Test - Dragon Quest XI S : Les Combattants de la destinée - Édition ultime - Toujours aussi féérique

«C’est dans les vieux JRPG que l’on fait les meilleures aventures» , - 3 réaction(s)

Le jeu de rôle japonais, le JRPG pour les intimes, pourrait presque se résumer à deux noms, deux séries phares qui l’ont propulsé au firmament autant dans leur propre pays qu’en dehors de ses frontières. Curieusement ces deux franchises sont nées d’un seul titre, un jeu de rôle américain nommé Wizardry qui avait su marquer les cœurs et attiser l’imagination de programmeurs japonais. Ces deux rejetons sont Final Fantasy qui en est à son quinzième opus, devançantDragon Quest limité à seulement onze jeux, mais tout cela sans compter les remakes et jeux annexes. Final Fantasy et Dragon Quest sont devenus de véritables objets culturels à part entière dépassant le simple domaine du jeu vidéo. Malgré une histoire presque identique, il est intéressant de noter que ces deux licences phares suivent deux routes radicalement différentes. Final Fantasy n’a eu de cesse d’essayer de se réinventer à chaque épisode avec plus ou moins de réussite alors que Dragon Quest est resté cantonné à un classicisme outrancier, à peine adapté aux améliorations techniques apportées par chaque génération de consoles. On pourrait croire que ce chemin emprunté par Dragon Quest allait sans l’ombre d’un doute finir par lasser les joueurs. Sachez qu’il n’en est rien et Dragon Quest XI réussit encore une fois ce tour de force.

Le nouveau Dragon Quest d’il y a trois ans

Et c’est parti pour l’aventure !

La série de jeux de rôle Dragon Quest, créée par Yuji Horii, est la plus populaire au japon, loin devant Final Fantasy. Elle est portée par le style unique d’Akira Toriyama (dois-je vraiment rappeler qu’il est le papa de Dragon Ball ?) et les musiques de Koichi Sugiyama. Ce trio de stars est toujours derrière ce Dragon Quest XI qui marque le retour de la saga à une aventure purement solo après une petite virée dans le monde du multijoueur avec l’épisode IX sur Nintendo DS et son système d’instance partagée, puis le MMORPG Dragon Quest X, resté une exclusivité japonaise. La sortie de Dragon Quest XI remonte officiellement à l’année 2017 et demeure historique. Non pas parce que le titre est sorti sur deux consoles différentes, la 3DS et la PS4, mais parce que ces deux consoles sont tellement éloignées techniquement qu’elles accueillirent deux versions bien disctinctes de Dragon Quest XI.

Le design de Toriyama fait toujours mouche

L’épisode de la PS4 a bénéficié de la puissance de la console de Sony en proposant une expérience de jeu proche de celle de Dragon Quest VIII avec un environnement tout en 3D, accompagné de très beaux graphismes en cell-shading et l’abandon des combats aléatoires avec la présence de monstres sur la carte que l’on peut éviter. Le jeu reste toutefois campé dans son parti pris old school avec des musiques au format Midi. La version 3DS pousse la petite portable de Nintendo dans ses retranchements et propose deux modes d’affichage différents : un en 3D comme sur PS4 et unautre en 2D pixelisé. Les joueurs sont libres d’alterner ces deux modes par un petit tour dans une des églises du jeu. Si ces deux versions sont sorties en 2017 au Japon, seule la version PS4 parvint à s’exporter officiellement en 2018.

L’exploration en 3D conduit à jouer les montes en l’air

La version ultime de Dragon Quest XI est l’apanage d’une sortie sur Nintendo Switch en 2019. Elle se base sur la version PS4 et ajoute des parties entières de scénario inédites, un doublage japonais, une bande son orchestrale et le fameux mode 2D présent sur 3DS. Mais ce n’est pas tout ! Le jeu est agrémenté en sus de quelques bonus comme de nouveaux objets, de nouvelles montures et l’intégration des quêtes annexes 3DS seulement disponibles à l’époque via le StreetPass. Pour fêter dignement la première fois que la Xbox accueille un opus de cette célèbre franchise, il fallait que ce soit un opus d’exception. Malgré son classicisme éhonté, c’est bien la version ultime de Dragon Quest XI dont il s’agit.

