Test - Capcom Arcade Stadium - Une salle d’arcade dans votre salon ?

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Disponible depuis le mois de février sur Nintendo Switch, la compilation Capcom Arcade Stadium pointe enfin le bout de sa clope sur Xbox One, PS4 et PC. Une plongée immersive dans une salle d’arcade japonaise virtuelle, la nicotine en moins. Souvent moquées pour leur côté “argent facile”, il arrive parfois que certaines compilations brillent plus que d’autres, nous allons voir qu’il s’agit encore une fois ici d’un cas compliqué.

Back to 1984

Les compilations de jeux rétro ne datent pas d’hier, et les éditeurs continuent régulièrement de nous refourguer d’anciens titres de leurs catalogues, souvent au prétexte d’un anniversaire ou pour célébrer l’histoire d’une licence en particulier.

Ici, c’est l’héritage de Capcom que l’on célèbre, avec une promesse assez intrigante : avoir sa propre salle d’arcade. Un rêve pour beaucoup de joueurs, réalisable ici dans un environnement virtuel. Nous aurons le loisir de découvrir ou redécouvrir certaines bornes mythiques du constructeur, de la fameuse Mini Cute ou encore la Status. Du détail qui fera vibrer les connaisseurs, mais qui reste malheureusement ici un gimmick : la “personnalisation” de votre salle d’arcade se limitera à une rangée de bornes, pour lesquelles vous ne pouvez modifier ni l’ordre, ni la disposition, alors même qu’un mini jeu de gestion avec balade en 3D dans la salle aurait eu toute sa place ici.

L’allume-gaz dans le monnayeur

On pourra toujours essayer de se cacher derrière son petit doigt et de faire comme si personne sur internet n’était au courant que ces jeux circulent de manière illégale et sont jouables dans des émulateurs depuis belle lurette (y compris sur Xbox Series X, voire notre dossier RetroArch), mais le fait est qu’en 2021, il est préférable de partir du postulat que ces jeux soient déjà plus ou moins accessibles à tous, et qu’il faut une bonne raison pour sortir les billets. L’aspect légal dans un format brut de décoffrage peut avoir toute sa place sur les stores de nos consoles modernes (façon Arcade Archives), comme il peut être parfaitement justifié de payer plus cher pour une expérience Premium qui saura mettre en valeur les trésors d’une autre époque d’un éditeur en particulier (façon M2 Shot Triggers).

C’est le chemin qu’a tenté de prendre ici Capcom, en voulant célébrer son histoire et ses origines de fabricant de machines pour les salles enfumées. Le modèle économique de cette compilation est assez curieux : elle est téléchargeable gratuitement et contient uniquement 1943 - The Battle for Midway. Le reste est bien évidemment payant, et composé de 3 packs de jeux couvrant des périodes différentes de l’histoire de la société (1984 à 88, 89 à 92 et 92 à 2001), ainsi que Ghost & Goblins, vendu seul pour 1,99€.

Ces packs ne sont évidemment pas exhaustifs, mais correspondent en réalité à 3 systèmes d’arcade différents : le “Pré-CPS”, le CPS1 et le CPS2. J’en profite pour vous montrer quelques pièces issues de ma collection personnelle, histoire de voir un peu la taille impressionnante de certaines cartes face à nos consoles actuelles.

De gauche à droite : Pré-CPS, CPS1 et CPS2. La Series X pour échelle ...

Chaque pack contient son lot de titres indispensables et vendus pour 14.99€, ou 39.99€ pour les 3 packs. Sur ce point, difficile d’être critique dans la mesure où le prix de revient de chaque jeu est de 1€50, on peut presque s’imaginer faire l’acquisition d’un jeu avec une seule pièce qu’on irait mettre dans le monnayeur. De plus, en dehors du sempiternel Street Fighter 2, beaucoup de titres dans cette compilation n’ont pas eu de portage depuis la 6e génération de console, ce qui est d’autant plus appréciable et permet à la Capcom Arcade Stadium d’éviter la sensation de déjà-vu.

Felt Capcom Cute, might delete later

Une compilation “Premium” donc, qui ajoute de nombreuses fonctions aux jeux d’origine. Vous aurez ainsi droit aux fameuses “Save states” qui vous permettent de sauvegarder un segment pour travailler les passages difficiles, ainsi qu’une fonction “rembobiner”. Comme son nom l’indique, une simple pression sur la gâchette permet de revenir en arrière, et ainsi éviter une mort certaine, ou refaire un pattern de boss un peu trop tendu.

Plusieurs modes de jeu sont proposés : le mode classique qui vous permet de jouer normalement et d’utiliser les fonctions susmentionnées, le mode défi score qui empêche la triche et calcule votre score sur un seul crédit avant de le publier en ligne, le mode chrono qui calcule le temps nécessaire pour finir le jeu, et enfin le défi spécial, qui apparaît périodiquement et ajoutera des règles particulières. À noter que chaque titre dispose d’un guide très bien réalisé, qui permettra aux novices de comprendre aussi bien les objets et power-up que certaines mécaniques avancées de scoring.

