Test - Unto The End - L’arène des neiges

«Celeste : Ashes of Ariandel» , - 0 réaction(s)

Premier titre de 2 Ton Studios, fondé par un couple d’artistes, Unto The End est proposé dans le Xbox Game Pass depuis le 9 décembre. Ce jeu d’action-aventure mâtiné de plateforme en 2D nous entraîne dans un voyage initiatique âpre et violent au plus profond des montagnes nordiques. Un maniement parfait de l’épée ainsi qu’un sang-froid à toute épreuve ne seront pas de trop pour espérer survivre au mal qui s’y terre...

“Pourtant, que la montagne est belle”

Le jeu s’ouvre sur un paysage automnal. Un homme à la barbe et aux cheveux roux est agenouillé. Il semble se recueillir au pied d’un vieil arbre dont les feuilles oranges sont bercées par le vent. Femme et enfant accourent vers lui. L’homme se relève et son fils lui remet une lance puis son épouse lui tend une mèche de sa chevelure. Sans un mot, il part pour l’aventure. Alors que nous sommes encore sous le charme de ce premier plan qui transpire la culture scandinave, les développeurs décident de nous mettre en garde, une première fois, avec ces quelques mots : “Unto The End est différent. Oubliez tous vos préjugés. Les combats sont exigeants. Vous pourrez perdre votre épée, manquer de ressources et vous vider de votre sang. Savoir observer, réagir et garder son calme est vital”. Quelques instants plus tard, et alors que le père de famille poursuit du gibier, le sol s’effondre sous ses pieds...

Il ne faut qu’une poignée de minutes pour s’immerger dans l’univers de Unto The End, et ce malgré le peu d’informations dont on dispose. Les cols enneigés, grottes et forêts dans lesquels doit s’engouffrer notre héros sont autant de tableaux qui nous narrent l’histoire du titre, à l’instar d’un jeu comme Inside. L’esthétique mise davantage sur la cohérence du tout que sur le niveau de détail. Les paysages glacés sont mis en valeur par des teintes pastel du plus bel effet qui ne sont pas sans rappeler le classique d’Eric Chahi, Another World.

Un des nombreux tableaux que nous offre le titre

Les musiques, discrètes et adaptatives, associées à la respiration saccadée de notre personnage, au crépitement de notre torche et au bruit de nos pas dans la neige, complètent cette superbe direction artistique. Afin de profiter pleinement de cette dernière, aucune information ne vient encombrer l’écran. Il faut donc se fier à l’état physique du protagoniste qui, comme l’appréciait ID Software dans les années 90, sera plus ou moins en sang selon son état de santé. Cerise sur le gâteau côté immersion, le jeu ne présente aucun temps de chargement. Le rythme de l’aventure s’en trouve grandement fluidifié.

Ces choix du studio nous permettent de focaliser notre attention sur l’univers minéral du titre et ses dangers parmi lesquels créatures, pièges et précipices. Car bien que l’aspect artistique du jeu se montre aguicheur au premier regard, on découvre rapidement et à nos dépens qu’il dissimule une difficulté digne de Salt and Santuary et Blasphemous Le dernier avertissement des développeurs pour souligner le défi qui nous attend prend la forme d’un clin d’œil appuyé à la saga des SOULS, la référence du genre. En tentant de se repérer tant bien que mal dans la grotte où il vient de tomber, notre personnage fait face à un feu de camp dont la flamme doit être ravivée...

“You know nothing, Jon Snow”

Comme chez FromSoftware, ce lieu de repos nous permet, entre deux combats dantesques, de panser nos blessures. Mais au-delà de cet hommage, de la difficulté des combats et de l’opacité du lore qu’il partage avec son aîné, Unto The End bénéficie d’un gameplay qui lui est propre, bien que référencé. Ainsi, les feux de camp permettent de crafter des potions et pièces d’armure grâce aux ressources récupérées sur nos ennemis ou dissimulées dans les décors. Lors de notre premier repos, il est indispensable d’effectuer l’entraînement aux techniques de combat qui prend la forme d’un souvenir. Ce tutoriel n’étant pas proposé automatiquement, il est tout à fait probable que de nombreux joueurs passent à côté et s’arrachent les cheveux dès leur premier face à face.

Le système de combat rappelle celui du premier Prince of Persia sorti en 1989 puisqu’il se base sur un système punitif de contre haut et bas. Il est complété par un coup d’épaule, une roulade et la possibilité de se baisser ou de feinter le déclenchement d’une attaque pour déstabiliser l’ennemi. Si les combats dans des environnements en deux dimensions n’offrent pas toujours le même degré de complexité qu’en 3D, Unto The End corrige cet écart de façon radicale. De nombreux ennemis peuvent nous terrasser en deux, voire en un seul coup, et cela malgré l’amélioration de notre équipement !

