Sorti en mai 2019 sur PC après de longs mois d’accès anticipé, Assetto Corsa Competizione est enfin arrivé sur Xbox One et PS4 ce 23 juin 2020. Contrairement à sa précédente création qui se voulait une simulation de course automobile plus généraliste, le studio italien de Kunos Simulazioni a décidé cette fois-ci de se focaliser sur la catégorie GT3. Leur objectif est de livrer aux joueurs la simulation la plus immersive possible des championnats officiels Blancpain GT Series de 2018 et 2019. Cet épisode d’Assetto est précédé d’une réputation flatteuse sur PC, c’est donc avec fébrilité que nous le lançons sur Xbox One X.
Bon comme du Blancpain ?
Les détracteurs du premier Assetto Corsa qui critiquaient le manque de contenu du jeu en matière de voitures et de circuits par rapport à ses concurrents ne doivent absolument pas lire les lignes suivantes, au risque de s’étouffer. En choisissant de se concentrer uniquement sur sa nouvelle licence officielle, Kunos Simulazioni propose un contenu encore plus famélique.
En effet, le Blancpain GT Series (appelé aujourd’hui GT World Challenge Europe), organisé par SRO pour le compte de la FIA, regroupe les deux championnats européens de Sprint Cup et d’Endurance Cup de la catégorie GT3. Une épreuve de sprint se compose, après les essais libres et les qualifications, de deux manches d’une durée réelle d’une heure chacune, tandis qu’une épreuve d’endurance peut durer jusqu’à 24h. Ces deux championnats se disputent chacun sur cinq événements, l’épreuve reine étant les mythiques 24 Heures de Spa. Assetto Corsa Competizione propose ainsi dans sa version de base les 11 circuits européens qui ont servi de décor pour les championnats de 2018 et 2019 et les 24 modèles de GT3 participants. Fermez le ban.
- Un loooong week-end en perspective !
L’éditeur est conscient de ce handicap au regard de la concurrence et propose la simulation à prix doux sur console. Trois DLC ont déjà été annoncés pour compléter cette offre. Le premier, prévu pour le 23 juillet, apportera la licence officielle de l’International GT Challenge avec ses 4 nouveaux circuits extra-européens : Mount Panorama, Laguna Seca, Suzuka et Kyalami. Le deuxième amènera dès cet automne les GT4 et le dernier, centré sur le championnat GT britannique, proposera fin 2020 3 circuits supplémentaires qui raviront les nostalgiques de la franchise TOCA : Donington Park, Oulton Park et Snetterton. De quoi grandement enrichir le contenu de base au fil des mois, moyennant finance.
Des sensations de conduite exceptionnelles
Les développeurs italiens ont fait de cette faiblesse du contenu une force pour rendre la conduite des GT3 aussi immersive que possible. La modélisation des tracés des circuits via la technologie Laserscan est remarquable. Les bordures et tous les détails de la piste sont recréés avec une très grande précision. Il suffit de comparer le résultat obtenu du circuit de Spa avec son homologue de Forza Motorsport 7 pour comprendre l’efficacité de cette technologie.
La modélisation des voitures n’est pas en reste, que ce soit l’extérieur ou l’intérieur. Jamais des GT3 n’ont été aussi bien représentées. Nous n’en attendions pas moins de Kunos tant ne peaufiner dans les moindres détails qu’une vingtaine de voitures doit s’avérer plus facile que plusieurs centaines. Licence oblige, vous aurez accès à toutes les livrées officielles des voitures mais vous ne pourrez malheureusement pas les personnaliser.
Dès le démarrage du moteur et la voiture lancée, la claque est magistrale via les trois vues internes, idéales pour une expérience réaliste en tant que pilote de course. Parmi celles-ci, la nouvelle vue casque est particulièrement jouissive car elle amplifie au maximum les sensations de conduite. L’ambiance sonore dans ces conditions est tout simplement exceptionnelle et dépasse de loin celles de la concurrence. Toutefois, les sons qui accompagnent les vues externes sont moins enthousiasmants. L’environnement acoustique de chaque voiture a pu être enregistré avec soin selon chaque angle de caméra choisi, et c’est un plaisir intense que d’écouter les différents bruits provenant des moteurs, des transmissions, des pneus, du passage de la GT sur les vibreurs et sous les ponts, des gravillons impactant le bas de caisse, et bien d’autres subtilités sonores.