Explication du système de scoring de Progear

Autre fonctionnalité : chaque partie vous rapporte des “CASPO” (pour Capcom Arcade Stadium Points), une sorte de score global pour tous les jeux. Le nombre de points attribués pour chaque partie sera évidemment fonction de votre score, mais aussi de nombreux bonus, comme le fait par exemple de ne pas avoir utilisé de “continue” ou le rembobinage. Une bonne idée sur le papier, mais qui en pratique n’apporte rien de vraiment intéressant, et ne permet pas vraiment de mesurer équitablement votre performance.

Si les classements en ligne sont absolument nécessaires pour ce type de jeu, on ne manquera pas de noter plusieurs points assez désagréables, et qui vont commencer à montrer les limites de cette compilation. D’abord, vous ne pourrez sauvegarder que votre meilleur score sur le tableau en ligne, et vous n’aurez pas la possibilité d’uploader ou de télécharger des replays. S’il est possible d’alterner entre la version japonaise et américaine quand elles existent, il n’y a toujours qu’un seul classement pour les deux versions d’un même jeu. Un problème quand on sait que la difficulté n’est pas forcément la même à chaque fois.

Moi, ma grande passion, c’est ne pas respecter l’aspect ratio

Du point de vue affichage, il est plaisant de trouver un mode “Tate” qui permet la rotation à 90° pour profiter en plein écran des jeux verticaux, avec la bonne surprise de voir que c’est l’intégralité de l’interface qui peut être pivotée, avec les menus et la salle d’arcade virtuelle dans le bon sens. S’il est tout à fait possible de jouer à des jeux verticaux sur un écran horizontal (ou l’inverse !), vous aurez aussi la possibilité de réaliser toutes sortes de monstruosité, comme jouer à des jeux 3:4 en 16:9. Malgré le fait qu’il soit possible de choisir la résolution “originale” ou un écran étiré pour remplir plus de surface à l’écran, aucun des modes ne propose de mise à l’échelle correcte. Concrètement, cela se traduit par un effet de “vaguelettes” en fonction du sens de défilement, ce qui ne devrait pas être le cas à minima dans la résolution “Arcade”. En résulte un autre problème : si le scaling n’est pas bon, les filtres type “scanlines” ne fonctionnent pas correctement, et présentent donc des artefacts à l’affichage dans tous les modes proposés.

Vous pourrez également vous plonger en immersion totale en choisissant une vue “face à la borne”, ce qui vous permettra de cumuler les problèmes de mise à l’échelle sur un écran petit, avec une perspective qui n’a évidemment rien de naturel.

La vue « devant la borne », bof

Reste enfin à aborder le délicat problème de l’input lag. Une fois encore, nous ne sommes pas (encore) en mesure de fournir des données précises, mais ayant la chance de pouvoir faire une comparaison directe avec l’original, il est certain qu’une latence est présente. Si cette dernière ne vous empêche pas de profiter convenablement de la plupart des titres, elle ne rend pas hommage au support original, et vous ne trouverez sûrement pas ici le support idéal pour réaliser un 2-ALL sur Progear.

Progear mon amour ...

C’est un problème récurrent sur ce type de compilation, mais qui n’est toujours pas acceptable pour un produit commercial vendu au prix fort par le développeur original. Si on se souvient de la débâcle autour de l’utilisation douteuse Final Burn sur le Capcom Home Arcade sorti en 2019, ici c’est une partie du code de Mame qui est créditée au générique. Dommage que le résultat final ne soit pas à la hauteur, et qu’on ait une fois encore l’impression d’un produit opportuniste sorti du chapeau d’un service marketing, plutôt que d’une ode à la difficulté d’antan et un hommage aux joueuses et joueurs qui encore aujourd’hui continuent de faire vivre ces titres légendaires.

Test réalisé sur Xbox Series X

Bilan

On a aimé :
  • Une sélection de jeux de qualité
  • Progear pour la première fois sur console !
  • Beaucoup de fonctionnalités
  • Un hommage à l’histoire de Capcom
On n’a pas aimé :
  • Une ergonomie parfois douteuse
  • Le scaling pas optimisé
  • L’input lag
  • Les leaderboards incomplets
Cendrier tiède

Difficile exercice que de donner un avis tranché sur cette compilation. D’un côté, on ne peut nier l’effort pour rendre hommage à l’histoire de Capcom, avec ses bornes d’origine modélisées, son interface unique, ses nouvelles notices plutôt bien conçues et les nombreux réglages disponibles. De l’autre, il est difficile de passer l’éponge sur des problèmes que n’importe quel joueur sérieux aurait pu déceler au premier playtest. Reste alors la frustration de voir un produit qui avait tout pour devenir une base compétitive de choix pour les joueurs, mais qui restera un petit snack nostalgique … en attendant le prochain.

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Capcom Arcade Stadium

Genre : Action

Editeur : Capcom

Développeur : Capcom

Date de sortie : 25/05/2021

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4, Nintendo Switch