Test – Blasphemous, une virée en Enfer

«Le jeu qui t’invite à sa comoignon» , - 0 réaction(s)

Habituée à mettre en scène des guerres rigolotes entre des petits vers trop mignons dans leur série phare Worms, l’équipe de Team 17 change radicalement de ton avec Blasphemous. Développé avec dévotion par The Game Kitchen, ce metroidvania a longtemps été présenté comme un véritable Dark Souls 2D. Oubliez soutane, Bible et livre de cantique car c’est à l’aide d’une lame acérée que vous partez prêcher la bonne parole.

Fin de soirée au Sofitel

HÉRÉTIQUES ! AU BÛCHER !

Original ce distributeur de cure-dents !

Rien ne va plus à Cvstodia. Ses habitants, autrefois fidèles et pieux, se sont soudainement vautrés dans le stupre et errent maintenant sur des plaines désolées et dans des égouts putrides. Ils se sont peu à peu transformés en des créatures immondes, pratiquant des cultes païens et vénérant des dieux obscurs. Ces dérives semblent avoir été déclenchées par une force mystérieuse appelée Le Miracle. Le Pénitent, seul rescapé d’une confrérie condamnée à moisir au fond de L’Abysse de la Douleur Éternelle, a été choisi pour restaurer l’ordre et la piété. Armé de son épée Mea Culpa et coiffé d’un étrange casque de métal à la manière d’un Pyramid Head de l’Inquisition, Le Pénitent est prêt pour sa périlleuse croisade.

En jouant à Blasphemous, n’espérez pas traverser des forêts enchantées peuplées de lutins et de licornes arc-en-ciel, sauf si ces dernières empalent les ennemis avec leur corne ensanglantée. L’univers concocté par les développeurs est malsain à souhait, faisant passer celui de Doom pour un conte pour enfants. Le tout est servi par un style graphique très réussi, à mi-chemin entre le pixel art et la peinture. On pense parfois aux ambiances torturées des toiles de Francis Bacon ou d’Edvard Munch, tout comme aux tas de chair désarticulés du monumentissime Silent Hill 2.

Carreau, trèfle ou pics ?

De sacrées références donc, superbement mises en valeur par la bande originale de Carlos Viola. Ses compositions mélancoliques aux accents orientaux confèrent au jeu une atmosphère de fin du monde où tout espoir semble perdu. Les environnements traversés oscillent entre des cathédrales gothiques vertigineuses et des plaines dévastées aux arrière-plans apocalyptiques qui donnent réellement l’impression de se balader sur Terre après le Jugement Dernier. Les fans du premier Fantasia et de sa Nuit sur le Mont Chauve de Moussorgski seront ravis ! Si la forme est d’aussi belle facture, voyons maintenant si le fond l’est autant.

LE PÉNITENT LE PASSE

J’espère que c’est une pommade contre les engelures !

Blasphemous se présente donc comme un hack’n slash en 2D, conjugué à une exploration d’un monde divisé en plusieurs sections, reliées entre elles à la manière d’un metroidvania. Malgré le nombre incalculable de jeux de ce genre sortis récemment (Dead Cells, Hollow Knight, The Messenger…), il faut bien avouer que la recette est savoureuse, même si peu d’ingrédients originaux ont été ajoutés. On parcourt donc les niveaux tortueux à la recherche d’artefacts, de nouveaux pouvoirs et de raccourcis ; sans oublier les nombreux passages secrets plus ou moins bien dissimulés. Fort heureusement pour ceux qui se paument dans leur salle de bain, vous avez une mini map à disposition, qui se dévoile au fur et à mesure de votre avancée. Bien que les points d’intérêt principaux y soient inscrits, il aurait été appréciable de pouvoir placer quelques marqueurs manuellement, car se souvenir de l’emplacement d’objets inatteignables au moment de leur découverte peut se révéler un peu relou.

Casse-toi pauv’ cloche !

