Test - Gods Will Fall - Normal, ils sont en carton

« “L’histoire extraordinaire de Brenna du bois de Gerbefoin”» , - 1 réaction(s)

Sortie du chapeau magique de l’éditeur allemand Deep Silver il y a à peine deux mois, Gods Will Fall est la dernière création de Clever Beans, connu pour When Vikings Attack et le portage de WipEout Omega Collection pour les consoles PS4 de Sony. Le studio britannique propose cette fois-ci leur création originale sur PC, PS4, Stadia, Nintendo Switch et Xbox. Gods Will Fall nous met à la tête d’une escouade de guerriers celtes venus en découdre une bonne fois pour toutes avec leurs dieux tyranniques. Petite équipe de développement, petit budget, petit trailer, petit prix (24,99 euros pour la version standard), le titre ne nous vend pas du rêve a priori. Mais parfois, les pépites dorées se dénichent dans les petits ruisseaux. Gods Will Fall est-il béni des dieux ?

Deicide Vicious

Dès le menu du jeu, Gods Will Fall impose un style sans fioritures. Nous sommes là pour castagner du divin, nous n’avons pas de temps à perdre. La nouvelle partie lancée, une courte mise en scène énonce les enjeux. Les dieux ont poussé le bouchon un peu trop loin ces derniers temps. La révolte gronde chez les Celtes. Les femmes et les hommes en capacité de se battre sont réquisitionnés. Une armada de navires est prête à débarquer sur l’île des dieux. Tel l’Olympe, le panthéon maudit a décidé de vivre dans un même lieu. Quelle idée de génie, ça facilitera la tâche.

Les élus de la providence ?

Toutefois, une tempête détruit la flotte et seule une troupe de huit survivants s’échoue sur une plage de l’île. Comme leurs ancêtres celtes, les scénaristes étaient trop pressés d’avaler goulûment les cervoises du pub du coin et nous ont pondu une histoire écrite à la va-vite sur un bout de nappe en attendant le service, sans oublier le sempiternel “Vous êtes le dernier espoir de l’humanité”. Les dieux peuvent trembler, cheers !

Une équipe de champions prometteurs

Une fois l’escouade formée sur la plage, une première grotte qui sert de didacticiel s’offre à nous. Il est temps de choisir notre premier champion. En effet, la fierté de nos combattants impose de partir au combat en solo. Les autres attendront sagement le retour du héros ou l’annonce de sa captivité. Chaque guerrier possède une arme unique de qualité médiocre pour commencer parmi l’épée, la lance, la masse et la hache. Les deux dernières sont aussi présentes en format doublé. Le choix du héros de la mission s’effectue également à partir de ses caractéristiques : vigueur maximum, vigueur initiale, force et vitesse. Les adeptes de la personnalisation seront déçus, tous les personnages sont créés aléatoirement à chaque nouvelle partie.

Un guerrier ne renonce jamais

Le didacticiel n’est qu’une formalité et nous apprend rapidement les bases d’un gameplay simple et traditionnel avec l’attaque légère, puissante, la ruée/parade et le saut. Chaque coup reçu entame la jauge de vigueur, chaque enchaînement réussi fait monter la soif de sang, qui se transforme en regain de vigueur et en bonus d’attaque après avoir poussé un hurlement via la gâchette LT. La soif de sang baisse en cas d’inactivité ou de coup reçu. Une bonne gestion de cette dernière est donc primordiale pour survivre le plus longtemps possible.

Finalement, l’humanité reposait sur une équipe de bras cassés

Explorer l’île est un régal visuel

De retour sur la plage, l’exploration de l’île peut débuter et se fait via une caméra éloignée. Rien n’est à craindre lors de cette phase et impossible de se perdre, la carte des lieux est accessible à tout moment avec la localisation exacte des “mondes” des dix dieux à occire dans l’ordre que nous souhaitons. Partons dès lors pour une première aventure vers le portail du repaire d’Osseus, le plus proche de notre position.

