Test – Star Wars Jedi : Fallen Order, le jeu qui amène l’équilibre dans la Force ?

«En vente sur tous les bons Siths web» , - 2 réaction(s)

Franchise lucrative par excellence, pouvant se décliner en des centaines de produits dérivés (dessins animés, séries, jouets, fringues, dentifrices, paillassons…), Electronic Arts n’est pas prêt de laisser tomber la poule aux œufs d’or que représente la saga se déroulant dans une galaxie lointaine, très lointaine. Pourtant, les bons jeux vidéo estampillés Star Wars ne sont pas légion. C’est donc non sans pression que les jeunes padawans du studio Respawn Entertainment, papas de Titanfall 1 et 2, nous livrent leur copie d’un jeu d’action/aventure entièrement solo. Et non, je ne mettrai pas “Han” entre parenthèses avant ce dernier mot.

CAL, Ô (G)HÉROS

Avant toute chose, employons quelques instants la première personne en guise de préambule. N’étant pas un grand spécialiste de l’univers étendu de Star Wars (en gros, je connais les épisodes sortis au cinéma), je m’excuse par avance si je commets quelques approximations concernant l’histoire ou les personnages présents dans ce Jedi Fallen Order. Au moins, vous pouvez être rassurés quant au potentiel taux de spoil présent dans ce test !

« Mon enfant nue sur les galets... »

Ceci étant dit, attardons-nous un peu sur le scénario de cette nouvelle aventure. Celle-ci se déroule peu de temps après l’épisode 3 et l’Ordre 66, c’est-à-dire l’exécution des Jedis par les Siths. On y incarne Cal Kestis, un jeune jedi réfugié sur la planète Bracca. Contraint de révéler ses pouvoirs après l’arrivée des forces de l’Empire, dont les mystérieuses Inquisitrices, Cal est sauvé in extremis par un vaisseau sorti de nulle part. À son bord, le pilote Greez ainsi qu’une ancienne jedi, Cere Junda, lui révèlent qu’il existe peut-être un moyen de rétablir l’Ordre Jedi à l’aide d’un puissant artefact, également convoité par de vils personnages. Il est maintenant temps pour Cal d’assumer pleinement ses pouvoirs pour un usage plus noble que celui d’attrapper la télécommande sans se lever du canap’.

Mieux caché que Marcel Beliveau

Ce qui fait la force d’un épisode de Star Wars, que ce soit au cinéma, en bande-dessinée ou dans un jeu vidéo, ce n’est pas forcément l’originalité de son histoire. Essentiellement basée sur le concept du voyage du héros, étayé dans le livre de Joseph Campbell “The Hero With A Thousand Faces”, on retrouve cette structure narrative dans pratiquement tous les récits de la saga. En revanche, la manière dont George Lucas s’est emparé de cette construction en y mélangeant de nombreuses influences a rapidement bâti une mythologie connue de toutes et tous, avec ses propres codes et son propre vocabulaire. En ce sens, le jeu remplit parfaitement son office en utilisant de très belle manière le lore starwarsien. Sans atteindre la richesse d’un Empire Strikes Back, les rebondissements et les personnages rencontrés sont suffisamment intéressants pour donner envie au joueur de progresser. Mis à part un passage plutôt raté sur la planète Dathomir, qui constitue sans aucun doute le ventre mou du jeu. Il manque également un peu de profondeur à Cal pour en faire un héros digne de ce nom, sa personnalité étant un poil trop lisse et convenue pour marquer les esprits. En même temps, difficile de passer après Starkiller, seule véritable réussite des opus du Pouvoir de la Force sur la génération précédente de console. Heureusement, la complicité avec le petit robot (non pas Nono) BD-1 relève l’intérêt. Malgré un avatar un peu timide, Jedi Fallen Order possède fort heureusement des arguments de taille afin de vous faire dégainer le sabre laser.