Notre excès de confiance est sévèrement réfréné

Le jeu suit donc la lignée des titres qui cultivent l’apprentissage par l’échec. Et Dieu sait que nous apprenons beaucoup… La production de 2 Ton Studios est l’antithèse d’un jeu qui tend la main au joueur. Il nous pousse à expérimenter et à entretenir notre curiosité pour glaner des ressources, éviter les pièges mais aussi pour progresser à travers ses tableaux. Par exemple, la physique assez lourde et réaliste de notre aventurier ne semble pas permettre d’escalader une paroi rocheuse. Seule une tentative désespérée nous permet de réaliser le contraire. De même, on apprend par hasard au cours d’un combat, que nos ennemis peuvent se blesser entre eux. Le choix de ne fournir aucune information claire renforce l’impression d’être face à une expérience de jeu sans concession, mais risque de laisser nombre de joueurs novices désemparés.

Néanmoins, les plus curieux peuvent découvrir la possibilité de ralentir la vitesse des combats dans les paramètres. S’il s’agit certes d’une hérésie pour les uns, cela constitue un coup de pouce non négligeable pour les autres. Autre raison de garder espoir : lorsque nous mordons la poussière, nous reprenons la partie juste avant la dernière séquence d’action, nous évitant ainsi une perte de temps considérable. Enfin, le combat peut être évité en de rares occasions…

Hors piste

Malgré toutes ses qualités, Unto The End possède quelques défauts plus ou moins inhérents à ce qu’il est : un titre au gameplay exigeant produit avec un budget réduit.

Concernant les mécaniques de jeu, il est pénible de devoir constamment ramasser épée, torche et dague qui peuvent tomber lors des combats. De même, les ressources doivent être récupérées une par une sur les corps des ennemis après chaque affrontement. Autre point agaçant, certains passages s’orientent trop vers le “die and retry”, s’éloignant ainsi de la proposition initiale du jeu. Il paraît peu probable d’en réchapper lors des premiers essais. Il devient alors indispensable de mémoriser les événements et leur rythme pour survivre. Enfin, l’utilisation de l’inventaire pose problème sur de nombreux points. On citera entre autres l’obligation de passer par ce dernier pour allumer la torche ou se soigner alors que les ennemis ne nous laissent aucun répit. Enfin, défaut pour certains et qualité pour d’autres, le manque d’explications sur les attentes de certains personnages non jouables peut s’avérer frustrant puisqu’à l’origine de nombreux allers-retours (vous avez dit “Souls-like” ?).

La couleur de notre épée témoigne de la violence du combat qui vient de se terminer

Côté technique, on note quelques bugs avec, par exemple, des ennemis qui restent debout après avoir été tués ou une sauvegarde qui nous ramène en amont d’un combat victorieux contre un boss. Cela s’avère assez rageant étant donné le nombre de tentatives qui furent nécessaires pour en venir à bout...

Test réalisé sur Xbox Series X

Bilan

On a aimé :
  • Une superbe ambiance, fruit d’une direction artistique cohérente et maîtrisée
  • Un système de combat simple à comprendre, complexe à maîtriser
  • Un sentiment d’accomplissement à la hauteur du défi
On n’a pas aimé :
  • Une durée de vie d’environ 5h avec une faible rejouabilité, malgré plusieurs fins
  • Un tarif de 25€ sans l’abonnement au Xbox Game Pass
  • Certaines séquences (trop ?) impitoyables
Duels au sommet

Bien qu’il reprenne certaines mécaniques chères aux fans de FromSoftware, ici appliquées à un univers nordique, Unto The End possède une belle identité. Le jeu de 2 Ton Studios est construit sur les fondements d’une superbe direction artistique dans un univers en 2D et d’un système de combat réaliste. Malgré quelques légers défauts qui ne sauraient ternir l’expérience proposée, le titre devrait séduire les joueurs en quête de challenge et faire voler quelques manettes. Avec peu de moyens, le jeu nous captive tout au long d’un périple court mais intense dans les entrailles d’une nature magnifiée.

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Unto The End

PEGI 16 Violence

Genre : Aventure/Plates-Formes

Editeur : Big Sugar Games

Développeur : 2 Ton Studios / Stage Clear Studios

Date de sortie : 09/12/2020

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 4, PC Windows, Nintendo Switch