Un beau voyage “Old School”

Les attaques d’équipes sont spectaculaires

C’est l’histoire d’un héros mutique, un orphelin recueilli par une famille sans enfants dans un petit village oublié de tous. La vie est paisible jusqu’au jour où un événement révèle une marque étrange qu’il porte sur sa main. Son passé refait alors surface. Il est sans conteste l’éclairé, la réincarnation d’un héros du passé, le seul capable de vaincre le Mal qui se réveille. Notre jeune aventurier part dès lors à la rencontre du Roi et de son destin… Ne vous fiez pas à ce scénario convenu de toute part, il est juste le prétexte à une formidable aventure et un merveilleux voyage. Certes, Dragon Quest XI S ne réinvente pas le genre mais ce qu’il fait, il le fait bien, avec un gros cœur et une grande sincérité. Nous sommes véritablement embarqués dans le périple du héros et de ses compagnons d’aventure qui vont le rejoindre petit à petit. Le groupe complet n’est formé qu’après une quarantaine d’heures de jeu et comporte des personnages attachants : Érik le voleur solitaire, Véronica et Séréna les soeurs magiciennes, Sylvando l’extravagant acrobate et Théo, vieux monsieur mystérieux accompagné de sa petite fille Jade, experte en arts martiaux. L’histoire avance via des petites séquences toujours courtes, on ne reste jamais trop longtemps sans jouer, piégé par des cut-scènes à rallonge qui n’en finissent pas.

Certains panoramas sont magnifiques

Le voyage est magnifique, les paysages traversés sont frais et colorés, même s’il s’agit essentiellement d’une exploration linéaire qui s’ouvre progressivement avec l’acquisition de nouveaux moyens de transports comme le traditionnel bateau. Le monde de Dragon Quest XI n’est donc pas un monde ouvert mais un monde découpé en plusieurs grandes zones que l’on traverse les unes après les autres. L’exploration est simplifiée, les coffres sont rarement biens cachés et les objets à ramasser brillent comme des étoiles. Et pourtant ce voyage est plaisant, voire épique par moments. Les créatures dessinées par Toriyama n’ont jamais été aussi vivantes et on se prend à admirer les paysages traversés. C’est d’autant plus surprenant que Dragon Quest XI S aussi propre soit-il reprend les graphismes de la version Switch et non pas ceux de la version PS4 qui sont pourtant plus détaillés et plus fins. Techniquement le jeu garde quand même un cachet indéniable et un charme fou, les temps de chargements sont très rapides que ce soit entre les zones ou pour lancer le jeu.

Même en 2D le jeu reste très beau

Pas la peine d’être un vieux joueur pour apprécier Dragon Quest XI S en pixel : Même en 2D le jeu reste très beau. Il est impossible de changer de mode d’affichage à la volée, comme sur 3DS, il faut obligatoirement passer par l’église, sachant que l’on reprend le jeu qu’à certains passages clés et non pas exactement là où on s’est arrêté. Le jeu en 2D perd en exploration ce qu’il gagne en pixels, ce qui entraîne une aventure plus condensée, plus rapide. Une même séquence en 2D, même avec le retour des combats aléatoires, prend nettement moins de temps à être jouée qu’en 3D. Les quêtes annexes StreetPass de la 3DS, situées dans un monde 2D et faisant quelques clins d’œil aux anciens jeux de la saga se déroulent dans un monde alternatif directement intégré dans l’environnement 3D, mais dans l’ensemble elles demeurent anecdotiques.

Les combats aléatoires ne sont présents que sur les véhicules

Côté son, le titre est généreux. On peut basculer entre le doublage japonais et anglais pour accompagner les textes entièrement localisés en français. On peut aussi alterner entre les musiques Midi pour les puristes ou les musiques orchestrales, et même choisir les musiques de Dragon Quest VIII en dehors des combats. Personnellement nous avons un faible pour ces dernières, les musiques de Dragon Quest XI S manquant de thèmes forts, qui imprègnent. Ces dernières semblent la plupart du temps déconnectées du jeu et participent rarement à l’ambiance, dénotant par rapport à l’action. On aurait presque envie de tout couper pour laisser respirer nos oreilles, jouir simplement du son des musiciens dans la rue, ou écouter le concert des oiseaux et du vent.