Le même constat peut être dressé concernant la physique des bolides. Les transferts de masse et de charge sont particulièrement impressionnants et uniques à chaque voiture. On ressent ainsi parfaitement les différentes aspérités de surface et leur influence sur la stabilité du véhicule. La compression des amortisseurs, tout comme l’écrasement des pneus, est ultra réaliste et parfaitement retranscrite lors des freinages appuyés. Même rétrograder, en manuel, renforce la sensation de puissance du freinage de notre bolide.
Les bordures surélevées, présentes dans les enchaînements de virages serrés comme ceux du Rettifilo à Monza ou de la chicane de Spa, seront votre pire cauchemar, puisqu’elles vous feront perdre complètement le contrôle de la voiture si vous mordez dessus. Les sensations d’être à la limite de l’adhérence sont également très bien retranscrites via les gâchettes de la manette ou le retour de force du volant. Dans ces moments-là, la tension est palpable et la moindre erreur se paie cash.
Là encore, la nouvelle vue casque accentue les effets et rend l’expérience encore plus grisante. Par exemple, lors d’un enchaînement de virages à vive allure, les changements d’appui sont particulièrement démonstratifs et vous ressentez parfaitement le moment idéal où appuyer sur l’accélérateur de nouveau.
De nombreux paramètres, tels le niveau des pneus, l’aérodynamisme ou l’électronique, sont modifiables et vraiment impactants sur le comportement des voitures. Des heures de réglages seront nécessaires si vous souhaitez tirer le maximum de votre GT.
Enfin, cette version d’Assetto corrige un très gros défaut de l’opus précédent. En optant pour le moteur Unreal Engine 4 à la place de leur moteur maison, un cycle jour/nuit et une météo dynamique sont cette fois-ci présents dans le jeu et renforcent l’immersion, même si les effets visuels sont moins spectaculaires que ceux de la franchise Project Cars. Bien entendu, l’évolution des événements météorologiques modifie significativement la conduite et exigent une dextérité accrue.
- Ce n’est pas tous les jours facile !
Un portage sur consoles décevant techniquement
Alors que la technique d’Assetto Corsa Competizione est d’un très haut niveau sur PC, le passage sur consoles la dégrade fortement. Les développeurs de Kunos ont clairement privilégié la physique des GT3 en préservant les nombreux calculs nécessaires à son maintien, au détriment des graphismes et du framerate. Mais quitte à faire des sacrifices, leur choix de sauvegarder les sensations de conduite était le meilleur.
Les textures qui composent les décors environnants sont souvent de basse qualité et ne sont pas à la hauteur de la concurrence. Pire, celles du public sont grossières et indignes de cette génération de consoles. La présence d’aliasing se remarque à de nombreux endroits. La bonne nouvelle est qu’à vitesse élevée et le regard fixé sur la trajectoire de la voiture, il est facile de faire abstraction des détails de ce décorum.
- La belle modélisation de la voiture contraste avec la pauvreté des textures de la foule
Cependant le plus fâcheux est à venir. Même sur Xbox One X, le framerate oscille légèrement au-dessus des 30 images par seconde. Nous n’avons pas pu tester le jeu sur One Fat ou One S pour vérifier si l’instabilité du framerate empirait, mais de nombreux commentaires de joueurs sur les réseaux sociaux semblent l’affirmer. Espérons que de futurs patchs puissent améliorer cette situation.
Le dernier élément négatif lié au portage est la reconnaissance que partielle (direction et pédales non reconnus) de nombreux volants et pédaliers des marques Logitech et Thrustmaster alors qu’ils figurent dans la liste officielle des volants compatibles et qu’ils ne posent aucun problème sur PC. Il nous a fallu une astuce trouvée à cette adresse pour enfin profiter de notre installation TMX Pro, sachant que cette manipulation doit se faire à chaque lancement du jeu. À l’heure actuelle, ces dysfonctionnements ne sont toujours pas résolus.
