Test - Wasteland 3 - Les Rangers, la loi c’est eux !

«Petits changements, grande aventure» , - 2 réaction(s)

J’ai à peine posé mes mains sur le clavier de mon ordinateur qu’un léger sourire illumine mon visage. Le fait d’écrire un test sur un jeu post-apocalyptique durant cette période si particulière de pandémie m’amuse. Et c’est sur la série Wasteland que cela tombe, la première à avoir abordé le post-apocalyptique dans le jeu de rôle vidéoludique, elle dont l’écriture caustique déborde d’humour noir… En 2015 pour le test de Wasteland 2, j’avais rédigé une introduction qui se finissant par la phrase suivante : “Le monde ne sera plus jamais comme avant après ça”. Cinq ans plus tard, pour le test de Wasteland 3 je pourrai mettre la même phrase et ajouter “…la série Wasteland, elle, change peu, et c’est tant mieux !”

Wasteland : Le Guide du routard

Si jamais seul le test du jeu vous intéresse alors passez directement au chapitre suivant.

Inutile de chercher dans votre guide. Les Terres Désolées n’y sont pas. Pour avoir une chance de tomber sur leur description il faut chercher dans les ouvrages plus anciens et remonter en 1988, soit trois ans après la sortie en salle de Mad Max 3.

Wasteland - 1988

Édité par EA et dirigé par Brian Fargo le fondateur d’Interplay, après cinq années de développement, Wasteland sort sur Apple II avant d’être porté sur Commodore 64 et PC. Ce jeu de rôle post-apocalyptique est à l’époque révolutionnaire, tant sur son contexte post-apo -jusqu’alors rarement abordé dans les RPG- que sur ses mécanismes de jeu. Wasteland est le premier jeu à proposer un univers persistant. Pour la petite histoire, les ordinateurs ne disposant pas de disque dur à l’époque, le jeu sauvegardait continuellement les données sur la disquette originale, si bien qu’il était demandé de faire au préalable une copie avant de commencer sa partie. L’accueil par la presse et les joueurs fut unanime, l’écrivain Orson Scott Card (auteur de la Stratégie Ender entre autre) allant même jusqu’à s’adonner au rôle de critique pour ce jeu. Et puis… plus rien. Une séquelle a bien vu le jour en 1990 sans même s’affirmer comme telle, même si aucun membre du staff original n’avait travaillé dessus.

Pour jouer à la vraie suite de Wasteland il faudra attendre 1997 et regarder à nouveau du côté d’Interplay qui avait commencé à distribuer ses propres jeux et gagné leur indépendance en 1988. Cette suite spirituelle trouve le nom de Fallout, la licence Wasteland étant toujours propriété de EA. Oui, Fallout, le jeu post apocalyptique culte qui a fait passé à bon nombre de joueurs une multitude de nuits blanches inoubliables. Fallout et sa suite Fallout 2 sortie en 1998 restent encore aujourd’hui comme les références ultimes de jeu de rôle post-apocalyptique. Leurs décors fixes en 3D isométrique, leurs combats tactiques au tour par tour et les musiques lancinantes et organiques de Mark Morgan hantent encore les rêves de bon nombre de joueurs. Ces deux épisodes distillent subrepticement quelques références à leur géniteur Wasteland, ses terres désolées, ses personnages et les célèbres Rangers du désert, une équipe de mercenaires tentant de redonner un semblant d’ordre et de justice dans un monde en ruine. Fallout 3 change radicalement la donne en abandonnant la représentation en 3D isométrique et le traditionnel combat au tour par tour pour leur préférer une vue à la première personne et un système de combat bâtard. L’histoire aurait pu s’arrêter là…