La destination de rêve des ostéopathes

Un nouveau décor empli de sable et de structures osseuses rudimentaires nous attend. Dès le début du monde à explorer, les points de vie du dieu sont affichés en haut de l’écran, première indication importante sur le niveau de difficulté du lieu. Après quelques pas, les premiers serviteurs de la divinité locale viennent à notre rencontre. Aucun ciblage n’est possible sur les ennemis et ces derniers peuvent attaquer simultanément. Notre champion réussit à repousser les trois premiers mais finit embroché par le quatrième. Au bout d’une heure de jeu, notre escouade est déjà décimée, mais nous avons remarqué qu’en tuant des sbires, le dieu perd automatiquement une partie de ses points de vie. Si nous avons pu rencontrer le boss deux fois, l’apprentissage est rude et la partie est définitivement… terminée. Vouloir persévérer à sauver nos champions capturés n’était pas la bonne idée.

L’expérience d’un jeu qui propose uniquement une sauvegarde automatique et un vrai game over en cas d’échec fait son petit effet en 2021. Le challenge est d’un coup plus excitant et faire tomber les dieux devient une affaire personnelle.

Et Brenna montra la voie

Ci-gît l’équipe de bras cassés

Après quelques expéditions d’apprentissage à butiner dans les autres mondes, nous sentons que la prochaine Dream Team sera la bonne. Première grande décision, allons revoir ce fourbe d’Osseus. Tiens donc, ses points de vie sont beaucoup moins nombreux dans cette nouvelle partie. En effet, la difficulté des mondes est générée aléatoirement pour chaque nouvelle aventure. Cette version du monde d’Osseus est du coup beaucoup plus simple à traverser grâce à notre connaissance du donjon, un nombre plus faible d’ennemis et une meilleure maîtrise du gameplay. Notre premier héros finit quand même par mordre la poussière en tombant d’une falaise (pas de murs invisibles dans le jeu).

Là où Brenna passe, les ennemis trépassent

Une jeune celte du nom de Brenna du bois de Gerbefoin n’accepte pas cette tragédie. Affectée, elle reçoit un surplus de force pour secourir son compagnon d’armes. C’est que les événements influent sur le moral des troupes en leur affectant malus et bonus selon les cas. La guerrière Brenna, armée de ses deux haches, est en furie. Avec des gestes rapides et précis, elle tranche, découpe, transperce les pauvres minions du dieu un par un. Finalement, Osseus se fait laminer par la nouvelle championne en transe. Le plafond de verre est franchi. Les dieux ne sont pas immortels. C’est le début de leur calvaire.

Cette expédition victorieuse permet à Brenna d’apporter à la troupe des consommables utilisables en combat pour faciliter l’expédition ainsi que des armes, souvent de meilleure qualité. Certains combattants voient leurs compétences évoluer automatiquement. Après de courtes réjouissances, il est temps de repartir au combat. Un autre dieu doit tomber rapidement.

L’île de la tentation

L’exploration de l’île et des donjons est un réel plaisir, sublimée par une direction artistique inspirée. Si le choix d’un design épuré aux formes simplistes et “dessiné à la main” repoussera les amateurs de photoréalisme, force est de constater que le tout est plutôt agréable et varié. Il nous est même arrivé d’être marqués par plusieurs panoramas ou décors de toute beauté. Chacun des 10 donjons du jeu possède son propre univers et nous retrouvons sans surprise de nombreux classiques du genre tels la forge, le marais, la forêt ou la citadelle. Leur level design est également bien pensé et se montre suffisamment varié pour éviter le ressenti d’un simple changement de skin. Le voyage et la découverte de nouveaux lieux est à n’en pas douter l’aspect le plus intéressant du titre. Le tout accompagné d’une bande son efficace et prenante dans le feu de l’action, à base de percussions et de chœurs tribaux.