UN JEDI, ÇA PIQUE AUX YEUX

Rise of the Fallen Order

Comme je vous l’expliquais au début de ce test, Star Wars est une franchise que j’apprécie sans en être pour autant un fan inconditionnel. Pourtant, dès les premières minutes de jeu, je n’ai pas pu résister à l’avalanche de sensations créée par la mise en scène, le sound design et les décors. Pour tenter de synthétiser le niveau de réalisation des équipes de Respawn en quelques mots : ça tue la gueule, ça pète la classe. Même sans apprécier plus que ça l’univers des films, il est difficile de rester insensible devant les splendides panoramas qui s’étalent devant nos yeux pendant toute l’aventure. JFO nous est vendu comme un blockbuster triple A, et ça se ressent à chaque seconde. La mise en scène est maîtrisée et servie par des angles de caméras très cinématographiques, surtout lors des phases de fuite ou de course-poursuite effrénées. L’Unreal Engine 4 poussé au max nous sert un menu gastronomique de compétition : de somptueux effets de lumière, des arrière-plans dynamiques possédant une belle profondeur de champ, une physique astucieusement utilisée, une animation des personnages de haut niveau et des textures détaillées. L’excellence du sound design et des musiques, faisant honneur aux talents de Ben Burtt et de John Williams, viennent compléter ce tableau déjà alléchant. Quelques options permettent de peaufiner le rendu visuel, comme le motion blur, le grain de l’image ou encore le tremblement de la caméra.

Suivons ce mammouth !

Arpenter les différentes planètes du système est un pur régal. En général, quand on part en vacances dans des contrées aussi exotiques, on a envie de remplir son disque dur de belles photos pour ensuite les projeter en intégralité à notre famille lors d’interminables séances diaporama (ne mentez pas, on l’a tous fait). À l’heure où nous écrivons ces lignes, le mode Photo vient d’être annoncé via une prochaine mise à jour ; mode qui a cruellement manqué à votre serviteur pendant la phase de test afin de vous proposer des captures d’écran dignes de ce nom, même s’il est possible de faire des screenshots décents en cours de partie. Côté gameplay, Respawn Entertainment a choisi d’assumer pleinement le statut de blockbuster sorti tout droit de chez Disney, en nous livrant une recette maxi best-of directement inspirée de ce qui se fait de mieux (ou en tout cas de plus populaire) en termes de jeu d’action/aventure. Imaginez un mélange entre les récents reboots de Tomb Raider et la franchise des Souls, ajoutez un soupçon de metroidvania et aromatisez le tout avec quelques épices issues de Star Wars et vous obtiendrez Jedi Fallen Order. Est-ce gênant ? Pas vraiment en fait, puisque la majorité de ce que le jeu nous offre, il le fait bien.

JABBA MES ENNEMIS

Rien ne vaut un bon coup de latte bien placé

Commençons par décortiquer le cœur de la bête, à savoir le système de combat. Ceux ayant déjà tâté un épisode de la saga de From Software seront en terrain connu. Cal possède une attaque faible au sabre laser qui a pour effet de remplir sa jauge de Force, nécessaire pour utiliser certains pouvoirs jedis. Il peut également utiliser des attaques plus puissantes qui consomment une partie de cette jauge, mais qui peuvent briser la garde des ennemis. Pour ne pas se manger trop de mandales on peut se protéger avec le sabre, ce qui permet à la fois de dévier les tirs de lasers (et de les retourner à la tronche de l’envoyeur en appuyant juste avant l’impact) et de résister aux coups au corps-à-corps. Attention à ne pas abuser de cette protection, car si la jauge de garde se brise sous les assauts de l’ennemi, le coup reçu fera encore plus mal. Si vous êtes du genre à vouloir livrer des combats parfaits, apprendre à effectuer une parade parfaite (pile avant l’attaque ennemie) vous demandera des réflexes dignes d’un Maître Jedi contre les ennemis les plus puissants. On peut également esquiver en arrière en appuyant simplement sur B, deux pressions successives permettent d’effectuer une roulade dans la direction souhaitée. Jusque là, rien de surprenant. Les commandes répondent bien, l’animation est bien fluide et c’est vraiment fun de se prendre pour un jedi en défouraillant du stormtrooper et des bestioles de l’espace. Mais que serait un jedi sans ses pouvoirs ?