Wasteland 2 - 2015

En 2003, Brian Fargo monte InXile Entertainment et acquiert les droits du nom Wasteland des mains de… Konami, qui l’avait récupéré pour son jeu de carte Yu-Gi-Oh !. En 2007 Brian Fargo lâche ce qui fait office de bombe nucléaire dans la communauté des fans de Fallout : il souhaite faire revenir le jeu qui a été à l’origine de Fallout. Le financement reste le seul frein au projet, un obstacle qui sera levé grâce à l’opportunité Kickstarter. Le 13 mars 2012, après avoir assemblé autour de lui l’équipe centrale à l’origine de Wasteland, le designer de Fallout Jason Anderson et le compositeur de Fallout 1 et 2, Mark Morgan, Fargo mise sur un budget minimum d’un million de dollars pour faire le jeu. Les dons atteindront trois fois cette somme à la fin de la campagne participative. Le jeu sortit le 19 septembre 2014 sur PC ; le succès fut au rendez-vous si bien que Wasteland 2 version director’s cut arriva en octobre 2015 sur notre chère Xbox One. Cinq années plus tard, fort du succès critique et d’estime de ce second opus, arrive Wasteland 3 sur Xbox One et dans le Xbox Game Pass, avec au programme quelques nouveautés mais surtout une continuité qui fait tout son charme et regroupe l’essentiel des écueils que l’on pourrait lui adresser.

Wasteland 3 du chaud au froid

Le Patriarche sur son trône de fer

Wasteland 3 reprend l’histoire des Rangers du Désert, qui tentent de faire régner l’ordre et la loi dans ce monde post-apocalyptique, quelques années après la fin du second épisode. Les retardataires téméraires qui ont en tête de faire ce troisième épisode avant de peut-être se laisser tenter par le deuxième sont donc prévenus. Suite aux évènements du second épisode, les Rangers sont aux abois. Leur terre natale , l’Arizona, n’est plus, ils ne sont plus qu’une petite poignée, ayant perdu la quasi totalité de leurs ressources. C’est dans ce contexte qu’ils reçoivent un appel d’un personnage appelé le Patriarche qui règne en maître sur le Colorado. Si vous l’aidez à régler ses problèmes, il vous promet les fonds et l’aide dont vous avez besoin pour redorer l’insigne des Rangers. Rien de mieux pour vous motiver à rassembler vos troupes et partir affronter le froid mordant du Colorado. Et au Colorado on sait accueillir les nouveaux arrivants, surtout s’ils viennent pour aider le Patriarche qui est très loin de faire l’unanimité auprès de ses concitoyens. Les Rangers tombent dans un véritable guet-apens, on vous passe les détails du massacre… Vous arrivez à en réchapper et à arriver à Colorado Springs, la capitale, où le Patriarche vous accueille aux portes d’un vieux bâtiment désaffecté qui deviendra votre nouvelle base et vous fait part de ses problèmes. Ces derniers sont loin d’être insignifiants, surtout qu’il s’agit de problèmes familiaux. C’est difficile d’être parent même quand on est le Patriarche, deux de ses enfants sont fous et ont été bannis de Colorado City, le troisième veut tout simplement prendre son trône et est parti de lui même. Mais bon, il reste ses enfants et il souhaite qu’on les ramène à lui et en vie… Voilà pour l’intrigue initiale.

L’humour est toujours présent, subtil, noir ou référentiel.

Comme dans les précédents Wasteland l’écriture est somptueuse, un véritable travail d’orfèvre tant au niveau des situations et des quêtes que de la caractérisation des personnages. L’humour est toujours présent, subtil, noir ou référentiel. La découverte du Colorado et de ses habitants est un véritable régal. Les quêtes sont soignées et offrent pour la plupart diverses possibilités de résolution entraînant parfois des choix avec conséquences. Ces choix sont évidemment loin d’être binaires et un choix qui vous semblait empathique sur le moment pourra avoir des conséquences tragiques par la suite. Dans Wasteland 3 rien n’est vraiment évident et comme dans le précédent opus, certaines quêtes sont proposées simultanément, vous demandant alors laquelle prioriser au détriment de l’autre. Chaque décision vous rend plus ou moins sympathique aux yeux des différents clans antagonistes, il faut bien choisir ses ennemis tout comme ses amis. Le sort du Colorado est entre vos mains.