Un système de jeu “old school” aussi

Un dragon, des gluants en métal, le bonheur de farmer !

Dragon Quest XI S peut être considéré comme un jeu hommage à la série, un concentré de sa substantifique moelle depuis sa création. Les combats n’échappent pas à cet héritage et on retrouve le tour par tour cher à la série. En mode 3D, on distingue les monstres sur la carte. De plus,la faune n’est pas la même suivant que l’on soit en journée ou de nuit. Il est possible de les attaquer de façon préventive en leur donnant un coup d’épée pour engager le combat et leur faire perdre quelques points de vie. On peut aussi utiliser une arbalète pour les faire venir à nous. Suivant la différence de niveau que l’on peut avoir avec certaines créatures, celles-ci peuvent très bien préférer la fuite à l’attaque frontale. Cela donne un côté vivant à la faune assez appréciable. Une fois le combat engagé, il prend place dans une sorte de cercle dans lequel on peut bouger librement nos personnages. Cela permet d’éviter certains dégâts de groupe mais la difficulté est si faible que l’on se passe aisément de cette possibilité tactique. L’autre nouveauté se trouve dans un état “hypertonique” dans lequel peuvent entrer nos personnages. Cet état booste leurs caractéristiques et permet d’utiliser les “combos d’équipe”, sortes d’attaques ou sortilèges surpuissants, ponctués d’animations assez spectaculaires. Mis à part ces petites nouveautés, les combats restent d’un classicisme sans faille : attaque simple, magie, talents, on retrouve plus ou moins tout ce qui a fait et fait toujours le charme de la série.

Yeeepppeeeee !!!!!

Les menus ont été simplifiés et de nombreux raccourcis ajoutés comme la possibilité de soigner toute l’équipe en optimisant le coût de la magie, accéder directement à l’arbre des compétences (sans aucune originalité), discuter avec l’équipe, voir la carte de la région ou du monde, jeter un oeil sur l’intégralité des statistiques de la partie, etc. Cette simplification se retrouve aussi dans les déplacements de l’équipe dans le monde, la téléportation entre les villes est toujours présente et de nombreuses montures, dont le cheval accessible dès le début de l’aventure, permettent des voyages rapides dans les grandes zones du jeu. Les quêtes annexes sont peu nombreuses et assez faciles à réaliser, ce qui permet toujours de rester focalisé sur l’aventure principale qui ne devient jamais secondaire comme dans la plupart des jeux de rôles actuels. Le endgame est assez conséquent pour augmenter encore de quelques dizaines d’heures la centaine nécessaire pour terminer l’aventure.

Les montures sont parfois surprenantes !

Dragon Quest XI S est généreux, riche et cela se retrouve aussi dans les mini-jeux que l’on croise au gré de nos aventure, tels les courses de chevaux qui se jouent comme un Mario Kart simplifié, le traditionnel Casino et ses jeux de hasard : roulette, machine à sous, blackjack, etc., et quelques petites séquences venant agrémenter des cinématiques ou des passages particuliers du jeu. Issue de Dragon Quest VIII, la forge permet de fabriquer des armes, armures et accessoires au cours d’un autre mini-jeu, si l’on possède les ingrédients et les plans nécessaires, mais aussi d’améliorer l’équipement acheté en boutique. Sachez aussi que certaines pièces d’armure constituent un set qui change le look de vos personnages, un autre petit plus bien appréciable qui rend notre équipe encore plus attachante. Ce n’est pas sans conséquence car Dragon Quest XI S offre un grand choix de romances. Il est possible de vivre une histoire d’amour avec presque tous les membres de votre troupe pour une idylle hétérosexuelle ou homosexuelle. Le choix risque d’être dur, et à défaut d’aimer tous ses personnages, Dragon Quest XI S, lui, fait tout pour qu’on l’aime.

Le test a été fait sur Xbox One Fat et Xbox One X.

