Test - Super Hot Mind Control Delete - Red is Dead

«Fast Action Hero» , - 0 réaction(s)

Quatre ans après la sortie de SUPERHOT premier du nom (dont le test est disponible ici), le jeune studio polonais SUPERHOT Team nous propose une suite sous forme de standalone. Disponible depuis le 16 juillet, SUPERHOT : Mind Control Delete a récemment rejoint le catalogue Xbox Game Pass. L’occasion de (re)découvrir une licence à la direction artistique épurée et au rythme effréné, qui nous permet de suspendre le temps pour mieux réduire en pièces nos adversaires…

Less is more

Selon le dictionnaire Larousse, ce qui est « minimal » désigne : « …une tendance de l’art contemporain qui réduit l’œuvre à des formes d’une extrême simplification géométrique, ainsi qu’à des modalités élémentaires de matière ou de couleur ». La licence SUPERHOT offre une certaine vision du minimalisme vidéoludique. Ce nouveau volet débute d’ailleurs par ces quelques mots : « Le temps s’écoule quand vous bougez ».

Nous voilà projetés au cœur de l’action en vue à la première personne, face à des environnements modernes, froids et paisibles au premier regard, composés de nuances de blanc. Cependant, deux autres teintes font ressortir des éléments du décor. Il y a tout d’abord ces objets noirs qui sont autant d’armes ou d’outils susceptibles d’être utilisés en tant que tels. Puis pour trancher avec ce contraste de noir et de blanc surgit soudain une couleur plus menaçante, le rouge. Il s’agit des ennemis et de leurs balles qui fendent l’air. Dès le lancement du jeu, cette direction artistique singulière définit notre objectif. Il va falloir improviser pour neutraliser nos assaillants.

Le calme avant la tempête...

Autre aspect artistique assez surprenant, l’absence quasiment totale de musique. On retrouve ce minimalisme côté scénario, puisque le titre demeure assez cryptique et avare en explications. Qui sommes-nous ? Où sommes-nous ? Autant de questions qui restent souvent en suspens. Tout comme Hotline Miami, avec lequel il partage plusieurs thématiques et systèmes de jeu, le titre s’adresse directement au joueur : « vous en voulez plus ? ». Ce parti pris artistique permet notamment de concentrer notre attention sur ce qui fait l’essence même du jeu : son gameplay.

Le slow FPS

Le premier SUPERHOT et son adaptation en réalité virtuelle avaient déjà introduit le concept de la licence : ralentir le temps lorsque nous restons immobiles afin d’anticiper notre prochaine action. Nous pouvons ainsi choisir de neutraliser la menace avec une balle, un objet, nos poings ou bien de nous abriter. Pour les néophytes, le jeu apparaît fortement inspiré du film d’action John Wick (sorti deux ans avant le premier SUPERHOT). Une fois le gameplay adopté, le titre s’apparente à un ballet meurtrier. Bien qu’il partage une sensation de prédation et une stylisation de la mise à mort avec des titres comme Max Payne, Dishonored ou les derniers DOOM, il ne rentre pas dans la catégorie des « fast FPS ». Il semble même en être l’antithèse : le slow FPS ?

Si SUPERHOT : Mind Control Delete est un jeu viscéral, il n’en demeure pas moins cérébral. Chaque seconde durant laquelle le temps est ralenti n’a rien du répit tant espéré. Ces instants doivent être minutieusement et rapidement utilisés pour prévoir le prochain mouvement de l’ennemi. Est-il plus judicieux de tirer en prenant en compte son futur déplacement ou de prendre son arme au préalable ? Que se passera-t-il en cas de tir mal ajusté dans la précipitation ? D’autres ennemis m’auront-ils en ligne de mire d’ici là ? Tant de questions et si peu de temps pour analyser toutes ces probabilités afin de duper la mort.

L’exécution d’un ennemi explosif peut faire des ravages

Pour éliminer nos ennemis, 3 types d’armes s’offrent à nous. Tout d’abord, les armes à feu dont chacune bénéficie de son propre nombre de munitions, temps de rechargement et zone d’impact. Chaque niveau recèle également son lot d’armes de corps à corps (sabre, batte, couteau, pied de biche mais aussi chaussure, seringue ou bonsaï) qui peuvent, tout comme les armes à feu, être lancées sur l’ennemi afin de le désarmer et gagner du temps pour l’abattre.

« C’est bon ça, ouais…allez plus qu’un niveau »

Alors que les premiers niveaux introduisent le concept temporel et ne représentent pas un défi insurmontable, la température va rapidement grimper. Le jeu dévoile alors son vrai visage, celui d’un « die and retry ».