Un petit clin d’ôeil parmi tant d’autres !

Mais pas que, car celui des Rangers l’est aussi. Plus votre notoriété augmente, plus vous attirerez de nouvelles recrues. Comme d’habitude lorsqu’elle est proposée dans un jeu, la gestion de base a quelque chose de grisant : choisir les bonnes recrues pour occuper les postes clé comme le médecin, le mécano, l’armurier, le geôlier de votre base, finir des quêtes pour améliorer votre base, accueillir de nouveaux compagnons, etc… Cette deuxième maison devient un personnage à part entière pour notre plus grand bonheur, ainsi que l’endroit où l’on peut, au gré de nos missions, composer notre équipe de Rangers.

Le Ranger de A à Z

Ça va saigner...

Wasteland 3 nous propose au début d’incarner non pas un personnage mais deux. Des duos sont déjà pré-construits avec leur histoire, leur équipement et des lignes de dialogue propres. Dans ces duos on trouve toutes les orientations sexuelles, avec un couple hétéro, gay, lesbien, un lien familial père et fille, et une fratrie. Si dans tout cela vous ne trouvez pas chaussure à votre pied, il est possible d’en créer un de toute pièce. La création des personnages vous permet bien sûr de choisir leur apparence assez variée et jolie dans l’ensemble. Par la suite il faut répartir une série de points dans les attributs (force, chance, intelligence, etc.), les compétences (dans lesquelles on trouve les spécialités de votre personnage en arme de prédilection et en talents) et les avantages. Ces derniers sont pour la plupart directement liés au niveau de compétence et permettent de débloquer des capacités spéciales ou des avantages passifs particulièrement utiles. La grosse nouveauté de Wasteland 3, par rapport au deuxième, est qu’il abandonne le pourcentage de réussite pour les actions liées aux compétences.

Dès qu’une tête dépasse...

Eh oui, fini la possibilité de tomber sur un échec critique avec pourtant un taux de réussite de 95% ! De fait on arrête de passer par la case sauvegarde avant chaque tentative d’utilisation d’une compétence et cela fait un bien fou, surtout que les temps de chargement de Wasteland 3 sont particulièrement longs et fréquents vu la structure de jeu par zone. On compte environ une moyenne de 40 secondes à chaque fois avec aucune différence notable entre le chargement de la sauvegarde rapide et de la normale.

Les taux de réussite se retrouvent lors des combats. On retrouve avec plaisir les traditionnels combats au tour par tour où le positionnement de nos troupes est primordial : se mettre à couvert, protéger ses arrières, ouvrir son angle de tir. À chaque tour de jeu nos personnages ont un certain nombre de points d’action à répartir entre l’utilisation de nos armes, les soins, les déplacements, etc. L’approche tactique est toutefois loin d’être concluante dans Wasteland 3, même si le jeu nous offre parfois quelques subtilités d’approche, ces dernières sont peu nombreuses et nous nous retrouvons la plupart du temps devant des combats frontaux sans possibilité de préparer une éventuelle attaque surprise. Pour varier un peu nos possibilités d’action, on peut utiliser les nombreux pièges contextuels présents sur la carte, bidons explosifs, mines, et même retourner contre nos adversaires leurs défenses suivant les capacités de nos personnages, comme pirater des tourelles ou apprivoiser un animal.

Un tank, des fois, c’est bien utile !

Votre camion combat est une des grosses nouveautés de Wasteland 3. Ce véhicule customisable est utilisé par les Rangers pour explorer la carte du Colorado. Lieux secrets, quêtes annexes, zones radioactives, combats aléatoires et avaries techniques sont à l’honneur dans cette nouvelle phase d’exploration. Autant l’avouer, passé la découverte, l’exploration est plus laborieuse qu’agréable mais c’est la seule façon de rejoindre les différentes zones du jeu.

Un peu de technique et du coop !