Un TS-TT bientôt en RTT

Toujours comme dans Dark Souls, Cal peut se reposer à des points de méditation faisant office de checkpoint. En s’y arrêtant, on peut méditer afin de recharger santé et medikits, ce qui aura pour effet de faire réapparaître tous les ennemis de la zone. On peut également dépenser des points de compétences engrangés avec l’expérience gagnée en cours de jeu, dans un arbre qui fait drôlement penser au sphérier de Final Fantasy X. On peut y améliorer les stats générales de notre héros (augmentation de la jauge de force et de santé) et y apprendre de nouvelles capacités. À noter que certaines s’apprennent automatiquement au cours de l’histoire, au fur et à mesure que Cal se rappelle ses enseignements de jeune padawan. Procédé d’apprentissage un peu tiré par les cheveux, mais qui s’insère finalement assez bien dans la progression. Les pouvoirs de la force (ralentissement, lancer de sabre, ondes de choc, contrôle des ennemis…) sont très cool à utiliser, voire presque indispensables à maîtriser en combat afin de se débarrasser d’adversaires qui arrivent parfois par vagues. C’est d’ailleurs un point sur lequel le titre pêche par moments, à savoir miser sur la quantité d’ennemis présents à l’écran. Dans une zone ouverte il est assez facile de s’en sortir, mais dans les endroits plus exigus c’est une autre paire de manches. Ça peut vite devenir le bordel, tant à cause du lock capricieux que de la caméra qui s’affole, surtout si vous avez un précipice à proximité. D’autant que face à de nouveaux ennemis, il n’est pas évident d’évaluer la distance des attaques au sabre. Il faudra s’armer d’un peu de patience afin d’apprécier la portée de votre arme, qui évoluera d’ailleurs elle aussi en cours de jeu.

Les fans seront ravis de croiser le fer laser avec une belle variété d’ennemis humains (stormtroopers, purge troopers, chasseurs de prime), de créatures et de machines en tout genre. Si les plus puissants représentent un petit challenge, les troopers de base sont parfois un peu débiles et mettent du temps à déclencher leurs attaques. Autre déception du côté des boss car même si Jedi Fallen Order propose quelques affrontements haletants, notamment contre les forces de l’Empire, les autres ne sont que des versions évoluées de simples créatures.

LES CABRIOLES, ÇA PEUT FAIRE MAL DOOKU

Luc Besson serait fier

Outre la castagne, les environnements traversés sont variés et assez vastes. Suffisamment pour nous donner envie d’en explorer les moindres recoins, sans tomber dans l’écueil du “more is always better”. Il est également plaisant de voir que le titre a été pensé comme un jeu d’action (Han) solo simple et efficace, sans s’encombrer de mécaniques qui auraient certainement cassé son efficacité (craft, loot, objectifs secondaires…). Les éléments à collecter dans des coffres plus ou moins bien cachés sont à usage purement esthétique, que ce soit la tenue de Cal, l’apparence du vaisseau ou de celle de BD-1. La customisation du sabre laser est également une idée sympa, qui à elle seule nous pousse à explorer les niveaux de fond en comble pour dénicher l’interrupteur qui manquait à notre collection. À noter que BD-1 peut également scanner les ennemis et certains éléments du décor. Cela constitue de petites fiches de renseignements sur le lore, donnant parfois quelques astuces de combat. Une bonne idée qui a le mérite d’alléger le nombre d’informations présent à l’écran.