Le jeu se décompose en tableaux qui comportent des « nœuds », chaque nœud proposant une succession de niveaux auxquels nous devons survivre. La mort survient une fois que nous sommes touchés deux fois sur l’intégralité des niveaux que compte le nœud. Il nous faut alors refaire tous les niveaux avant de pouvoir accéder au nœud suivant. L’ordre et le type de niveaux sera différent à chaque tentative. Ce système de progression est ainsi fait que le challenge proposé va crescendo et ne se montre frustrant qu’à de rares occasions. A la fin de chaque niveau, le jeu nous récompense en nous offrant un replay de notre combat en temps réel avec la possibilité d’enregistrer nos plus beaux exploits.

Ces différents niveaux auxquels nous tentons de survivre sont basés sur les décors les plus utilisés des films d’action. On y retrouve entre autres la boîte de nuit, le dojo, le garage ou encore la morgue. Pour mieux nous surprendre, l’apparition aléatoire des ennemis se fait via plusieurs portes situées aux quatre coins des niveaux. Malgré leur nombre, la répétitivité des niveaux peut surprendre mais le fait de connaître son environnement apparaît vite comme indispensable tant le challenge arrive rapidement au rendez-vous.

La liste des fameux “hacks” dont on bénéficie est indiquée à chaque replay (en bas à gauche).

En plus de notre maîtrise du jeu qui croît à chaque niveau, le titre nous permet de débloquer divers outils pour faciliter nos combats, à la manière d’un rogue-lite. Ainsi, nous pouvons acquérir des bonus tout au long de notre partie. Le « module » est choisi au début d’un nœud. Il est valable durant l’intégralité des niveaux (un cœur en plus, une capacité de combat supplémentaire, etc…). Entre les niveaux, le « hack » est proposé aléatoirement et peut, par exemple, offrir une compétence supplémentaire ou un regain de santé. Modules et hack sont perdus en cas de mort et sont réinitialisés à chaque nœud.

Avec un peu de chance, nous bénéficions d’une combinaison parfaite de hacks (un cœur en plus, les balles ennemies sont ralenties et nous démarrons chaque niveau avec un katana) qui fait de nous un prédateur redoutable face auquel les ennemis ont peu de chances de survivre. Mais nous ne sommes pas les seuls à muscler notre jeu puisque les hommes en rouge évoluent également au fil des niveaux. Alors que certains nous empêchent de récupérer leurs armes, d’autres explosent une fois touchés, nous laissant peu de chance d’en réchapper…

Test réalisé sur Xbox Series X

Bilan

On a aimé :
  • Une richesse qui se dévoile en parallèle du challenge
  • Les choix artistiques osés au service d’une lisibilité totale de l’action
  • Un équilibre parfait entre corps à corps et tir pour d’excellentes sensations
  • Une durée de vie honnête pour un titre indépendant (10 à 15h)
On n’a pas aimé :
  • Le jeu peut paraître répétitif (niveaux, mécaniques et narration)
  • Les sessions sont parfois harassantes avec des pics de difficulté
  • Un scénario souvent déconcertant qui insiste un peu trop sur le « quatrième mur »
  • Peu de musiques, pourtant très réussies
Improvise. Adapt. Overcome

SUPERHOT : Mind Control Delete s’avère beaucoup plus subtil et riche en possibilités que ne le laisse présager son concept. Le jeu, addictif et épuisant, élève l’improvisation au rang d’art avec un niveau de difficulté qui nous pousse à nous sublimer (« git gud »). Une guerre des nerfs, un combat contre soi-même où la moindre précipitation peut s’avérer fatale dans la quête du beau geste. Malgré quelques défauts inhérents à son concept, à savoir sa répétitivité et une expérience assez stressante, il serait dommage de ne pas se laisser tenter par cette proposition artistique jusqu’au-boutiste. La promesse de la SUPERHOT Team est tenue : jeter un vinyle entre les yeux d’un ennemi, avant de récupérer son katana en vol pour renvoyer la balle qui se dirige vers nous à son destinataire, voilà un plaisir coupable qu’on ne pensait pas vivre un jour. Nous terminons le jeu repus et exténués avec un final qui ne laisse personne indifférent... comme tout bon film d’action

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Superhot : Mind Control Delete

Genre : FPS

Editeur : SUPERHOT Team

Développeur : SUPERHOT Team

Date de sortie : 16/07/2020

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4, PC Windows