Test - Iris Fall - Dans l’ombre d’Alice

«L’important c’est pas la chute...» , - 1 réaction(s)

Disponible sur le Microsoft Store depuis le 7 janvier, IRIS FALL est un jeu de réflexion en 3D développé par Next Studios. Cette filiale de Tencent Games s’est ouvertement inspirée de l’œuvre de Lewis Carroll, “Alice au Pays des Merveilles”. Nous y incarnons une héroïne capable de se projeter sur les murs sous forme d’ombre, le tout au sein d’un univers en noir et blanc. Mais un classique de la littérature, une poignée de puzzles et une identité visuelle mélancolique suffisent-ils à nous convaincre de suivre le lapin blanc ?

Alone in the Dark

En pleine nuit, une jeune fille se réveille en sursaut suite à un terrible cauchemar. Alors que son esprit est encore embrumé, elle réalise qu’un chat noir la dévisage avec insistance depuis l’autre bout de sa chambre. Lorsque l’animal de mauvais augure s’engouffre dans l’entrebâillement de la porte qui mène au couloir, l’enfant décide de lui emboîter le pas et ce jusque dans les rues de la ville endormie. Le félin se faufile finalement dans un vieux bâtiment au sein duquel l’enfant pénètre à son tour...

Ne réglez pas votre écran ! L’intégralité du jeu est dans ces tons.

Notre aventure dans l’univers d’Iris Fall débute à peine que deux éléments nous sautent immédiatement aux yeux. Il y a bien évidemment ce parti pris graphique avec un joli “cel shadding” en noir et blanc qui rappelle des titres comme Madworld ou White Night. Seules de rares couleurs viennent capter notre attention. Le mystère et l’ambiance sombre qui entourent le jeu n’en sont que décuplés.

Le second élément qui retient notre attention une fois le jeu lancé, c’est l’omniprésence de références à Alice au Pays des Merveilles. Certes le chat noir vient ici remplacer le lapin blanc, mais le jeu comporte son lot de motifs à damier, de montres, de portes et autres marionettes… Associée aux décors ténébreux, l’inspiration provenant de l’univers de Tim Burton ou du film d’animation Coraline (les fameux boutons à la place des yeux) ne fait aucun doute. C’est d’ailleurs cette direction artistique qui est portée en étendard à travers les différents outils de communication du jeu.

Saurez-vous retrouver toutes les références au livre de Lewis Carroll ?

Malheureusement, et bien que la qualité formelle de la DA ne soit pas à remettre en cause, sa légitimité lui fait cruellement défaut. Tout au long du jeu, rien ne semble justifier l’appropriation du roman de l’auteur britannique. En découle un univers sous développé et assez fade, fruit d’un manque flagrant de prise de risque de la part du studio chinois. Il y a 10 ans déjà, American McGee avait fait le choix de dépeindre un univers dérangé et gore dans son second jeu consacré à la petite tête blonde, que nous vous conseillons, Alice : Retour au Pays de la Folie (disponible sur le Xbox Game Pass). Certes, la proposition avait pu sembler exagérément violente, mais elle avait le mérite de garder ce qui fait l’essence même de l’œuvre originale : une perte des repères associée à une sensation de malaise.

Next Studios ne semble pas avoir voulu se risquer à perdre une partie des potentiels joueurs ciblés. Le titre n’apparaît pas suffisamment mature pour les adultes mais beaucoup trop pour les plus jeunes. La faute à cette DA maîtrisée mais extrêmement frileuse, dont les seuls contrastes résident dans ses deux teintes principales. Cette mauvaise impression est renforcée par l’absence de développement des quelques personnages rencontrés, fruit d’une narration qui semble tout simplement avoir été oubliée. Et ce n’est malheureusement pas la seule chose qui semble avoir été omise...

Plus vite que son ombre

La construction d’Iris Fall s’articule autour d’une logique simple. Il nous faut résoudre une ou plusieurs énigmes par salle afin de débloquer l’accès à la prochaine étape. Dans chaque tableau, nous guidons la jeune fille dans des environnements en 3D sans possibilité de contrôler librement la caméra. La majorité des énigmes s’appuie sur ce qui apparaît comme l’autre proposition majeure du jeu : la possibilité d’incarner sa propre ombre.

Une belle proposition...

Il convient d’ailleurs de rappeler que ce système de jeu avait déjà été au centre de A Shadow’s Tale (2010) et Contrast (2013). Mais une nouvelle fois, nous constatons qu’Iris Fall ne tient pas sa promesse sur la longueur à cause d’une utilisation prévisible et à un manque d’imagination bien trop flagrant pour marquer les esprits. Il est également regrettable que la navigation entre le corps et l’ombre de notre héroïne soit sous-exploitée.

...qui demeure sous-développée.

Malgré le manque d’originalité globale qui les caractérise, les énigmes auxquelles nous faisons face remplissent leur rôle et nos méninges sont parfois mises à rude épreuve. Elles ne s’apparentent pas à ce que peut proposer un point & click tel que Call of The Sea mais plutôt à des casse-têtes.

Un rubik’s cube dont la vitesse de résolution dépendra des facultés de chacun.

Il faut compter entre 3 et 5 heures, selon les habitudes de jeu, pour connaître le dénouement d’Iris Fall. Certes, cela peut sembler peu, qui plus est lorsqu’il n’y a pas de danger et donc pas de Game Over possible, mais le jeu ne se renouvelle pas suffisamment pour en demander davantage. Dernier inconvénient, la rejouabilité du titre est quasiment nulle étant donné qu’il n’existe aucun collectible, aucun score ou choix multiple. De quoi nous dissuader une dernière fois de suivre notre héroïne dans sa chute.

Test réalisé sur Xbox Series X

Bilan

On a aimé :
  • Une direction artistique qui fonctionne, si tant est qu’on ne soit pas allergique au noir et blanc
  • La majorité des énigmes sont plaisantes à résoudre
On n’a pas aimé :
  • Une durée de vie d’environ 3 à 5 heures sans aucune “replay value”
  • Les références à Alice aux Pays des Merveilles ne justifient pas l’absence de narration
  • Le tout manque terriblement de folie, un comble...
Noir c’est noir...

Avec son concept sous-développé, son manque d’identité globale et sa frilosité à innover, Iris Fall déçoit. Il n’en reste pas moins un joli jeu de réflexion confectionné avec beaucoup d’attention mais qui manque terriblement de saveur et de liant. La faute notamment à une absence flagrante de narration et donc d’enjeux. De bonnes énigmes associées à une identité visuelle indéniable ne suffisent malheureusement pas à en faire un bon jeu.

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Iris Fall

Genre : Aventure/Réflexion

Editeur : PM Studios

Développeur : Next Studios

Date de sortie : 07/01/2021

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4, Nintendo Switch

1 reactions

LoveTartiflette

26 fév 2021 @ 13:19

La bande annonce m’avait pas tapé dans l’œil mais m’avait intrigué. Comme Forager, a tester le temps d’une soirée / week-end.