Le coin des chasseurs : Les 58 succès de Dragon Quest XI S demandent beaucoup de temps pour être décrochés, un certain nombre s’obtiennent durant l’aventure, d’autres vont vous amener à explorer la carte de fond en comble.

Bilan

On a aimé :
  • Le meilleur de Dragon Quest dans un seul jeu !
  • Des personnages particulièrement attachants
  • Un jeu généreux
  • Une aventure dépaysante et remplie de rebondissements
On n’a pas aimé :
  • Les musiques orchestrales
  • Un challenge qui aurait mérité d’être un poil plus relevé
Un jeu dont on tombe amoureux

Dragon Quest XI S : Les Combattants de la destinée - Édition ultime est un jeu rempli d’éléments classiques et qui dégouline de “old school” et de vieux JRPG à l’ancienne. On a presque l’impression d’avoir embarqué dans une vieille Delorean étrange avec un professeur fou aux cheveux blancs en pétard au volant pour revenir au temps où les jeux de rôle se trouvaient exclusivement en import. Dragon Quest XI S est un concentré d’histoire d’une série mythique qui a su capitaliser sur son expérience, son savoir-faire, sans pour autant se travestir sur l’autel de la nouveauté mal placée. Il saura sans mal toucher au cœur les vieux joueurs de JRPG, comme une madeleine de Proust au goût de “revenez-y” mais pas que, car ses personnages, le style rondouillard de Toriyama et la beauté de ses paysages pourront aussi séduire de nouveaux joueurs. Et tant mieux, car ce jeu a tout pour que l’on en tombe éperdument amoureux...

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Dragon Quest XI S : Les Combattants de la destinée

PEGI 12

Genre : RPG

Développeur : Square Enix

Éditeur : Square Enix

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4, PC Windows, Nintendo Switch

3 reactions

Rone

17 déc 2020 @ 16:52

Et bien pour une fois je ne vais pas être d’accord avec toi ! Le premier point qui m’a freiner, ce sont les musiques, que j’ai trouvé particulièrement faibles. J’irais même jusqu’à pénibles, les thèmes récurrents de type fanfare étant épuisants. Le deuxième est la banalité du jeu, qui se résume vite à une sorte de ligne droite. La beauté du jeu m’a tenu pendant 3 à 4 heures, et puis j’en ai eu marre... Pourtant j’avais bien envie de me faire un jrpg à l’ancienne, mais là, non. Au final, c’est tant mieux, il y a tellement de bons titres sur le game pass que je n’ai au final pas passer trop de temps sur celui-là !

Jarel

17 déc 2020 @ 19:39

Rone, mon cher ami, en fait nous sommes d’accord !

Les musiques sont particulièrement faibles, épuisantes, parfois absolument pas en accord avec l’action et je préfère les couper en ce qui me concerne.

Le jeu est banal au possible, c’est un Dragon Quest comme il y en a eu tant d’autres (mis à part le IX et le X qui étaient axés multi) mais c’est plus fort que moi, j’accroche toujours autant et je n’arrive pas à me l’expliquer pourtant ce n’était pas gagné ! J’étais comme toi au début : « Aller, c’est reparti pour un tour ! Ils nous font encore le coup du perso mutique dans le village paumé qui est l’élu de je sais pas quoi et qui va sauver le monde ! » Oui, c’est ça mais les personnages sont attachants, l’univers toujours aussi agréable, parfois drôle, frais, en gros cela répondait à ce qu’il me fallait en ce moment de grisaille générale.

Et le jeu est beau, pas techniquement car dépassé, mais la direction artistique est bien trouvée, juste, équilibrée, cohérente et quand on regarde certains autres JRPG (suivez mon regard qui se porte sur un jeu dont les initiales sont FF) c’est déjà énorme !

Nous sommes donc d’accord dans le fond mais Dragon Quest XI S a eu un écho au fond de moi qu’il n’a pas eu chez toi.

PS : Puis mon petit dernier de 9 ans accroche à fond aussi. :)

Rone

18 déc 2020 @ 17:20

Putain, déjà 9 ans ! Bordel !