies

Genre : RPG

Éditeur : Prime Matter

Développeur : Arrowiz

Date de sortie : 10/03/2023

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 5, PlayStation 4, PC Windows