Je vais plutôt essayer un blanc cassé

L’acquisition progressive des pouvoirs de Cal à la manière d’un metroidvania donne l’occasion de quelques allers-retours sur les 5 planètes du système. La bonne idée est la présence d’une carte en trois dimensions, qui dévoile les zones explorées. Les passages bloqués y sont indiqués, ce qui évite de devoir retenir qu’il faut tel pouvoir pour débloquer tel endroit sur telle planète. Il est juste étrange que les développeurs n’aient pas pensé à incorporer un système de voyage rapide entre les points de méditation. Quitte à copier des modèles qui ont fait leurs preuves, pourquoi ne pas le faire jusqu’au bout ? Car devoir se retaper de l’escalade et des combats contre les mêmes mobs a de quoi fatiguer à la longue. D’autant plus que la gestion des acrobaties n’est pas toujours une partie de plaisir. Il arrive trop souvent qu’un saut effectué avec un léger retard termine dans un précipice, ou que Cal ne s’accroche pas bien à un rebord ou n’effectue pas le double saut. Les phases de glissade avec enchaînement de yamakaseries manquent parfois de lisibilité, ce qui fait qu’on est souvent contraint de recommencer plusieurs fois après quelques gamelles.

Cap vers l’Ifa ! Euh...

À la manière d’un Tomb Raider, on est amené à résoudre quelques énigmes à l’intérieur de tombeaux. Elle ne cassent pas trois pattes à un AT-ST, mais ont le mérite d’utiliser de manière astucieuse les pouvoirs de la force, aka le moteur physique du jeu. Il est un peu dommage qu’elles reposent souvent sur le même principe, à savoir mettre une boule dans un trou (coucou Breath of the Wild). Si vous êtes un habitué des jeux du genre, choisissez d’emblée le mode Difficile qui vous offrira une quinzaine d’heures efficaces et bien dosées.

Le coin du chasseur : Jedi Fallen Order possède au total de 39 succès dont 14 secrets. La majorité concerne l’histoire principale mais il vous faudra barouder un peu pour débloquer ceux liés aux collectibles, et faire appel à vos réflexes jedi pour la maîtrise de l’esquive et du sabre laser !

Bilan

On a aimé :
  • Réalisation de haute volée qui en fout plein la tronche
  • L’alternance entre combat et exploration
  • L’utilisation bien classe des pouvoirs de la force
  • Belle variété d’environnements
  • Customiser son sabre laser
On n’a pas aimé :
  • Certaines phases de plateforme imprécises et donc reloues
  • Peu de véritables boss
  • Cal manque de charisme
  • Pas de voyage rapide
Une réussite sans équEwok

On pourrait reprocher à Jedi Fallen Order de se contenter de pomper les mécaniques de jeux qui marchent, dans un bel emballage. Mais le titre de Respawn n’est pas qu’une belle gueule car au delà de sa réalisation exemplaire réside un jeu efficace, généreux et bien dosé, qui ne tombe pas dans le remplissage par le vide ou dans le fan service forcé. Le comble est qu’il peut parvenir à satisfaire à la fois les adeptes starwarsiens et les hérétiques du côté obscur, pour peu qu’on lui pardonne ses quelques écueils de jeunesse.

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Star Wars Jedi : Fallen Order

PEGI 0

Genre : Action

Éditeur : EA

Développeur : Respawn Entertainment

Date de sortie : 15/11/2019

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4, PC Windows

2 reactions

jm ysb

18 déc 2019 @ 15:03

sympas le test ! je m’y retrouve même si je reste plus contrasté. néant moins, la recette fonctionne, même si l’originalité manque.

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chicago

11 fév 2020 @ 20:33

Enfin un super jeux star wars solo narratif , il état attendu au tournant et il ne déçoit pas, c’est même une belle suprise. Le jeu est très beau, et l’expérience intensse du début à la fin avec un gameplay éxigeant très plaisant !

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