Impossible de se perdre dans les « donjons »

Malheureusement les niveaux sont courts et demeurent dans l’ensemble assez linéaires. Après deux ou trois passages avec un combattant, on repère facilement les raccourcis et les endroits chauds d’un niveau. On comprend très vite qu’une bonne stratégie consiste à envoyer un ou deux de nos plus faibles guerriers pour effectuer une reconnaissance rapide du parcours et jauger sa difficulté, puis d’envoyer l’un de nos champions pour finir le travail.

Brenna la princesse guerrière

Trop de compétences et une bonne arme tuent la fin du jeu

Car oui, Brenna enchaîne les scalps des dieux comme Teddy Riner les médailles d’or. Ses exploits légendaires seront chantés par les bardes pendant des siècles. Si le service marketing vante pour Gods Will Fall le désuet “easy to learn, hard to master”, la réalité est tout autre et nous sommes plus sur du “hard to start, easy to finish”. Le titre échoue lamentablement sur ce qui devait être son point fort, la difficulté. Dès que notre escouade réussit à monter légèrement en compétences et récupère des meilleures armes, la difficulté s’effondre. Un gameplay offensif est finalement beaucoup trop récompensé et nous pousse à matraquer machinalement les touches d’attaque si on fait attention de ne pas se retrouver face à plus de 3 adversaires en même temps.

Pire, il arrive souvent de vaincre des boss en moins de 10 secondes en gardant cette simple stratégie de bourriner dans le tas le plus rapidement possible. C’est d’autant plus dommageable que certains dieux ont des mécaniques d’attaque variées et proposent des combats intéressants si l’on cherche à faire durer le plaisir. Le plus triste est que ce choix semble être assumé par les développeurs puisque certains succès se débloquent quand on réussit “l’exploit” de détruire le boss à peine la cinématique de présentation terminée. Ainsi, l’aventure si prometteuse dans les premières heures de jeu se terminera entre 5 et 10 heures selon votre talent à la manette et, malheureusement, les bons choix de game design pour permettre une bonne rejouabilité sont tout simplement ruinés.

Test réalisé sur Xbox Series X.

Bilan

On a aimé :
  • Une direction artistique et un level design inspirés
  • Un gameplay efficace et fun
  • Le plaisir de l’exploration lors de la découverte des niveaux
On n’a pas aimé :
  • Une difficulté trop mal dosée
  • Des boss vaincus en quelques secondes
  • Des niveaux trop courts et un peu trop linéaires
  • Une rejouabilité ruinée par les défauts du jeu
Gods Will Fall, guys !

Quel gâchis. Le titre de Clever Beans avait de sérieux atouts pour devenir l’une des pépites de cette nouvelle année : un univers classique mais attachant, une ambiance sonore et une direction artistique inspirées, un gameplay intéressant et un challenge excitant dès les premières minutes. Malheureusement tout s’effondre une fois le plaisir de la découverte des mondes des dieux terminé, la faute à des niveaux trop courts et une absence de difficulté dès que nos huit valeureux combattants s’aguerrissent et améliorent leur équipement. Finalement, l’humanité n’avait rien à craindre. Ces dieux étaient de pacotille et le jeu partit en vrille.

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Gods Will Fall

PEGI 0

Genre : STR

Editeur : Deep Silver

Développeur : Clever Beans

Date de sortie : 29/01/2021

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4, PC Windows, Nintendo Switch

1 reactions

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alaindc

29 jan 2021 @ 16:38

Pour moi, le plus gros défaut du jeu est la difficulté aléatoire de chaque donjon et boss, à chaque run, ne pas savoir si ça sera un enfer impossible, ou une ballade de santé, avant d’y entrer, sans sacrifier un personnage, en exploration de ce donjon. Il aurait été mieux d’augmenter la difficulté de tout les donjons, à chaque fois qu’un boss est défait et qu’on obtient des bonus...ou de, simplement, avoir un choix de difficultés, ou de bonus/malus, à choisir, avant chaque run, pour que le joueur puisse customiser sa partie, selon ses gout...comme dans plusieurs rogue-like.