Test - Tropico 6 - L’ennui au soleil

«Ça sent le Monoï» , - 1 réaction(s)

Qui n’a jamais rêvé de se balader sur son immense terrasse dans son costume militaire taillé sur mesure pour se donner une allure impériale, un cigare entre les lèvres et un air satisfait de ce qu’il a accompli jusqu’alors ? Tropico c’est un peu, voire beaucoup cela. Cependant, le sentiment on le connaît déjà après six épisodes. Que peut apporter de plus cette itération et après un changement de développeur ? C’est bien là toute la question.

Bienvenue en terrain connu

Profitez maintenant de multiples îles

Pour les trois du fond qui n’auraient pas suivi l’affaire, Tropico est un jeu de gestion plutôt léger comme l’atteste son humour. Il s’approche d’un Sim City auquel s’ajoutent un peu de politique et de commerce international. Sur son île, de l’ère coloniale à la nôtre, le dictateur que vous incarnez doit gérer les besoins de son peuple tout en traitant avec de grandes puissances étrangères pour s’assurer des revenus via du commerce.

D’un côté, vous devez gérer l’implantation de bâtiments tandis que de l’autre, vous devrez faire attention aux besoins des habitants. Des données de satisfaction sur différents domaines sont accessibles assez simplement pour constater que les services, logements et lieux de travail sont bien répartis sur le territoire. Le jeu est assez basique et il est assez difficile de se planter sur son appropriation de la zone de jeu et des ressources à en tirer. Il y a bien une tentative de gérer le trafic urbain et les transports en commun pour amener les gens à leur travail mais dans les faits, cela a peu d’impact. On n’a même pas besoin de s’occuper de donner des logements décents à tout le monde puisque les habitants construisent leurs bidonvilles comme des grands. On regrette surtout le manque d’information quant aux bâtiments déjà construits si on n’a pas une bonne mémoire, ce qui éviterait d’ériger des doublons inutiles. Les types de bâtiment sont assez classiques et en dehors de la crique aux pirates qui permet de lancer des raids pour piller des richesses ou ramener du monde sur son île, on est plutôt en terrain connu.

Coup de soleil garanti

J’espère que c’est bio

Développer ses connaissances via la bibliothèque permet d’accéder à des nouveaux bâtiments même si on peut aussi acheter des plans ou en gagner. C’est assez simple d’un point de vue city-building et notre intérêt se tourne donc sur la partie économique. L’import/export de ressources est le principal moyen de se faire de l’argent et ne pose pas de soucis à gérer. On lance des opérations et on attend le pognon. On peut ensuite gérer ses bâtiments ainsi que la répartition des richesses en choisissant au cas par cas ou au global des règles de gestion allant du “à la cool” jusqu’à l’esclavage. Difficile cependant de savoir quels leviers actionner simplement pour rester à l’équilibre financier tant le jeu manque d’informations sur les entrées et sorties d’argent. Le manque de tableaux de bilan clairs et lisibles se fait sentir assez souvent, surtout quand on voit ses finances sombrer sans trop savoir quoi faire pour inverser la tendance. On est loin de la micro gestion ultra précise que l’on est en droit d’attendre pour rendre l’exercice intéressant. Tout le jeu manque singulièrement de fond pour passionner grandement.

Ce n’est pourtant pas faute d’essayer de proposer des scénarios mettant l’accent sur des pans de gestion du jeu afin d’initier les petits nouveaux avant qu’ils ne se lancent dans une partie bac-à-sable. Si la quinzaine de scénario dispose de cette bonne intention, leur côté ultra dirigiste laisse dubitatif. On est assommé de requêtes en tout genre de la part de différentes factions. C’est là que s’immisce la partie gestion politique du jeu qui se résume à accepter les requêtes de différents intervenants pour faire plaisir à tout le monde ou tenter d’être un dictateur à la main de fer qui choisit clairement ses alliés et ses ennemis au risque de plonger son pays dans un conflit armé. Là encore, les conséquences sont peu marquantes et les mécaniques laissent une assez forte impression de gadget. Paradoxalement, la difficulté dans les missions peut être assez élevée, même en facile, si l’on n’est pas assez réactif sur les requêtes.

Les îles finissent toutes par se ressembler

Au bilan technique, là aussi l’impression tend vers le mitigé. On peut zoomer et dézoomer assez fortement sur les différentes îles que compose notre aire de jeu mais ce n’est pas sans heurts au niveau de la fluidité. Les textures ne sont pas folles mais de loin le rendu est agréable tout de même, la palette de couleur étant agréablement chaude. Là où on grince des dents c’est sur la maniabilité car l’outil servant de curseur est assez imprécis, nous amenant à sélectionner le bâtiment voisin de celui que l’on visait quand il ne nous donne pas des suées lorsqu’il faut dessiner une route. Il est même vivement conseillé de tracer un chemin avant de construire un bâtiment si on ne veut pas se retrouver par moments dans l’incapacité à le relier à la voirie pour des raisons obscures et un peu connes. L’interface tout en menu radial est, quant à elle, assez fonctionnelle et rapide même si les repères visuels peuvent être un peu légers par moments pour savoir ce que l’on sélectionne vraiment. Un mot rapide aussi sur le mode multijoueur : il n’a pas daigné fonctionner correctement durant nos sessions de test. Beaucoup de petites choses irritantes, donc, qui mènent à conseiller Tropico avec des pincettes alors que d’autres jeux comme Cities : Skyline ou Surviving Mars font des merveilles sur nos consoles.

Bilan

On a aimé :
  • Facile à prendre en main
  • Des scénarios pour bien débuter
  • Le ton léger
  • Quelques nouveautés….
On n’a pas aimé :
  • ...qui n’apportent pas de profondeur
  • On s’ennuie assez vite en bac-à-sable
  • On est noyé sous les objectifs en mode mission
  • Le jeu manque d’indications de gestion
Ça pique un peu

Les dictatures se suivent et se ressemblent sensiblement. Tropico 6 ne change pas la trajectoire imposée depuis les débuts de la série et impose son style au détriment du fond. Ce n’est pas tant que le jeu soit mauvais, ce n’est pas forcément vrai, mais il manque singulièrement d’atouts, de fond et de fraîcheur pour convaincre les férus du genre qui ont mieux à se mettre sous la dent. Les joueurs occasionnels du genre pourront tenter le coup pour trouver un jeu abordable et simple à prendre en main.

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Tropico 6

PEGI 16

Genre : Gestion

Développeur : Limbic Entertainment

Éditeur : Kalypso Media

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4, PC Windows

1 reactions

KOB275

09 oct 2019 @ 13:04

Merci pour ce test. Quel dommage que ce jeu ne renouvelle pas car les premiers opus étaient vraiment sympathiques...