Lovecraft ayant le vent en poupe, sortir sur Xbox Conarium, déjà sur PC depuis un bon moment, peut sembler être une bonne idée. Les amateurs de grands-anciens, d’indicible et de mystères sont toujours friands de se frotter à l’horreur non-euclidienne.
Les montagnes hallucinées, entre autre
Le jeu s’ouvre sur notre héros qui reprend ses esprits à côté d’une machine projetant des lumières sur les murs. Il a mal à la tête, et souffre de visions. On réalise vite que nous sommes dans une base en antarctique, étrangement seul, l’ensemble de l’expédition ayant disparu. Comme souvent, notre mémoire fait défaut, et c’est en lisant des notes ou à travers des visions qu’on va comprendre l’histoire.
La progression se fait sous forme d’un walking-simulator avec une petite dose d’exploration et d’énigmes très simples. On ne se battra jamais, ce qui est conforme à l’univers de Lovecraft, dans lequel croiser l’adversité se traduit par la mort ou la folie. Au bout de 4 heures (durée de jeu tout à fait adaptée), l’histoire est bouclée, sur un sentiment mitigé.
Confusion
Si le début du jeu est une réussite, avec une ambiance lourde bien posée, à peine entachée par le côté anecdotique des énigmes (qui auraient gagné à être soit plus approfondies, soient absentes), Conarium tombe dans la confusion à partir de la moitié de son histoire. Si elle est largement inspirée de La Montagne Hallucinée, elle intègre également beaucoup trop d’autres éléments, comme un pot-pourri de Lovecraft, avec pour résultat d’effleurer beaucoup de choses sans rien approfondir.
Ainsi, le Conarium (n’insistez pas, j’ai décidé de ne pas faire de blagues, c’est trop facile !) est l’équivalent du Resonator qu’on croise dans le film From Beyond (adaptation totalement barrée de Stuart Gordon), ouvrant la perception aux univers parallèles. Un sujet en soit, mais qui n’a pas grand-chose à voir avec la découverte d’une ancienne civilisation. À vouloir trop en mettre, Conarium ressemble à un catalogue du petit Lovecraft appliqué. Si cet aspect ne gênera pas forcément les néophytes, ceux qui sont familiers avec l’écrivain risquent de tiquer. On retrouve également cette confusion dans la narration. Flashbacks, visions, notes, l’histoire se construit de façon laborieuse, et pas toujours cohérente. Le héros est un peu perdu, le joueur aussi.
L’esthétique globale du jeu, plutôt réussie même si un peu trop « propre » à mon goût, permet de rééquilibrer l’ensemble, poussant à la curiosité du prochain décor, mais de justesse. Attention, je précise que ce test est rédigé par un véritable amateur de Lovecraft. Je suis donc exigeant quand on s’attaque à ce matériau. J’insiste donc sur le fait que pour le joueur qui ne s’intéresse pas plus que ça à l’auteur maudit, ou bien qui souhaite juste faire connaissance avec cet univers, une bonne partie des critiques formulées ici sont à atténuer.