Respectant les standards du genre, le gameplay est efficace et les commandes répondent bien, même au stick analogique. Il est juste à noter que parfois, après un saut, notre personnage s’oriente dans la mauvaise direction en retombant, nous mettant à la merci des assauts ennemis. Un peu frustrant, même si cela n’arrive pas très souvent. Outre son épée que l’on peut upgrader au fil de l’aventure grâce aux autels prévus à cet effet, Le Pénitent possède des attaques secondaires et des incantations ; ou des Prières en langage châtié. Au début, il est assez compliqué de s’y retrouver entre tous les objets de quête, les pouvoirs de l’épée, les items de défense et les prières, mais on finit par rapidement s’habituer. Pourtant, on ne peut pas dire que le jeu nous prenne par la main !

Quoi ? J’ai une crotte de nez ?

PREPARE TO PRAY

Un peu de ketchup avec votre mayo ?

Comme évoqué plus haut, on peut légitimement considérer Blasphemous comme une version 2D d’un épisode de la saga des Souls. Tous les ingrédients y sont présents, seuls les noms changent. Vous pouvez donc vous soigner à l’aide de fioles de bile que vous devrez dénicher dans les niveaux. Les checkpoints prennent la forme d’autels en pierre, qui régénèrent votre barre de vie lorsque vous vous y agenouillez, mais qui entraînent également un respawn des ennemis. Le bestiaire est composé d’abominations sorties tout droit du tréfond des Enfers : des femmes nues et décharnées portant sur le dos une immense croix en pierre, des hommes à poil à moitié coupés en deux lançant des scies circulaires, ou encore des géants décapités portant leur tête sur un coussin… De la pure folie ! Autant dire qu’on ne fonce pas tête baissée quand on rencontre ce genre de mobs, d’autant plus qu’ils sont parfois fourbement placés en plus d’être résistants. Il faudra préférer la prudence et isoler ses adversaires, bien utiliser l’esquive ou la parade, car leur rentrer dans le lard en force et en vitesse est très souvent synonyme de mort.

Oui, je suis aussi acupuncteur

Mort qui est punie par l’accumulation de culpabilité. En effet, si vous conservez gracieusement vos larmes d’expiation (monnaie d’échange qui remplace les âmes de Dark Souls), chaque échec grignotera peu à peu votre barre de ferveur qui vous sert à lancer des sorts. Il faudra donc retourner à l’endroit de votre précédent saut malencontreux ou de la précédente embuscade pour récupérer de la ferveur. Pour les plus fortunés, des statues vous permettent de racheter votre culpabilité en l’échange de quelques larmes. Blasphemous est donc un jeu exigeant, tant dans ses phases de plateforme que dans ses combats, mais il n’est pas insurmontable pour autant. La courbe de difficulté est assez progressive, ce qui permet de parcourir l’aventure agréablement sans tomber dans le die and retry systématique. Pour les habitués de ce style de jeu, les premiers boss rencontrés seront une simple formalité. Un peu dommage, d’autant plus que leur design laissait présager de terribles affrontements ! Fort heureusement, cela se corse dans la seconde moitié du jeu, qui reste intransigeant si l’on essaie de se la jouer bourrin en spammant le bouton d’attaque ou si l’on essaie de speedrunner une zone méconnue. Comptez une petite dizaine d’heures pour aller au bout du périple, bien plus si vous êtes du genre à dénicher tous les secrets et débloquer toutes les fins prévues. De quoi contenter les masochistes pratiquants qui aiment se flageller avec le câble de leur gamepad !

Bilan

On a aimé :
  • L’ambiance malsaine et son bestiaire torturé
  • La superbe bande son
  • Le gameplay et l’aspect metroidvania efficaces
On n’a pas aimé :
  • Quelques boss vite expédiés
  • Les temps de chargement entre les écrans
  • L’impossibilité de placer des marqueurs sur la map
Pêcher n’a jamais été aussi bon

Sans réinventer les codes du hack’n slash ou du metroidvania, la force du jeu réside plutôt dans la maîtrise de ces genres. Fort d’un gameplay efficace et surtout d’une ambiance gothique, violente et malsaine, Blasphemous n’est pas qu’un simple ersatz 2D d’un Souls. C’est tout simplement un excellent jeu indé pour tout amateur d’aventure au style rétro. Ceux qui diront le contraire seront fouettés aux orties !

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Blasphemous

PEGI 0

Genre : Action

Éditeur : Team 17

Développeur : The Game Kitchen

Date de sortie : 10/09/2019

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4, PC Windows, Nintendo Switch