Wasteland 3 ne déchire pas la rétine mais il est clairement au dessus de son piètre grand frère. Tous les personnages sont doublés en une très bonne version originale anglaise entièrement sous-titrée en français. Le travail de doublage est excellent dans le ton et plaisant à l’oreille, de même que l’OST, avec à la baguette encore l’immense Mark Morgan (compositeur entre autre des deux premier Fallout, de Planescape : Torment et Wasteland 2). En plus d’être magnifique, elle se paye le luxe de revisiter certaines chansons du patrimoine américain et même de s’essayer à la parodie. Un régal.

Techniquement, tout est loin d’être parfait et quelques bugs viennent se rappeler à nous, avec quelques déplacements erratiques de nos troupes, des difficultées à trouver le bon emplacement pour ouvrir des conteneurs, rien de bloquant mais cela nuit un peu au plaisir.

Aujourd’hui, on rase gratis !

Wasteland 3 propose aussi un mode coopératif en ligne. Vous pouvez essayer de faire un petit bout de route avec un autre joueur ou si vous avez vraiment un très bon ami tenter de vous lancer dans toute l’intrigue. Le mode coopératif offre des récompenses inédites pour les joueurs avec des missions spécialement calibrées pour. Nous n’avons malheureusement pas pu découvrir la singularité de ces missions à l’heure d’écrire ces lignes.

Le coin des chasseurs : Wasteland 3 va vous demander du travail et du temps de jeu pour décrocher ses 62 succès. Outre les succès liés à la difficulté (quatre modes au choix), certains sont relatifs à des choix pris et donc nécessitent plusieurs parties ou des sauvegardes judicieusement placées. Certains succès sont aussi liés à vos recrutements et d’autres à l’exploration exhaustive de la carte. Décrocher la totalité des 1000 G ne sera pas chose aisée !

Bilan

On a aimé :
  • Une écriture et un humour toujours aussi impeccables
  • Un excellent jeu de rôle à l’ancienne
  • Les petites nouveautés de gameplay
  • L’ambiance sonore au top
  • La possibilité de jouer en coop...
On n’a pas aimé :
  • ...mais en ligne seulement
  • Des affrontements un peu trop frontaux
  • Temps de chargement plutôt longs
  • Quelques bugs
Même froid c’est toujours aussi bon

Attention ! Wasteland 3 est comme son grand frère, un virus dangereux. Il n’a l’air de rien, on a du mal à le prendre au sérieux, mais au bout d’un moment les premiers symptômes se font sentir : on perd toute notion du temps, on rigole jaune tout seul devant son écran et on se retrouve continuellement à répéter “allez encore une dernière quête et j’arrête.” Vous avez beau mettre un masque sur la manette, le virus se diffuse, insidieux, jusqu’à vos amis pour quelques parties en coopération. Il se trouve même partout sur le Xbox Game Pass ! Alors attention, mieux vaut être averti et attendre la deuxième vague et le prochain confinement pour attrapper ce Wasteland 3 !

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Wasteland 3

PEGI 0

Genre : RPG

Editeur : InXile Entertainment

Développeur : inXile entertainment

Date de sortie : 28/08/2020

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4, PC Windows

2 reactions

LoveTartiflette

31 aoû 2020 @ 20:03

De la drogue ce jeu !!! Je suis accro.

Phebus

13 sep 2020 @ 20:18

J’ai découvert tardivement la série grâce au Gamepass avec le second volet...auquel je n’ai pas accroché. L’interface old-school était vraiment rebutante pour moi, surtout vu les standards actuels et en particulier Divinity Original Sin 2. En tout cas je suis totalement séduit par ce troisième volet, à part les temps de chargement vraiment soûlants, c’est une pépite du genre et je n’arrive pas à saisir comment la presse JV française soit si moite avec ce jeu (hors Xboxygen, super test, et quelques autres comme Warlegend) ... Le gameplay est vraiment plaisant, l’écriture géniale, tout comme la bande-son...is Buchanan a man ? Oh boy what a man :-)