Une simulation pointue et accessible
Avec un volant et un pédalier, la simulation pointue, voulue par Kunos Simulazioni, prend toute son ampleur. Il est évident que Assetto Corsa Competizione a été pensé pour être joué prioritairement dans cette configuration. Mais beaucoup se demandent si cet opus console est jouable à la manette. Nous ne faisons pas partie des ayatollahs qui méprisent les joueurs au pad sous prétexte qu’une simulation de course automobile sans volant ni pédalier est une hérésie. L’essentiel est de savoir si l’expérience vécue vaut le détour selon l’accessoire dont on dispose. Si le premier Assetto Corsa est considéré comme inadapté à la manette, cette version Competizione, hyper spécialisée, est contre toute attente jouable avec celle-ci. Kunos a effectué un travail remarquable sur la maniabilité, notamment via un réglage pertinent de la sensibilité. Certes, vous perdez en précision et il est quasiment impossible de rivaliser en course en ligne face aux possesseurs de volants. Mais si votre plaisir est simplement d’enchaîner les tours en solitaire, de vivre l’expérience exceptionnelle de la conduite proposée par cet Assetto et de se contenter de courses contre l’I.A. réglée à son niveau, pourquoi s’en priver ?
- Le radar sera votre meilleur ami pendant la course
D’autant plus que le jeu propose une exhaustivité de paramètres modifiables concernant les aides à la conduite et le niveau de réalisme de la simulation. Celui qui prendra le temps de fouiller tous ces menus pourra véritablement adapter le jeu selon ses envies. Concernant l’I.A. en course, vous êtes libre de paramétrer son agressivité et son niveau de talent, qui correspond grossièrement au temps qu’elle met à effectuer un tour de piste. Les développeurs ont fait une fois de plus des prouesses. Suivant les réglages choisis, les voitures ne semblent pas suivre une ligne imaginaire toute tracée, peu importe les événements. Au contraire, elles donnent le sentiment de s’adapter à la course. À ce jour, les sensations de conduite dans Assetto Corsa Competizione sont la nouvelle référence sur console.
C’est donc un véritable bac à sable que nous propose le studio italien. En mode pro, jamais un jeu de course sur console n’a atteint un tel degré de réalisme. Rien que le démarrage et les premiers mètres sont déjà une aventure…
Des modes de jeu sans folie
Les modes de jeu en solo restent classiques pour une simulation de course : entraînement, hotlap, hotstint (exige d’être le plus régulier possible, en plus de faire le meilleur tour), course rapide, week-end complet en course Sprint ou Endurance, championnat et carrière. Un menu “événements spéciaux” est également disponible où 4 épreuves avec des conditions très spécifiques sont renouvelées régulièrement et dans lesquelles votre résultat apparaîtra dans un classement en ligne.
Malheureusement, la carrière est très loin de celles scénarisées de la franchise F1 de Codemasters par exemple. Vous êtes accueilli par l’ancien vainqueur du Blancpain GT Series 2017, Mirko Bortolotti, et vous démarrez le programme des jeunes pilotes Lamborghini. Il s’ensuit deux épreuves d’initiation à Monza sur piste sèche et humide puis une troisième épreuve de nuit… et vous intégrez l’écurie de votre choix pour entamer la saison 2018, sans cinématique ni autre friandise. Vraiment dommage.
Le seul mérite de la carrière est de vous initier à la philosophie des simulations de jeux de course. Vous avez des explications écrites et assez détaillées du système de notation des pilotes qui vous apprennent comment bien se comporter sur la piste en solitaire et dans les courses. Heureusement la traduction française est d’un bon niveau, contrairement à celle catastrophique du premier Assetto Corsa. La note qui vous sera attribuée tout au long de votre progression est primordiale pour jouer en ligne dans d’excellentes conditions.
Le mode multijoueur sera finalement le point d’orgue de la simulation, notamment pour ceux qui rêvent de participer aux épreuves eSport. Cependant, il est impossible de juger ce mode à l’heure actuelle, la faute à des serveurs encore trop peu fréquentés et des circuits occupés qui sont souvent les mêmes, Silverstone en tête. Il faut rappeler que le jeu demande un apprentissage important pour éviter d’être ridicule sur piste et il est fort possible que de nombreux joueurs fassent leurs gammes en attendant d’entrer dans la fosse aux lions. Pour ceux qui souhaitent éviter les conducteurs irrespectueux, un serveur de compétition est disponible si vous avez atteint le score de 70 en évaluation de sécurité. Toutefois, cela demandera encore plus de temps pour emplir les sessions de concurrents.
Le coin des chasseurs : Assetto Corsa Competizione propose 40 succès pour un total de 1000G. Comme dans tous les jeux de course, récolter tous les succès prendra un temps pharaonique. On retrouve du grand classique : gagner un championnat, une course avec chaque voiture, gagner en partant du fond de la grille, gagner les médailles présentes dans le jeu, etc.